𝔖𝔦𝔵𝔦𝔢𝔪𝔢 𝔲𝔫
«– Tu n'aimeras pas ce que tu vas entendre.»
Assis sur le ring, je dévisage Heeseung debout devant moi, à lisser son immense sweat-shirt dans lequel je me perdrais si j'ai l'audace de le porter. Il s'est habillé en deux temps trois mouvements avant de m'inviter à poser mon fessier en dehors de la chaleur écrasante et l'odeur étouffante du vestiaire à peine aéré. J'ai docilement posé ma main sur ma veste, retiré au préalable, pour lui faire un coussin de fortune et soulager mes douleurs. J'ai du me fouler quelque chose, je ne vois que cette explication au lancement contre mes doigts et mon poignet.
Le noiraud a démêlé ses cheveux de sa grande paluche et réajusté ses bijoux aux oreilles, les laissant briller sous la faible lumière du vestiaire derrière. Chaque mouvement qu'il effectue respire l'aura puissant et félin que je lui avais vu dès le premier jour.
«– Tu m'as promis la vérité, je souligne en massant mon avant-bras.
– Tu n'as pas essayé de lui demander ?, s'étonne-t-il presque.
– Il a refusé de dire quoique ce soit.»
Il ricane dans un souffle et attrape une bouteille à moitié vide sur l'un des côtés du ring. Il dévisse le bouchon et vide une long gorgée que je suis du regard.
«– Vous vous connaissez, je pose de but en blanc en avalant ma salive.»
Il s'essuie grossièrement les lèvres avant de laisser la bouteille sur un banc non loin, m'invitant à continuer d'un signe de tête.
«– Il a cité ton nom en te maudissant.
– Et du coup ?
– Il m'a menti, je m'agace en croisant les bras, et tu sais pourquoi. Je me trompe ?»
Il s'approche jusqu'à poser ses mains de part et d'autre de mes cuisses, bloquant son regard dans le mien, provoquant une bouffée de chaleur près de mes reins et dans mes doigts. Il est proche, si proche qu'il s'est inséré entre mes genoux pour caler ses hanches contre le mat et que mon pieds se retrouve derrière son genoux.
«– Non, tu as raison, dit-il d'une voix grave.
– Comment vous vous connaissez ?»
Heeseung attrape une de mes mains sous mon coude et vient capturer mes doigts entre les siens, laissant le courant électrique se faufiler entre nous sans nous blesser, comme si ce n'était pas si terrible et que nous en avions juste peur auparavant. Sa chaleur couvre mes doigts, puis mon bras ainsi que mon poitrail et jusqu'à mes doigts de pied sans oublier une maigre parcelle de peau. Mes bras tombent et mon souffle se fait plus court, et je suis hypnotisé par la couleur flamboyante de ses yeux noyés dans les miens, de sa bouche s'entrouvrant pour faire passer l'air librement.
«– Tu m'as dit que tu me voyais briller, sous la neige lorsque je t'ai aidé à te relever, commence-t-il doucement.
– Quel est le rapport avec ma...
– Que vois-tu, maintenant ?, m'interrompt-il.»
Il m'est si difficile de quitter ses yeux que je me demande s'il n'a pas arrêté le temps, mon cœur ou mon cerveau. Alors je laisse ma bouche avouer :
«– Tes yeux ressemblent à un feu.»
Dans un chuchotement que je pense seulement avoir imaginé. Mon regard descend son torse plus bas, suivant la courbe de son bras se liant au mien pour y voir une fine pellicule argenté couvrir ses doigts comme du duvet.
«– C'est ton aura que je vois ?, j'ose demander en retrouvant son visage.»
Il aborde un sourire en coin qui coupe mon sifflet à peine ma phrase est-elle terminée. Son autre main rejoint mes reins pour me rapprocher de lui, ouvrant plus mes cuisses pour ne pas le repousser. Puis, quand je suis assez proche à son goût — trop pour le mien, j'aurais aimé mieux respirer —, il lâche mes doigts et mon corps pour reprendre sa pause initiale, me laissant me faire brutaliser par le froid soudain.
