Chapitre 11
April
J'ai l'impression de m'être endormie une fraction de seconde avant d'être brutalement tirée d'un sommeil lourd et pesant. Pourtant, chaque partie de mon corps crie le contraire. Une douleur vive et lancinante pulse à travers mon poignet, irradiant jusqu'à mon épaule, comme si ma chair elle-même brûlait de l'intérieur. Je tente d'ouvrir les yeux, mais mes paupières sont lourdes, collées, refusant obstinément de céder. Je me sens comme prisonnière d'un brouillard épais, entre un rêve confus et une réalité cauchemardesque.
Où suis-je ? Qui suis-je, déjà ?
Ces questions tournent en boucle dans ma tête alors que des bribes de souvenirs me reviennent, floues, incomplètes, mais suffisamment nettes pour réveiller une peur sourde dans mon ventre. La camionnette. Les secousses brutales de la route. La cage froide et métallique. Les regards d'acheteurs anonymes, indifférents. La vente. Encore la camionnette. Puis... ce mur.
Une douleur aigüe explose dans mon crâne, comme si ces fragments de mémoire tentaient de forcer leur chemin à travers une barrière invisible. J'essaie de bouger, mais mon corps est comme figé, alourdi par une fatigue oppressante. Mes paupières papillonnent faiblement. Après ce qui semble être une éternité, je parviens enfin à entrouvrir les yeux, juste assez pour que la lumière crue de la pièce m'agresse, m'aveugle. Tout est flou, indistinct.
Mon souffle s'accélère alors que mes sensations reviennent peu à peu, brutales et implacables. Mon bras, d'abord. Je baisse lentement les yeux et remarque que le bandage improvisé que j'avais enroulé tant bien que mal autour de mon poignet a disparu. À sa place se trouve un vrai bandage, propre et serré, mais le simple fait de le voir me donne envie de hurler. La douleur qui en émane est abominable, comme si on avait rouvert la plaie pour y planter des aiguilles chauffées à blanc.
Ils m'auraient... soignée ? Cette pensée me traverse l'esprit, mais elle est aussitôt noyée par une vague de méfiance et d'incompréhension. Pourquoi feraient-ils cela ? Qu'est-ce qu'ils attendent de moi ?
Je tente de bouger légèrement, mais c'est à peine si je parviens à soulever mes doigts. La douleur est un mur infranchissable, chaque pulsation de mon cœur y ajoutant une nouvelle couche d'intensité insupportable. Mon souffle est court, tremblant, et mes yeux scrutent les alentours malgré ma vision trouble.
La pièce est silencieuse, mais pas tout à fait vide. J'entends des murmures indistincts, des gémissements étouffés qui résonnent faiblement autour de moi. Mon cœur s'emballe, et une sueur froide coule le long de ma nuque. Je suis encore là, avec eux. Je ne suis pas sortie d'ici.
Un vertige me prend, et je ferme les yeux un instant, espérant vainement que cette douleur s'éteigne, que cette réalité disparaisse. Mais rien ne change. Rien, sauf cette certitude terrifiante : quelque chose s'est passé pendant que j'étais inconsciente, et je suis trop vulnérable pour y faire face.
— Eh bah, c'est pas trop tôt ! s'exclame une voix grave tout près de moi.
Je sursaute, un frisson glacé parcourant mon dos, et je redresse brutalement la tête, les yeux toujours lourds de sommeil. Je lutte pour me concentrer, mais une douleur sourde dans ma tête m'empêche de réfléchir clairement. Mes paupières s'ouvrent lentement, et je me retrouve nez à nez avec un homme. Un homme sans cagoule, un regard dégoûté planté sur moi, ses lèvres pincées dans une moue de mépris. Je fronce les sourcils, essayant de comprendre ce qui se passe.
— Tu as de la chance de t'être réveillée ! Sinon, ça aurait fait de toi une cible bien trop facile à abattre, dit-il d'une voix laide, pleine de désinvolture, comme si ma simple existence le dérangeait.
Il n'y a aucune trace de compassion, juste un froid glacial dans son ton.
