Chapitre 18

Alors que le grand chef entre, Alexandre et moi restons quelques instants étonnés, cependant, cet abasourdissement face à la porte n'est rien par rapport à l'intérieur. C'est une vieille pièce circulaire, au centre, il y a une fontaine. Les murs sont tapissés de livres et de gravures qui racontent la sombre histoire de cette tribu. Elle est plongée dans l'obscurité, et, la seule lueur qui me permet d'admirer cette pièce, vient d'une bougie.

- C'est ici que nous nous séparons. Cependant, avant que tu rejoignes tes amis, j'ai un petit cadeau à t'offrir et une demande à te faire.

- Je vous écoute. dis-je

- Ne révèle à personne notre existence, pas même à tes amis.

- Sans problème, je vous comprends.

Il se rapproche de l'une des bibliothèques, prend une boite, puis revient vers nous. Il sort de la boite une chaine sur laquelle il y a un anneau.

- Met l'anneau en face de ton œil.

Je m'exécute sans rien dire. Quand je regarde à travers, je ne vois pas le monde de la même façon. Je ne vois plus le visage d'Alexandre mais ses peurs, ses doutes, son corps est gris clair, très clair, je peux apercevoir quand même un peu de noir.

- Ce collier te permettra de lire des cœurs, je veux dire les informations superficielles, il est fait dans une matière très spéciale. Garde-le toujours sur toi.

- Merci, comment puis-je vous remercier ?

- Tu n'as pas besoin, ça me fait plaisir. Tu seras toujours la bienvenue, si un jour tu as besoin de notre aide, laisse-toi guidée par la lune et les étoiles.

- Merci, merci infiniment.

- Je crois qu'il est temps de partir. dit le grand chef.

- Au revoir.

- Pense à la personne ou à l'endroit que tu veux rejoindre puis bois une gorgée d'eau de la fontaine. Au revoir Emelyne. me dit le grand chef

- Au revoir et encore merci. dis-je

Je pense très fort à Lune, Louis et Atalia. Je prends un peu d'eau dans mes mains et la bois d'un seul coup. Je me retrouve quelques secondes plus tard, près de mes amis. Ils sont d'abord surpris de me voir, ils me regardent bizarrement puis Lune saute sur moi et me sert dans ses bras. Je sens qu'elle est en train de pleurer. Quelques instants plus tard, nous sommes tous en train de nous serrer dans nos bras. Louis s'éloigne le premier et dit :

- Par Kroünos, où étais-tu ? Qui t'a offert ce collier ? Comment as-tu fait pour nous trouver ? Pour arriver jusqu'ici ?

- Tu nous as fait tellement peur idiote ! dit Lune en essuyant ses larmes

- Vous aussi vous m'avez manqué. Mais, je n'ai pas l'intention de partir, vous allez devoir me supporter pendant encore un long moment.

- Oh non ! ironise Lune

- Où étais-tu ? insiste Louis

Je me tourne vers Louis, le regarde dans les yeux et lui explique :

- Louis, je suis sincèrement désolée, mais je suis dans l'incapacité de te répondre. J'ai promis.

- Ne t'inquiète pas, les promesses, je connais.

- Merci d'être aussi compréhensif.

Atalia, qui est restée un peu à l'écart jusqu'à maintenant, s'interpose et annonce :

- Je suis vraiment heureuse de te revoir et savoir que tu vas bien, mais nous avons une mission à accomplir. Alors, en route.

- On arrive Atalia, on arrive. répond Lune en levant les yeux au ciel

- Sais-tu au moins où nous sommes ? Dans quelle direction devons-nous aller ? demande Louis, insistant sachant pertinemment qu'elle ne le sait pas.

Ils se sont ligués contre elle ma foi, pourquoi ? Peu importe, pour le moment, il faut que j'aye à sa rescousse.

- Nous sommes dans la forêt des anigis hippogriffes. Pour arriver à notre destination, il faut traverser le désert du passé, la montagne des fautes puis le bois des cauchemars.

