Chapitre 14
Malcolm, quelques minutes plustôt
Je la suis depuis le tout début, invisible dans son ombre. Elle ne se doute de rien, cette fille. Elle avance comme si le danger n'existait pas, comme si le monde autour d'elle n'était qu'un décor sans vie. Une insouciance presque irritante, mais fascinante à observer.
Je la vois s'arrêter devant la maison du gardien, une bâtisse délabrée au bord de l'abandon. Elle tente sa chance, sans succès, et finit par se faire virer sans ménagement. Peu importe, elle continue son chemin, comme si de rien n'était. À cet instant, l'équipe de Jonas entre en scène, amorçant leur piège avec une précision qui frôle l'amateurisme. Ils pensent avoir trouvé une proie facile. Mais ils se trompent. Cette proie-là, c'est moi qui l'ai repérée en premier.
Pourtant, je reste en retrait, immobile dans l'ombre. Observer avant d'agir, toujours. Le petit garçon qu'ils ont abattu en guise d'intimidation ? Parfait. Une tâche en moins sur ma liste. Leur violence ne m'atteint pas ; elle m'économise juste du temps.
Ils la guident jusqu'au deuxième gymnase. Je devine sans peine leurs intentions, trop prévisibles. Les débutants comme eux n'ont pas beaucoup d'imagination. Je pénètre discrètement dans le bâtiment, me faufile et me cache derrière l'installation de tapis, parfaitement immobile. Chaque détail compte : la lumière des néons, les rires graves et dégoûtants de Jonas et ses deux coéquipiers, les tremblements imperceptibles de la fille.
Ils ne prennent même pas la peine de parler, préférant passer directement à l'acte. Leur brutalité est écœurante, mais surtout pitoyable. Ils arrachent ses vêtements avec une sauvagerie qui semble les exciter davantage. Leurs mains sales explorent son corps sans retenue, et déjà, deux commencent à se masturber comme des bêtes en rut. Pour elle, ces minutes doivent s'étirer comme une éternité. La peur pétrifie chacun de ses muscles, et ses yeux sont ceux d'un animal acculé, sans espoir d'échappatoire.
Je les observe, silencieux. Pas encore. Pas tout de suite. Puis, lorsque je sens que la limite est franchie, je sors de l'ombre.
— Hé !
Ma voix claque comme un coup de fouet dans l'air lourd du gymnase. Ils se figent, surpris, leurs regards se braquant sur moi comme s'ils venaient de voir un fantôme. Le silence qui suit est presque jouissif.
— Je crois remarquer que vous ne suivez pas exactement les règles imposées par le proviseur, dis-je avec une désinvolture exagérée, me postant face à eux, les mains enfoncées dans mes poches comme si tout cela n'avait pas grande importance.
Mon regard balaie leurs visages tour à tour, étudiant leurs expressions.
Un silence pesant s'installe, mais il ne dure pas longtemps. L'un après l'autre, ils se lèvent, rangent leur sexe dans leurs pantalons, adoptant une posture rigide, presque militaire, comme pour s'aligner en réponse à mon intrusion. La tension est palpable, et je me délecte un instant de leur hésitation.
— On doit juste suivre les méthodes apprises en cours, grogne Jérémya, croisant les bras sur sa poitrine avec un air de défi.
Je hausse un sourcil, le défiant à son tour du regard.
— Vraiment ? C'est fascinant, murmuré-je avec un sourire sarcastique. J'ignorais que, ces dix dernières années, nous avions appris à capturer des jeunes filles, les violer, puis les abattre comme des animaux. Curieux programme éducatif, non ? Pourtant... — Je marque une pause, laissant mes mots s'infiltrer comme du poison — pourtant, c'est bien moi qui ai récolté une étoile par année, pas vous. Ce qui signifie que je n'ai manqué aucun cours et que mes résultats étaient largement supérieurs aux vôtres...
Jérémya serre les dents, visiblement piqué au vif. Avant qu'il ne réponde, c'est Yonald qui s'interpose, changeant maladroitement de sujet :
— Et toi ? Tu as abandonné ton équipe, lâche-t-il avec une lueur de triomphe dans les yeux, comme s'il venait de toucher une corde sensible.
