Le retour à la caserne après l'intervention s'est effectué dans le plus grand des silences. Chaque membre de l'équipe perdu dans ses pensées. Tous inquiet concernant l'état de Julian, notre chef et ami. Mais surtout mon frère. Aucun de nous ne l'avait encore vue dans cette situation. Jusqu'à ce jour, il était celui qui sauvait les autres et ce, au risque de sa vie. Chose qu'il vient d'expérimenter et de démontrer en réel à tous. Il est habituellement celui qui nous tient tous debout, qui fait en sorte que rien ne nous arrive. Tant notre sécurité lui est bien plus importante que la sienne.

Comme lors de chaque intervention, il ne pense plus à rien sauf aux victimes potentielles. Fait qui lui vaut d'être autant apprécié des habitants de Rovaniemi et il le leur rend bien, on ne peut le nier. Que ce soit lors d'interventions, ou lors de son temps libre. Julian aime rendre service et aider les autres. Nombreuses sont les fois où l'on a le droit à des viennoiseries gratuites pour le petit-déjeuner, ainsi que d'autres petites attentions de leur part. Aucun membre de l'équipe ne se plaint de cela d'ailleurs, bien au contraire.

Une fois arrivés et le compte rendu de l'intervention effectué, je m'empresse d'appeler Kol en début d'après-midi, afin d'avoir des nouvelles. Ce dernier m'avertit que pour le moment ils n'en savent pas plus. Ils doivent attendre que le médecin revienne avec les résultats. Fait qui depuis le nombre d'heures qu'ils y sont me vaut de ne pas être des plus rassuré. On sait que ce n'est jamais bon signe lorsque les professionnels de la santé prennent autant de précaution ou de temps pour poser un diagnostic.

Je décide pour le moment de rester le plus possible positif mais, je peux percevoir au travers du téléphone le timbre de voix peu confiant de mon collègue. Autant dire qu'actuellement mes nerfs sont mis à rude épreuves et que je crains la suite. Je lui demande de me tenir averti dès que le doc revient vers eux avant de raccrocher. Je me laisse ensuite tomber dans l'un des fauteuils de la salle de réunion, las de tout ce qui se déroule là. Mon visage dans mes mains, afin de parvenir à me canaliser en cet instant. Ce qui n'est vraiment pas chose facile.

Encore moins quand je ne sais pas ce qu'il en est, que je me retrouve à devoir diriger notre unité en l'absence de Julian. Mais, surtout qu'à la fin de mon service, je vais devoir aller annoncer à notre sœur et pire, à ma nièce que son père ne rentrera pas ce soir. Ouais, non, actuellement, je ne suis pas pressé d'être à ce moment-là. Je reste donc encore une bonne partie de l'après-midi à faire de la paperasse, afin de distraire le plus possible mon esprit.

Toujours aucune nouvelle ne m'a été donné et mon angoisse prend de plus en plus de place en moi, m'imaginant bons nombres de scénarios. Autant dire qu'aucun d'eux ne se termine bien. Ce n'est qu'en fin de journée que les voix de Kol et Nathalia se font entendre. Il ne m'en faut pas plus pour sauter de mon siège et partir à leur rencontre. Ses deux-là, lorsque j'arrive non loin d'eux semble chercher quelqu'un du regard et dès qu'ils m'aperçoivent s'empresse de me rejoindre.

Toute l'équipe les suis, même la seconde qui vient d'arriver pour nous relever et qui sont venu dès qu'ils ont entendu les nouvelles. On a beau être deux équipes bien distinctes, il n'en reste pas moins que l'on se connaît tous depuis de nombreuses années. Même nos familles respectives et cela nous vaut donc de s'inquiéter et d'être présent les uns pour les autres.

Une fois tous en salle de briefing, c'est Nathalia qui s'empresse de prendre la parole.

— Tout d'abord son état de santé n'est pas critique... Ses jours ne sont pas en danger...

De nombreux soupirs de soulagement s'échappent dans la pièce et prouvent à quel point chaque membre de la brigade s'inquiètent pour Julian. Ce qui ne m'étonne pas. Je jette un rapide coup d'œil sur chacun d'entre eux et la fatigue pour m'on équipe, ainsi que la peur sur tous me sautent tout de suite aux yeux. Mon attention revient rapidement sur Nat quand elle reprend rapidement la parole.

— Toutefois, son état reste quand même des plus inquiétant, car il a été sévèrement touché aux vertèbres. Ce qui a été confirmé par les nombreux examens que les médecins lui ont fait... Et qui lui vaut de ne plus pouvoir bouger les jambes actuellement...

