~ PDV Julian ~ Partie 2
Je n'ai pas manqué d'observer leurs regards à tous posés sur moi avant que les portes arrière du SAV ne me bloquent la vue. Je sais que tous s'inquiètent, comme c'est le cas lorsque l'un d'entre nous est touché. Nul doute que l'hôpital du coin va se voir envahi par une horde de pompier en fin de journée, voire peut-être même avant. Cette pensée fait naître un fin sourire sur mes lèvres et m'aide à distraire mon esprit face à mon état actuel.
Tout le long du trajet, Nathalia prend mes constantes. Elle vérifie une nouvelle fois si la sensation au niveau d mes jambes est revenu. Pour cela avec un de ses outils médicaux, elle caresse ma voute plantaire. Rien, voilà actuellement ce que je ressens et mon manque de réaction le lui confirme aussi. A cette constatation, je ferme les yeux. La peur de ne jamais retrouver l'usage de mes jambes est de plus en plus présent en moi et une pointe de colère se fraie elle aussi un chemin dans mon corps.
Il ne nous aura fallu que vingt minutes pour nous rendre à l'hôpital. Le camion se stoppe à peine que les portes s'ouvrent à la hâte. Devant nous se trouvent deux femmes dont un médecin avec qui j'ai déjà eu affaire et une infirmière. Toutes deux non loin d'un brancard. Elles assistent Nathalia pour me sortir du SAV, cette dernière en profite pour leur donner tous les renseignements nécessaires sur mon cas. Soit les causes de l'accident et mon état depuis, ainsi que leurs premiers diagnostiques à confirmer par de plus approfondis examens.
Il n'en faut donc pas plus pour que le médecin m'envoie passer un scanner et de multiples radios, afin de ne rien négliger selon elle. Entendre cela me ravit au plus haut point, car me voilà donc bloquer pendant plusieurs heures dans des pièces ou machines et ce, seul. Tout ce qu'il me faut pour permettre à mon esprit de s'imaginer le pire sur ce qui m'attend.
Mais, aussi pour penser à ma princesse. A sa réaction quand elle ne va pas me voir lors de son retour. Un rituel que l'on a tous les deux et que j'ai mis en place depuis sa naissance. Je connais parfaitement les risques de mon métier et c'est donc pour cela que je veux passer le plus de temps avec elle lors de mes heures ou journées de repos. Ma fille est mon rayon de soleil et la voir grandir et s'épanouir chaque jour est ma plus belle récompense dans la vie. Bien que sa mère ne soit plus avec nous, elle est entourée de tout l'amour possible avec ma famille et mes collègues. Ces derniers qu'elle appelle tonton et tata et qui le lui rendent bien. Certains sont même ses comparses pour faire des farces aux autres, même moi n'y échappe pas, d'ailleurs.
Voilà où mon esprit c'est perdu pendant que je suis manipulé lors des nombreux examens. Une fois le scanner effectué, un infirmier m'emmène dans un box des urgences, le temps que les résultats arrivent. Lorsqu'ils m'aperçoivent, Nathalia et Kol viennent prendre de mes nouvelles.
— Hey, comment vas-tu ?
— Cela peut aller, mec... lui dis-je aussitôt, non sans cacher mon inquiétude.
— Tu sais que tu n'as pas besoin de jouer les gros durs avec nous, Julian ! me précise Nathalia avec sérieux.
Je laisse un léger soupir s'échapper d'entre mes lèvres en comprenant qu'ils me connaissent si bien que je ne peux rien leur cacher. Là où cela en énerverait plus d'un, ce n'est pas mon cas, bien au contraire. J'apprécie ce point, car il est valable pour chacun des membres de l'unité. Je laisse ma tête retomber contre l'oreiller mis à ma disposition sur le lit d'appoint.
— Je ne joues pas les gros durs comme tu dis ! Je tente surtout de garder mon calme pour ne pas péter un plomb, là, vois-tu...lui dis-je tout en ouvrant les yeux et fixant le plafond.
— Je ne peux qu'imaginer ce que tu dois ressentir, mais je suis certain que tout va bien se passer et que les résultats vont confirmer que tu vas vite remarcher ! tente de me rassurer au mieux mon ami.
— J'aurais aimé pouvoir confirmer cela, nous coupe la voix du médecin qui entre dans la pièce.
Tellement pris dans notre discussion, nous ne l'avons même pas entendu entrer, ce qui nous vaut de sursauter et à mes collègues de se tourner vers elle.
— Désolée, je ne voulais pas vous faire peur ! nous lance-t-elle quand elle s'aperçoit de notre réaction.
— Pas de souci, ne vous en faites pas, s'empresse de dire Nathalia à celle-ci.
— Bon, tous d'abord, je suis le docteur Fitz et c'est moi qui vais m'occuper de vous à partir de maintenant ! Comme je viens de le préciser en entrant, malheureusement vos résultats ne sont pas encourageants...
— Comment ça ? Je vais rester paralyser ? la coupé-je avec une pointe de colère dans ma voix, sans même me soucier de la politesse ou autre.
— Julian...tente de me calmer Kol qui s'approche de moi afin de me maintenir en place lorsqu'il aperçoit que j'essaie de sortir du lit.
— Quoi ? Impossible que je ne puisse plus marcher ! Ni même m'occuper de ma fille ! hurlé-je alors en réponse.
Tous m'observent avec attention et remarque mon état de nerfs et mes amis me connaissent assez pour savoir que cela ne va rien donner de bon.
— Monsieur, calmez-vous ou pour votre bien je vais devoir vous attacher afin que vous n'aggraviez pas votre état ! fini par dire le médecin avec conviction.