Je ris doucement, un rire qui n'atteint pas mes yeux.
— Diviser pour mieux régner, dis-je en mentant sans sourciller. Vous connaissez le proverbe, non ? — Mon sourire s'élargit, mais il n'a rien de chaleureux. — En tout cas, comptez sur moi pour vous balancer aux profs.
Un éclair de colère traverse le visage de Jérémya.
— Tu oublies qu'on est trois contre un, rétorque-t-il avec un sourire narquois, repoussant ses boucles brunes vers l'arrière d'un geste faussement désinvolte.
Je soupire, comme si cette menace était une corvée de plus à gérer.
— Trois contre un ? Sérieusement ? Vous ne m'arrivez même pas à la cheville, dis-je en secouant la tête, ma voix chargée de mépris.
— Pff, c'est ce qu'on va voir, marmonne Jonas, ses yeux s'assombrissant d'une lueur de défi.
Il fait craquer ses doigts, un bruit sec et sinistre qui résonne dans l'air lourd. Puis, d'un geste bref, il indique à ses deux acolytes de s'approcher. Je reste immobile, ma postion toujours détendue.
Leur assurance se fissure légèrement face à mon calme, mais cela ne les empêche pas de resserrer leurs rangs, prêts à m'encercler. L'atmosphère devient électrique, le silence n'étant perturbé que par le bruit de leurs pas sur le sol.
Dès qu'ils se déplacent vers moi, je sais qu'ils n'ont aucune chance. Tout est une question de timing, de stratégie et de contrôle. Mon attitude est presque apathique, comme si chaque mouvement était déjà écrit dans ma tête. Leur impétuosité est leur pire ennemi, et je ne suis pas pressé de les affronter. Ils sont encore loin de comprendre à quel point la situation est inégale.
Yonald est le premier à bouger. Il s'élance avec un cri de guerre, mais son corps est trop prévisible. Sa tentative de crochet du droit est lente, presque désespérée. Je me baisse légèrement, l'évitant avec une facilité déconcertante, et d'un mouvement précis, j'attrape son bras avant qu'il ne puisse réagir. Je tourne brusquement le poignet, et il gémit sous la douleur, son bras se tordant dans une direction qu'il n'avait pas imaginée. D'un coup de genou, je le fais basculer en arrière, et il tombe lourdement, les mains cherchant vainement à se rattraper. Il roule sur le sol comme une poupée de chiffon, mais je sais qu'il ne se relèvera pas de sitôt.
Jérémya et Jonas sont plus prudents, mais tout de même trop confiants. Ils échangent un regard rapide, et Jérémya, plus agile, fait un pas vers moi, prêt à frapper. Il lance un coup de pied circulaire du côté droit, une manœuvre qu'il pense rapide et bien maîtrisée. Mais c'est exactement ce que j'attendais. Je bloque son pied avec mon avant-bras, en appuyant juste assez pour le déstabiliser. Il tente de compenser, mais je place ma jambe derrière la sienne et, dans un mouvement fluide, je l'abats au sol. Son dos heurte le vinyle avec un bruit sourd, et avant qu'il ne puisse réagir, je suis déjà au-dessus de lui. Je saisis son poignet et le tord brutalement, le forçant à s'incliner.
La douleur s'inscrit sur son visage, mais il ne cède pas encore.
Jonas observe le combat, probablement en train de calculer une approche. Il est plus stratégique, moins impulsif que les autres, mais il est tout aussi vulnérable. Il attend que je fasse une erreur. Mais, pendant ce temps, je me concentre sur Jérémya, qui commence à tenter de se libérer. Je frappe d'un coup sec sur l'arrière de sa nuque, et il cesse de bouger. Son corps se tend, puis retombe lourdement, la tête laissant échapper un dernier grognement.
Maintenant, il n'en reste plus qu'un. Jonas.
