Chapitre 11

Je me réveille dans une immense chambre, et dans le lit le plus confortable que je n'ai jamais testé. Je devrais être aux anges, me sentir bien, pourtant, pourtant je n'y arrive pas. Non, je ne saurais décrire cette sensation à l'intérieur de ma tête, mais, elle me dérange. J'ai l'impression que ma magie se réveille, s'étire, prend de la place. Comme si elle était enfermée dans une boite sans que j'en sois consciente. Cette étrange sensation passée, je me rends à l'évidence, où suis-je ? Je me lève et sors de la pièce. Je débouche dans un immense couloir sombre, au bout, une porte avec de la lumière. Suis-je morte ? Est-ce la porte vers le paradis ? Curieuse, je pousse cette porte en bois massif. Non, ce n'est pas le paradis, à moins que ce soit un lieu rempli de monde habité par l'un de mes professeurs, Edwin. Quand il me voit, il se lève de son fauteuil en cuir et vient me rejoindre pour me conduire dans un canapé. Sur mon passage, les gens s'écartent, chuchotent et me dévisagent. Maintenant que nous sommes installés, je demande à mon professeur :

- Que se passe-t-il ? Où suis-je ?

- Emelyne, c'est un honeur pour nous de te rencontrer en personne. Je me présente, je suis Edwin...

- Oui je sais qui vous êtes, mais, que me voulez-vous ? Où suis-je ? comment avez-vous fait pour enlever mon collier ? Où est-il ?

- Je sais que tu es effrayée, mais, tu dois nous faire confiance, je ne te ferais jamais de mal. Me dit-il avec sa voix rock

Cette voix, je la connais et la reconnais immédiatement. C'est celle qui m'a ouvert le dos. Je m'éloigne le plus possible de lui, essaye de me relever mais, une personne pose ses mains sur mes épaules, m'obligeant à rester assise. Je me retourne pour voir à qui elles appartiennent, c'est M. Auguste. Encore un autre ? Est-ce une réunion de professeurs ? Ils ont su pour ma balade nocturne ? Comment ? Mattéo a-t-il tous dit ?

- Comme je le disais, je ne te veux aucun mal.

- Alors, que me voulez-vous ?

- D'étudier.

Alors là, je ne m'y attendais pas. Alors qu'il s'apprête à continuer ses explications, un inconnu a le culot de l'interrompre en lui chuchotant quelques mots à l'oreille. Un voile apparait dans son regard. Il semble plongé dans une profonde réflexion, puis, donne des instructions à l'individu qui nous a interrompus. M. Auguste enlève ses mains de mes épaules, rejoint Edwin tout en ne me lâchant pas du regard, message reçu, inutile d'essayer de m'enfuir. Ils discutent, négocient, puis, au bout d'un moment, Edwin dit à M. Auguste :

- Raccompagne Emelyne dans sa chambre et veille sur elle.

- Ne t'inquiètes pas, je m'en occupe.

- Je te fais confiance.

Je me lève à contre cœur, et rejoins ma chambre suivis par mon cerbère. Dans la chambre, je plonge dans mon lit en tournant le dos à mon professeur.

- Emelyne, nous sommes désolés, sincèrement désolés. Tu dois comprendre que nous voulons simplement comprendre comment est-ce possible ?

- Mais de quoi ? répondis-je finalement

- Ce soir-là, c'est moi qui t'ai sauvé la vie. En face de toi, il y avait cette créature, ce monstre, notre ennemi. Tu aurais dû mourir, elle aurait dû te tuer, mais elle n'a rien fait. Nous voulons comprendre pourquoi et sauver ainsi énormément de vie.

- Alors c'est vous qui m'avez ramenée dans ma chambre ? Qui avez tué cette pauvre créature ?

- Je ne suis pas sûr que le terme pauvre soit approprié et...

- Répondez à la question !

- Oui c'est moi.

Je ne sais pas quoi répondre. La colère monte en moi. Oui il m'a peut-être sauvé, mais, elle ne méritait pas ça. Il n'a aucune preuve de ce qu'il avance. Et puis, en quoi le fait que j'ai survécu peut aider les autres ? Pourquoi l'appelle-t-il notre ennemi ? Serait-ce une créature de l'ombre ? Je suis interrompue par une alarme qui retentit dans tout le bâtiment. J'interroge M. Auguste du regard, il ne semble pas du tout paniqué, mais, il se tient quand même près, au cas où. Dehors, dans le couloir doit surement avoir un lieu un combat. J'entends en effet des gens courir mais surtout se battre et je sens leur magie s'entremêler. Au milieu d'elle, il y en a une qui ne m'est pas inconnue, au contraire, elle m'est familière, comme les dessins de la cité sacrée. La porte de la chambre s'ouvre doucement, et une jeune elfe passe sa tête dans l'entrebâillement de celle-ci. C'est Lune ! Quand elle m'a reconnue, elle l'ouvre complètement et rentre. Elle est quelques secondes déconcertée en voyant M. Auguste. Durant quelques secondes, notre professeur se prépare à l'attaquer. J'essaye, quant à moi de rejoindre Lune pour l'aider, la protéger de l'attaque imminente du professeur. Il a bien dit que j'étais importante, ce serait vraiment dommage qu'il me blesse, que dirait Edwin ? C'est avec cette idée que je rejoins Lune. Pourtant, malgré ma discrétion, il s'en rend compte, se tourne vers moi et tend sa main en murmurant un sort. Une créature se matérialise devant moi. C'est un grendel ! Un animal qui a la capacité de plonger son adversaire dans sa plus grande peur, son cauchemar ou dans son passé. Quand il est suffisamment près de moi, il me crache dessus. Alors que j'essuie sa bave mauve, la pièce disparait et je me retrouve seule, dans une pièce sombre.

