CHAPITRE 05 : L'ART DE SAVOIR S'IMPOSER (Partie 1/2)


Assis sur une chaise, dans une pièce qui devait valoir plus que sa maison toute entière, Gareth regardait autour de lui en continu. Bien qu'il se trouvait dans un bureau fermé, il ne se sentait guère en sécurité, et pour cause.

Convaincre le Gardien des portes de le laisser entrer n'était pas chose aisée, mais pas tout à fait impossible. Sa requête était sans aucun doute difficile à réaliser; demander à voir le roi n'était pas une chose qu'un simple paysan tel que lui demandait aussi facilement. Mais avec persévérance, il réussit brillamment à le persuader de l'autoriser à s'entretenir avec n'importe quel conseiller pouvant transmettre son message. Une fois à l'intérieur, il trouvera un moyen d'atteindre le roi.

Cela lui avait coûté la bague qu'il récupéra au manoir Barton, mais il s'en fichait. Si tout se passait comme il l'avait projeté, la récompense qu'il recevrait contre les informations en sa possession dépasserait de loin le prix de ce bijou à la pierre clairement fausse.

Après avoir quitté cette maudite demeure, il couru jusqu'à en perdre son souffle, il prit la jument qu'il gagna plus tôt dans la journée, chargea leur trésor aussi rapidement que ses bras lui permettaient et prit aussitôt la route pour une destination inconnue. Il comptait bien semer cette sorcière.

Bien que les trucs surnaturels n'ont jamais figuré parmi ses croyances, Il était persuadé que cette femme avait un côté démoniaque, son apparence le prouvait si bien ! Sans oublier la façon dont il fut découvert, aucune porte ne se serait ouverte de la sorte sans l'aide d'une force surhumaine.

Après une chevauchée des plus affolantes, Gareth avait eu le courage de regarder derrière lui, la route était déserte, seul le bruit du vent berçait cette nuit des plus calmes. Ne l'avaient-ils donc pas poursuivi ? ses mains tremblaient légèrement et sa gorge était sèche.

Le jeune brun se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire à présent. Les deux tiers de leur butin étaient avec lui, il avait abandonné ces deux camarades dans la tanière du loup, et il savait qu'il n'allait pas revenir pour eux. Ils allaient devoir se démener pour en sortir, comme il avait fait, et si par malheur ils n'y arrivaient pas, le trésor allait entièrement lui appartenir.

Gareth n'avait pas peur de se faire démasquer, en voyant cette redoutable femme, l'enfer qui brulait dans ses yeux dorés, il avait compris que ces compagnons ne seront pas épargnés. à présent qu'il était hors de danger, il avait pensé clairement à ce qu'il avait entendu. Un complot contre la princesse? Combien une information telle que celle-ci lui rapporterait s'il venait à la délivrer au roi ?

La sorcière avait clairement assuré que la princesse n'en mourra pas, mais il n'était pas obligé de tout révéler. Il suffisait de dramatiser la situation de façon à doubler la valeur de cette information. Il se voyait déjà généreusement récompensé, sa vie allait complètement changer après cette nuit.

Décidé, il avait pris la route au galop vers la capitale, plus vite il y arriverait, plus vite il s'enrichirait. Mais avant d'arriver en ville, il s'assura de bien enterrer son butin.

Tout se passait comme il le voulait, jusqu'à ce qu'il pénètre l'enceinte des murs du palais. C'était là qu'il fut prit de plein fouet, en se faisant escorter vers le bureau du conseiller du roi, son regard se posa sur un grand jeune homme; cheveux noir, peau extrêmement pâle, yeux d'or ... Son cœur ne fit qu'un bond en reconnaissant le propriétaire du manoir Barton. Comment avait-il fait pour arriver ici aussi rapidement ? Le jeune homme avait l'air calme, son comportement n'était pas celui d'un gars qui s'était fait cambrioler la veille. Il discutait et riait avec un groupe d'individus sans trop accorder son attention aux passants.

Il avait tourné la tête instantanément, cachant ainsi son visage pour éviter de se faire reconnaître. Il ne savait pas s'il s'était fait repérer mais il n'osait pas s'en assurer, suivant ainsi le Gardien en silence.

A présent, sa jambe droite frappait frénétiquement le sol, ses mains étaient moites et il ne pouvait s'arrêter de ronger ses ongles. Son attente semblait avoir duré une éternité. Il avait tellement peur que le noiraud l'ait remarqué qu'il s'attendait à ce qu'il débarque à tout moment pour l'exécuter.

Il essayait tant bien que mal de se calmer, le gars ne semblait pas l'avoir remarqué, il devait alors se concentrer sur comment arriver à voir le roi. Car, oui, à présent qu'il vit Barton, il se demandait bien s'il avait des alliés ici, et si quelqu'un l'avait aidé à s'en prendre à la princesse ? Gareth ne voulait prendre aucun risque, bien que cette récompense lui tenait énormément à cœur, il n'était pas plus précieuse que sa propre vie. Quel intérêt de la recevoir s'il ne serait plus de ce monde pour en profiter ?

