⎡❀ 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏 ❀⎦
(cr : bnn_mlk sur twitter)
— DEBOUT LÀ DEDANS ! hurla-t-on soudainement.
Je me levai en sursaut, lâchant un cri de surprise par la même occasion alors que mon pauvre cœur prit de panique, se mit à battre à tout rompre dans ma poitrine.
Mais qu'est-ce que...
Le rire d'un individu m'interpella et lorsque je me redressai un peu plus sur mon lit à l'aide de mes coudes, je vis que c'était ce connard qui venait de hurler comme un con, me sortant cruellement du monde des rêves. Une colère sans nom s'empara de tout mon être, déferlant comme un poisseux raz-de-marée, alors que je jetai d'un geste rageur mes couvertures.
— PUTAIN MAIS T'ES SÉRIEUX SALE RAT ! m'époumonai-je contre lui, complètement furieux.
Sa seule réponse fut de se plier encore plus de rire, les larmes aux yeux tant il était pris par l'hilarité. Le simple fait de l'entendre m'hérissa encore plus les poils et je jurai que si j'avais eu quelque chose à lui jeter au visage à portée de main je m'en serais volontiers servi sans même hésiter.
— Oh... mon dieu... ta tête... était... ouf... genre trop épique ! dit-il entre plusieurs fous rire.
Ceci ne fit que m'énerver davantage. Je m'approchai dangereusement de lui, qui se tenait dans l'embrasure de ma chambre car il ne pouvait pas y entrer. C'était une règle d'or de notre collocation et s'il avançait son pied de quelques centimètres, c'était la troisième guerre mondiale que je lui déclarais. Sauf que lorsqu'il me vit arriver, il détala comme un lapin dans sa chambre, riant aux éclats et claquant sa porte derrière lui.
Putain mais quel bâtard !
Je sentais que la journée allait être longue car grâce à lui, ou plutôt à cause de lui, j'étais de très mauvaise humeur. Autant dire que c'était une mauvaise manière de commencer une journée de cours bien longue et remplie.
Afin de calmer le brasier en moi qui ne demandait qu'à tout consumer sur son passage, je soufflai du bout du nez avant d'attraper mon téléphone pour voir l'heure qu'il était.
9h05.
J'avais cours dans pas moins d'une heure, ce qui me laissait le temps d'aller préparer ma vengeance. Car moi Kim Taehyung, allait faire payer à ce fichu abruti ce réveil brutal. Je détestais lorsqu'il agissait ainsi. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait ça et la dernière remontait à pas plus tard qu'hier. Il fallait donc que je trouve un moyen de l'empêcher de me provoquer une syncope de bon matin. Peut-être devais-je installer un verrou à ma chambre pour qu'il ne puisse pas entrer ? Me connaissant, je savais que j'en étais capable car aussitôt qu'une idée germait dans mon esprit, personne ne pouvait m'empêcher de la réaliser.
Je me frottai les yeux en allant à la salle de bain et pris le soin de fermer la porte à clef. Je ne souhaitais pas qu'il vienne me faire chier pendant mon petit moment de relaxation. Surtout pas après la sale crasse qu'il venait de me faire.
Rapidement, je jetai mon pyjama dans le bac à linge sale, suivit de mon caleçon et entrai dans la douche. J'allumai le pommeau et l'eau chaude se mit à couler sur moi, réveillant délicieusement chacun de mes muscles et effaçant petit à petit ma mauvaise humeur provoqué par un crétin.
Cela faisait presque deux semaines que j'étais ici.
Deux semaines et un jour que j'avais mis les pieds dans cet appartement.
Deux semaines et un jour que je vivais avec Jeon Jungkook, aka mon pire ennemi.
Deux semaines et un jour que je vivais avec un véritable diable.
Déjà seize jours passés à ses côtés et je me demandai comment j'allais faire pour survivre jusqu'à la fin de l'année. Allais-je justement rester en un seul morceau ? Car s'il continuait ainsi, j'allais finir par me jeter d'un pont d'ici peu.
Dès le premier jour, il avait instauré ce jeu du chat et de la souris tel Tom et Jerry entre nous. Il avait vidé toute ma valise dans le salon et j'avais dû ramasser toutes mes affaires en bordel avec agacement. Bien évidemment, j'avais répliqué. Son sac de cours s'était, par je ne sais quel miracle, retrouvé sur le toit de l'immeuble où nous habitions. Il l'avait retrouvé derrière les nombreux pots de fleurs sur la terrasse, sur lequel se promenait tranquillement un ver de terre et autres insectes qui ferait bien gerber mon petit Thibou dans mon Animal Crossing.
