Nous errons donc sans but dans cet immense désert, en priant Kroünos de faire apparaitre une source d'eau. Soudain le vent commence à souffler, le sable à tourbillonner, je me retourne vers mes amis, mais comme la forêt, ils ont disparu. Je suis seule face à l'adversité du désert, plus exactement face à la vérité du désert. Quelle vérité vais-je trouver ? Cette question tourne dans ma tête depuis l'annonce d'Atalia, elle m'effraie mais je continue quand même d'avancer droit devant, tout en baissant les yeux. Je marche pendant plusieurs heures sans que rien, ni personne ne me dérange. Le vent continue de souffler sans s'arrêter me rafraichissant un peu. Il serait vraiment agréable s'il ne me lancer pas des grains de sables dans les yeux. Sentant une étrange présence dans mon dos, j'accélère le pas en mettant les mains devant les yeux pour éviter de me prendre le sable.

- Emelyne, Emelyne. dit une voix douce et agréable

Je me tourne dans tous les sens mais je ne vois personne.

- Toi, Emelyne, la fille abandonnée, trouvée dans une forêt, tu veux sauver un monde que tu détestes. Tu me fais rire. dit la voix en pouffant

- Qui êtes-vous ? demandé-je paniquée

- Tu veux vraiment les aider, toi ! Toi, qui amènes le chaos dans ce monde ! Tu me fais rire ! S'esclaffe la voix

- Je ne vois pas de quoi vous parlez. Dis-je en essayant de me détendre

- La pauvre petite, dit une autre plus calme, elle me fait pitié d'avoir oublié.

- Qu'est-ce que j'ai encore oublié ? Dis-je énervée

- Pouvons-nous lui faire ce cadeau ma sœur ?

- Mais bien sûr, faisons-lui ce cadeau.

- Attendez, il faut qu'Arwen le choisisse. S'inquiète une autre

- Ce n'est pas grave, juste un tout petit bout de souvenir oublié, ce n'est rien du tout.

- Très bien... capitule-t-elle

Je sens comme une main sur mon épaule, je me retourne, mais il n'y a personne.

Louis est juste en face de moi, je suis dans un lit à barreaux.

- Coucou Emelyne, bien dormi ?

Louis me prend dans ses bras, il n'a pas encore sa cicatrice et m'amène jusqu'à l'étrange adolescent.

- Elle était réveillée.

- Merci beaucoup Louis. dit l'adolescent en lui emmêlant les cheveux. Maintenant va t'entrainer.

Louis lui fait un grand sourire et part dans une autre pièce pour s'entrainer.

- Maintenant je vais m'occuper de toi, ma chère Emelyne. Voilà maintenant trois ans que tu es née et je me suis fait la promesse de veiller sur toi.

Il me pose sur une table et commence à me parler :

- Je veux que tu t'entraines aujourd'hui, c'est pourquoi nous allons aller nous promener.

Il me met un manteau et dit à Louis :

- Je m'absente pendant une heure, ne fait pas de bêtise surtout.

- Oui. dit Louis en passant la tête par l'embrasure de la porte

- Emelyne, tu pourras toujours compter sur moi. dit l'adolescent en me regardant droit dans les yeux

Nous sortons de sa petite maison pour rejoindre une forêt. Sur le chemin, tout le monde nous évite et baisse les yeux. Au bout de quelques minutes, nous arrivons à l'entrée de la forêt. Je la regarde, je n'y suis jamais allée mais elle me semble pourtant familière.

- C'est ici qu'Isil t'a trouvée, dans ce bois. dit-il, tu viens.

Nous marchons dans la sombre forêt, elle ne semble pas rassurante mais je monte quand même sur tous les troncs d'arbre de la forêt, je monte même en haut d'un grand chêne. L'adolescent me regarde en souriant, et me dit :

- Il faut que tu descendes maintenant.

- J'arrive ! hurlé-je

Je saute du haut du chêne, l'adolescent me regarde paniqué, puis en plein milieu de ma chute, je me transforme en dragon. Je fais quelques pirouettes avant d'atterrir près de l'adolescent et me retransforme tout de suite en humaine.

- Tu as quel âge ? lui demandé-je

- J'ai 16 ans et toi tu en as 3. Viens nous devons allez nous entrainer.

Nous nous dirigeons vers le centre du bois, ici il y a un lac avec une cascade. Les oiseaux chantent et je me mets en position pour m'entrainer quand une étrange présence envahit la forêt. L'adolescent se précipite vers moi comme pour me protéger. Près d'un tilleul, nous voyons apparaitre une petite silhouette. La peur m'envahit et sans le vouloir, je lance une attaque en direction de la personne qui s'effondre presque aussitôt. Je titube mais l'adolescent me rattrape à temps. Il me porte sur ses épaules puis se dirige vers l'enfant. Nous découvrons avec horreur l'identité de la personne. C'est Louis ! J'ai attaqué Louis ! L'adolescent me pose sur le sol, regarde Louis, se tourne vers moi et me dit :

- Tu l'as salement amoché, mais rien d'irréparable, je peux le soigner, il va seulement garder une cicatrice. Néanmoins, il va falloir que tu apprennes à te contrôler.