Atalia me lance un regard de gratitude et pars en direction du sud. Louis prend les devants, il nous guide dans cette immense forêt. Nous marchons longtemps, très longtemps sans nous arrêter pour manger, boire ou même nous reposer. Je vois défiler les arbres et les paysages qui ressemblent tous. Malgré la beauté de ces paysages, la fatigue commence à gagner tout mon corps et j'ai beaucoup de mal à rester avec mes amis. Me voyant ralentir Lune dit à Louis :

- Louis, on doit faire une pause, Emelyne, Atalia, moi, nous sommes exténuées, nous devons faire une pause.

Louis nous regarde, acquiesce et part vérifier la zone. Je pousse un soupir de soulagement quand je peux enfin m'assoir. Mon siège est un rocher pointu particulièrement désagréable, mais, j'ai tellement besoin de reposer mes pieds, que je n'y prête pas attention. Au bout de quelques minutes, je commence à piquer du nez. Alors, mon siège se transformer en oreiller. Je m'allonge sur un tapis de feuille et m'endors presque aussitôt.

Je suis de nouveau cachée en dessous de la fenêtre, tout le monde est parti, il ne reste plus qu'une femme, celle qui parlait énormément, l'adolescent et le bébé qui dort. Ils sont assis sur des chaises et prennent le thé.

- Comment va Louis ? demande l'adolescent.

- Il va très bien, il grandit très vite. Il est puissant même s'il reste encore bloqué dans ses illusions de temps en temps. dit la jeune femme qui s'est approchée de l'enfant.

- Il a 2 ans maintenant.

- Oui, il a fêté son anniversaire la semaine dernière. D'ailleurs, il t'a apporté une invitation, pourquoi n'es-tu pas venu ? Il t'a attendu durant toute la fête.

- Je lui ai pourtant dit que je lui offrirai son cadeau la prochaine fois que l'on se verrait.

- Quand même, tu aurais pu venir.

- Je n'aime pas la foule, et tu sais très bien qu'ils me détestent.

- Inutile de te justifier, surtout devant moi.

- Pourquoi es-tu si gentille Isil ?

- Je suis toujours gentille. Se vexe la prénommée Isil

- Oui bien sûr. Alors, que me caches-tu Isil ?

Isil semble hésiter quelques instants avant de l'interroger :

- Comment as-tu su ?

- Tu ne viens jamais me voir, pour le plaisir. Personne ne vient me voir pour le plaisir.

- C'est faux !

- Tu as raison, il n'y a que Louis. Alors ?

- C'est le tatouage ...

- Ne me mens pas, le tatouage ni est pour rien. Tu me caches quelque chose sur ce bébé, je vois bien que tu essayes de retenir et de cacher son énergie magique. dit-il en regardant la jeune fille endormie

- ...

- Je vois, tu peux arrêter, tu ne vas jamais tenir jusqu'au bout.

- Mais...

- Il n'y a pas de mais, je vais prendre la relève.

Isil acquiesce et se détend d'un seul coup. Elle ferme les yeux, prend de grandes inspirations et sirote son thé.

- Elle va grandir dans la cité sacrée ?

- Bien sûr, je ne comprends pas pourquoi elle grandirait ailleurs.

- Je ne sais pas, dans la cité des intemporels, là-bas elle pourra s'épanouir. il semble réfléchir quelques instants avant de rajouter. Sinon, elle reste avec moi.

- Tu rêves ...Tu es beaucoup trop jeune.

- Oui mais plus puissant et mature que vous autres ! Elle pourra s'épanouir, c'est mieux que l'un de vos centres pour les personnes avec des capacités hors normes, ici elle sera libre, Louis pourrait aussi venir. Elle progresserait mieux et ...

- C'est à cause du tatouage ? Tu n'aimes personne, alors pourquoi veux-tu la garder ?

- Qui sont ses parents ?

- Je t'ai posé une question !