Ce qui pour le coup à le don de me calmer, peu ravi à l'idée de me retrouver sangler à un lit. Encore plus pour cette raison. La grimace qui se dessine sur mon visage en dit long sur ce point justement. Quand elle se rend compte que je me suis calmé, cette dernière reprend la parole afin de m'expliquer ce qui m'arrive.
— Donc comme j'allais vous le dire, avant que vous ne me coupiez, vos résultats ne sont pas encourageants, mais pas pour autant définitif, monsieur ! Vos vertèbres sont touchées, mais pas sectionnées ce qui offre là un réel espoir, sachez-le !
Je l'écoute avec attention, cherchant aux travers de ses mots si elle dit cela pour tenter de me rassurer ou si elle dit vrai. Son visage ne montre aucune trace d'hésitation et une part de moi y voit alors un brin d'espoir. Minime, mais il est là et je compte bien m'y raccrocher le plus possible. Lorsque je remarque qu'elle attend une réaction de ma part, je m'empresse de prendre la parole à mon tour.
— Donc vous êtes en train de me dire que je vais remarcher ? lui demandé-je afin d'en avoir le cœur net.
— Que vous avez une chance de retrouver l'usage de vos jambes oui, mais il y a toujours une part d'incertitude concernant le temps que cela peut prendre et cela va aussi dépendre de votre implication dans la suite...
— Que voulez-vous dire, docteur ? la coupe aussitôt Kol avec un froncement de sourcils.
— Il faut que vous preniez conscience que les vertèbres touchées ne sont pas opérables, du moins aux vues des radios effectués, elles ne sont pas sectionnées donc on préfère tout d'abord miser sur des séances de rééducations et ce, dans un centre spécialisé, afin de mettre toutes les chances de votre côté et de voir si vous pouvez récupérer l'usage de vos jambes ainsi ! nous explique-t-elle alors avec sérieux et de façon professionnelle.
— Et dans le cas contraire ? la questionne Nathalia.
— Alors on refera des examens encore plus poussés, afin de déterminer la cause et s'il le faut nous opterons pour l'opération, mais avec mon confrère nous pensons qu'avec l'aide d'un bon kinésithérapeute, vous devriez y parvenir !
Je les écoute avec attention, afin de bien tout comprendre et la confiance du Docteur face à nous me donne envie d'y croire moi aussi. Toutefois, j'ai besoin de savoir deux ou trois petites choses en plus.
— Bien, c'est vous la professionnelle alors je vous fais confiance sur ce point, toutefois j'aimerais savoir de quel centre vous parlez ? Afin que je puisse m'organiser avec ma fille, que je sache si je vais y séjourner ou non ! lui précisé-je ce dernier point qui pour moi est le plus important.
— Vous n'êtes pas le premier patient avec ce genre de blessure auquel j'ai affaire, j'ai eu deux autres cas dont un où les chances étaient encore plus faibles que les vôtres et pourtant à ce jour il remarche et à même repris son sport de prédilection, le vélo, nous précise-t-elle avec un sourire afin de me rassurer.
— Ce sont des nouvelles rassurantes ce que vous nous dites là, docteur !
— Tout à fait et on doit cela à une tête brûlée qui a fait ses preuves auprès de patients les plus récalcitrants ! nous apprend-elle avec un léger sourire en coin.
— Tout ce qu'il faut pour celui-ci alors, s'empresse de lancer Kol avec amusement en me pointant du doigt.
— Hey ! Tu sais que je suis toujours là, mec ! grogné-je avec force suite à ses mots, peu ravi qu'il me fasse passer pour un ours devant le médecin.
— En même temps, on ne peut pas dire que tu aies du genre facile lorsqu'il s'agit de s'occuper de ta personne, Julian ! réplique Nathalia avec sérieux, ce qui me vaut de grimacer et me taire pour le coup.
Une fois qu'elle a fini de nous expliquer cela, la doctoresse nous précise que je serais transféré le lendemain soir dans ce fameux centre. Ce, car ils veulent faire de nouveau examens demain, afin de poser de façon certaine le diagnostique me concernant. Bien que comme elle ne nous l'ait dit, elle et son confrère préconisent cette option et restent persuader que c'est la meilleure option pour moi. Que je devrais certainement y résider pendant le temps de ma convalescence, mais que ce point sera validé ou non par ma future kiné.
A force d'entendre parler de cette dernière, je ne sais pas trop quoi en penser, car elle ne semble pas vraiment sympathique. Enfin c'est l'idée que je me fais d'après les dire du médecin. Reste plus qu'à attendre de la voir en personne afin de savoir si mon idée est la bonne ou non.
Lorsqu'elle nous laisse seuls, je repose ma tête sur l'oreiller, l'esprit qui fume à force de réfléchir à tout ce qui m'arrive actuellement. L'heure avancée et le temps passé à mes côtés oblige mes deux collègues et amis à devoir repartir effectuer leur fin de garde. Ce que je comprends parfaitement et ne leur en tient pas rigueur. Nathalia et Kol me précisent qu'ils vont informer tout le monde, en priorité mon frère de mon état.
Une fois que je me retrouver seul, je peux enfin relâcher la pression et les nerfs prennent vite le relais. Je peux aussitôt sentir mes mains trembler, alors je tente de me calmer mais l'idée que ma vie peut changer radicalement suite cet accident ne m'aide pas en cet instant.
Il me faut plusieurs minutes pour parvenir à m'apaiser, grâce à ma princesse. Mon esprit repasse des moments rien qu'à nous deux, à rire et jouer ensemble. A faire des farces à ma famille ou nos amis, qui ne sont jamais sans reste pour se venger.
La fatigue se fait rapidement ressentir, alors je ferme mes yeux pour me reposer un peu et c'est sans surprise que le sommeil ne perd pas de temps pour me happer.
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