- Alors comme ça, c'est toi la fille sans souvenir ?

J'ouvre les yeux pour voir qui est ce qui me parle, mais rien, je suis dans la pénombre, la lueur d'une petite bougie m'éclaire.

- Ne rien savoir de son passé, être abandonnée...

- De toute façon, elle doit l'avoir méritée. Dit une voix que je reconnais, c'est Enoha

- Je suis sure qu'elle s'est enfuie de la montagne des erreurs.

Je me bouche les oreilles pour ne plus les entendre, mais rien à faire, leurs voix résonnes.

- Elle est sans passé, ne sert à rien, je la déteste d'avance.

- C'est un monstre, de toute façon, même si c'est une anigis dragon, je ne vois pas comment je pourrais l'accepter.

- Et puis, qui peuvent être ses parents ?

- Vous avez vu sa transformation ?

- Ouais, une horreur, même mon petit frère et plus joli !

- Et les petites taches blanches dans son dos, vous les avez vues ?

- Oui, elle n'est même pas capable d'avoir des écailles unies ! pouffe Enoha

En entendant ces voix, je sombre petit à petit dans la mélancolie, après tout, elles ont raisons. Une étrange fumée apparait devant moi, une créature sombre se matérialise.

- Emelyne, Emelyne s'il te plait, reviens, on a besoin de toi. Me supplie une voix au loin

Quand j'ouvre les yeux, l'adolescent de mon rêve en train de me secouer. Au début, je suis déboussolée parce qu'il s'est passé, aveuglée par l'importante différence que mes yeux viennent de subir. Lorsque j'ai repris complètement mes esprits, je vois M. Auguste au sol, en train de dormir, Lune est à côté de lui, le grendel a disparu.

- Emelyne, je ne sais pas ce que tu viens de vivre, je me doute que c'était surement horrible, mais nous devons absolument y aller, Lune ne va pas tenir plus longtemps.

Malgré mon déboussolement, je comprends la situation. Je me laisse donc guider par cet inconnu. Dans les couloirs, tout le monde semble endormi ou, je ne saurai le décrire, comme bloqué dans un rêve, une illusion. Nous arrivons dans une cour, l'inconnu se transforme en un magnifique griffon. Lune monte instinctivement sur son dos, et m'encourage à en faire de même. J'hésite, est-il capable de nous porter toutes les deux ?

- Emelyne, vient, tu ne peux pas te transformer et encore moi voler dans ton état.

Il a raison, ils sont venus me sauver, je ne vais donc pas tenter ce soir une mission suicide. Je rejoins Lune sur le dos du griffon. Ses plumes sont si douces ! Cependant, je n'arrive pas à me sortir de la tête ces voix, ces paroles qui tournent en boucle dans ma tête. C'est Lune qui me tire de cette boucle infernale.

- C'est fini Emelyne, elle n'est plus là.

- ...

- Je suis là, le grendel a disparu.

- ...

- Il faut que tu en parles, ne garde pas tout pour toi.

- ...

- En tout cas, quand tu seras prête, je serais là.

Alors qu'elle se retourne pour admirer le paysage, moi, je reste impassible et caresse machinalement le plumage de l'adolescent. Il fait nuit, d'habitude, trois magnifiques lunes devraient surplomber le ciel, nous éclairer et nous guider. Mais pas ce soir, non, ce soir elles sont cachées par de sombres nuages. Au bout d'un certain temps, alors que j'entends la mer, le griffon entame sa descente. Nous atterrissons sur une plage, Lune saute immédiatement de son dos, pour ma part, je me laisse glisser sur l'un des ailes et tombe dans le sable chaud. Lune ne laisse pas le temps à l'adolescent de reprendre son souffle que déjà, elle lui saute dessus et le harcèle de question.

- Bon, maintenant que nous avons sauvés cette demoiselle en détresse, tu vas pouvoir nous expliquer ce qu'il se passe.

- Effectivement. Tout d'abord, je m'appelle Louis, Louis Daïmonus ...