Après m'avoir expliqué la situation, il s'assoit, pose la tête de Louis sur ses genoux. En le voyant, je me couvre immédiatement la bouche pour retenir mon cri de surprise. Il est couvert de bleu, d'égratignures. Son œil gauche saigne énormément. Alors qu'il le soigne, je sens la peur, la tristesse et la honte montées en moi, et mes yeux, comme à chaque fois, deviennent bleu vif.

- Non, non, Emelyne, s'il te plait, pas maintenant, il faut que je m'occupe de Louis.supplie l'adolescent paniqué

Cependant, je ne l'écoute pas, je ne l'entends même pas, je vois simplement ses lèvres bouger. Dans mon esprit apparait alors une minuscule créature de fumée, elle semble terrorisée. Je m'en approche et elle recule. Cependant, plus j'insiste, plus elle prend du plaisir et, à un moment, j'arrive à la toucher. Elle monte sur ma main, et, alors qu'elle s'apprête à poser son front sur le mien, l'adolescent me ramène à la réalité. Je regarde autour, désorientée. Louis est assis contre un arbre, il n'a plus que quelques égratignures. Tout est comme avant, excepté son œil gauche, juste en dessous il y a une cicatrice en forme de larme.

- Que s'est-il passé Emelyne ? Comment vas-tu ?

- Je, je n'en ai aucune idée. Bégayé-je

- Tu étais entourée d'un voile noir.

- Il va bien ? demandé-je en lançant un regard compatissant à Louis

- Oui, ne t'inquiètes pas. Cependant, je ne veux plus que ce genre d'incident arrive, surtout au centre.

Il me prend le poignet droit et regarde le bracelet qu'il m'a offert. Il sort ensuite un petit couteau et un bol. Il me regarde et me chuchote :

- Je suis profondément désolé pour ce qu'il va arriver.

Je le regarde bizarrement ne comprenant pas pourquoi il s'excuse, puis quelques secondes plus tard, il me coupe la main au même endroit que la première fois. Je hurle de douleur, des petits éclairs bleus sortent de ma coupure. Après avoir laissé couler quelques gouttes de sang dans le bol, il se coupe lui aussi la main et laisse couler son sang. Comme la première fois, il sort une perle, la recouvre de notre sang puis l'enfile autour de mon bracelet, il me sert dans ses bras et s'excuse de nouveau. Il se tourne vers Louis qui se réveille doucement et lui demande gentiment :

- Comment te sens-tu ?

- Bien, j'ai mal à la tête et à l'œil gauche, toutefois tout va bien je crois.

En entendant cette nouvelle, je détourne le regard et baisse la tête. L'adolescent me jette un rapide coup d'œil compatissant avant de questionner Louis :

- Pourquoi es-tu sorti de la maison ?

- Je m'entrainais tranquillement, quand un groupe de personnes que je ne connais pas sont arrivés. Je me suis caché sous l'une des tables et je me suis fait le plus discret possible. Ils sont entrés dans votre atelier, et ont fait plein de bruit, comme s'ils cherchaient quelque chose. A un moment, alors que je pensais qu'ils étaient partis, je me suis cogné la tête contre la table. Ils m'ont entendu et vu. Quand ils se sont approchés de moi, je suis parti en courant pour vous rejoindre.

- Tu as bien fait, le plus important est que tu ne sois pas blessé.

Nous rentrons chez lui, je suis sur dos, épuisée par cette expérience.

Quelques instants plus tard, je me retrouve de nouveau dans le désert, ma main me fait un mal de griffon. Je m'assois sur le sable.

- Elle se souvient enfin ma sœur, mais pourquoi semble-t-elle perturbée ? Nous lui avons fait un cadeau, elle devrait sauter de joie.

- Cela fait longtemps qu'elle vit dans une illusion, laisse-lui un peu de temps pour qu'elle s'habitue. En revanche je ne suis pas sûre qu'elle se souvienne de tous les éléments que Arwen voulait lui monter. dit une autre voix moins calme

- Ah bon ? Quel dommage, elle a déjà beaucoup souffert. soupire la première, Mais je pense que cela suffit non, on pourrait faire une exception Arwen, s'il te plait ?

- Pas du tout ! s'exclame la deuxième, Tu crois vraiment que cela suffit ? Arwen ne voudra jamais.

- Je suis d'accord avec toi, je ne veux pas. dit sèchement Arwen, Pourquoi a-t-elle déjà vue une partie de ses souvenirs sans mon accord ? Surtout celui-ci ? demande-t-elle énervée.

