Chapitre 56
April
OK, c'est définitif : ils veulent vraiment ma mort.
J'ai été appelée.
Mais pas avec n'importe qui, non. Ça aurait été trop facile, trop gentil.
Je me retrouve coincée dans une équipe composée majoritairement de Prétoriens. Déjà, ça aurait été un problème en soi, mais non, il fallait pousser le vice encore plus loin. Bien sûr que non, ils n'allaient pas me faciliter la tâche.
— Rahoul, Jonas, Jaylan, Konan et April sont priés de se rapprocher du point de rencontre numéro cinq.
Jaylan, qui était censé avoir disparu, est de retour visiblement. Je ne sais pas comment réagir avec lui... Je prends une inspiration tremblante. De toute manière ce n'est pas comme si j'avais pu pouvoir l'éviter indéfiniment.
On s'exécute.
Moi, je traîne, avançant plus lentement que tout le monde à cause de mes béquilles. Ils ont le temps de m'attendre, les bras croisés, leurs regards noirs et désapprobateurs braqués sur moi comme des poignards.
Ça commence bien.
Lorsque j'arrive enfin à leur hauteur, un homme nous attend déjà. Un cinquantenaire, grand, la peau mate, les cheveux bruns coupés court. Son expression est sévère, indéchiffrable, et il nous observe avec un regard perçant.
— Je suis Monsieur Bénitez, se présente-t-il d'une voix grave. Professeur de Techniques de Camouflage en Novices 1 et 2. Je serai votre examinateur principal durant les cinq prochains jours.
Cinq ?!
Mon cœur manque un battement.
Cinq jours avec eux ? Cinq jours à devoir rester sur mes gardes ? Cinq jour à me battre pour survivre.
— Vous allez maintenant me suivre pour rejoindre notre base, plantée en plein cœur de la ville.
Sans plus attendre, il tourne les talons, s'éloignant d'un pas rapide, nous laissant à peine le temps de réagir. J'inspire profondément et m'efforce de le suivre, avançant aussi vite que mes jambes et mes béquilles me le permettent. Chaque pas résonne comme une provocation, un rappel cruel que je suis l'élément faible de l'équipe.
Mais bientôt, un autre bruit me parvient.
Des pas.
Proches.
Trop proches.
Un frisson glacial me parcourt l'échine alors que mon instinct m'alerte. Je n'ai pas besoin de me retourner pour comprendre.
Je le reconnais. Jonas. Celui qui avait tenté de... Mon souffle s'accélère. Quelque chose est différent chez lui.
Il ne détourne pas le regard. Ses yeux sont braqués sur moi, remplis d'une haine indescriptible. Puis, sans prévenir, il avale l'espace entre nous en quelques enjambées et me plaque contre le mur du gymnase. Je tressaille, piégée entre lui et la surface froide. Les souvenirs reviennent en rafale.
Va-t-il recommencer ? Mon cœur cogne dans ma poitrine. Je cherche une issue, un moyen de me dégager, mais il lève le bras vers mon visage. Je serre les dents, me préparant à encaisser la gifle. Mais elle n'arrive pas.
J'ouvre les yeux, hésitante.
— April... J'aimerais qu'on reprenne de zéro... soupire-t-il.
Sa voix est différente, presque... sincère. Je cligne des yeux, cherchant le piège.
— Regarde ce que ton mec m'a fait...
Je suis son regard et lève lentement les yeux vers son bras. Je ne comprends pas tout de suite. Puis, l'horreur me frappe. Il n'y a plus de main.
— Oh...
Ma gorge se noue. Les mots se bloquent dans ma bouche. Lui, il reste là, me scrutant. Cherchant une réaction.
— Je voudrais qu'on fasse la paix tous les deux, reprend-il doucement. Je n'aurais pas dû essayer de te faire du mal...
Sa voix tremble presque. Il laisse un vide, un silence lourd, m'attendant. J'aimerais le croire, j'aimerais me dire qu'il a changé, que cette douleur lui a fait ouvrir les yeux. Mais non. Pas ici. Pas dans ce monde où la faiblesse se paie au prix du sang. Si je lui fais confiance, je me fais écraser comme un vulgaire insecte.