— Ok, mais cela veut dire quoi concrètement, Nathalia ? la coupe Blake avec impatience.

Celui-ci n'est pas connu pour sa patience, bien au contraire et ce n'est pas pour rien que Julian l'a choisi comme second. Il est aussi son meilleur ami et actuellement c'est ainsi qu'il voit Julian, pas seulement comme son chef. A eux deux il forme un duo assez surprenant, mais qui fonctionne, alors je comprends que Blake soit des plus inquiets pour mon frère.

Non que les autres ne le soient pas, mais ce duo est né depuis plus de vingt ans maintenant, bien avant d'entrer au seins des combattants du feu. Choix de carrière qui a pourtant été des plus évidentes pour les deux hommes. Ce que l'on a, ma famille et moi, pu s'apercevoir très tôt.

Contre toute attente, ce n'est pas elle qui lui répond mais Kol qui était resté silencieux jusque-là.

— Cela veut dire qu'il ne va pas revenir de sitôt, car ce n'est pas opérable selon le doc qui le suit maintenant ! Elle recommande qu'il aille dans un centre de soin, afin d'y être suivi et faire de la Khiné avec une professionnelle !

— Oh, putain ! Je plains cette dernière, car connaissant Julian il ne va pas être un patient des plus sociables et sympa vu son état... grimace aussitôt Olivia en imaginant avec facilité la réaction de leur chef.

— Ouais, mais selon le médecin, elle va se retrouver entre les mains d'une nana des plus coriaces et qui apparemment fait des miracles ! explique ensuite Nathalia avec un léger sourire en coin à cette idée.

— Il faut au moins cela pour gérer cette tête de mule ! grogné-je alors en réponse avant de reprendre. Il est où actuellement ?

— Il le garde en observation jusque demain et il sera transféré directement dans ce centre ensuite et y séjournera afin de facilité les soins... m'avertit donc Kol de ce dernier point avec sérieux.

— Donc, il ne rentre pas du tout ? Pas même pour voir sa fille ? Oh, il doit être ravi, grimace aussitôt Blake qui m'a devancé dans ma réponse.

Toutes les personnes présentent dans cette pièce connaissent le fort lien entre Julian et Caroline, donc nul doute que cette décision n'a pas dû le ravir.

— Oh crois-moi, il a failli faire une syncope en apprenant cela ! J'ai bien cru qu'il allait pleurer... nous précise Nathalia avec peine.

— Je suppose qu'il n'a pas averti Anna ? les questionné-je, même si je connais déjà la réponse.

Dans le cas contraire, j'aurais déjà eu un appel de celle-ci pour m'engueuler en premier de ne pas l'avoir prévenu, puis pleurer quant à savoir s'il va s'en sortir. Notre sœur est des plus protectrices et encore plus depuis que nos parents ne sont plus là. Ce, même si elle est la cadette de nous trois, mais je ne peux lui en vouloir puisque Julian et moi-même somme ainsi aussi envers les deux femmes de la famille.

C'est un des traits de notre fratrie et une promesse que l'on s'est fait à la mort de papa et maman ; toujours être là pour les autres.

— Non, il n'avait pas son téléphone avec lui et surtout, il ne voulait pas le leur annoncer par téléphone et risquer que ta sœur pète un plomb, m'avertit aussitôt Nat.

— Ouais, pour le coup ce n'est pas faux la connaissant... Je vais m'en charger en rentrant... leur dis-je alors tout en me passant une main sur le visage, pas sûre de savoir comment m'y prendre.

— Tu veux que je vienne avec toi, mec ? me demande Blake avec sérieux.

— C'est sympa, mais ça ira et surtout, si elle nous voit débarquer tous les deux sans Julian, pour sûre qu'elle va flipper tout de suite et je voudrais éviter cela devant Caroline...

— Ok, mais si besoin tu m'appelles et je rapplique direct, Donovan ! me lance-t-il avec aplomb.

— Merci, Blake ! lui dis-je avec un hochement de tête. Bon aller, il est temps pour nous de rentrer, la relève est là et je pense que l'on en a tous besoin là... leur dis-je ensuite tout en me levant.

Tous acquiescent et partent de leur côté. Pour mon équipe aux vestiaires, afin de se changer et pour l'équipe Béta de se préparer. Lilian, leur chef, vient à ma rencontre et je m'empresse de lui faire un compte rendu de la journée, comme à notre habitude. Il me congédie rapidement, bien conscient que j'ai encore pas mal de chose à faire et qui m'attendent. Je le remercie donc et part me changer rapidement.

Ce, même si je ne suis pas vraiment pressé de rentrer retrouver ma sœur et lui annoncé la nouvelle.