Un frisson me traverse à l'idée qu'il aurait pu me tuer. J'aurais dû être morte... Mais comment ? Pourquoi ? Tout cela n'a aucun sens.
Je tente d'articuler quelques mots, de répondre, mais une boule douloureuse se forme dans ma gorge, m'empêchant de crier, de me défendre, ou même de poser une question. Ma langue est trop lourde, ma gorge trop serrée. Je suis perdue, encore sous le choc, et la douleur qui traverse mon corps n'aide pas.
Avant même que j'aie le temps de comprendre ce qui se passe, mes bras sont saisis brutalement, et on m'oblige à me lever. Je vacille un instant, mes jambes tremblant sous le poids de mon corps endolori, mais on me soutient, m'aidant à tenir debout. L'équilibre me semble précaire, comme si mes membres ne comprenaient plus leur fonction. Chaque mouvement me fait souffrir, mais je n'ai pas le choix : je dois avancer.
Je jette un coup d'œil furtif autour de moi, essayant de m'orienter, de comprendre ce qui se passe. Mes yeux peinent à s'ajuster à la lumière, mais je distingue des formes humaines, des silhouettes dans la pénombre. Je vois des corps déplacés, certains semblaient aussi hébétés que moi, d'autres plus résignés, comme s'ils s'étaient déjà abandonnés à cette réalité absurde. On me pousse violemment vers une grande cage métallique, tout comme les autres. C'est là que mes yeux se posent sur elle : la vieille femme, celle avec qui j'ai échangé quelques mots avant d'être endormie de force. Ses yeux se croisent avec les miens, et un instant, je vois une lueur de soulagement dans son regard. Elle ouvre la bouche comme pour dire quelque chose, mais elle est coupée par l'effort de ses propres mouvements.
— Oh, ma petite ! Je suis tellement désolée... J'ai bien cru qu'ils t'avaient tuée... Mais ça a été un tel soulagement quand ils t'ont redéposée ici plus tôt...
Sa voix est faible, tremblante, mais elle me réchauffe un peu, comme une bouffée d'humanité dans cet endroit sans âme.
— Qu'est-ce qui se passe ? demandai-je, la voix rauque, à peine plus qu'un murmure.
Elle hausse les épaules non sans difficulté, une expression de confusion traversant son visage.
— Je ne sais pas... Mais ça a l'air vraiment grand...
Elle se tait ensuite, regardant autour d'elle avec angoisse, comme si chaque mouvement pourrait déclencher quelque chose de pire. Je scrute également les environs, essayant de percer l'obscurité qui nous entoure, mais tout ce que je distingue, c'est l'ombre des murs. Il fait froid. Trop froid. Je frissonne et j'ai du mal à respirer, à me concentrer sur autre chose que la douleur qui me ronge.
Puis soudain, un claquement sourd retentit, et notre cage se met en mouvement. Le sol tremble sous mes pieds, et je réalise qu'on nous transporte, mais vers où ? Je ne sais pas. Je n'arrive pas à comprendre. Les murs autour de nous sont devenus encore plus sombres, plus oppressants, comme si le monde extérieur disparaissait peu à peu. Nous avançons sans que rien ne vienne casser le silence lourd qui nous enveloppe.
Quelques instants plus tard, une lumière intense nous aveugle. Des faisceaux lumineux gigantesques éclatent tout autour de nous, illuminant un terrain immense, l'espace dégagé, mais où je ne vois que l'obscurité menaçante des gradins qui entourent la scène. Au-delà des faisceaux, je distingue des silhouettes humaines : des jeunes adolescents et des enfants, tous vêtus d'un uniforme noir qui semble se fondre dans la nuit, rendant leur présence encore plus inquiétante. Leurs yeux fixent la scène, leurs visages concentrés, excités, comme s'ils étaient spectateurs d'une chose fascinnante.
Mon cœur s'emballe. Mon estomac se serre. Une panique sourde envahit ma poitrine. Pourquoi sommes-nous ici ? Pourquoi nous regardent-ils ainsi ?
Je tressaille, une vague de terreur m'envahissant.