Jonas se rapproche. Un peu trop.
— Pardonne-moi, s'il te plaît...
Son souffle effleure ma peau.
— J-je... je bredouille. Je ne sais pas... Je ne te fais pas confiance. Je ne fais plus confiance à personne.
Mon propre aveu me surprend. Jonas recule légèrement, me laissant de l'espace. Son expression est déchiffrable : une ombre de colère, une frustration contenue, mais il ne fait rien. Il ne m'attaque pas. Il se contente de me regarder. Puis, lentement, il tend la main vers moi.
— Je vais te porter.
Mon corps se raidit immédiatement.
— Non.
— Ce n'était pas une question.
Avant même que je puisse protester, il glisse une main sous mon dos, l'autre sous mes genoux, ses doigts fermes me soulevant avec une aisance presque inquiétante. Je me fige. Un frisson me parcourt le dos, une sensation étrange qui mêle révolte et impuissance. En un instant, je ne touche plus terre. Je suis entièrement suspendue dans ses bras, collée contre son torse, un torse ferme, trop près de moi, et mes béquilles reposent sur moi comme une nouvelle entrave, un fardeau dont je n'arrive même pas à me débarrasser.
Je veux lutter, me débattre, hurler qu'il me dépose, que je suis capable de marcher seule, que je n'ai pas besoin de lui. Mais au fond de moi, je sais que tout ça serait inutile. Il est plus fort que moi. Et ce n'est pas seulement sa force physique qui me paralyse, c'est ce pouvoir qu'il a sur ma vie, sur mon destin, celui qu'il partage avec ces créatures qui me sont désormais étrangères.
Alors, je me contente de fermer les yeux, pour ne pas voir son regard, pour ne pas sentir cette brûlure intérieure qui monte rien que de sentir le contact de l'homme qui a tué un enfant sous mes yeux et qui a essayer de me dépouiller d'une part d'innoncence que je gardais encore. Je me laisse faire, me laisse emporter, comme une poupée fragile qu'on déplace sans égard. Il avance à grands pas, ses chaussures claquant contre le sol tandis que je me colle contre lui, me forçant à ignorer la douleur qui me déchire intérieurement.
Le professeur et les autres élèves nous ont déjà laissés derrière, leur avance se creusant à mesure qu'il accélère. Et moi, je suis là, incapable de m'échapper, de me soustraire à ce destin que je n'ai pas choisi. Nous arrivons devant le portail de sortie. Je vois à peine la grande limousine noire qui nous attend, tout se brouille autour de moi. Je suis tellement fatiguée, épuisée de cette vie qui m'échappe, de cette existence qu'on m'impose. J'aimerais tellement m'enfuir, disparaître dans la nature, me réfugier quelque part, loin de ce monde que je n'ai jamais voulu connaître. Mais il est trop tard pour ça, trop tard pour revenir en arrière.
Je pense à ma mère, à tout ce qu'elle m'a fait. Elle m'a vendue à ces monstres. Elle a échangé ma liberté contre une promesse, contre une illusion de sécurité. Pourtant, malgré tout ce qu'elle m'a infligé, elle est ma mère. Et malgré la rage qui m'étreint, je ne peux m'empêcher de l'aimer. Ce n'est pas aussi simple que de la détester. Les liens du sang, ça ne s'efface pas aussi facilement. Et puis, il y a Christale, ma sœur jumelle. La séparation avec elle, bien que moins douloureuse avec tout ce qui m'est arrivé ces derniers temps, reste un gouffre dans mon cœur. Une partie de moi se sent perdue sans elle, comme si une moitié de mon âme avait été arrachée.
— Tout va bien ?
Je sursaute en entendant la voix de Jaylan, et je me tourne vers lui, découvrant ses yeux bleus qui me fixent avec insistance, une lueur d'inquiétude qu'il tente de dissimuler derrière une façade indifférente. Mais il ne réussit pas à me cacher cette étincelle, et cela me perturbe encore plus. Je voudrais lui répondre, le rassurer, lui dire que je vais bien, que tout est sous contrôle, mais les mots me manquent. Un vide douloureux se forme dans mon estomac, une sensation de malaise qui m'envahit sans prévenir. J'essaie de respirer profondément pour ne pas craquer, pour ne pas laisser ce poids qui pèse sur moi tout faire éclater. Mais les mots restent coincés dans ma gorge.