Il se précipite enfin, espérant me surprendre, mais son erreur est fatale. Je le laisse faire un premier mouvement, une tentative de direct du droit, pensant me prendre au dépourvu. Mais c'est déjà prévisible. Je fais un pas en arrière, esquivant son coup avec une rapidité déconcertante. À peine ai-je esquivé qu'il est déjà déséquilibré, me laissant une ouverture parfaite. Je saisis son bras et le tire vers moi, le faisant pivoter dans une prise d'arc-en-ciel. Il tente de rétablir son équilibre, mais c'est trop tard. Je le projette au sol avec une telle force qu'il se retrouve à genoux, le souffle coupé, incapable de bouger.
Il pousse un cri sourd de frustration et tente de se redresser, mais sa posture est trop instable. Il n'arrive pas à reprendre sa position, ses mains glissant sur le sol dans une tentative inutile de se relever. Mais je sais que sa volonté est brisée. La douleur qu'il ressent dans son bras et dans sa cage thoracique est bien plus grande que ce qu'il espérait.
Je les regarde tous les trois, étendus sur le sol en vinyle du gymnase, haletants, leurs visages déformés par la douleur et la honte. Leurs attaques étaient prévisibles et mal exécutées, et je les ai tous désarmés, un à un, avec une facilité déconcertante. La maîtrise des arts martiaux ne se résume pas à la force brute, et eux, ils l'ont appris à la dure.
Je m'avance lentement vers eux, mes pas résonnant dans l'air lourd. L'atmosphère est dense, presque étouffante, et leurs respirations saccadées sont la seule chose qui brise le silence.
— Vous avez cru que la force suffisait, n'est-ce pas ? Vous vous êtes un peu trop laissés emporter par votre arrogance.
Je m'arrête devant eux, les observant un à un. Leur regard fuit le mien, chacun d'entre eux cherchant à dissimuler sa peur sous un masque de colère. Mais il est trop tard pour cela.
— Je vous l'ai dit que vous ne m'arriviez même pas à la cheville. Il fallait m'écouter.
Ils échangent des regards furtifs, comme s'ils cherchaient encore une échappatoire, mais ils savent qu'il n'y en a pas. Ils sont épuisés, leur corps les trahit. J'enfonce mes mains dans mes poches, attendant, impassible, qu'ils admettent leur défaite.
Un silence lourd s'installe, mais j'en ai assez.
— Vous pouvez encore fuir maintenant... Ou vous pourrez toujours dire que vous avez essayé. Mais à ce stade, ça n'a plus d'importance.
Aucun d'eux ne bouge. Je me tourne lentement sur mes talons, prêt à les laisser là et à m'éloigner. Mais, en m'apprêtant à partir, une pensée me traverse l'esprit : la blonde, étalée plus loin, inconsciente. Je me ravise. Je ne peux pas la laisser ici. Je m'approche d'elle rapidement, soulevant son corps avec une rapidité calculée, mais sans brusquerie. Il faut qu'elle soit en sécurité, loin de tout cela. Je la porte contre moi, son poids sur mes bras, et je murmure à mes camarades, sans me retourner.
— MA proie.
Le mot s'échappe, à peine audible, mais il résonne pour moi comme un ultime rappel. Avant qu'ils ne puissent réagir, je détale, me dirigeant vers le bâtiment principal. La chambre est à l'écart, presque isolée. C'est l'endroit idéal pour ce que j'ai en tête. La vitesse avec laquelle je la transporte me rappelle que chaque seconde compte. Je suis censé être en train de chasser et je me retrouve à jouer les sauveurs... Quoi que non... Un rictus sadique étire mes traits soudainement.
En arrivant, je la dépose doucement sur le sol de la douche. L'eau commence à couler, tiède, pour la réchauffer. Elle est encore tremblante, ses lèvres pâles, les signes d'une peur intense gravés sur son visage. Mais je ne laisse aucune place à l'improvisation. J'agis, mes gestes précis, déterminés. Je dois la nettoyer, la débarrasser de la saleté des jours de captivité. Pas question de garder une cible puante dans ma chambre.