C'était bien fait pour lui.
Et le cri de fillette qu'il avait lâché était bien enregistré dans mon précieux téléphone.
Oh ça je m'en souviendrais toute ma vie.
Je n'avais pas pu prendre de vidéo car je m'étais caché et je ne voulais pas qu'il me voit. Moi et ma discrétion légendaire, on se serait fait cramer à des kilomètres. Alors j'avais simplement enregistré et gardé les lèvres scellées entre elles même si j'avais été à deux doigts d'éclater de rire.
Ça il ne le savait pas.
Enfin pas encore.
Car il suffisait qu'il me sorte à nouveaux de mes gonds pour que l'enregistrement se retrouve aux mains de tous les étudiants à l'université.
Et je ne payais pas cher de la honte qu'il subirait par la suite.
J'attrapai mon shampoing préféré à la barbe à papa et en coulai une petite quantité dans le creux de ma paume. Je me lavais les cheveux avec depuis que ma mère en avait acheté quand j'étais petit. Elle les avait trouvés en promotion alors elle en avait pris plusieurs. Et quand elle était rentrée, j'avais tout de suite voulu essayer. Ce fut alors le début d'une grande histoire d'amour entre les shampoings à la barbe à papa et moi. En plus de sentir bon comme la confiserie, il rendait mon cuir chevelu incroyablement doux et hydratait ma peau. Je ne me lavais qu'avec ça et rien d'autre. Et dès que je sentais qu'il n'en restait que très peu dans le flacon, je sautais dans le premier bus pour aller au supermarché en chercher.
J'aimais sentir comme de la barbe à papa.
Je finis de me laver en me savonnant le corps avec du gel douche à la senteur d'amande. Ça aussi c'était un autre de mes péchés mignons. Il fallait dire que j'étais incroyablement sensible aux odeurs alors il suffisait que je sente quelque chose de bon pour y devenir accro.
Mais alors que je chantonnai l'air d'une musique qui trottait dans ma tête, l'eau devint subitement froide, ce qui me fit lâcher un cri de surprise. Je coupai instantanément le pommeau, claquant des dents alors qu'il restait encore de la mousse sur mon corps.
Il n'avait tout de même pas osé... si ?
— JEON JUNGKOOK ! SALE MERDEUX RENDS-MOI L'EAU CHAUDE ! m'époumonai-je, ma colère revenant à la charge.
Tout ce que j'entendis fut son rire à travers le bois de la porte.
Et en un temps record, ma colère revint à la charge. Mais cette fois-ci de manière plus prononcé car la seule chose à laquelle je pensais en cet instant était la façon dont j'éclaterais sa sale gueule contre le mur.
Plus je l'imaginais et plus mes mains me démangeait de le faire mais ma conscience me rappelait une nouvelle fois que ce n'était pas une bonne idée et que j'étais bien trop jeune pour finir par croupir en prison.
Je soupirai à m'en fendre l'âme en maudissant Jeon Jungkook.
Punaise... fallait-il vraiment que je me douche à l'eau froide à présent ?
— Et merde, pestai-je.
Je lâchai une autre insulte dans ma barbe, pas du tout emballé de me laver à l'eau glaciale de l'Antarctique, et rallumai le pommeau, ne voyant pas d'autre solution que de devoir faire avec. Je fermai fort les yeux, serrai les poings et mordis ma lèvre lorsque j'entrai à nouveau en contact avec l'eau extrêmement froide, sûrement à la même température que l'océan Austral.
Merde.
— JEON J'TE HAIS !
— Cause toujours Kim, répliqua-t-il avec un ricanement hautain.
Je le jure sur mon nom, un jour je le tuerais de mes propres mains.
M'activant à la vitesse d'Usain Bolt et insultant mentalement mon colocataire de nombreux noms d'oiseaux pas vraiment cool à entendre, je me rinçai rapidement le corps avant de couper l'eau. Ce fut presque en courant et manquant de tomber au passage, que je m'emmitouflai dans mon peignoir de douche. Et lorsque ce fut le cas, je lâchai un soupir de soulagement, mon corps refroidi se réchauffant doucement.
Maintenant il fallait que je me venge doublement.