Je détourne le regard, cherchant à fuir cette conversation, à fuir la fausse empathie de Jaylan. Je me tourne vers la fenêtre, espérant que le paysage qui défile m'offre une distraction. Les arbres, les bâtiments, les nuages – tout semble flou, presque irréel. Mais avant que je ne puisse vraiment plonger dans cette contemplation, une main ferme se pose sur la mienne, me tirant brusquement de mes pensées. Je sursaute, l'âme en alerte, avant de réaliser que c'est une simple réprimande. Un simple geste pour me rappeler que je ne peux rien faire sans autorisation, que même mes pensées sont surveillées.
Je ferme les yeux un instant, résignée, et me laisse à nouveau engloutir dans ce tourbillon que je n'ai pas choisi.
— Quand nous arriverons à l'endroit qui nous a été assigné, on vous fournira vos paquetages et vous aurez deux heures de préparation stratégique, nous informe Monsieur Bénitez, sa voix calme mais autoritaire résonnant dans le véhicule.
Je hoche la tête machinalement, une sensation de lourdeur s'emparant de moi. Je ferme les yeux, juste le temps de calmer mon cœur qui s'emballe. Les minutes passent, lentes et inexorables.
Une fois sortis, le froid me saisit immédiatement. L'air est sec et mordant. Nous arrivons devant une immense porte en métal, semblable à un hangar souterrain. À première vue, il n'y a rien d'autre, juste des murs gris, ternes, sans vie. Mais un geste de la main du professeur attire mon attention sur un segment du parpaing qui s'ouvre lentement, révélant un espace secret.
Il nous fait signe d'entrer. Jonas, toujours à mes côtés, passe derrière moi, me laissant entrer en premier. Je devine qu'il souhaite rester proche, sans doute pour me prouver à sa manière que je peux lui pardonner. Sauf que je ne pense pas que cela arrive.
Derrière la porte, la pièce s'étend dans l'ombre. Un cercle de chaises est disposé au centre, sur chacune d'elles un sac à dos de survie bien ordonné. L'odeur d'humidité et de métal envahit mes narines alors que nous nous installons. Le silence est presque oppressant.
— Je vous laisserai seuls une fois que je vous aurai expliqué les règles de cet examen, poursuit Monsieur Bénitez en prenant place sur l'une des chaises.
Il se redresse un peu, sans quitter des yeux l'ensemble du groupe. Son regard se fait plus perçant, comme s'il pesait chaque mot.
Les autres s'installent, une détermination palpable dans leurs regards. À l'exception de moi, je suis ailleurs, totalement perdue, ma tête remplie de mille pensées en même temps. Mon corps est tendu comme un ressort, figé par la peur qui me serre la gorge.
— Bon, je ne vais pas trop m'attarder, commence-t-il, un léger sourire en coin, car le but est que vous vous débrouilliez. Mais ça ne sera pas simple et cette fois, ce ne sera plus une simple mise en situation. Vous êtes une équipe et vous devez travailler ensemble pour retrouver votre cible et l'éliminer.
Un frisson traverse mon corps. Les mots résonnent dans ma tête comme un écho menaçant.
— Trop simple, s'exclame Rahoul, un Prétorien en troisième et dernière année, visiblement sûr de lui.
Le cinquantenaire ne semble pas perturber. Un petit rire sarcastique s'échappe des lèvres du grand brun qui s'étire, puis continue en frottant sa barbichette d'un geste nonchalant.
— Je serais toi, je ne parlerais pas trop tôt, murmure-t-il. Vous êtes aussi menacés. Les mercenaires ne savent pas où sont nos douze bases secrètes, mais ils devront nous retrouver. À vous de gérer la situation. Ils n'auront pas le droit de vous tuer, mais vous blesser gravement est autorisé. Leur objectif est de vous mettre hors d'état de nuire.
Du coin de l'œil, je vois Jaylan grimacer, ses sourcils froncés de manière inquiète, une nervosité apparente qu'il peine à masquer.