«– Ce que tu vois, Jungwon, murmure-t-il en parcourant ma gorge et mon corps du regard, c'est ce que personne d'autre n'est capable de voir. Quand tu touches Jay, que tu le frôles, y vois-tu une différence comparé à d'habitude ?
– Non, je devrais ?»
Il sourit et ses dents apparaissent pour la première fois aujourd'hui. Elles sont si blanches que les miennes ressemblent à des pissenlits à côté, ridicule !
«– Je préférerai que tu n'essayes pas, admet-il en remontant par ma mâchoire.
– Qu'est-ce que tu essayes de me dire ?, je demande du tac-au-tac. Que je suis un gars étrange qui voit l'aura des autres ?
– Étrange ? Oh non.»
J'ai trop chaud lorsque ses yeux bruns trouvent mes lèvres, qu'ils les dévorent et laisse mon imagination prendre le rôle de mauvais ami en me remémorant les sensations que sa bouche à sur la mienne.
«– Disons que tu as un don.
– Un don ?, je claque, pas impressionné. Alors quoi ? Je suis spécial ? Pas comme les autres ? Pitié...»
Il laisse un rire s'échapper de sa gorge.
«– Je t'ai prévenu que tu n'allais pas aimer. Et tu vas encore moins apprécié en apprenant que ton copain te manipule comme une marionnette.
– Ce n'est pas mon copain, je le reprend. Et puis ça veut dire quoi ça ?»
Cette fois-ci, son sourire devient carnassier et il plante doucement son index dans mon flanc, laissant un couinement s'échapper avant que je ne puisse le rattraper.
«– Ça, en autre. C'est un marquage.
– Tu peux être plus précis ?, je lui intime en éloignant sa main.
– C'est quand un immortel décide qu'un mortel est sa propriété, pour te faire dans les grosses lignes.»
Ma salive passe de travers et je tousse à m'en déchirer les poumons. Heeseung passe sa main dans mon dos pour venir apaiser ma quinte insupportable, qui dure tout de même une minute !
«– J'ai du mal entendre.»
Il continue ses mouvements entre mes omoplates tandis que je me redresse difficilement, une main sur le torse.
«– Jay est immortel ?!
– Rassure-toi, tu n'es pas très mortel non plus.»
Ma mâchoire tombe, mes yeux s'écarquillent et je manque de tomber à la renverse. Comment ça, moi non plus ? Je subis constamment mes poumons faibles, ma santé fragile et les tentatives de la faucheuse à m'emmener dans l'au-delà.
«– Tu es toujours avec moi ?, demande Heeseung mort de rire.»
Et ça le fait marrer ! Il se paye ma tronche, quel scandal !
«– Où est-ce que tu vas trouver tout ça ?»
Le noiraud hausse les sourcils comme si la personne folle, c'est moi. Quel comble !
«– Tu as une sacrée imagination pour un beau mec.
– Tu n'es pas mal dans ton genre non plus, roucoule-t-il en glissant sa main jusqu'à mes reins.
– Heeseung, sérieusement.»
Je le freine en posant mes mains sur ses épaules avant de déraper je-ne-sais où. Il me caresse du regard tandis que je cherche une part de blague dans son attitude. Sauf que rien ne semble être une boutade.
«– Qu'est-ce que tu me racontes ?
– La vérité. Si tu veux la suite, négocions.»
Je frappe son épaule et il rigole doucement. Et si ce n'était qu'un jeu pour lui ? Son histoire ne tient pas debout après tout.
«– Parle moi de ce machin là... Le marquage ou je ne sais quoi. À quoi ça sert ?
– Si je te le dis, tu me donnes quoi ?, réclame-t-il.
– C'est la journée chantage ?»
Il hausse les épaules et ses yeux brillent lorsqu'il remonte ma cuisse de son index, dessinant une ligne droite.