— Bien le bonsoir à tous, chers élèves de Hollowspire Academy ! commence une voix forte et imposante qui résonne dans tout le complexe, amplifiée par des haut-parleurs suspendus un peu partout.
Le volume de sa voix semble gonfler l'air, le remplissant de tension. En un instant, un tonnerre d'applaudissements retentit violemment, frappant mes oreilles avec une intensité telle que je me fige un instant, le cœur battant dans ma poitrine. C'est comme si la foule entière s'était unie dans une explosion d'excitation. Le bruit est assourdissant, presque étouffant, et j'ai l'impression que l'atmosphère s'est alourdie d'une sorte de menace invisible.
— Voici venu le moment que vous attendiez tous avec impatience ! Les premiers examens des dernière année ! continue la voix, pleine de fierté et d'orgueil.
Un frisson glacé me parcourt en entendant ces mots. Des "examens" ? "Dernière année" ? Mais que tout cela peut-il signifier ?
La peur et l'excitation se mêlent dans l'air, et je peux presque voir les visages des élèves se tordre dans l'attente, certains remplis d'espoir, d'autres noyés dans l'incertitude.
Une nouvelle série de cris et de sifflements éclate, comme une vague déchaînée frappant la rive, nous brisant presque les tympans. Le son est strident, tout aussi puissant et dérangeant que les applaudissements précédents. Il me prend à la gorge, chaque vibration me secouant profondément. La foule, loin d'être inquiète, semble jubiler de cette atmosphère pesante, comme si cet événement était un jeu sinistre auquel tous participaient.
La voix continue son discours avec une énergie démesurée, mais je peine à comprendre ses mots. Tout ce que je ressens, c'est la pression du moment, l'intensité de cette annonce. Je n'arrive pas à me concentrer sur ce qui est dit. Mon regard cherche frénétiquement autour de moi, scrutant chaque recoin du lieu extérieur, les visages qui m'entourent, les enfants qui semblent se fondre dans les ombres de cette cage immobile.
Les cris et les bruits environnants m'indiffèrent un instant. Je me mets en mouvement dans la cellule, un sentiment d'urgence me poussant à chercher les enfants. Ils sont ici, quelque part, parmi ces silhouettes tremblantes, ces corps figés. Je dois leur apporter un peu de réconfort, une once d'espoir pour alléger leur peur. Ils ne comprennent pas tout ce qui se passe, tout comme moi. Ils ne savent pas où nous sommes ni ce qui nous attend, et je veux être celle qui les rassure. Durant ces journées assise contre le mur, ça a été également un enfer de les apercevoir de loin, sous le choc, et de ne pas pouvoir les prendre un à un dans mes bras pour les réconforter. Non je ne suis pas une héroïne, oui je souffre autant qu'eux, mais ça ne change rien au fait que je refuse d'être la fille égocentrique, qui se focalise uniquement sur ses propres douleurs, ignorant celle des autres.
Je me fraye un chemin parmi les dizaines de victimes, essayant de retrouver leur regard, cherchant à lire dans leurs yeux ce qu'ils ressentent. Leur angoisse est palpable, presque aussi étouffante que la voix qui tonne dans les haut-parleurs. Certains tremblent, d'autres sont figés, perdus dans l'incompréhension. Mais une chose est claire : tous ont besoin de calme. Tous ont besoin d'être rassurés.
Je fais un pas en avant, déterminée, malgré la peur qui me tenaille, malgré la douleur de mes propres blessures, et je leur adresse un sourire, aussi fragile soit-il. Je leur fais signe de se rapprocher, d'oublier un instant l'horreur de ce qui se passe autour de nous.
Le bruit continue de déchirer l'air, mais je me concentre sur eux, sur leur besoin d'être protégés. Peut-être que, juste peut-être, je pourrais leur offrir un peu de lumière dans ce monde devenu si sombre.
— Est-ce qu'on va tous mourir ? gémit une petite fille, sa voix tremblante d'angoisse, alors qu'elle se serre contre moi, cherchant un peu de chaleur et de sécurité dans mes bras.
