CHAPITRE 02 : LE PETIT OISEAU DANS SA CAGE EN OR (Partie 1/2)

Les festivités ne duraient que depuis deux heures, et la princesse Dahlia s'en était déjà bien lassé. Assise sur son trône à côté de son père, elle regardait des gens qui lui étaient tout à fait inconnus danser depuis près d'une heure, et elle trouvait ça bien ennuyeux.

Étant sa première sortie en public, elle portait un profond espoir que cette expérience soit la meilleure qu'elle ait eu la chance de vivre depuis dix huit ans. Hélas, le résultat en était bien décevant.

Les invités du bal ne cessaient de lui jeter des regards dérobés, dans l'espoir d'en savoir plus sur cette mystérieuse princesse qu'ils rêvaient tous de rencontrer un jour. Certains d'entre eux ne se gênaient même pas à la dévisager et à la détailler ouvertement. Mais cela lui importait peu, car elle n'était nullement déstabilisée par ces actes.

Elle savait qu'elle était différente. Depuis toute petite, elle avait conscience qu'elle ne ressemblait pas à ses parents, ni même à aucun être humain dans son entourage. Étant une jeune demoiselle assez curieuse, elle avait beau passer de longues minutes à détailler chaque personne travaillant dans ce château, cherchant une quelconque ressemblance avec elle - ne serait-ce qu'un simple détail, insignifiant aux yeux des autres, mais qui la rassurait grandement. Chose qu'elle ne trouva jamais.

Ses longs cheveux argentés aux reflets rosés étaient la première différence que l'on pouvait remarquer chez elle. Au début, elle voyait cela tout à fait banal, puis, elle su que seules les personnes d'âge très avancé voyaient leurs cheveux obtenir cette teinte grisâtre.

Puis viennent ses grands yeux en forme d'amande. Bien que ses parents n'aient tous deux de magnifiques yeux verts, les siens étaient d'un rose hors du commun. Sa peau était, quant à elle, d'une blancheur et d'une pureté dignes de celle d'une déesse. Rien ne lui faisait tâche, elle était juste parfaite au yeux de quiconque croisait son chemin.

Néanmoins, ces dix-huit années d'existence lui suffirent à accepter ses différences, et à se préparer au jour où elle allait enfin entrer dans le monde de la royauté. Et ce jour arriva bien plus vite qu'elle ne le croyait.

Cette nuit-là, on célébrait son entrée à l'âge adulte. Dahlia s'était présenté officiellement, au peuple d'Andarisia - Ou à une certaine catégorie, car les invités de ce bal étaient tous des nobles, les puissants seigneurs des villes voisines et leurs familles.

Elle eut l'occasion de faire la connaissance de quelques-uns d'entre eux avant l'heure de la danse. Guidée par son père, elle serra la main à plusieurs amis de la famille, aux ravissantes femmes de quelques-uns d'entre eux, et à leurs héritiers.

Bien sûr, les héritiers étaient ceux qui intéressaient le plus le roi Hector, car c'était bien en cette nuit que la jeune princesse allait devoir choisir la personne qui allait régner à ses côtés quand le moment viendra. Durant ce bal, elle fera la connaissance des jeunes hommes intéressés, discutera et dansera avec eux. Après cela, elle devra réfléchir au meilleur choix, pour le bien du pays, avant de le communiquer à son père. Cette personne se verra alors contactée et rapportée au château pour le début des procédures de mariage.

Évidemment, Dahlia était contre tout cela, mais elle n'avait pas son mot à dire. Elle venait d'obtenir sa liberté. Elle voulait profiter de ce temps pour enfin quitter le palais, aller en visite officielle pour les plus grandes villes, faire des connaissances intéressantes et tisser un certain lien avec son peuple, et ce, avant de se voir prise à nouveau en captivité dans cette prison qu'était le mariage.

De plus, si cela avait été possible, elle n'aurait jamais pris la décision de se marier. Elle ne supportait guère l'idée de voir le trône qui lui allait de droit se faire arracher d'entre ses mains par une personne qui n'avait aucun lien avec le sang royal. Tout cela car la loi indiquait clairement qu'une femme ne pouvait régner seule.

Elle ne comprenait pas pourquoi son père, en tant que roi, ne pouvait changer cette loi. Surtout qu'il ne s'était pas du tout privé de changer celle qui citait l'obligation qu'avait une princesse héritière à se marier avec un prince d'un pays voisin, afin d'assurer une alliance entre les deux peuples.