«– Tu as déjà une idée en tête, je pose tandis qu'il balance entre mes lèvres et mes yeux.
– J'en ai plusieurs, avoue-t-il. Mais une me semble plus juste que les autres.
– Une information d'abord.»
Il pose sa main à plat sur ma cuisse, lançant un vague de chaleur jusque dans mon bas ventre avant de faire une courte moue.
«– Le marquage c'est comme un gps. Si un immortel t'approche un peu trop, te touche ou te garde pour lui, ça envoie la même onde que tu sens à chaque fois que nos peaux se touchent.
– Ça veut dire que toi...»
Il capture mes lèvres pour la deuxième fois de la journée. Il dépose l'impatience et l'envie sur ma bouche, lance chaleur et tension à travers ses mains sur mon corps et je reste un instant penaud. C'est puissant et délicieux, tant que je n'ai pas le temps de savourer avant qu'il ne recule pour reposer ses pieds au sol.
«– Encore un ?, je murmure, à bout de souffle.»
Il lèche lentement ses lèvres avant de murmurer presque contre les miennes :
«– Je t'ai cherché des siècles, alors oui, encore un.
– Des siècles ?, je couine.
– On ne trouve pas la perle rare tous les jours.»
Pour me couper le souffle, c'est gagné ! Je ne réussis qu'à le regarder en cherchant encore une trace de blague, que l'espoir que je ne sois pas en plein délire ne meurt pas.
«– Tu es quoi ?»
Il raffermie sa prise contre mon dos, glissant son autre main atour de ma taille avant de me murmurer :
«– Touche-moi, tu verras.»
Je recule mon visage pour le toiser avec méfiance et il secoue le menton.
«– Plus haut.»
Un de mes doigts vient frôler la peau dégagée de sa nuque au moment où je lève les yeux, docile au possible, jusqu'à voir un fin arceau au dessus de son crâne, à quelque centimètres seulement.
«– Oh m*rde, puisque la vulgarité est de mise. Tu as une auréole.»
Je sens ses lèvres sourirent contre ma gorge découverte avant qu'il ne les dépose dans un baiser tendre qui me fait frissonner. Je lève mon bras pour venir la toucher, pour voir si je n'hallucine pas mais il se recule vivement en venant capturer mon visage entre ses doigts pour me recentrer à son visage.
«– Pas touche, petit curieux.
– Bouquoi ? (— qui signifie "pourquoi" étouffé).
– Ça porte malheur de toucher l'auréole d'un ange.»
Il vient taquiner le bout de mon nez avec le sien, le saluant d'une manière tentatrice et mon regard se perd sur ses joues, ses cils, son front, tout et rien à la fois.
«– Ung angfe ?!»
Mon articulation est ridicule et pitoyable. Et il ne semble pas décidé à lasser partir mon visage de sitôt.
«– Un jour peut-être, promet-il en soufflant sur mes lèvres, peut-être que tu la toucheras.
– Mais...
– Tu me dois trois baisers, m'interrompt-il, ou équivalence.
– Comfme quoi ?»
Ma curiosité me perdra sans doute mais la question était trop tentante.
«– Offre-moi une journée, quémande-t-il en trouvant mes yeux. Tu pourras poser toutes les questions que tu veux.»
Il lâche mes joues pour venir frôler ma gorge et la posséder de son immense main.
«– Sans plus de chantages ?
– J'essayerais de bien me tenir.»
Je lui pousse l'épaule et il mord sa lèvre inférieure pour étouffer un rire. Sa main glisse jusqu'à ma nuque pour la découvrir et la réchauffer plus qu'elle ne l'est déjà.
«– Une journée, je cède.»
Au moins pour entendre l'étendu de sa folie.
«– Je peux t'embrasser ?, me demande-t-il tout bas.
– Contre quelle information ?
– Juste t'embrasser...»
Puisque ses lèvres sont trop loin, je hoche la tête. Une seconde plus tard, nous repartons dans une danse folle de salive et d'impatience.
[PAS RELU]
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