Chapitre 50
Malcolm
Dès que je pénètre dans la cellule 51, ‒ ma préférée ‒, une vague d'excitation me traverse. Un frisson délicieux remonte le long de ma colonne vertébrale tandis que ma langue passe lentement sur mes lèvres, savourant l'instant à venir.
Il y a quelques années, je suis venu ici à de nombreuses reprises. Pourquoi ? Parce que cette pièce est celle qui m'est le plus familière. Elle a été témoin de tant de moments marquants... Des instants gravés à jamais dans ma mémoire. On pourrait résumer environ vingt pour cent de mon enfance entre ces murs imprégnés de souffrance et de souvenirs écarlates.
C'est ici que le sang se déverse avec le plus de générosité. Ici que les cris résonnent le plus harmonieusement.
Et j'aime le sang. Ce liquide vital, si doux, si chaud, si exquis lorsqu'il s'échappe de la chair... Son éclat carmin, son odeur métallique, la façon dont il perle lentement avant de se répandre en fines rivières... Un spectacle envoûtant.
Le rouge a toujours été ma couleur préférée. Avec le noir, bien sûr. L'un pour la passion, l'autre pour l'abîme.
Mon regard balaie la pièce. Cinq chaises me font face, soigneusement alignées comme si elles attendaient leur heure. Sur le côté, trois étagères regorgent de bocaux aux formes diverses. À travers le verre, le formol scintille sous la lueur blafarde de la lampe suspendue.
Wyatt a gardé mon idée... tiens, tiens... Intéressant. Très intéressant. Il prend en compte mes goûts personnels pour parfaire l'expérience, peaufiner chaque détail de cette œuvre macabre. J'apprécie l'effort. Il faudra que je pense à le remercier.
Enfin, je leur accorde un regard. Trois hommes, attachés, les yeux bandés. Deux femmes, elles aussi aveuglées par des bandeaux rêches. Leurs respirations sont hachées, tremblantes. Ils pleurent, ils gémissent... Ils se tordent dans leurs liens comme des insectes pris au piège.
J'adore.
- Il me manque encore un foie, un rein et un nez dans ma collection, énuméré-je à voix haute, ma voix presque monotone alors que je scrute les corps étendus devant moi.
L'idée me chatouille... mais je me contente de me concentrer sur ce que j'ai à portée de main. De toute façon, il y a encore une infinité d'organes à récupérer, des membres, des muscles, des morceaux de chair... tout ce qui m'appartient, en quelque sorte. Peu importe le nombre d'exemplaires que je possède.
Je tire la lame de ma poche, l'acier brillant sous la lumière tamisée. Un frisson me parcourt. J'ai une flemme profonde, je pourrais les tuer lentement, les voir mourir avec toute la douleur du monde, mais c'est un effort que je ne veux pas fournir aujourd'hui. Je veux juste les voir souffrir, vite, brutalement, et m'en délecter. C'est plus libérateur.
Ignorant les supplications, je me rapproche du premier homme. D'un coup sec, la lame déchire sa cuisse. La peau s'ouvre comme un fruit mûr, un filet de sang jaillissant instantanément. Le cri déchirant du malheureux n'atteint même pas mes oreilles, je l'ai déjà complètement effacé.
Je pousse la coupure plus loin, sur toute la longueur de sa jambe. La peau se déchire encore, révélant les muscles, les tendons qui se tordent sous la pression de mon couteau. La chair se sépare, comme un vieux vêtement qu'on arrache. Puis, d'un mouvement vif, je glisse ma main dans la plaie béante, enfonçant mes doigts dans le muscle qui pulse encore dans la douleur. Il résiste un instant, mais je tire, je tire encore plus fort. Et là, le muscle se détache dans un bruit humide, une texture caoutchouteuse qui colle à ma peau. Je le laisse pendre dans ma main, un trophée précieux. Ses hurlements sont insupportables, stridents, trop faibles pour être entendus. Je les éclipse de ma conscience, me concentrant sur la masse chaude et frissonnante qui repose dans ma paume.