— Pourtant, ce ne seront pas vos seuls assaillants. Vous êtes en compétition avec les autres équipes, précise-t-il. La première à mettre la main sur Monsieur Voss gagne, mais ce ne sera pas une tâche facile. Cependant, vous serez équipés pour mener l'enquête et retrouver votre cible. À vous de décider de votre stratégie.
Il se lève, s'étirant avant de se diriger vers la porte secrète par laquelle nous sommes entrés. Le silence est pesant, chacun de nous conscient de la pression qui s'abat sur nos épaules.
— Dès que je partirai, un minuteur se lancera. Vous aurez deux heures pour vous installer tranquillement et développer une stratégie imparable. Mais prenez le temps d'observer les lieux, car des indices se trouveront peut-être sur votre chemin. Mettez-vous en conditions. À partir de ce soir, vous êtes au service de notre Dictateur. Celui-ci vous a confié l'ordre d'assassiner sa cible, et vous obéissez. Prenez juste garde aux menaces qui vous attendent. Je serais de retour à l'issue de ces deux heures.
Sans un mot de plus, il sort de la pièce et une lumière clignote sur le mur. 1H59. Le compte à rebours commence. L'adrénaline commence à monter.
Je scrute chaque recoin de la pièce, cherchant un détail qui pourrait m'échapper. Le plafond haut, les murs de béton lisses. Peut-être qu'il y a d'autres passages secrets, d'autres indices qui me permettront de survivre, mais rien ne semble évident à première vue.
Je ferme les yeux un instant, respirant profondément. Si je veux m'en sortir, il va falloir que je me surpasse, que je dépasse ma peur. Je ne peux pas rester là, paralysée par la panique. Il faut que je réfléchisse autrement, que je me mette en mode « enquête ». Avec mon père, on adorait jouer à des escape games et résoudre des énigmes ensemble. Peut-être que cette approche pourrait m'aider, peut-être que mon raisonnement basé sur la logique et l'analyse me rendra utile, malgré mes doutes.
Soudain, une main ferme mais douce se pose sur mon épaule. Je me retourne, surprise.
— Tu as une idée de la manière dont on pourrait procéder ? me demande Jonas, son regard sérieux et pénétrant.
Je relève la tête vers lui. Sa voix est calme, mais sa présence me fait ressentir la gravité de la situation.
— Non... enfin, je... si j'ai une idée... mais...
— Laisse tomber, cette fille ne nous sera d'aucune utilité, s'exclame une voix moqueuse.
Un homme s'avance, ses pas résonnant dans le silence de la pièce. Il me fixe intensément, un sourire dédaigneux sur le visage.
— Regarde-la ! Cette fille ne va nous attirer que des emmerdes. On devrait juste la tuer et faire passer ça pour un accident. Elle est blessée en plus !
Mes yeux se remplissent de larmes, mes mains tremblent, mais je tente de ne rien laisser paraître.
— Non, Konan... soupire Jonas, sa voix calme mais ferme. Je crois que tu te trompes cette fois.
— Qu'est-ce que tu racontes ? s'énerve-t-il, se rapprochant dangereusement de lui.
— Cette fille est un point de vue extérieur. Tout cet examen a été conçu pour que nous ne répétions pas simplement les mêmes erreurs. Les mercenaires s'attendent à ce que nous agissions comme des robots. Il faut que nous sortions des sentiers battus. Une nouvelle stratégie. De plus, les filles sont meilleures pour analyser les situations, je crois.
Rahoul et Jaylan s'approchent, leurs regards inquisiteurs braqués sur moi. La tension monte d'un cran.
— C'est pourtant simple, s'écrie Konan. On doit juste retrouver le proviseur en suivant les pistes !
— Ouais, je suis d'accord avec lui, s'ajoute Jaylan, s'approchant un peu trop près pour que je me sente à l'aise.
— Habituellement, j'aurais plus opté pour qu'on recherche les autres équipes pour les mettre hors d'état de nuire, mais vous ne croyez pas que c'est exactement ce que tout le monde va choisir de faire ? En plus, je suis désavantagé, comme elle. On ne pourra pas tuer cinquante-cinq élèves à nous tout seul.
Il lève le bras, dévoilant sa main manquante.