- Juste pour savoir pourquoi as-tu une cicatrice en forme de larme à côté de l'œil gauche, ce n'est pas de naissance, alors qui te l'a faite ? l'interrompt Lune

Je jette un regard noir à Lune, pourquoi est-ce qu'elle le coupe ? Elle le connait peut-être mais pas moi ! Je veux absolument savoir qui est cet inconnu. Je pensais que ce Louis aller bomber le torse, expliquer que c'est une cicatrice de combat, mais non, il baisse les yeux et dit :

- Personne, je suis tombé, ce n'est rien. Donc, comme je le disais, je suis Louis Daïmonus et je suis venu te trouver parce que j'ai besoin de ton aide.

- Pourquoi ? demandé-je

- Lors de la Grande Guerre, nous avons combattu contre es créatures de l'ombre. Ces créatures sont censées avoir été anéanties, avoir disparu de la surface d'Orryl, cependant, elles sont revenues. Je ne sais pas comment mais nous devons les anéantir.

- Nous ?

- Oui, toi Emelyne, Lune enfin, je crois et moi.

- Trois adolescents pour combattre des créatures qui ont décimé la moitié de la population. Vraiment, trois adolescents ? demande Lune, septique

- Exactement ! sourit Louis

- Comment faire et puis non, je ne peux pas vous aider, je suis nulle en magie et en combat... annoncé-je

- Je ne sais pas si tu te souviens mais il faut que tu les arrêtes, sinon, nous allons tous mourir. Est-ce que tu comprends ?

- Me souvenir de quoi ?

Il se rapproche de moi et pose sa main sur mon front.

De nouveau, je vois cette jeune fille avec un immense livre sur les genoux, elle est en train de le lire. Je vois Louis qui s'approche furtivement d'elle et lui vole son livre. Brusquement, le regard de la jeune fille s'assombrit en même temps que le ciel et Louis est poussé en arrière. Il lâche le livre, la jeune fille se précipite pour le ramasser. Des hommes et des femmes vêtus de cape noire arrivent en courant, ils amènent Louis dans une grande pièce mais j'ai le temps de voir des énormes et profondes griffures. J'entends les personnes le réprimander, mais ils ne font aucune remarque à la jeune fille.

Tout se met subitement à tourner dans ma tête, je vois des bals, des fêtes, des rois, puis...Je retourne subitement à la réalité. Il fait encore nuit et je suis allongée dans le sable. Je me redresse.

- Est-ce que tu te souviens maintenant ? me questionne Louis

- Une partie, suffisamment pour que je comprenne qui tu es, mais pas de tout, malheureusement. Pourquoi ?

- Je ne sais pas vraiment, les intemporels m'ont contacté, ils m'ont révélé que tu étais en train de retrouver tes souvenirs et que les créatures de l'ombres étaient revenues.

- Vous parlez des intemporels !!?? Comme Atalia.

- Euh oui. Répond simplement Louis

- Pourquoi est-ce que tu en parles comme si tu les connaissais depuis longtemps ? Ce sont tes amis ? Meilleurs amis ?

J'éclate de rire en entendant l'expression meilleurs amis et Louis dans la même phrase. Je ne me souviens peut-être pas de tout, mais, cet événement, lui, il est bien revenu.

Quand je n'avais que 7 ans, nous étions, Louis et moi, invités à l'anniversaire de Pierre, le fils du roi des intemporels, il fêtait ses 8 ans. Il nous avait invités, nous passions un excellent moment. Cependant, alors que nous faisions un cache-cache dans la forêt, un loup nous surpris. Enfin, Louis, Rose, la petite sœur de 2 ans et moi jouions avec les louveteaux dans une tanière alors que nous étions censés se cacher. Donc, le loup entra dans sa tanière, il semblait très en colère. Le loup se rapprocha doucement de Louis qui s'était mis devant moi, et Rose pour nous protéger. Un louveteau en profita pour mordre violemment Rose qui se mit à crier de douleur. Le louveteau, entendant les gémissements de Rose, se mit aussitôt à hurler. Quand le loup, qui s'avéra être une louve, entendit les cris de son enfant, s'approcha rapidement, et alors qu'elle s'apprête à nous mordre, Pierre rentra dans la grotte. Louis, terrorisé, bloqua le loup et Pierre. Malheureusement, nous n'arrivions pas à les sortir. Paniquée, je suis partie chercher les adultes. Ils ont réussi à les sortir au bout d'une heure, et depuis, le roi en veut à Louis puisqu'il aurait pu tuer son fils et sa fille gardera à vie la morsure.

- Ils t'ont pardonné ?

- Ah, tu te souviens de ça aussi. Dit-il embarrassé

- Oui. Alors, comment est-ce possible ?

- Je crois que la situation a énormément aidé.

- Pardonné de quoi ? de quoi est-ce que tu parles ?

- Ce ne sont pas tes oignons. Est-ce que nous pouvons nous reconcentrer sur ce qui nous préoccupe, c'est-à-dire, les créatures de l'ombre.

- Et comment pouvons-nous les arrêter ? demande Lune

- Non, non, non et non ! Je ne peux pas le faire, la dernière fois, j'ai...

Je n'ose pas terminer ma phrase, je ne préfère, j'utilise alors ma botte secrète, la fuite. Je cours jusqu'à une grotte environnante.

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