Je me recule, un sourire satisfait sur les lèvres.
Le sang éclabousse mes vêtements, mais ce n'est rien. La migraine commence à faire mal, l'odeur du sang, les pleurs stridents, tout se mélange dans mon esprit. Je ne veux plus entendre ces bruits, ils me retournent l'esprit.
Je me précipite hors de la pièce, ma tête bat. En quelques gestes rapides, je me saisis du casque anti-bruit posé sur la table. L'effet est immédiat. Je suis dans ma propre bulle de silence, isolé de la souffrance qui déchire l'air autour de moi. Je me sens enfin apaisé.
Je retourne dans la pièce, chantonnant un air lent, morne.
J'apprécie chaque seconde où je retrouve un semblant de calme. Cette scène est diffusée en direct, là-bas, dans le bar. Les gens qui attendent, qui regardent. Je veux qu'ils comprennent ce qui se passe quand je suis en colère. Ce n'est pas juste une souffrance... c'est une œuvre. Et cette œuvre, ils vont la voir dans toute sa grandeur. Ils verront ce que je fais, ce que je peux faire, sans effort, sans hésitation.
L'envie de repeindre les murs en rouge me prend. Je récupère le quadriceps encore tiède dans ma main, sa texture caoutchouteuse légèrement gluante sous mes doigts. Je le soulève légèrement, observant avec fascination les minces filaments de chair qui pendent, avant de me rapprocher du mur le plus proche.
D'un geste lent et presque cérémonieux, je frotte le muscle contre la surface froide, traçant une ligne écarlate qui s'élargit au fur et à mesure de mes mouvements. L'odeur métallique du sang s'intensifie, une odeur de fer chaud qui me picote les narines. Le mur absorbe goulûment le liquide, formant des traînées irrégulières, des éclaboussures presque artistiques.
Je crois que je vais me reconvertir en peintre en même temps d'être chef de gang !
Je recule d'un pas, contemplant mon œuvre. C'est magnifique. Une fresque improvisée, chaotique, mais terriblement vivante.
J'éclate de rire, un rire aigu, euphorique, déformé par l'adrénaline qui coule dans mes veines. Puis, avec un soupir satisfait, j'ouvre un grand bocal en verre posé sur une table proche et y balance le muscle ensanglanté. Il s'écrase mollement au fond avec un bruit humide.
Mais ce n'est pas suffisant. Pas encore.
Je me retourne, les yeux pétillants d'excitation, et me dirige à nouveau vers le premier homme. Ses sanglots sont devenus inaudibles, noyés dans une respiration sifflante et erratique. Il sait que je vais continuer. Il sait qu'il n'y a plus d'échappatoire.
- Ne sois pas égoïste, tu en as encore une autre, murmurè-je en traçant lentement la pointe de ma lame le long de sa deuxième cuisse.
Puis, avec la même précision chirurgicale que précédemment, j'enfonce la lame et la fais glisser d'un seul coup sec sur toute la longueur. La peau s'ouvre instantanément, dévoilant des strates de chair tremblantes, palpitantes sous l'effet de la douleur extrême. Je sens son corps tressaillir, tenter vainement de se dérober à ma prise.
Mais cette fois, je ne me contente pas d'un seul muscle.
Je plonge mes doigts dans la plaie béante, sentant la chaleur du sang imbiber ma peau. Je serre un faisceau de muscles, l'ischio-jambier, et je tire. Il résiste, bien accroché aux tendons et aux nerfs qui le relient encore à l'os. Alors, je remonte un peu, insère la lame sous les tissus, tranche net un des ligaments, puis recommence à tirer.
