Chapitre 51
April, deux heures plus tôt
Il est parti. Et je dois avouer que cela ne me laisse pas indifférente. J'ai cette sensation étrange, un mélange d'amertume et de vide, comme si quelque chose venait de m'être arraché brutalement. Je suis extrêmement déçue... Plus encore, je ressens une forme de tristesse sourde, une frustration qui me ronge de l'intérieur.
J'aurais voulu rester blottie dans ses bras bien plus longtemps, m'imprégner de sa chaleur, continuer de humer ce parfum qui me rassure, qui m'apaise, qui me donne l'illusion, ne serait-ce que quelques instants, d'être à ma place quelque part.
Mais je ne suis pas stupide. Je vois bien que son départ précipité a à voir avec moi. Avec mon existence. Avec le fait qu'il ne veut plus de ma présence ici. Cette pensée me tord l'estomac.
Je suis ridicule. Vraiment.
Pourquoi m'accrocher ainsi, désirer si ardemment la présence de quelqu'un qui, manifestement, n'en a rien à faire ?
Aucune idée. C'est absurde, pathétique même. Mais je crois que, dans le fond, j'en ai besoin. J'ai besoin d'attention, de douceur et d'amour. Ce sont des choses que je ne sais pas me donner moi-même. Que je n'ai jamais su.
Et c'est bien ça le pire.
Je soupire en me redressant, sentant mes muscles endoloris protester à chacun de mes mouvements. Le simple fait de bouger me demande un effort considérable, mais je n'ai pas le choix.
Je ferais mieux de partir avant qu'il ne revienne. L'atmosphère était électrique avant qu'il ne prenne la fuite, et je n'ai aucune envie de raviver cette tension. Je sais ce qu'il est capable de faire quand il se sent acculé. Je ne veux pas revivre l'horreur d'être étranglée, ni me retrouver une nouvelle fois ligotée comme une vulgaire criminelle au fond de son placard.
Inspirant profondément, je me lève avec difficulté, mes jambes tremblantes sous mon poids. Je tends la main vers mes béquilles, posées contre la table, et les saisis avec une certaine précipitation, comme si elles seules pouvaient empêcher mon corps de s'écrouler.
Mais avant de partir, j'ai besoin d'une douche.
Lentement, péniblement, je me traîne jusqu'à la porte de la salle de bain. Chaque pas est un défi, chaque mouvement une torture silencieuse. J'appuie ma main contre la poignée et pousse la porte, qui grince légèrement sur ses gonds. Une fois à l'intérieur, je la verrouille, comme Malcolm me l'a ordonné. Je ne comprends pas pourquoi, mais je préfère éviter d'aller à l'encontre de ses exigences.
Je prends appui contre le bord du lavabo, le marbre froid contre ma paume m'apportant un semblant de stabilité. D'une main hésitante, je commence à retirer mon t-shirt. Le tissu accroche ma peau, me faisant grimacer lorsque je lève les bras.
Après un effort laborieux, il rejoint le sol, suivi de mon soutien-gorge que je laisse tomber nonchalamment à mes pieds.
Trois semaines sous assistance médicale. Trois semaines où l'infirmier m'a aidée à la moindre tâche du quotidien. Mais cette époque est révolue. Désormais, je dois me débrouiller seule. Et ça s'annonce... compliqué. Très compliqué. Mes rotules fragiles ne me permettent pas la moindre maladresse.
Je lève les yeux vers le miroir face à moi et m'observe. Mon regard glisse sur ma poitrine, qui semble avoir encore gonflé. Une sensation étrange me traverse en voyant l'aspect inhabituel de mes tétons. Ils... changent de forme. C'est bizarre. C'est la honte. C'est ridicule.
Je secoue légèrement la tête pour chasser ces pensées inutiles et baisse les yeux vers ma jupe. Je dois l'enlever. Mais le simple fait d'y penser m'épuise déjà. Il me faut plusieurs tentatives pour parvenir à la faire glisser le long de mes hanches. À bout de souffle, je m'accroche désespérément au lavabo pour rester debout.
Puis une question me traverse l'esprit : dois-je me laver avec les attelles ou pas ?
À ton avis, idiote ?! s'énerve ma voix intérieure.
Je serre les dents. Elle a raison. Il faut bien que je les retire.
Je prends une inspiration et m'adosse fermement contre le rebord du lavabo pour stabiliser mes jambes. Lentement, avec précaution, je commence à détacher la première attelle. Les sangles résistent légèrement avant de céder sous mes doigts tremblants.
Une.
J'ai à peine le temps de réaliser que je perds l'équilibre.
Tout se passe en une fraction de seconde. Mon genou cède brutalement sous mon propre poids. Mon corps bascule en avant, attiré inexorablement vers le sol. Un choc sourd retentit lorsque ma tête percute violemment le mur en face.
Une douleur fulgurante explose dans mon crâne.
Puis, plus rien.
Le vide.
***
Malcolm
Sans réfléchir une seconde de plus, je donne un violent coup d'épaule contre la porte. L'impact me fait grimacer, une douleur sourde irradiant mon bras. Super, je vais me coltiner un bel hématome... Génial. Je soupire, mais au moins, j'ai réussi à ouvrir cette putain de porte et je vais pouvoir aider cette abrutie d'April.
En songeant à elle, mon regard scanne immédiatement la pièce. Je la trouve, inerte, étalée sur le carrelage froid, sa silhouette frêle et immobile, ses cheveux en désordre autour de son visage fermé.
Mais surtout...
Putain.