- Oui et moi je te demande qui sont ses parents ?

- Je ne sais pas, c'est une anigis dragon, je l'ai trouvée dans la forêt, je pense qu'elle venait juste d'éclore mais elle produisait déjà beaucoup de magie.

Il regarde plus précisément les yeux de l'enfant qui commence à s'endormir et dit des trémolos dans la voix :

- Par Kroünos, pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Quel est ton plan Tinùviel ?

- Qu'as-tu dit ?

Je me réveille en sursaut. Je regarde autour, Louis me regarde fixement, et me dit :

- Tu es réveillée ?

- Oui pourquoi ?

- Je trouve que tu as changé.

- Du bon ou du mauvais côté ? demandé-je inquiète

- Du bon, je pense que tu retrouves la mémoire, cela doit t'apaiser. dit-il en retournant à ses occupations

Quand Louis est parti, je me rapproche d'Atalia, la réveille doucement et lui demande :

- Atalia, qui est Tinùviel ?

Elle me regarde surprise et dit :

- C'est une très vieille légende, mais pour ma part, ce n'est qu'une histoire qui ne peut pas avoir eu lieu.

- Peux-tu me la raconter ?

- Non désolée, c'est mon grand-père qui me l'a racontée pour m'endormir. Pourquoi ?

- Comme ça...

Louis se rapproche de nous et annonce :

- Comme tout le monde est réveillé, je pense que nous pouvons reprendre notre route.

Je regarde en direction de Lune. Elle se rapproche de nous en se frottant les yeux comme si elle venait de se réveiller. Quand elle est juste en face de nous, elle donne une tape à l'arrière de la tête de Louis.

- Monsieur Louis Daïmonus, ce n'est pas comme ça qu'on réveille une gente demoiselle ! On les réveille doucement, gentiment, on les supplie. Mais en aucun cas on leurs donne des coups de pieds dans le dos en leur criant « Allez, debout machin » ou « Tu te réveilles la marmotte qui bave et ronfle comme un grendel » !!! s'exclame-t-elle

En entendant son discours, Atalia et moi, explosons de rire. Louis est rouge de honte, alors nous l'enfonçons un peu plus.

- C'est vrai Louis, il faut nous cajoler, nous servir.

- Chantonner, et, si nous avons pitié de toi, on ouvrira peut être un œil voire deux si tu es chanceux.

- Euh, non là il ne faut pas trop exagérer ! s'exclame Louis

Plus nous discutons, plus Louis devient rouge et plus nous rigolons. C'est en rigolant que nous reprenons la route, bien sûr Louis porte tous les sacs.

Petit à petit les arbres de la jungle elfique se font de plus en plus rares laissant place aux cactus. La forêt disparait derrière nous, nous sommes maintenant devant un immense désert. J'enlève mes chaussures pour marcher dans le sable brulant, mais me ravise aussitôt. Quand je me retourne pour admirer l'incroyable différence de paysage, la forêt et le désert, je pousse un petit cri de surprise. La forêt a complètement disparu ! Il n'en reste aucune trace. Les autres, entendant mon cri se retourne à leur tour. Ils ont exactement la même réaction que moi. Nous sommes désormais seuls au beau milieu du désert et sans aucune bouteille d'eau.

- Nous sommes arrivés, voici le désert du passé. Annonce fièrement Louis

- Cool, on aurait peut être dû penser à prendre de l'eau.

- Mais non, on a Emelyne avec nous. Bon, on doit aller dans quelle direction, parce qu'il n'y a aucun panneau dans ce désert. Réplique Lune

- Ce n'est pas nous qui choisirons, c'est le désert. Quand il estimera que nous connaitrons assez la vérité sur nous et notre passé, il nous guidera. Explique Atalia

- Mais bien sûr... soupire Lune en levant les bras au ciel.

- Quel genre de vérité ? demandé-je

- Je ne sais pas, cela dépend de chacun.

- Parfait, allons-y alors. dit Atalia.

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