Un bruit ignoble résonne dans la pièce, un mélange de chair déchirée et de succion humide, alors que le muscle finit par céder, s'arrachant presque en lambeaux. L'homme pousse un hurlement bestial, plus rauque, plus déchirant encore que les précédents. Et c'est pour dire ! Je l'entends même avec le casque anti-bruit ! Sa jambe se convulse sous la douleur, mais je n'ai pas terminé.
Je repère le sartorius, ce long ruban musculaire qui s'étend obliquement sur la cuisse. Il est si fin comparé aux autres, mais fascinant. J'ai envie de le voir se détacher en un seul morceau. Alors, minutieusement, je glisse mon couteau sous sa base, sectionnant avec délicatesse chaque attache. Une fois libre, je l'enroule autour de mon poignet comme un bracelet sanguinolent.
- Jolie parure, non ? dis-je en levant le bras devant mon visage, contemplant l'étrange bijou.
Mon regard se reporte sur les jambes du supplicié. Elles ne sont plus qu'une masse de chair trouée, lacérée, déformée. Le sang coule en cascades, s'accumulant en une mare épaisse sur le sol, et je dois m'éloigner légèrement pour éviter que mes chaussures ne glissent sur la surface poisseuse.
Je retire mon couteau du corps pantelant, essuie d'un geste absent la fine giclée de sang qui s'accroche à ma joue, puis lève les yeux vers les autres.
Ma première victime de cette soirée matinale est presque silencieux, perdu quelque part entre l'agonie et la douce promesse de l'inconscience. Son souffle est irrégulier, ses membres inférieurs ne sont plus que des masses sanguinolentes déformées. Il vit encore. Mais plus pour longtemps.
Mon regard glisse vers la deuxième victime. Un homme, plus jeune que le précédent, son torse tremble violemment sous la respiration paniquée. Lui aussi est attaché, bandé, privé du droit de me voir, de me supplier directement.
- Tu as eu le temps de te préparer, soufflé-je en tapotant du bout des doigts l'accoudoir de sa chaise. Tu as entendu tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai pris. Tu sais ce qui va arriver.
Un gémissement étranglé s'échappe de sa gorge. Ses poignets s'agitent dans leurs liens. Il essaie de parler, mais seuls des sons épars franchissent ses lèvres. Une supplique sans mots, une agonie déjà palpable avant même que je ne commence.
Ma lame trouve rapidement son chemin. Je la presse contre la peau tendre de son avant-bras. Juste là, au creux du poignet, là où l'artère pulse avec une vivacité désespérée.
- Tu sais ce que j'aime chez les gens comme toi ? Le silence. Vous pensez qu'il vous sauvera. Mais il ne fait que me donner envie de le remplir.
Un sursaut. Une contraction nerveuse. Il sait ce qui va suivre.
J'enfonce l'acier trempé.
La chair cède en un bruit feutré. Le sang perle, éclate, s'épanche en ruisseaux d'un rouge éclatant. Je tire lentement, ouvrant la peau sur toute la longueur de l'avant-bras. De fines fibres musculaires se dévoilent, luisantes, encore intactes.
Pas pour longtemps.
Avec la précision d'un chirurgien, je dégage un à un les tendons du poignet. Minces, blanchâtres, parfaitement dessinés sous la chair entaillée. Fascinants.
Je pince celui du majeur entre mon pouce et mon index.
- Regarde, lui murmuré-je, sachant pertinemment qu'il ne le peut pas.
Puis je tire.
Le doigt se soulève, comme mû par une volonté propre. Un spasme grotesque le parcourt alors que je tends et détends le tendon à loisir.
Magnifique, on dirait une petite marionnette !
Je fais de même avec l'index, l'annulaire, jouant sur les nerfs exposés, provoquant une réaction qu'il ne peut ni contrôler ni empêcher.
Sa main se crispe sous la douleur, mais je continue, un sourire amusé flottant sur mes lèvres.
- Un vrai pantin... C'est presque artistique, tu ne trouves pas ?