J'avais déjà de nombreuses idées qui germaient dans mon esprit et qui ne demandaient qu'à être faites. Depuis que je vivais avec lui, ma créativité et mon imagination (déjà bien présents avant) avaient considérablement augmentés et s'étaient énormément développés. Certains seraient même choqués de savoir à quoi je pensais à cet instant-là.
Pour ne pas m'énerver davantage et ne pas lui laisser le plaisir de gâcher ce début de journée, je commençai ma routine du matin appelée love myself en utilisant les lotions que j'avais récemment acheté et qui fonctionnait à merveille, pour mon plus grand bonheur. Mes doigts armés de mousse nettoyante, passèrent sur ma peau et aussitôt un sourire se dessina sur mes lèvres.
J'aimais prendre soin de moi.
Et c'était important de le faire dans la vie car si ce n'était pas vous, qui le ferait ?
Personne.
Je l'avais bien compris autrefois alors maintenant, je faisais attention à moi. Parfois je n'hésitais pas à m'offrir quelques cadeaux, me faire plaisir avec de la nourriture et des vêtements. Certains diraient et penseraient qu'un garçon qui prend soin de lui serait automatiquement un gay mais en quoi l'était-ce ? Si les filles prenaient soin d'elles, cela faisait-il d'elles des lesbiennes ? Non alors pourquoi c'était mal vu qu'un homme le fasse ? Qu'y avait-il de mal à cela ?
J'avais longtemps voulu comprendre cette injustice avant de me faire la réflexion que ce n'était pas si important que ça. Si les autres ne pouvaient pas comprendre cela, je n'allais pas perdre mon précieux temps avec eux. Qu'ils aillent voir ailleurs si j'y étais. Je ferais ce que je veux et ce que j'aime car ceci ne les concernait aucunement. Ils n'avaient aucun droit de me dicter ma conduite ou me dire ce que je ne devais pas faire tout ça pour une question de morale ou de mœurs.
Mais moi la morale, je m'en fiche éperdument.
Je finis d'appliquer quelques autres lotions et crèmes sur mon épiderme avant de sortir de la salle de bain, tout beau tout propre, après avoir ouvert la fenêtre pour faire aérer l'endroit.
Sans perdre de temps, je partis dans ma chambre pour me changer. J'abandonnai mon peignoir au sol pour l'échanger contre un caleçon propre, un pantalon en toile noire, une chemise blanche, suivit d'un béret beige et de quelques bagues, bracelets et boucles d'oreilles. Je mis même une paire de lunettes à monture marron pour le style et pour que cela accompagne ma tenue. Je finis de me préparer en mettant des chaussettes blanches.
Ensuite, je me dirigeai vers la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner et j'y découvris mon colocataire, armé de ce même sourire en coin qui avait le don de m'énerver. Sans même lui lancer un regard, j'attrapai mon bol et ma tasse fétiche. Ils étaient à l'effigie de Winnie l'Ourson et même si Jeon s'était longtemps moqué de moi, je ne les changerai pour rien au monde, les assumant ainsi fièrement. C'était un cadeau de la part de mon petit frère Jeongyu, âgé de six ans.
Nous étions les seuls enfants de la famille qui s'entendaient à peu près. Ce devait sûrement être pour ça que nous étions un peu proche lui et moi, dans une fratrie de quatre enfants. Je souris alors que je remplissais mon verre de jus de pomme. Il me manquait vraiment, lui et son sourire vide de quelques dents de lait que Madame Souris était venue récupérer. Mais nous habitions à plus de quatre heures de route. Ma famille à Lyon et moi à Paris. Et la dernière fois que je les avais vu c'était lors de mon départ, c'est-à-dire il y a seize jours. Ce qui voulait dire que j'allais encore devoir attendre un long moment avant de les revoir. Sûrement pendant les vacances d'ailleurs car aller les rendre visite lors d'un week-end ne valait pas le coup. Peu de temps de profiter et perte d'argent pour rien.
Je jetai un discret coup d'œil au gamin qui me servait de colloc' et vis qu'il buvait son café en naviguant sur son téléphone, dos à moi. J'en profitai pour me servir dans ses céréales, chose à laquelle il tenait énormément.
S'il y avait bien une chose à laquelle Jeon ne rigolait pas du tout, c'était bel et bien la nourriture. Surtout si c'était la sienne et ça tombait à pic car ça l'était.
