Chapitre 49
Malcolm
OK, Malcolm, c'est bon... Il vaut mieux que tu te barres de cette chambre avant de faire une connerie. Avant de l'écraser contre ce foutu matelas et de lui arracher cet uniforme qui entrave son corps si parfait. Avant que cette foutue proximité ne me fasse perdre tout contrôle.
Mais pourtant... pourtant, me détacher d'elle me semble en ce moment la chose la plus difficile au monde.
— Tu es le seul. Désormais, tu es mon seul ami...
Sa voix. Putain, sa voix. Si douce, si fragile, et pourtant si envoûtante. Beaucoup trop.
Je ferme les yeux, tente de respirer normalement, mais rien à faire. Mon cœur cogne contre mes côtes comme un animal en cage, mes muscles sont tendus à l'extrême. J'ai l'impression que si je bouge ne serait-ce qu'un millimètre, je vais perdre le peu de contrôle qu'il me reste.
Pourquoi est-ce que je l'ignore depuis des semaines, déjà ?
Ah oui. Parce qu'elle me fait perdre mes moyens. Parce que la voir dans cet état misérable m'a bien plus bouleversé que je ne l'aurais cru.
Et surtout... parce que je suis un putain d'égoïste.
Je suis resté loin d'elle parce que je savais que si je m'approchais trop, si je me laissais aller, tout deviendrait bien trop compliqué. Parce que le Créateur suprême sait que je pourrais lui faire bien pire. Que je vais lui faire bien pire.
Je suis un monstre, je le sais. Et elle, elle est trop innocente.
Elle ne comprend pas que je ne suis pas celui qu'elle croit. Que je ne suis pas son ami. Que tout ce que je fais, tout ce que je suis en train de mettre en place, c'est pour gagner le cœur de mon oncle.
Et que pour ça... il va falloir que je la brise.
Mais plus je suis proche de cette femme, plus je perds de vue mes sombres objectifs... et cela m'est inconcevable.
Je ne peux pas me permettre d'être faible. Pas maintenant. Pas pour elle.
— Tu dois retourner dans ton dortoir, soupiré-je en posant mes mains sur ses hanches pour l'éloigner de moi.
Son corps est chaud sous mes doigts, une tentation de plus, un piège qui ne demande qu'à se refermer sur moi.
— Non... s'il te plaît... S'il te plaît, je ne veux pas... Ils sont beaucoup à travailler dans ce bar, c'est ça ? Je... j'ai peur...
Sa voix tremble, son regard bleu-gris accroche le mien avec une détresse si sincère que, pendant un instant, je suis tenté de céder. De la rassurer. De lui promettre que je serai là pour elle.
Mais ce serait un mensonge.
Alors je me détache, sans douceur cette fois, et me redresse, les muscles tendus.
— Les règles sont les règles, princesse. Tu fais partie de cette académie désormais, que tu le veuilles ou non. Tu dois respecter le règlement.
— Ils essaieront de me tuer... C'est certain... Je ne suis pas rassurée...
Son murmure résonne en moi comme une lame qui s'enfonce lentement sous ma peau.
Je ferme les yeux, contracte ma mâchoire. Mon regard se durcit, la colère se glisse dans mes veines comme un poison que je ne peux contenir plus longtemps.
C'est mauvais signe.
Si je reste ici, si je continue à la regarder avec ses yeux de biche effrayée, je vais perdre le contrôle.
Je vais la tuer.
Alors je me détourne brusquement, sans un mot, sans un regard de plus, et je quitte ma chambre.
J'ignore où je vais. Tout ce que je sais, c'est que j'ai besoin de frapper. De cogner quelque chose jusqu'à ce que cette rage, ce désir insupportable qui me ronge de l'intérieur, s'éteigne enfin.
Sans m'en rendre compte, mes pas me guident vers l'entrée de l'Exutoire, ce lieu caché sous les gradins du terrain sportif, à proximité du sixième gymnase.
À peine ai-je ouvert la porte qu'un élève de ma classe me fouille.
Mauvaise idée.
Sans réfléchir, je lui balance mon poing dans la figure. Son nez éclate sous l'impact, un craquement sourd, un cri étouffé.
Ça fait un bien fou.
J'avance sans un regard pour lui, ignorant la soirée qui bat son plein autour de moi, la musique qui gronde dans les enceintes, les rires, les éclats de voix.
Je n'ai qu'un seul objectif.
D'un geste brusque, j'ouvre la porte du bureau de mon cousin sans prendre la peine de frapper.
— Faut qu'on parle.
— Bonjour, Malcolm, c'est un plaisir de te voir ici.
Sa voix traîne, teintée d'une fausse cordialité.
Je me tourne vers la droite et remarque mon frère, adossé négligemment à une armoire, un verre d'alcool à la main.
Quel con.
J'aurais dû m'en douter qu'il resterait ici. Comme un vautour, il traîne toujours autour de Wyatt, avide de pouvoir et de sang.
— On parlait justement de toi, soupire Wyatt, se penchant sur son bureau, les coudes posés sur la surface de bois massif.
— Oh, intéressant ! Et de quoi parliez-vous ? demandé-je, feignant l'enthousiasme.
Je me laisse tomber sur le fauteuil en face du bureau, les jambes écartées, l'air nonchalant.
— Tu as dit que tu m'aiderais à tuer papa, murmure Nicolaï.
Il fait tourner son verre entre ses doigts, son regard noir fixé sur moi.
— J'ai parié que tu déciderais de mener à bien la mission après les vacances, histoire de te préparer. Mais Wyatt n'est pas de cet avis.
Il jette un regard en coin à notre cousin.
— Il pense que tu serais plutôt du genre à la faire au plus vite. Ta venue est-elle liée à ça ?
Je retiens un sourire.
Aucun des deux n'a raison.
Mais quitte à choisir, je préfère donner raison à mon cousin.
Je sais que mon frère aîné deviendra le futur Patriarche et que c'est à lui que je devrais vouer mon corps et mon âme, et pourtant... je me suis lié à celle de mon oncle.
Ou plutôt, il m'a forcé à me lier.
— Quand vous voulez, réponds-je d'un ton détaché. Mais je veux juste une nuit dans la cellule 51.
Le maître des lieux se lève lentement, esquissant un clin d'œil. Il n'a pas besoin d'en demander la raison. Il sait.
Il baisse son oreillette et murmure des instructions à ses hommes.
Les travailleurs dans ce bar ne sont pas uniquement de simples élèves. Tous ceux qui ont huit étoiles ou plus bossent ici. Mais ils ne sont qu'une quinzaine... le reste ne sont que des soldats personnels de Wyatt.
— Je t'offre cette nuit gratos, lance-t-il en ajustant les boutons de sa veste.
Il marque une pause, me scrutant.
— Et pendant ce temps, je prépare la mission.
J'acquiesce, impassible. Je ne prends pas la peine de le remercier.
Il sait très bien que j'aurais pu payer, mais mon statut et le fait qu'il m'apprécie jouent en ma faveur.
C'est le jeu, après tout.
Et dans ce jeu, il n'y a qu'une règle : être plus fort que les autres.
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