Les cris deviennent stridents, incontrôlables.
Je lâche enfin prise, le laissant trembler sous la souffrance.
Mais je n'ai pas fini.
La peau du bras est encore là, inutile, superflue. Alors, méthodiquement, je la décolle. Lentement. Au couteau, d'abord, puis avec mes propres mains, arrachant l'épiderme par plaques, exposant la surface rouge et humide de la chair mise à nu.
Il hurle si fort que même mon casque anti-bruit semble dérisoire.
Agacé, je l'arrache et le balance plus loin.
- À quoi bon... soufflé-je.
Ses hurlements emplissent la pièce, s'élèvent, résonnent contre les murs souillés. Un son déchirant, d'une pureté parfaite.
Je le savoure un instant, fermant les yeux, laissant cette mélodie macabre vibrer dans chaque fibre de mon être.
Puis je rouvre les paupières et plonge mes doigts dans la plaie béante.
Les tendons, la chair, tout est encore là. Prêt à être pris.
Alors, je continue. Parce que faire prodiguer la douleur est ma plus grande passion.
Je me détourne du corps pantelant du deuxième homme, mon regard glissant vers la prochaine victime. Une des femmes.
Elle est plus frêle que les autres, son corps se ratatine sur lui-même, tremblant, cherchant à disparaître dans l'ombre de la pièce. Ses épaules se soulèvent sous des spasmes incontrôlables, un filet de bave perlant au coin de ses lèvres tremblantes. Ses ongles s'enfoncent si profondément dans le bois de la chaise que j'entends le craquement sinistre de ses phalanges en tension.
Intéressant.
- C'est ton tour, ma belle, chantonné-je en m'accroupissant à son niveau.
Elle secoue violemment la tête, des gémissements étouffés franchissant ses lèvres malgré la bande de tissu serrée autour de sa bouche. Son souffle est court, sifflant, une mélodie délicieuse d'effroi qui titille mes nerfs avec une intensité exquise.
Je laisse ma main glisser lentement sur sa joue, traçant du bout des doigts la ligne saillante de sa mâchoire. Elle frissonne sous mon contact, ses muscles se contractant dans une ultime tentative d'échapper à l'inévitable.
- Ne t'inquiète pas, murmuré-je en rapprochant mes lèvres de son oreille. Je vais m'appliquer avec toi.
Un hoquet étranglé secoue son corps. Je souris.
Ma lame désormais carmin danse entre mes doigts, effleurant sa clavicule saillante avant de descendre, lentement, vers son sternum. D'un mouvement précis, j'entaille le tissu de son haut, dévoilant la peau pâle qui frissonne sous la morsure de l'acier. Elle tente de se recroqueviller, mais elle n'a nulle part où fuir.
- Allons... Ne sois pas si rigide, soupiré-je en pressant mon couteau contre la courbe de son abdomen.
Le premier trait rouge apparaît alors. Un filet fin, délicat, qui s'élargit à mesure que j'appuie. Son souffle se bloque, une plainte étouffée s'échappant de sa gorge. La douleur la paralyse, et c'est exactement ce que je veux.
D'un coup sec, j'incise plus profondément. La peau s'ouvre, révélant la chair sous-jacente, et bientôt, le sang jaillit en perles d'un rubis éclatant. Je l'observe un instant, fasciné par la manière dont la plaie se dilate sous l'effet de la gravité. Elle tremble violemment, son torse tressaillant à chaque nouvelle pulsation de douleur.
Je plonge mes doigts dans l'ouverture, écartant légèrement les chairs pour mieux voir. La chaleur humide m'envahit, une sensation grisante qui accélère mon rythme cardiaque. Je peux presque sentir son cœur battre, paniqué, juste sous ma paume.
- Tu crois que si je vais un peu plus loin, je pourrai le toucher ?
Elle tente de hurler à travers son bâillon, mais seul un son étranglé en ressort. Je ris doucement, savourant l'instant.