- Je leur avais pourtant dis d'attendre mais elles n'ont rien voulu entendre.

- Je m'en moque, vous êtes toutes responsables !

- Nous sommes sincèrement désolées.

- Si vous trouvez un autre souvenir, je vais peut-être vous pardonner. annonce Arwen

- On pourrait l'envoyer dans le souvenir pendant lequel elle l'a rencontré ? propose la voix calme et douce

- NON !! s'écrit Arwen, sauf si tu veux que notre désert disparaisse. On ne peut l'envoyer que dans un de ses souvenirs, ce qui est bien dommage. Pense-t-elle à voix haute

- Dans le souvenir dans lequel elle a eu cette cinquième perle. Propose une voix inconnue

- Oui, bien sûr. Dans le souvenir dans lequel vous l'avez envoyée, il y avait Louis, où est-il ? demande Arwen

- C'est votre sœur, Erwen qui s'en occupe. dit la deuxième voix

- Quel dommage. Soupire Arwen

Je sens comme la dernière fois une main se poser sur mon épaule.

Je me retrouve dans une chambre, je me tiens devant la porte, Louis est juste devant moi et m'empêche de passer.

- Comment ça tu veux partir te promener ? demande-t-il

- Je veux juste faire une promenade dans le jardin. répondis-je

- Tu n'as pas le droit et puis tu as vu l'heure ? Il est presque minuit !!

- Et alors ?

- Il est bientôt minuit ! On est censé dormir depuis longtemps. Demain, on va dans le palais d'été des elfes, alors, par pitié ne fais pas de bêtises.

- Très bien, je vais me coucher. Capitulé-je

- Promis ?

- C'est bon, je ne vais pas bouger, promis.

Louis me sourit avant de partir dans sa chambre. J'attends quelques secondes avant d'attraper ma cape, d'ouvrir ma fenêtre et sauter. Ma chambre est au rez-de-chaussée, je ne risque rien. Dès que mes pieds touchent le sol, je cours le plus loin possible. Je ne m'arrête que devant la petite fontaine. Je m'assois sur les rebords et plonge ma main dans l'eau. Elle est froide mais son contact me redonne de l'énergie. Je lève la tête vers le ciel et laisse les rayons de lune me caresser la peau. Brusquement le ciel s'assombrit, une étrange présence vient d'apparaitre. Je veux bouger mais je reste paralysée de peur. Soudain je ne me contrôle plus, la peur m'envahit, une image apparait dans mon esprit, c'est une créature qui ressemble beaucoup à un tigre des rêves, mais son pelage est rouge au lieu d'être bleu glace. Je l'imagine beaucoup plus précisément, son pouvoir, sa taille, sa masse la texture de ses poils. Tout, j'imagine tout dans les moindres de détails. Quelques secondes plus tard, la créature que j'imagine se matérialise devant moi. Le feu commence alors à se répandre un peu partout sur la pelouse. L'alarme incendie se déclenche immédiatement. Malgré le feu qui m'entoure, me piège, je ne suis pas terrorisée par celui-ci. Non, cette présence est bien plus effrayante. Je m'assois sur le sol, me mets en boule et me bouche les oreilles. Mais rien à faire, j'entends encore la sirène, je ressens encore cette aura. C'est alors qu'une personne me sert dans ses bras. Il me chuchote des mots et me demande de lui pardonner. Je sens alors qu'on me coupe la main. Je hurle de douleur, quelques secondes plus tard, l'inconnu enfile une perle à mon bracelet. Il m'enfile aussi un collier, je sens que mon esprit est comme emprisonné, il y a comme une barrière. Il prononce alors d'autres mots. Ma tête commence alors à tourner puis, plus rien.

Je me réveille dans le désert, seule.

- Tu crois que c'est bon ma sœur ? Regarde dans quel état elle est ? Je pense qu'elle connait assez la vérité pour rejoindre la montagne des erreurs et le bois des cauchemars. dit la voix douce et calme

- Je ne sais pas, qu'en pensez-vous Arwen ? demande une autre voix

- Je ne sais vraiment pas.

- Je suppose que je n'ai pas mon mot à dire. dis-je

- Elle porte un autre regard maintenant. Dit la voix calme en m'ignorant totalement

- Peut-être, mais je ne sais pas, il manque quelque chose. Murmure Arwen

- Je ne pense pas. Non, vraiment, je suis sure qu'il ne manque rien. répondis-je à la place des autres voix

- Ces amis doivent l'attendre. Propose une voix, toujours en m'ignorant

- Je n'en serais pas si sûre si j'étais toi. Les autres ont de profondes blessures, peut-être pas aussi profondes mais quand même ...annonce Arwen

Je sens que quelqu'un se rapproche de moi.

- Je reviendrai sûrement te voir dans la montagne des erreurs, juste pour bien te rappeler. Je te laisse, fille du chaos. Me chuchote Arwen près de mon oreille