Je sens son corps frêle, tout tremblant de peur, se coller à moi, et une vague de protectivité me submerge. Comment lui expliquer qu'il y a de fortes chances qu'on soit tous coincés ici, qu'on ne sait même pas ce qui va nous arriver, qu'on est à la merci de ceux qui nous ont capturés ?
Je prends une profonde inspiration, essayant de trouver les mots justes, quelque chose qui puisse la rassurer, mais mes lèvres sont sèches et tremblent un peu quand je parle.
— Non, réponds-je, ma voix à la fois ferme et fragile, malgré l'incertitude qui envahit tout mon être. On ne peut pas se laisser abattre comme ça. Il faut qu'on soit tous forts pour surmonter cette situation.
Les mots me paraissent presque étrangers, comme s'ils m'échappaient à moi aussi. Je ne suis pas en train de mentir, mais je ne suis pas non plus certaine que ce que je dis soit vrai. À quel point pouvons-nous vraiment être forts face à tout cela ? À quel point puis-je être une source d'espoir alors que je suis moi-même désemparée ?
Mon regard se perd un instant, dérivant sur les visages des autres enfants, tous plongés dans une terreur muette, leurs yeux pleins de questions sans réponses. Des craintes qui se lisent sur chaque petite figure, dans chaque mouvement incertain. Je sens une lourde pression dans ma poitrine, un poids énorme qui semble m'écraser à chaque respiration.
J'aimerais être plus convaincante, avoir cette autorité qui rassure et calme la douleur, cette force intérieure qui me permettrait de les convaincre que tout ira bien, même si je n'en ai aucune idée. Mais je sais que mon ton me trahit. Ma voix tremble à peine, et malgré mes efforts, mes paroles résonnent comme un écho incertain. Le doute est là, perceptible même dans mes gestes, mes yeux qui cherchent à éviter de croiser le regard des autres, comme si je m'inquiétais de ce qu'ils pourraient y lire.
Je ne suis pas sûre de croire en mes propres mots. Pourtant, au fond de moi, une chose est certaine : je veux survivre. Je veux qu'ils survivent. Mais surtout, je veux que Christale ne devienne pas fille unique, que ma sœur passe à l'âge adulte sans moi. Elle mérite de vivre entourée de rires, de tendresse, de l'amour d'une sœur prête à tout pour la protéger. Il n'est pas question qu'elle reste seule, surtout pas avec les crises de maman qu'elle doit affronter sans mon soutien moral. Je ne peux pas lui laisser ce fardeau. Je me fais une promesse silencieuse, au fond de moi : je vais me battre, je vais tenir, peu importe ce qu'il faudra endurer.
Car si je ne fais rien, si je me laisse emporter par la peur et l'incertitude, tout ce que j'ai construit, tout ce que j'ai sacrifié, serait en vain. Alors je me redresse un peu, malgré la douleur et la faiblesse qui m'étreignent, et je serre la petite fille contre moi un peu plus fort, comme pour lui transmettre toute ma volonté de me battre, toute ma force qu'elle pourrait puiser en elle. Elle doit savoir qu'elle n'est pas seule. Il y a toujours quelqu'un quelque part qui attend ton retour à la maison.
— Les règles sont simples.
Le son, plus intense maintenant, pénètre mes oreilles, brisant l'air lourd d'incertitude. Un frisson me parcourt l'échine, me ramenant brutalement à la réalité. Je redresse la tête, me forçant à concentrer toute mon attention sur les mots qui suivent. Peut-être qu'ils vont nous expliquer ce qui se passe, peut-être qu'il y a une issue, un petit espoir dans cet enchaînement de mots. Mais le doute reste, un poids lourd dans ma gorge.
— C'est la chasse. Vous allez devoir mettre en pratique tout ce qu'on vous a appris durant vos dix dernières années de scolarité. Les groupes de trois sont déjà formés. Ils ont été piochés au hasard et validés par tous les professeurs de l'académie.
L'écho de ses mots me glace. La chasse ? Des groupes ? Mes mains se crispent autour de la barre de métal que je tiens encore, tremblantes, alors que je commence à réaliser ce qui est en train de se passer. Un frisson d'horreur me parcourt. Chasser ? Être chassée ?