Puis, dans un mouvement lent, calculé, j'enfonce mes doigts plus profondément.
Le contact avec l'organe palpitant me procure un frisson délicieux. C'est... indescriptible. Un mélange de résistance et de soumission, un muscle encore vibrant de vie qui pulse contre ma peau ensanglantée. Je resserre légèrement ma prise, exerçant une pression qui la fait convulser sous moi.
- Regarde-toi, susurré-je en penchant la tête, mon regard plongé dans le chaos de son corps mutilé. Tu es magnifique ainsi.
Son corps est pris de spasmes incontrôlables, ses jambes tressautant sur la chaise dans un réflexe désespéré. Son souffle devient erratique, chaque inspiration un combat entre la douleur et la panique.
Je me recule légèrement, essuyant la sueur qui perle sur mon front avec le revers de ma main tachée de sang. L'adrénaline pulse dans mes veines, chaque battement résonnant en écho avec le sien.
Et puis, dans un dernier soupir, elle s'effondre. Son corps cesse de trembler, ses muscles se relâchent, son souffle s'évanouit en un murmure inaudible.
Je fixe son visage vidé de toute expression, ses paupières entrouvertes laissant entrevoir le blanc de ses yeux.
- Oh non, non, non... chuchoté-je en caressant sa joue froide. Ce n'était pas prévu.
Elle est partie trop vite. Beaucoup trop vite.
La frustration m'envahit, un grondement sourd s'échappant de ma gorge. Je me redresse brutalement, projetant sa chaise en arrière. Le bruit résonne dans la pièce, brisant un instant le silence pesant qui s'est installé.
Je me retourne vers les deux dernières victimes encore en vie, leur respiration saccadée emplissant l'air d'un rythme haletant.
- Dommage pour elle... Mais ça veut dire que je vais devoir me rattraper sur vous.
Un sourire carnassier s'étire sur mes lèvres tandis que je m'avance vers le quatrième prisonnier. Un homme cette fois. Il est plus âgé que les autres, des mèches de cheveux grisonnants collées à son front perlé de sueur. Je retire son bandeau. Ses yeux, bien que tremblants, ne sont pas totalement éteints. Il y a encore une lueur de défi, vacillante mais présente.
Parfait.
Je m'approche lentement, savourant l'instant où il réalise que c'est maintenant son tour. Son souffle s'accélère, ses poings se serrent convulsivement contre les liens qui l'entravent. Il sait qu'il ne peut rien faire. Mais il essaie malgré tout.
- Tu crois vraiment pouvoir y échapper ? murmuré-je en me penchant vers lui, mes doigts effleurant sa gorge où son pouls bat violemment.
Il ne répond pas. Pas besoin. Son corps parle pour lui.
- J'aime les combattants, ajouté-je en traçant la lame de mon couteau contre sa peau. Ça rend les choses... amusantes.
Je laisse l'acier mordre légèrement sa chair, une fine ligne rouge perlant aussitôt sur son cou. Il tressaute mais ne détourne pas le regard. Oh... il est fier. Il refuse de me donner ce plaisir.
Un rictus étire mes lèvres. Ça ne durera pas.
Je glisse la lame sous son menton, forçant son visage à se relever. Ses muscles sont tendus comme des cordes prêtes à rompre. Chaque respiration est un effort, chaque battement de cœur une supplication muette.
- Dis-moi... Jusqu'où peux-tu supporter la douleur avant de supplier ?
Aucune réponse. Juste ce regard dur, brûlant d'une rage impuissante.
Je ris doucement. C'est souvent ainsi au début. Ils résistent, ils espèrent, ils croient être plus forts.
Mais ils finissent tous par céder.
D'un geste fluide, je plonge la lame dans son épaule. Il serre les dents, un râle étranglé s'échappant de sa gorge. Je le sens trembler sous moi, son souffle saccadé venant heurter mon visage.