Je remplis alors mon bol de Frosties puis de lait froid.
Armé de mon bol dans une main, de ma tasse dans l'autre et d'une cuillère entre les dents, je pris le soin de m'asseoir en face de lui pour le narguer. Il ne releva pas les yeux de son cellulaire une seule seconde alors j'entrai dans ce jeu auquel nous jouions depuis le début de notre arrivée ici.
— Trop bon, murmurai-je en mâchant une bouchée de pétales de céréales.
Aucune réaction.
Je retentais une nouvelle tentative.
— Je vais me mettre aux Froties maintenant ! m'exclamai-je exagérément.
À l'entente de sa marque préférée, il tiqua de l'œil avant de braquer son regard curieux sur ma personne. Souriant d'un air narquois et amusé, je vis ses yeux se remplir de colère en un éclair.
Et toc.
Bien fait.
— Tu fais quoi là Kim ? me demanda-t-il d'un air menaçant alors qu'il rangeait son téléphone dans la poche de son jean.
— Je mange non ? dis-je d'une fausse voix innocente.
— Ouais mais tu manges quoi ?
— Oh ! Des Frosties, t'en veux ? lui proposai-je avec un sourire alors qu'à l'intérieur je jubilais.
— T'es pas sérieux là ? Tu manges MES Froties ! C'est les MIENNES et t'as pas le droit de les prendre ! s'emballa-t-il en m'assassinant du regard tel le gamin qu'il était.
Pour l'énerver davantage et lui faire payer pour ce qu'il m'avait fait, je pris une autre cuillère dans mon bol, sans détruire l'échange visuel qu'on avait.
Sa réponse fut immédiate, il se leva furieusement, la mâchoire contractée et alla cacher son paquet de céréales dans sa chambre en me hurlant de ne plus jamais y toucher sans quoi j'étais un homme mort. Ouais ce n'était pas nouveau ça. Il disait la même chose à chaque fois et à ce que je sache, je respirais toujours.
Je ricanai en l'entendant me crier dessus depuis sa chambre alors que je continuais à manger tranquillement. Entendre les cris de son pire ennemi était une douce mélodie à entendre. L'entendre dire qu'il vous détestait de tout son être, l'était aussi. En revanche, dire qu'il allait se venger en retour l'était moins mais bon. C'était comme lancer un boomerang. Les conséquences de nos gestes avaient des répercussions et il fallait complètement les assumer lorsque l'objet revenait.
Seulement, il fallait faire attention à bien le rattraper pour ne pas se le prendre en pleine gueule.
— C'est ça Jeon je m'en fiche, marmonnai-je, la bouche pleine.
J'entendis la porte de sa chambre claquer brutalement. Des pas lourds et vites firent limite trembler le palier.
— Touche plus à mes céréales ! me menaça-t-il comme un enfant depuis le couloir.
— Et toi ne coupe plus l'eau et arrête de me réveiller ! rétorquai-je sur le même ton.
Je l'écoutai marmonner dans sa barbe invisible alors qu'il enfilait ses chaussures.
— Jeon ! Ramène-moi avec toi !
— Va crever Kim.
— T'es pas sérieux ? m'offusquai-je en me levant pour aller le rejoindre. On va à la même école ! Ça te coûte quoi de m'emmener avec toi ?
Il me fusilla du regard en nouant les lacets de ses Timberland.
— Ça me coûte de l'essence.
— N'importe quoi ! dis-je en roulant des yeux. Que je sois là ou pas tu vas quand même gaspiller de l'essence.
— Arrête de me casser les burnes, je t'ai dit non alors c'est non. Et puis quoi encore ? Te ramener avec moi ? Tu peux toujours rêver, refusa-t-il d'une voix sarcastique et dure.
Quel merdeux.
— T'es la pire espèce de l'humanité.
— Et toi le pire rageur du monde, railla-t-il.
Je serrai les poings, m'imaginant lui donner les claques qu'il mériterait grandement. Et alors que j'allais lui envoyer une pique venant tout droit du cœur, la porte d'entrée claqua, signe qu'il venait de partir sans même vouloir m'emmener avec lui. Bon, certes je me doutais qu'il pourrait refuser mais sérieusement, il aurait pu accepter ! Il n'allait quand même pas mourir ! Si ?