Sa poitrine se soulève d'un souffle lourd, chaque inspiration semblait lui coûter, comme si son corps se rebellait contre lui-même. Elle est nue si je passe outre son dernier sous-vêtement, et je ne peux m'empêcher de noter les traces laissées sur sa peau pâle, comme un témoignage de ce qu'elle a traversé. De petites marques, des ecchymoses et des éraflures, parsèment son corps, la plupart anciennes, sûrement liées à des blessures qu'elle a dû endurer avant d'être kidnappée. Elles ne demandent pas mon attention pour l'instant. Mais je remarque un détail qui m'interpelle : son bras est bandé, et le geste qu'il faut pour le maintenir ainsi trahit une opération d'urgence, une intervention pratiquée dans des conditions peu soignées. C'est un signe évident de maltraitance. Son visage, quant à lui, porte deux hématomes bien visibles, des traces d'un coup probablement porté avec une grande force. Un coup qui a visé sa tête, un geste brutal.
Je ne perds pas de temps. Je lui passe l'eau sur la peau, rapidement, pour tenter de la ramener à la réalité, ou peut-être pour moi-même, afin de ne pas trop m'attarder sur la tenue dans laquelle je l'ai arrachée à Jonas, Yonald et Jérémya qui ont essayé de la violer. L'eau ruisselle sur son corps, emportant un peu de la saleté, de la sueur, des blessures invisibles. Elle réagit d'un sursaut, ses paupières s'ouvrent soudainement, révélant un regard bleu empli de terreur, comme si la réalité la rattrapait enfin. Ses yeux s'écarquillent sous la surprise, et la panique qui les anime est presque palpable. Elle hurle presque, sa voix brisée par la peur et l'épuisement.
— Qu'est-ce qui se passe ?! Laissez-moi partir...
Sa voix est rauque, cassée, comme si chaque mot lui était arraché.
Le son de ses mots m'agresse, son désespoir m'envahit comme une vague, mais je ne peux pas la laisser tout effacer avec une simple question. Je vois le combat interne qui se joue dans ses yeux, une lutte entre la peur de l'inconnu et le désir de comprendre. Elle est perdue, ne sait pas où elle est ni ce qui se passe. La terreur se lit dans chacun de ses traits, mais aussi une lueur de résignation qui semble se profiler. Elle lutte, mais elle sait aussi qu'elle est dans une situation qu'elle ne maîtrise pas.
Je m'accroupis à sa hauteur, fixant son visage qui tremble sous l'onde de choc. Ma main se pose brusquement contre sa bouche dans un geste sec, brutal, l'empêchant de crier davantage. Je ne veux pas que l'agitation de sa voix brise le silence, ni qu'elle attire l'attention des Novices qui doivent être dans leurs dortoirs en ce moment même.
— Silence, lui ordonné-je d'une voix basse, froide et menaçante. Sinon, je te tue.
Les mots sont là, et je sais qu'ils frappent fort, qu'ils marquent une frontière entre ce que je suis prêt à lui offrir et ce que je pourrais faire. Je n'ai pas de patience pour la faiblesse, pas pour l'agitation. Elle doit comprendre que son sort est entre mes mains, et c'est tout ce que j'ai à lui offrir.
Elle me fixe, ses yeux brillants d'une confusion dévastatrice, mais quelque chose change dans son regard. Elle commence à comprendre que la situation est bien plus grave qu'elle ne l'avait imaginé. Elle hoche lentement la tête, faible, comme si chaque mouvement lui demandait un effort surhumain. Ses gestes sont hésitants, presque inconscients, et elle finit par se calmer, les tremblements de son corps diminuant petit à petit.
Elle prend une grande inspiration, essayant de maîtriser son souffle, et je peux voir les vagues de panique qui se dissipent lentement, remplacées par une fatigue profonde, mais aussi un certain soulagement. Elle ne parle plus, mais je sais qu'elle me comprend. Elle me regarde, les yeux encore pleins de questions, mais aussi un soupçon de soumission.
La situation est claire : je suis celui qui a le pouvoir, et elle, elle est en ma prise. Exactement ce que j'avais imaginé !
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