- Pas mal... soufflé-je. Mais on peut faire mieux.
Je fais pivoter la lame, élargissant la plaie. Cette fois, il ne peut retenir un cri, rauque, déchirant. Une symphonie exquise.
Son sang ruisselle sur ma main, chaud et poisseux. Son corps se crispe, ses ongles s'enfonçant dans ses paumes attachées. Il lutte. Encore un peu.
Je me redresse légèrement, observant son visage tordu par la douleur. Une fine ligne de salive pend au coin de ses lèvres tremblantes. Ses paupières papillonnent, sa respiration est hachée.
- Alors, toujours aussi fier ?
Un silence. Puis, un regard. Il me dévisage, ses pupilles dilatées par l'adrénaline. Et dans un ultime acte de défiance, il crache à mes pieds.
Mon sourire s'élargit.
- Oh... tu es parfait.
Je saisis le manche de mon couteau à deux mains et, sans attendre, je le plonge à nouveau mais cette fois, en pleine poitrine.
Le hurlement qui s'ensuit est divin. Il résonne dans la cellule comme une note parfaite, une symphonie de terreur et d'agonie qui s'élève en une dernière prière désespérée. J'en oublierais presque cette fichue migraine de merde qui semble prête à me dissoudre le cerveau, me vrillant le crâne à chaque pulsation. Mais ce n'est qu'un bruit de fond, une nuisance lointaine comparée au spectacle devant moi.
Le silence retombe, lourd, poisseux. Un bref instant, seul mon souffle précipité emplit l'espace. Puis, alors que je m'apprête à continuer mon initiation artistique sur la dernière vivante, une douce alerte s'immisce dans mon esprit, discrète mais bel et bien présente. Une impression furtive, un murmure dans mon dos, comme un avertissement glacial qui me serpente le long de l'échine. Je plisse les yeux, hésite. L'instinct ne trompe jamais.
Alors, je m'écarte, laissant l'euphorie redescendre, le temps de me saisir d'un marteau posé non loin. Son poids est rassurant dans ma paume, solide, familier. D'un geste net et précis, je l'abats sur le crâne offert devant moi. L'impact est immédiat, brutal. La boîte osseuse se fend avec un bruit mat, un craquement sourd suivi de l'éclatement net de la chair et du sang, projetant des éclats carmin sur mes bras déjà souillés. Des fragments d'os minuscules s'éparpillent autour de moi, rappelant la façon dont un verre se brise en mille morceaux sur le sol. Fragilité humaine. Si prévisible.
Dès que j'ai terminé, je me redresse, essuyant distraitement une goutte qui roule lentement le long de ma joue. Je quitte la cellule 51 sans un regard en arrière, sans un regret.
- Je viendrai te prévenir quand ce sera le moment, murmure Wyatt au moment où je passe la porte du bar.
Sa voix est basse, posée, presque complice. J'acquiesce d'un léger signe de tête, sans répondre. Mes pas résonnent sur le carrelage alors que je m'éloigne, mon rythme lent et mesuré trahissant une maîtrise totale de la situation. Pourtant, une étrange tension s'installe en moi lorsque je franchis le seuil de ma chambre.
Quelque chose cloche.
L'espace est exactement comme je l'ai laissé. Rien n'a bougé. Pourtant, une alarme sourde pulse au creux de mon ventre. Je fronce les sourcils, scrutant chaque recoin à la recherche de ce qui me met mal à l'aise. Puis, je l'aperçois.
La porte de la salle de bain est verrouillée.
Ce n'est pas le plus inquiétant. Non, ce qui me dérange, c'est la lumière qui filtre sous la porte, révélant une ombre immobile. Une présence.
Un frisson me parcourt.
- April ?
Silence.
Je tends l'oreille, le cœur soudain plus rapide. Rien.
Il s'est passé quelque chose.
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