Oh, attendez, je crois que c'était trop demander à Jeon Jungkook, aka le pire pourri gâté de l'univers de faire du covoiturage avec moi alors qu'on allait à la même université. Quelquefois j'avais envie de le foutre dans un mixeur et donner la mixture à des chiens errants.
Bon j'exagérai un peu mais l'idée était là.
Je soupirai et finis de manger mes céréales en ruminant. C'était comme ça depuis seize jours. Pas un jour ne passait sans qu'on ne se dispute, sans qu'on ne se lance des piques parfois blessantes et sans qu'aucune porte ne claque. Notre cohabitation n'était pas de tout repos et il n'y avait que le soir, lorsque c'était l'heure de dormir qu'un silence calme et paisible venait prendre place à l'appartement.
Dans mes souvenirs, nos disputes n'étaient pas aussi gigantesques que lorsque nous étions en primaire, au collège ou même au lycée. Il était vrai que maintenant c'était différent. Nous partagions le même toit mais quand même ! Avant, notre relation n'était pas aussi houleuse qu'à présent. Et je me demandai comment on ferait pour les prochains jours et mois à venir. Lui et moi étions diamétralement opposés.
On était comme le feu et la glace.
Et c'était évident que les deux éléments ne pouvaient pas s'apprivoiser. C'était pourquoi j'avais de réelles inquiétudes pour le futur. Moi, s'il ne m'embêtait pas, je ne voyais pas pourquoi j'irais lui chercher des noises. C'est vrai, je n'étais pas un gamin pour ça. En revanche lui l'était. Et je crois que ça lui plaisait de venir me faire chier.
Un nouveau soupir franchit mes lèvres et je me dépêchai de poser mon bol et mon verre dans l'évier avant de venir m'affaler sur le canapé du salon, attrapant la télécommande sur la table basse. Sans tarder, j'allumai l'écran plat et mis le mode replay pour voir s'il y avait un nouvel épisode de mon dessin animé préféré.
Oui, j'avais 18 ans, venais tout juste d'avoir la majorité et regardais encore des dessins animés. Même mon oncle qui avait plus de 50 balais en regardait. C'était ma tante qui me l'avait raconté. Et j'avouais que lorsqu'on allait dormir chez eux avec ma famille, ils nous arrivaient d'en visionner ensemble. Ainsi, le matin, on se tapait des Bob l'éponge et franchement c'était de cette façon qu'une bonne journée commençait.
En regardant des dessins animés, peu importe l'âge qu'on pouvait avoir.
Ce fut ainsi, avec un doux sourire en pensant à mon oncle, que je mis un épisode du Monde incroyable de Gumball. C'était pour moi, le meilleur dessin animé au monde entier et rien ne pourrait venir le détrôner. De cette façon, je passai mon temps à visionner la télévision, vérifiant à chaque épisode fini l'heure pour ne pas être en retard.
Quatre épisodes de onze minutes plus tard, il fut temps pour moi d'abandonner Gumball et Darwin pour ne pas louper mon bus. Si ça ne tenait qu'à moi, je me serais enroulé dans une couverture, un verre de lait froid dans les mains et un paquet de guimauves près de moi à regarder la télé au lieu d'aller en cours. Mais malheureusement, si je ne voulais pas rater mon année scolaire, il me fallait suivre les cours.
Rapidement, je réunis mes affaires dans mon Eastpak noir (datant du collège et customisé par mes soins) avant de sortir, pensant à bien fermer la porte. J'aimais bien faire ça. Personnaliser mes affaires. J'étais plein de créativité et ne pouvait m'empêcher de visualiser un objet différemment. Même mon chargeur de téléphone y était passé. À présent, il était beaucoup mieux avec ses petits autocollants floraux.
Aujourd'hui il faisait incroyablement doux et l'air qui vint effleurer mon visage était incroyablement rafraîchissant. Rafraîchissant mais incroyablement toxique au vu de la circulation ici à Paris. C'était un des désavantages de vivre à la capitale. Mais j'avais décidé de faire avec puisque c'était dans cette ville que se trouvait la prestigieuse école des Beaux-Arts. De plus, j'avais souffert des pieds et des mains pour m'y faire accepter alors je n'allais pas baisser les bras facilement et ne pas réaliser mon rêve pour une question de confort.
