Chapitre 24
Malcolm
Bien joué, Malcolm !
C'est ce que je me répète depuis un moment, comme pour essayer de me convaincre. Mais soyons honnêtes, je suis un putain d'idiot ! Pourquoi est-ce que j'ai été gentil avec cette fille ? Quelle idée stupide ! Si elle me demande, je lui dirais que c'était pour la déstabiliser, juste pour l'agacer. Mais j'ai cette sensation étrange qu'elle ne me posera même pas la question. Elle semblait tellement perdue, tellement fragile... Et franchement, ça m'a surpris.
Ses joues avaient pris une teinte rouge vive, comme si elle ne savait plus où se mettre. Elle bafouillait, incapable de me répondre correctement. Dans le fond, c'est elle, la stupide ! Pas moi. Pourtant, quelque chose m'agace dans cette interaction. Ce n'est pas comme si je voulais vraiment l'intimider. Ou peut-être que si ? Merde, même mes intentions me paraissent floues bien que sur le moment, je disais juste ce que je pensais.
Je secoue la tête pour sortir de mes pensées. Je suis arrivé devant le bureau du proviseur. La porte en bois massif est légèrement entrebâillée, laissant filtrer un éclat de lumière pâle.
— Tu peux entrer.
Sa voix grave résonne, m'invitant à franchir le seuil. J'ouvre la porte et pénètre dans la pièce, baignée uniquement par la lumière de la lune qui filtre à travers les baies vitrées. L'atmosphère est froide, austère. Rien d'étonnant venant de cet homme.
Je m'installe dans le fauteuil face à son bureau et sors de ma poche un badge marqué d'un J. Je le dépose avec soin sur le bureau en bois sombre.
— Tu as tué qui pour récupérer ça ? Je ne crois pas que tu en aies reçu ces derniers temps...
Il me fixe de ses yeux marron, perçant comme s'il essayait de lire à travers moi. Je secoue la tête, exaspéré.
— Personne n'est mort. J'ai juste demandé à quelqu'un de s'arranger pour que Konan me file le sien. Vivant ou mort. Mais il a accepté de me le céder. Comment avez-vous su que quelqu'un serait visé ?
Le quarantenaire se racle la gorge, visiblement peu impressionné par mon explication.
— Parce que depuis dix ans, tu n'as pas utilisé un seul Jokdaris de tes réserves. Cela m'a intrigué.
Un sourire amer étire mes lèvres.
— Ouais, mais comme vous l'avez deviné, j'ai une demande à faire. Et je ne voulais pas que ma boîte diminue...
Il se lève lentement, adoptant une posture qui ne cache rien de son autorité. Les mains croisées dans le dos, il se dirige vers une des baies vitrées. De là, il observe les élèves en contrebas, certains élèves fumant dans un coin sombre près du gymnase 3 por relâcher la pression de la journée, pendant le temps de douches.
— C'est à propos de la jeune proie que tu gardes dans ta chambre depuis deux semaines, je suppose.
Son ton est calme, mais il y a une pointe d'accusation dans ses mots. J'acquiesce sans hésiter, posant mon regard sur lui.
— On ne peut rien vous cacher, n'est-ce pas ?
— Je sais tout.
— Ouais, je m'en étais rendu compte, dis-je en soupirant. Je voudrais qu'elle soit intégrée en tant qu'élève.
Il se retourne lentement, un sourire en coin étirant ses lèvres.
— Très bien. Cela sera fait, puisque telle est ta demande. Elle commencera dès demain. Je te ferais passer son uniforme. Je vais venir avec toi pour prendre ses mensurations, puis ce sera réglé.
— Vous lui donnerez un uniforme masculin ?
Il secoue la tête.
— Non. J'en ai pour filles.
J'arque un sourcil, intrigué.
— Pourtant, c'est une académie pour hommes, non ?
— Exact, mais on ne sait jamais. Il est toujours utile d'avoir des uniformes féminins en réserve. Peut-être qu'un jour certains d'entre eux pourront enfin servir. À condition qu'elle survive à cette année, bien sûr...
Un éclat de défi traverse mes yeux, et je lâche d'un ton glacial :
— Elle ne mourra pas autrement que de ma main.
— Ton père tout craché, soupire-t-il, en gardant une posture toujours sérieuse, ses épaules droites et son regard distant.