Elle voulait régner seule. Elle s'y était préparée toute sa vie, elle était la plus en droit de profiter de ce privilège, mais son père ne voulait rien entendre.

Ramenant une mèche rebelle de ses cheveux bien coiffés derrière son oreille, elle regarda son père à ses côtés. Sa carrure imposante et sa posture droite faisaient ressortir toute sa fierté et sa puissance. Malgré les quelques mèches grises qui commençaient à prendre place parmi ses cheveux blonds soyeux, et les quelques rides sur son visage qui lui rappelaient que le temps commençait à le rattraper, il semblait avoir encore l'éternité devant lui pour régner.

Dahlia apporta sa main vers celle de son père, sur l'accoudoir, afin d'attirer son attention.

- Tu t'amuses bien ? lui demanda-t-il en esquissant un léger sourire.

- C'est assez... "différent" de ce que je pensais, répondit-elle avec hésitation. La danse est presque finie, et je me demandais si je pouvais espérer que vous changiez d'avis concernant le mariage.


Le sourire du roi Hector disparut aussi vite qu'il était apparu. Il détacha son regard du sien pour regarder droit devant lui à nouveau. Le nombre de danseurs diminuait petit à petit, les plus vieux commençaient à se retirer en premier, sûrement exténués par autant d'efforts. Les plus jeunes occupaient toujours la grande piste circulaire. Leurs mouvements débordants d'énergie et de vivacité, accompagnés des vives couleurs que reflétaient leurs robes et uniformes donnaient un spectacle digne des plus grands festivals.

Le roi constata qu'il y avait bien plus de nobles demoiselles qu'il ne l'avait pensé. Toutes belles et élégantes, aux charmes distingués, leurs sourires éclatants ne quittaient pas leurs visages et leurs regards pétillants faisaient rayonner leurs visages. Mais une chose était certaine, sa fille les dépassait toutes en termes de beauté.

- Tu ne voudrais pas être comme elles ? Elles ont l'air de bien s'amuser, tu ne penses pas ? Demanda Hector à sa fille.

- Je voudrais plutôt savoir pourquoi je suis obligée de me marier à l'un de ces jeunes hommes ici présent, alors qu'aucune loi ne m'y oblige !

- JE t'y oblige ! Répliqua son père d'un ton sévère. N'est ce pas assez pour toi ?

Déterminée à éclaircir la situation, Dahlia ne céda pas face à la résistance du roi:

- Même si je suis tout à fait contre l'idée du mariage, je pense que choisir un mariage par alliance serait bien plus bénéfique pour vous et pour le royaume que ne l'est cette mascarade ! Votre décision n'a aucun sens, père ! Qu'apporterait une personne inexpérimentée telle que ces invités à notre pays ?

- Assez ! S'exclama Hector en se levant brusquement de son trône, ce qui fit sursauter la reine Victoria assise à sa gauche. Je te conseille vivement de ne plus jamais négocier mes ordres ni mettre en doute mes décisions, sinon, tu découvriras devant toi un autre visage de ton père que tu risques de ne pas du tout apprécier. Et crois moi à cet instant, ce sera déjà trop tard.


Dès menaces ? Dahlia en resta bouche bée. Cette facette de son père lui était totalement inédite. Hector avait toujours été si tendre et délicat avec elle qu'elle ne put tout simplement pas le reconnaître en ce moment. Son regard dégageait une colère et une haine que la jeune princesse trouvait injustifiées. Pourquoi ce sujet était-il si sensible ? Et pourquoi cette haine qu'elle lisait dans ses yeux reflétait quelque chose de bien plus profond qu'une simple histoire de mariage ?

La princesse se tourna vers sa mère, attendant une réaction de sa part, mais cette dernière se contenta de fuir son regard et de baisser la tête, impuissante.

Le roi Hector tourna les talons, et en un clin d'œil, Dahlia vit ce visage au regard haineux se transformer en un visage illuminé par un sourire radieux. Elle ne pouvait croire ses yeux, comment pouvait-il jouer avec ses expressions de la sorte ? Trop de questions lui vinrent à l'esprit depuis ce petit échange.

Il prit le temps de s'avancer avant de taper des mains. Les claquement raisonnèrent assez fort pour arriver aux oreilles de l'orchestre qui mit fin à la musique instantanément. Les danseurs s'immobilisèrent à contre cœur, et tous les invités orientèrent leurs regards vers sa majesté.

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