Gareth se concentra sur sa respiration pour essayer de se calmer. Il rapporta toute son attention sur ce qui l'entourait; la tapisserie d'un bleu vif ornait les murs et le plancher. Un grand étendard, avec l'emblème royal, était accroché au centre du mur en face de la porte, juste derrière l'imposant bureau qui se trouvait au centre de la pièce. À leur gauche, on pouvait trouver une gigantesque bibliothèque, remplissant presque tout le mur d'une infinité de livres, au coin de ce dernier se trouvait une porte fermée. Deux chaises étaient positionnées à côté. La fenêtre qui occupait tout le mur en face d'elle faisait baigner la pièce dans l'agréable et douce lumière du soleil levant.

Jetant un coup d'œil par la fenêtre, il remarqua que cette aile du château donnait sur la ville, et non sur les jardins royaux. Il avait du mal à distinguer les détails, mais il put aisément constater qu'un grand mur séparait deux quartiers, appartenant à une seule et même ville. De la hauteur à laquelle il dominait la vue, il constata que les bâtiments de l'autre côté du mur étaient moins hauts, et en un état qu'il qualifia comme "négligé".

Même s'il n'avait jamais prêté attention à ce genre d'informations, il se souvenait avoir déjà entendu Danfort dire que la capitale d'Andarisia fut entièrement rénovée lors du règne de la famille royale actuelle. Alors pourquoi ce quartier n'avait-il pas connu le même privilège ?

La porte s'ouvrit, faisant sursauter Gareth. Un grand jeune homme, blond, larges épaules, fit son entrée accompagné d'un garde. Il devait à peine toucher la trentaine, estima Gareth en le détaillant du regard. Le jeune blond ne lui renvoya pas son attention, il se dirigea en silence vers le bureau en lisant attentivement un document entre ses mains.

Quelques minutes de silence supplémentaires passèrent avant que l'homme derrière le bureau ne concentre son attention sur Gareth. Massant ses tempes du bout des doigts, il le reluqua, le regard impassible.

- Bien. Excuse-moi de t'avoir fait attendre de la sorte. On m'a informé que tu avais un message d'une extrême importance à délivrer à sa majesté.

Gareth acquiesça.

- Il s'agit beaucoup plus d'un témoignage qui le concerne de très près.

- D'accord, articula le blond en sortant une feuille du terroir à sa gauche. Présente toi pour que je puisse noter les informations nécessaires sur ton identité.

- Gareth Evensworn. Ma famille possède une ferme à Tullys.

Tout en hochant la tête lentement, le jeune blond s'empara de sa plume. Une fois fini, il joignit ses deux main et demanda :

- Tu peux commencer, qu'as-tu d'important à dire ?

- Quoi, le roi ne sera pas présent ? Questionna Gareth, peu satisfait.


Le jeune blond eut l'air légèrement amusé face à sa question.

- Je me présente ; je m'appelle Clay, le garde du corps de sa Majesté. Je suis chargé de recevoir ton témoignage pour le communiquer au concerné si je juge celà nécessaire.

Gareth fut énormément déçu. Un garde du corps ? Qu'allait-il bien pouvoir négocier avec lui ? Il n'avait aucun pouvoir. Le gardien lui avait pourtant dit qu'il l'emmenait au bureau du conseiller du roi. S'était-il joué de lui ? Cette rencontre ne valait pas du tout la bague qu'il lui avait donnée, aussi fausse qu'elle pouvait être.

- Ce que j'ai à dire ne peut être écouté que par le roi lui-même, exagéra Gareth. Le Gardien m'avait assuré que j'allais rencontrer son conseiller, et voilà que je me retrouve face à son garde du corps.

- Ce gardien ne le sait peut-être pas, mais le conseiller du roi ne reçoit pas de simples citoyens. Cela pourrait dégénérer très rapidement.

- Oh, je ne savais pas que c'était le travail des gardes du corps.

Il était allé un peu trop loin dans sa façon de parler avec ce jeune homme, mais une immense rage était montée en lui dès qu'il réalisa que ce gardien avait profité de lui. Le dénommé Clay semblait un peu irrité face à sa remarque mais il resta calme.

- Vous devez savoir que vos gardiens des grandes portes acceptent les pots-de-vin, déclara-il, comme pour satisfaire son envie de vengeance.

- Je m'assurerai personnellement à ce que cela figure bien dans ton témoignage, répondit Clay sans ciller. Si vous voulez bien commencer à parler, car je ne vais pas y passer la journée.

Gareth soupira, à court d'arguments.

- Qui me dit que je peux vous faire confiance ?

Clay éclata de rire.

- Non mais quelle audace ! S'exclama-t-il en en frappant de la paume contre le bureau. Je suis son garde du corps, s'il y a bien une personne digne de confiance ici c'est bien moi ! Et toi qui es-tu au juste ? Pourquoi tiens-tu tant à voir le roi ? Je commence à croire que cette histoire de témoignage n'est que mensonges.

Gareth ne devait plus faire de faux pas, pour risque de se voir mis à la porte. Il devait commencer à parler, sans pour autant tout dévoiler.

- Qu'est-il arrivé à la princesse, hier soir ? J'ai cru comprendre que des festivités ont eu lieu au palais.

Clay se redressa sur son siège, le visage perplexe.

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