Un silence lourd s'installe alors que tous les regards se tournent vers lui.
La tension dans la pièce est palpable, chaque seconde s'étirant interminablement. Le regard de Konan, toujours aussi acerbe, se pose sur moi. Ses mots me transpercent, mais je m'efforce de ne pas flancher, de rester concentrée sur ce qui doit être fait. Une perle de sueur perle sur ma tempe, mais je la chasse d'un coup d'œil furtif.
C'est l'un de mes anciens agresseurs qui brise le silence, son ton plus calme, mais déterminé.
— Écoutez, on a une option ici, et elle a raison, une nouvelle approche peut être la clé. On ne doit pas répéter les erreurs des autres. Si on suit Konan et Jaylan, on risque de se retrouver exactement là où tout le monde s'attend à ce que nous soyons, prévisibles. Tout ce qui risque d'arriver dans cette situation se sera une tuerie globale.
— Alors quoi ? s'énerve Konan. Tu veux écouter cette gamine ? Elle ne sait même pas comment ça marche !
— Non, je veux qu'on s'unisse, et c'est bien là le point. Si on veut s'en sortir, il va falloir que chacun de nous mette son ego de côté, même toi, rajoute Jonas en lui lançant un regard insistant.
Le silence se fait à nouveau, lourd de non-dits. Rahoul, jusqu'alors silencieux, prend finalement la parole, ses bras croisés sur sa poitrine, mais son regard plus ouvert que celui des autres.
— C'est peut-être vrai, en fait, dit-il, sa voix grave. Peut-être qu'on a tous agi un peu trop vite. On se précipite, mais cette situation... Elle est différente. Il faut qu'on fasse plus que suivre des règles. Il nous faut une nouvelle approche.
Je les observe tous, le souffle court, mais un espoir timide commence à naître en moi. Peut-être qu'ils commencent à comprendre.
— Alors, explique-nous ton idée, April, me demande Jaylan, son regard moins accusateur, curieux. Qu'est-ce que tu proposes ?
Je sens mon cœur accélérer, mais je prends une profonde inspiration pour maîtriser ma nervosité. Cela va être difficile, mais je sais qu'il n'y a plus de place pour l'hésitation.
— Je... je pense qu'on devrait commencer par étudier l'environnement ici, pas juste les indices visibles. Chaque détail compte, les portes, la lumière, les sons, tout. Les mercenaires vont peut-être chercher à nous piéger en nous donnant des indices évidents, mais il y en a peut-être d'autres qu'ils négligent. Une approche plus subtile pourrait nous avantager. En analysant les comportements des autres équipes aussi, on pourrait peut-être déduire certaines informations cruciales.
Une pause s'installe après mes mots. Personne ne parle pendant un moment, chacun semblant peser mes paroles. Puis, contre toute attente, Rahoul se penche en avant, une lueur de réflexion dans ses yeux.
— Pas mal. C'est pas la pire des idées que j'ai entendues, je dois admettre.
Konan reste silencieux, mais le regard qu'il lance à Jonas semble moins défiant qu'auparavant. Le blond aux yeux bleus hoche la tête, visiblement convaincu, et même si son attitude reste méfiante, il semble accepter cette nouvelle direction.
— D'accord, dit enfin Jonas, sa voix calme et sûre. On va te donner une chance. Peut-être que ça nous permettra de surprendre tout le monde. Mais on garde la tête froide, tout le monde, et on suit cette stratégie.
Un léger soulagement m'envahit, bien qu'il me soit difficile d'oublier les tensions qui flottent encore dans l'air. Le compte à rebours continue de clignoter sur le mur, mais cette fois, l'adrénaline dans mes veines est différente. Ce n'est plus uniquement la peur qui me guide, mais une volonté nouvelle de prouver que ma place ici n'est pas seulement une erreur et que je peux m'intégrer. Parce que dans le fond, si je ne le fait pas, je n'aurais aucune clé de fuite et je ne pourrais jamais revoir ma sœur jumelle un jour.
Je croise le regard du jeune homme aux boucles brunes, et il me sourit légèrement, ce qui me réchauffe plus que je ne voudrais l'admettre. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est un début. Et peut-être que cette équipe pourra enfin travailler ensemble.
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