Autour de la cage, des adolescents échangent des regards, certains paraissant plus perplexes que d'autres. Des murmures s'élèvent dans la foule de kidnappés, mais aucune réponse n'émerge. Tout le monde semble suspendu à l'attente de la suite.
Une vague de terreur monte en moi, mais je la chasse aussi vite qu'elle est venue. Ne pas penser. Ne pas céder à la panique.
J'entends soudain des bruits métalliques derrière moi, un déclic presque imperceptible, et les grilles de la cage où nous sommes enfermés se déverrouillent dans un bruit sourd, comme une condamnation. Le froid m'envahit, un mauvais pressentiment me serre la gorge.
Je crois avoir entendu le mot « proie ». Ce mot, je ne peux pas l'ignorer. « Proies »... Est-ce qu'ils nous considèrent comme des animaux, à traquer et à abattre ? Je n'ose même pas formuler la pensée qui se forme dans mon esprit, comme si le simple fait de l'énoncer pourrait la rendre encore plus réelle. Mais je sens, au fond de mon être, que c'est la vérité.
— Maintenant, libérez toutes les cibles !
Le signal est donné. Des hommes, dans des uniformes noirs, nous poussent violemment vers l'extérieur. Je me retrouve à lutter contre une foule de corps qui se pressent, qui se battent pour sortir le plus rapidement possible. Mon cœur s'emballe. Il faut courir. Il faut fuir. Mais d'où ? Où aller ? Où courir ? L'air autour devient lourd, saturé de l'odeur du danger. Le terrain est vaste, sans repère, sans issue visible.
Une partie de moi s'effondre sous la brutalité de la situation. « cibles », ces mots tournent en boucle dans ma tête. Le piège se referme autour de nous, chaque mot prononcé par cet homme résonnant comme un arrêt de mort. Le murmure du vent entre les grilles me parvient faiblement, et je suis poussée en avant, au rythme des autres, le son de mes pas résonnant lourdement sur le sol. Les grilles qui se referment derrière nous semblent un claquement sinistre.
Je regarde autour, mon regard se perd parmi la foule d'adultes en panique qui me pousse sans ménagement. Je remarque rapidement que personne ne nous surveille activement avec des armes. Aucune arme n'est pointée dans notre direction. Un frisson glacé m'envahit. Où sont-ils ? Pourquoi cet instant de répit ? Mais je n'ai pas le temps de réfléchir davantage.
La vieille femme qui se tient près de moi, celle avec qui j'avais échangé quelques mots plus tôt, s'approche encore, son visage marqué par la fatigue et l'inquiétude. Elle me regarde intensément, ses yeux brillants de cette lueur d'urgence, d'une certitude tragique qui me prend aux tripes.
— Cours, me souffle-t-elle.
Le commandement est donné avec tant de fermeté que je n'hésite même pas. Je me redresse d'un coup, malgré la douleur sourde qui me transperce à chaque mouvement. Mon bras droit me lance, me crie de m'arrêter, mais il n'y a pas de temps à perdre. L'adrénaline pulse dans mes veines. Je fais un pas en avant, puis un autre, forçant mes jambes à bouger malgré la douleur. J'attrape la main d'un enfant qui s'est approché de moi, je ne sais pas qui il est, mais je le tire derrière moi. Ensemble, nous courons dans la foule, nos pas se mêlant à ceux des autres, fuyant sans direction, juste en quête de survie. Peu importe la souffrance, peu importe la peur. Il faut avancer, il faut courir.
Tout autour de nous, des cris de terreur, de confusion, remplissent l'air. Le chaos est total. Certains enfants sont emportés par la foule, d'autres tombent à terre, sans qu'aucun secours ne vienne. L'agitation autour de moi fait écho à une sorte de peur primitive, viscérale, que je ne peux contrôler. Mais je serre la main de l'enfant plus fort, aussi fort que possible, et je l'entraîne avec moi. Il n'y a rien d'autre à faire.
On doit survivre.
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