Une dizaine de minutes plus tard, j'arrivai à mon arrêt, grouillant d'une quinzaine de personnes et patientai en écoutant Cocoon de Milky Chance. J'avais découvert ce groupe pop il y a quelques mois et en étais complètement fan. Toutes leurs musiques se trouvaient dans mon téléphone et la plupart étaient déjà gravé dans ma tête. J'avais comme qui dirait une bonne mémoire. De plus, à force de les écouter en boucle, j'avais fini par apprendre les paroles par cœur.
I see your heart is bleeding too
Let me bleed instead of you
So let's go back to our cocoon
❀❀❀
Depuis que j'étais scolarisé ici, je ne m'étais pas fait beaucoup d'amis.
À vrai dire pas du tout.
Ce n'était pas que je n'en avais pas envie. Mais ma timidité m'empêchait d'aller voir les autres. De ce fait, je pouvais passer pour un asocial. Pourtant si les gens venaient vers moi, je m'ouvrais facilement à eux.
Ce fut pourquoi, je me retrouvai seul à manger à la cantine universitaire, mes écouteurs dans les oreilles et mon téléphone en face de moi, calé avec mon verre en train de regarder la suite de Naruto. J'avais tellement l'habitude qu'à chaque fois je venais à la même table, la même place (comme si c'était la mienne) et répétais le même schéma. Je déposais rapidement mon plateau, sortais mon cellulaire et mes écouteurs avant de lancer un nouvel épisode de mon animé favori.
Alors lorsqu'une fille posa son plateau en face du mien, je fus surpris de son interruption dans mon visionnage car d'habitude personne ne venait ici. Ou du moins aussi près de moi. Il y avait toujours la place d'à côté ou d'en face qui restait libre.
Je lui jetai un rapide coup d'œil et n'eus pas vraiment de mal à la reconnaître. Il s'agissait de Lisa Monoban, fille faisant parti de mon département qui n'était autre que celui du pratique artistique.
Lorsqu'elle croisa mon regard, je papillonnai des yeux en lui servant un sourire mi-forcé mi-gêné avant de reporter mon attention sur le garçon au cheveu jaune qui s'amusait à faire le pitre dans mon téléphone.
Je fus vite happé par mon épisode. Tellement que j'en oubliais presque de manger les pâtes dans mon assiette et tellement que je n'entendis pas la brune qui me parlait apparemment. Elle dû secouer sa main plusieurs fois devant mon visage pour que je m'en rende compte.
Un peu honteux, je me mis à rougir de malaise et ôtai un écouteur, mettant en pause mon épisode.
Qu'est-ce que je détestais ce genre de situation gênante...
— Tu le veux ? Je l'ai pris mais je n'ai plus faim.
Elle tapota du bout de son ongle le pot de son yaourt. Et lorsque je vis qu'il était à la cerise, mon parfum préféré, mes yeux s'illuminèrent et je hochai vivement la tête, bénissant cette fille d'être venue à cette table.
— Merci beaucoup ! m'empressai-je de la remercier avec un petit sourire.
— Y'a pas de quoi ! Je préfère le donner que le jeter.
— C'est gentil merci.
Elle le déposa sur mon plateau et je le saisis doucement.
— Je m'appelle Lisa Monoban, se présenta-t-elle avec un doux sourire.
Ses prunelles noisette pétillaient d'une vive joie et c'était vraiment joli à voir. Toute sa personne transpirait de bonne humeur et je sus qu'elle et moi allions bien nous entendre. Car ce genre de personne vous ne pouviez que les aimer. Je lui rendis alors son sourire, après avoir mis une cuillère du dessert lacté dans ma bouche.
— Kim Taehyung, répondis-je, heureux de faire la connaissance de quelqu'un.
Elle replaça une mèche de ses cheveux chocolat qui tombait devant ses yeux derrière son oreille.
— Tu manges toujours ici ? me demanda-t-elle en jetant un coup d'œil autour de nous pour observer la multitude d'étudiants, notamment la longue file qui attendaient patiemment de prendre leur plateau-repas.
— Oui pourquoi ?
— Parce qu'on ne peut pas vraiment dire que la bouffe soit géniale ici, dit-elle avec une petite grimace en fixant nos assiettes de pâtes baignant dans une huile bien grasse.
— Je n'ai pas vraiment le choix. Je n'ai pas le temps de cuisiner chez-moi et manger tous les jours un sandwich ne m'enchante pas vraiment.
C'était ça la vie d'étudiant. Ne pas avoir d'argent et de temps pour soi et tout consacrer dans les études. A peine deux semaines et je n'en pouvais presque plus. Mais le pire était à venir avec les partiels et honnêtement j'avais envie de pleurer rien que d'y penser.