Mon cœur rate un battement et l'instant d'après, il cogne violemment contre ma cage thoracique. Ma respiration se bloque sous le choc.
April n'a pour seul vêtement qu'une petite culotte noire.
Mon entrejambe réagit aussitôt, pulsant sous mon jean, et je sens mon sexe durcir brusquement, gonfler contre le tissu qui devient beaucoup trop serré d'un coup.
Merde.
Mon regard glisse malgré moi sur la courbe douce de sa poitrine vue de profil, aplatie sur le sol, sur la ligne délicate de son dos qui se soulève faiblement au rythme de sa respiration. Mes mains me démangent. J'ai besoin de la toucher, de la sentir sous mes doigts, de savourer cette peau nue qui s'offre à moi sans même en avoir conscience.
Je ravale un grognement et serre les poings. Ne mate pas, Malcolm. T'es censé l'aider, pas lui sauter dessus.
- Elle va finir par me tuer... râlé-je, la voix rauque et légèrement tremblante.
Je m'approche et me baisse pour la retourner avec précaution, mes doigts effleurant la chaleur de sa peau. Et merde. C'est encore pire.
Chaque contact avec elle me fait bander encore plus. Mon jean me comprime à un point douloureux, la frustration me brûle de l'intérieur. J'ai envie de friction, de soulagement, et mon sexe réclame ma main avec insistance. Ou la sienne. Surtout la sienne.
Fais chier.
Je serre les dents, les muscles tendus à l'extrême. C'est exactement pour éviter ce genre de situation que je refuse qu'elle dorme avec moi ! Déjà que la voir dans son uniforme habituel est une torture, que sentir son odeur sur mes draps me rend fou... Mais là, elle me fait pire.
Je secoue la tête, lutte contre cette envie bestiale qui pulse en moi, et me force à me concentrer. April est inconsciente. Elle aurait pu se fracturer le crâne. Et moi, je suis là, en train de fantasmer sur elle comme un connard en chaleur.
Un soupir rageur m'échappe alors que je tente de reprendre le contrôle.
Je glisse mes bras sous son corps et la soulève doucement, la pressant un peu trop contre moi, mes mains frôlant trop longtemps sa peau brûlante. C'est un enfer.
Sans perdre une seconde, je l'installe en position assise dans la cabine et me glisse à mon tour à l'intérieur. J'ai besoin de la nettoyer, et moi aussi, par la même occasion.
J'arrache mes vêtements trempés de sueur et surtout, couverts de sang.
D'abord mon t-shirt, révélant mon torse marqué de cicatrices et d'ecchymoses. J'ai toujours détesté qu'on me voie comme ça. Mais elle est inconsciente, alors il n'y a aucun risque.
Mes mains tremblent légèrement quand j'atteins la ceinture de mon jean. Je le fais glisser lentement le long de mes jambes, libérant enfin mon sexe dur et palpitant, tendu d'un désir que je tente d'ignorer.
Mon corps tout entier est encore couvert de ce putain de sang, ce sang que j'ai moi-même versé.
Et pourtant... pourtant, il ne m'a jamais excité de cette manière.
Ce n'est pas la violence qui me fait bander aussi dur. Ce n'est pas le fait d'ôter la vie.
C'est elle.
Cette vue interdite, cette douceur insolente, cette proximité dangereuse qui me brûle de l'intérieur et m'obsède.
Putain, ferme ta gueule, Malcolm !
Je jette mes vêtements souillés par-dessus la cabine et allume l'eau.
L'attente est insupportable.
L'eau met trop de temps à se réchauffer. Ou c'est moi qui suis bien trop brûlant. Ou les deux ?!
Merde ! Ҫa devient grave, je n'arrive plus à réfléchir correctement.
L'idéal serait que je prenne une douche glaciale histoire de rabaisser la bête, mais la belle blonde risquerait d'avoir froid. Alors je prends mon mal en patience. Je ne peux pas me branler pendant qu'elle est comme ça, ce ne serait pas correct.
Une fois l'eau à une température qui me semble bonne, je m'accroupis dans le petit espace pour arroser le corps de la jeune fille. J'aimerais lui retirer son dernier vêtement, mais ça irait trop loin, alors je me contente de retirer sa deuxième attelle, m'attardant instinctivement sur son épiderme duveteux.
Soudain, une sensation étrange me fait frissonner, comme si l'air lui-même s'était figé autour de moi. Mon ventre semble être pris de légers frottements intérieurs, subtils, presque imperceptibles, mais bien présents. C'est une sensation douce et agaçante à la fois, comme si ma peau était effleurée par de la dentelle fine ou comme si de petits insectes invisibles virevoltaient autour de mes entrailles. Le contact est délicat mais constant, me faisant me demander si ce n'est pas une illusion.
Je baisse la tête, cherchant désespérément à comprendre ce qui se passe, à démêler cette sensation étrange qui persiste, qui m'obsède presque. Mais lorsque, enfin, mes yeux remontent lentement, mon regard se heurte à un autre, un bleu d'une intensité presque irréelle. Un bleu profond, hypnotique, qui me perce à travers comme un rayon de lumière perçant l'obscurité.
- T-tu... Putain.
Je tombe sur le cul. Littéralement.
Elle est réveillée, bordel ! Elle est là, elle me fixe, et moi je suis... oh la merde ! Je suis complètement désemparé, les pensées qui se bousculent dans ma tête sont un véritable chaos. Je n'avais pas prévu ça, pas du tout. Et pourtant, la réalité se dresse là, bien devant moi, aussi violente que la gifle d'une vérité qui m'écrase.
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