Il pivote après quelques secondes, son attention désormais fixée sur moi. Sans un mot, il m'enjoint silencieusement de le suivre d'un léger mouvement de tête. Je n'ai pas besoin de plus. Je prends les devants et le guide jusqu'à ma chambre, nos pas résonnant dans le couloir désert.
Lorsqu'on atteint la porte, il s'arrête une seconde, observant l'encadrement comme s'il jaugeait ce qu'il allait y trouver. Finalement, il brise le silence :
— Tu lui exposeras toutes les règles. Pas d'exception. Elle sera sous ta charge, mais que les choses soient bien claires.
— Yep ! Mais elle reste dans ma chambre.
Son visage se ferme davantage, et il me jette un regard appuyé.
— Pas question.
Je me tourne vers lui, un sourire provocateur sur les lèvres.
— Si.
Il s'immobilise, la tension palpable dans l'air. Lentement, il me toise, ses yeux bruns perçant les miens.
— Es-tu prêt à sacrifier un deuxième Jokdaris ?
Je secoue la tête sans hésitation.
— Elle sera considérée comme un élève normal, juste avec un truc en moins entre les jambes. C'est toi qui me l'as explicitement demandé, alors il en sera ainsi. Ce sera sa dernière nuit avec toi. Profite-en, ajoute-t-il en appuyant sur ses mots.
Il esquisse un sourire subtil, presque moqueur, mais son regard reste froid, calculateur.
— Je ne compte rien faire avec elle, si c'est ce que vous pensez.
Un éclat de défi traverse ses prunelles, mais il n'insiste pas. À la place, il murmure en réponse, sa voix à peine audible :
— Nous verrons bien.
Puis, sans attendre une réponse de ma part, il ouvre la porte avec assurance, laissant la lumière du couloir inonder la pièce. La blonde, toujours assise là où je l'ai laissée, enroulée dans la serviette blanche, sursaute légèrement à son arrivée, ses yeux s'écarquillant sous l'effet de surprise.
— Bonne fille... murmuré-je en coin, lui offrant un sourire qui se veut rassurant, mais teinté de malice.
Elle ne répond pas, son regard oscillant entre moi et l'homme qui vient d'entrer. Le proviseur, quant à lui, ne perd pas une seconde. Avec une politesse presque mécanique, il lui fait signe de se lever.
— Debout, mademoiselle, je dois vérifier votre taille.
Elle obéit à contrecœur, se levant lentement, ses bras serrant la serviette autour de son corps frêle. L'homme sort un mètre de sa poche et procède à ses mesures avec une précision froide, presque clinique, tandis qu'elle détourne les yeux, visiblement mal à l'aise.
Une fois qu'il a terminé, il range son mètre d'un geste rapide et s'adresse à moi, sans même lui jeter un dernier regard.
— Je reviens dans quelques minutes avec tout ce qu'il lui faut.
Et, sans attendre une quelconque réponse, il s'en va, refermant la porte derrière lui avec un léger claquement.
Un silence s'installe dans la pièce, mais il est rapidement brisé par la voix hésitante d'April :
— Qui est cet homme ?
Je m'installe nonchalamment sur le bord du lit, croisant les bras.
— Le chef de l'établissement, répondis-je simplement. Dans quelques minutes, il va te rapporter tes nouvelles affaires, des fournitures, et un sac à dos pour demain.
Elle fronce légèrement les sourcils, inclinant la tête sur le côté, son expression incrédule.
— Eh oui, petite veinarde ! Désormais, tu es élève à la légendaire académie Hollospire. La seule fille, en plus !
Ses yeux s'écarquillent sous le choc, sa bouche s'ouvrant légèrement, mais aucun mot n'en sort. Je la vois chercher à comprendre, à digérer l'information. Avant qu'elle n'ait le temps d'articuler une quelconque protestation, je reprends la parole, mon ton se durcissant légèrement :
— Assieds-toi.
Elle obtempère sans un mot, se dirigeant sur une des chaises, ses mouvements lents et précautionneux.
— Bien, dis-je, en me redressant et en croisant les bras devant elle. Maintenant que tu es ici, il va falloir que tu comprennes les règles. L'académie Hollospire est unique en son genre, et je vais te donner un petit débrief de tout ce que tu dois savoir. Alors, tiens-toi prête, parce que je ne répéterai rien.
Je vois son regard se fixer sur moi, une lueur d'appréhension mêlée à une curiosité involontaire dans ses yeux.
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