— Aujourd'hui c'est un peu exceptionnel. Je suis venue ici pour goûter la nourriture mais sinon je vais toujours dans un restaurant japonais pas loin d'ici. Et là-bas je t'assure que c'est divin. Crois-moi, tu te souviendras toute ta vie de leur cuisine ! s'exclama-t-elle plein d'entrain. Si ça te dit, on peut y aller un de ces quatre ?
La proposition me fit sourire et je hochai la tête. C'était toujours mieux que de manger ces pâtes bien grasses.
— Sinon désolée je crois que tu regardais quelque chose de cool.
Je suivis son regard posé sur mon téléphone à présent éteint et m'empressai de la rassurer :
— Ah non. Enfin si, m'emmêlai-je les pinceaux en rougissant d'embarras. Oui c'était cool mais pas besoin de t'excuser. Ça me fait plaisir de parler avec toi car je ne connais personne ici alors je suis content de discuter avec quelqu'un.
— T'es pas du coin ?
— Archi pas. Je viens de Lyon. Je suppose que toi tu l'es ?
— Yep ! Mais la vache, siffla-t-elle surprise. C'est loin Lyon quand même !
— Oui mais bon. C'est pour les études.
— Comme tu ne connais personne et que moi je connais pleins de gens, ça te dit de rencontrer du monde samedi ? Un de mes amis organise une fête de rentrée et j'ai été invitée.
Elle me laissa sans voix et je pris mon temps pour y réfléchir. Samedi je n'avais rien de prévu et honnêtement sortir ce jour-là m'arrangeait car me coller un Jeon chieur toute la journée et ne pas pouvoir respirer le soir puisqu'il m'emmerdait à tout bout de champ c'était non. Je n'avais pas envie de passer un week-end pourri par sa faute. Mais d'un autre côté, je ne savais pas si je pouvais lui faire confiance et si c'était une bonne idée. Après tout je venais à peine de la rencontrer. Même si elle avait l'air sympa, qui me disait qu'elle ne cachait pas son propre jeu derrière ce masque parfait ?
De plus, les fêtes étaient toujours synonymes de problèmes alors je ne savais pas trop. Seulement, le regard doux et le sourire qu'elle m'envoya fit taire mes hésitations.
Je finis par craquer et acceptai l'invitation de la brune par une hochement de tête.
— Cool alors ! dit-elle, ravie de ma réponse.
Par la suite on discuta de nos cours, d'arts en tout genre et nous nous rendîmes vite compte que nous avions pleins de points communs.
Peut-être que finalement, je venais de rencontrer ma nouvelle amie qui sait ?
❀❀❀
Moi qui pensais que Jeon chieur allait me laisser tranquille pendant les cours, eh bien j'avais eu entièrement faux sur toute la ligne. Il ne faisait même pas parti de mon département mais s'était tout de même invité dans le mien pour venir m'embêter lui et ses nouveaux potes. Et devant ma nouvelle amie en plus ! Qui avait même cru -beurk- que lui et moi étions en couple.
Honnêtement je ne savais pas comment elle avait fait pour croire ça ni même comment elle a pu penser à une chose pareille. Mais à la seconde même où les mots étaient sortis de sa bouche, j'avais affiché une mine si dégoûtée qui l'avait tout de suite convaincue et elle avait cessé de me taquiner sur ce sujet.
À part ce petit incident, ma journée s'était bien déroulée. Mes professeurs n'étaient pas trop chiants.
Rectification.
N'étaient pas TOUS chiants.
Comme par hasard, moi et ma chance légendaire, étions tombé sur le pire prof qui puisse exister. Un certain Monsieur Kekous qui s'amusait à prendre les élèves de haut, en faisant comme s'il ne les avait pas entendus pour mieux les insulter par la suite en les traitant d'incompétents de ne pas avoir répondu à sa question. En plus de ça, il était très exigeant avec le travail qu'on lui rendait. Le petit point positif (et sans doute le seul) c'était qu'il notait juste et n'était pas trop sévère là-dessus.
Car à ma plus grande surprise, j'avais eu un magnifique 16 au devoir que j'avais rendu six jours plus tôt. C'était une très bonne note et j'avais été fier de l'avoir. Surtout avec un prof pareil. Mais alors que je pensais lui avoir bouché un coin à ce tirant, il m'avait dit avec un air arrogant : « peux mieux faire Kim, la prochaine fois ne me rends pas un travail aussi sommaire que celui-ci ». J'avais été si choqué qu'il me dise ça. À ce moment-là, j'avais eu comme qui dirait une envie de lui arracher la tête.
Lui et sa coupe au bol pouvait bien aller voir ailleurs si j'y étais.
Même Severus Rogue était plus gentil que lui pour vous dire.
Mais à part ça, tout s'était bien passé. Lisa avait été la première personne que j'avais rencontré ici et j'étais heureux d'être tombé sur elle. On avait fait plus ample connaissance et j'avais appris qu'elle avait quelques origines Thaïlandaises mais qu'elle était née ici, à Paris. Tandis que moi, j'avais des origines Coréennes (grâce à ma mère) et étais né à Lyon. J'avais aussi découvert un autre aspect de sa personne. Du moins, c'était elle qui me l'avait dit. Elle n'était pas comme les filles que j'avais pu croiser dans ma vie.
En effet, elle se considérait comme « garçon manqué ». Apparemment ça lui plaisait de porter tout le temps des joggings, des casquettes ou bien des habits de garçon. Moi j'avais trouvé ça admirable de s'assumer ainsi car de nos jours, s'assumer n'était pas une chose aisée. Surtout dans une société si fermée d'esprit.
Et ce petit point n'avait fait que me dire que j'appréciai vraiment cette fille et la trouvai d'une excellente compagnie.
À présent, j'étais devant la porte de l'appartement, prêt à entrer. Et lorsque je tournai la clé dans la serrure, j'eus le malheur de glisser et tomber sur mes fesses. Comme par hasard, Jeon chieur passa sa tête par l'embrasure de la cuisine, une expression hilare sur le visage et dit :
— Tu ne peux pas faire attention Kim ? Je viens de passer la serpillière.
Lui ? Passer la serpillière ? Je n'en croyais pas un mot. Ou s'il l'avait fait, c'était uniquement pour que je tombe dès mon arrivée. Ce gamin n'était pas foutu de débarrasser les cartons de pizzas qu'il s'empiffrait devant la télé alors prendre un balai et un sceau ? Encore moins, ça ne semblait pas dans ses cordes. Tout ce qu'il savait c'était faire le con et jouer aux jeux vidéo à pas d'heure. Comment je le savais ? Facile, il laissait toujours le son à fond lorsqu'il jouait la nuit et j'étais obligé de dormir avec de la musique douce pour m'endormir sinon ma berceuse serait des bruits de mitraillette, des « Putain j'suis mort les gars, j'ai besoin de renfort ! », « Mais quel cheateur j'hallucine ! » ou encore « Bien fait pour ta gueule fallait venir m'aider ! »
Ouais, c'était lui le rageur. Pas moi.
Alors lorsque je me rendis compte qu'il avait fait exprès de laisser le sol assez glissant à cet endroit seulement, la colère déforma mon visage et je hurlai :
— Sale merdeux ! Tu vas me le payer !
Ce n'était pas nouveau. Chaque heure, une dispute. Chaque jour, nouveau record de dispute. Et aujourd'hui on était à pas plus de six. Un peu plus que la veille. Et sûrement plus petit que le lendemain. De ce fait, ma haine envers lui ne cessait d'augmenter.
Mais à la fin, lorsqu'il n'y aura plus de haine à éprouver...
Que restera-t-il ?
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Premier chapitre qui amène doucement l'histoire. Et où il ne se passe pas grand chose mais don't worry la suite risque d'y en avoir ;)
Je vous préviens cette histoire aura pour but de dénoncer beaucoup, beaucoup de sujets qui me tiennent à cœur et que parfois j'en ai marre qu'on banalise. Ou que justement, on ne banalise pas alors qu'on devrait.
Vous aurez sans doute remarqué, c'est tendu comme un string entre Tae et Jk (j'aime la comparaison que j'ai faite mdr). C'est pour ça que le TK mettra du temps à se mettre en place. Mais il n'y a pas que ça et vous verrez pourquoi dans la suite.
J'aime énormément le monde et le décor qui prend place dans ma tête, vraiment Paris m'inspire énormément (ça change des histoires qui se passent toujours en Corée).
J'espère que cette histoire vous plaira, en attendant j'attends vos retours avec impatience ^^
Zombix 🌙
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