IV.
Quatre jours ont passé depuis le sauvetage de Katsuki et depuis, ils cohabitent tant bien que mal dans le studio étriqué d'Izuku. Non pas que la sirène soit difficile à vivre, mais l'espace réduit de l'appartement ne convient pas pour deux personnes. De plus, afin de "rester en vie" et de guérir sa blessure, Katsuki est obligé de s'immerger au moins une fois par jour dans la baignoire, ce qui, malheureusement, ne facilite pas l'état financier d'Izuku.
Comme prédit, le premier soir de travail après la découverte de Katsuki, son patron n'a rien laissé passer. Plus contrarié par la présence du blond chez lui que par son absence la veille, il l'a interrogé longuement sur lui, l'intimidant et le frappant quand la réponse ne lui convenait pas. Mais, fidèle à sa promesse de protéger la créature, il n'a rien dit, subissant la violence de Shinso, coups après coups. Voyant qu'il n'obtiendrait rien de lui, son patron l'avait alors renvoyé, lui ordonnant de se "préparer" à accueillir ses clients. Et il était persuadé que Shinso avait parlé avec eux, car il passa la pire nuit de sa vie, enchaînant ces hommes les uns après les autres qui s'étaient donnés un malin plaisir à le brutaliser plus qu'à l'accoutumé.
C'est pourquoi, quand il était rentré ce soir-là, Katsuki lui était tombé dessus dès son arrivée et l'avait interrogé sur son état. Mais, avec un faux sourire plaqué sur le visage, il lui avait expliqué que tout allait bien et que le bleu, figurant sur son visage, venait en fait d'un coin de porte. Il avait eu l'impression d'être l'une de ces femmes battues, complètement apeurées et sous l'emprise de leurs maris, qui prétendent à tout le monde que tout va bien à la maison, que "ce n'est rien". Sauf qu'ici, les rôles sont inversés. Il doit persuader la personne qui l'attend chez lui qu'il va bien. Or c'est faux et Katsuki n'est pas son mari. Il se sent perdu, littéralement. Pourquoi a-t-il fallu que le jour où il décide de "partir", il se retrouve avec une sirène échouée et blessée sur les bras, éclipsant entièrement son but de vue.
Cependant, depuis leur rencontre, Shinso n'a rien tenté envers Katsuki. Il n'a plus débarqué à l'appartement et ne l'harcèle pas non plus de texto. Juste au club, il est plus autoritaire, pressant et insistant, comme s'il évacuait sa frustration en acceptant tous les "clients" désireux de s'approprier Izuku pour une soirée. Izuku ne va pas s'en plaindre, la sirène est plus en sécurité comme ça. Mais il ne peut que penser que c'est étrange, cela cache forcément un truc louche. De plus, il a l'impression d'être constamment épié quand il est de sortie avec lui. Heureusement, leurs gestes l'un envers l'autre n'ont rien d'ambiguë quand ils sont dehors.
Néanmoins, il y a du positif dans tout ce négatif. Les petits moments passés avec Katsuki. En seulement quatre jours, la sirène a fait des progrès fulgurants au niveau de l'apprentissage de la langue. A présent, il sait à peu près faire des phrases complètes, même si l'enchaînement sujet/verbe reste compliqué, les conversations sont tout de même beaucoup plus simples et fluides. Ce qui permit à Izuku d'emmener Katsuki découvrir l'extérieur afin qu'il puisse trouver son compagnon.
Au fil des jours et de leurs balades, Izuku découvre petit à petit la personnalité de Katsuki et il avoue franchement qu'il est plus qu'étonné. En vérité, il est assez sanguin et s'énerve vite pour un rien. Alors que lors de leur rencontre, le blond s'était montré patient et plutôt calme, le contraste est surprenant. Katsuki lui a également appris quelques petites choses sur son fameux compagnon, Shoto. Qu'ils sont ensemble depuis un certain temps et qu'ils sont complètement opposés de caractères. Mais bon, ne dit-on pas que les opposés s'attirent ?
Plus il en apprend sur cette deuxième sirène, plus il a envie d'en savoir plus, sur lui et sur son monde. Comment est-il physiquement ? Quelle est sa personnalité ? Comment c'est là-bas ? Déjà, c'est où ce "la-bas" ? Comment vivent-ils ? Combien sont-ils exactement ? Toutes ces questions restent sans réponse, car Katsuki ne peut lui répondre. Il ne sait pas si c'est parce qu'il ne veut pas ou si simplement, c'est encore trop difficile pour lui de lui expliquer.
Il fait beau et chaud en ce cinquième jour après leur rencontre et Izuku a décidé de faire goûter une glace à Katsuki. Donnant les quelques pièces au marchand avant de récupérer les cornets, ils finissent par s'installer dans un petit coin tranquille de la digue, sous un ponton afin de déguster leurs confiseries à l'abri des regards. Intrigué, les yeux de Katsuki détaillent ce qu'il tient entre ses mains avec concentration, déclenchant un petit rire à Izuku, attendri devant cette moue trop mignonne.
- Comme ça, finit-il par dire en lui montrant comment la manger.
Imitant son geste, Katsuki dépose sa langue sur la glace pour la retirer d'un coup, les yeux écarquillés.
- Ahaha, rigole alors Izuku, oui c'est froid.
- Ça fait rire ? bougonne la sirène, vexé.
- Oui, c'était très drôle.
Le blond le fusille alors du regard avant de le détourner, le fixant sur l'océan au loin.
- Oh, fais pas la tête. D'habitude, c'est toi qui te moques de moi, chacun son tour !
Il affiche une moue contrite à laquelle le rire cristallin d'Izuku répond avant qu'ils ne reportent tous deux leurs regards sur le large, dégustant avec quiétude leurs glaces, le doux vent marin se frayant un chemin dans leurs cheveux. Izuku se sent bien là, assis à même le sable, aux côtés de Katsuki. C'est paisible et il se sent lui-même apaisé, comme si toute la misère qu'est sa vie avait disparu le temps de cet instant. Il aimerait arrêter les aiguilles du temps, stopper les grains de sable du sablier de la vie, afin de profiter pour toujours de ce moment de répit.
Mais c'est impossible, il le sait. Manipuler l'espace-temps, quel beau pouvoir que possédaient les super-héros des mangas qu'il lisait quand il était jeune. Ouais...ça serait tellement plus simple.
- Hum...sinon, tu as déjà repéré quelqu'un pour être ton compagnon ? Ou compagne ? D'ailleurs, il existe des femmes dans ton espèce ? Comment ça fonctionne ?
- Oui, ça existe, répond simplement le blond, sans lâcher l'océan des yeux. J'ai trouvé.
Izuku ouvre de grands yeux, surpris. Il a trouvé son compagnon ?
- Qu-quoi ? Tu as trouvé ? Mais quand ? Et c'est qui ?
Quand est-ce qu'il avait pu trouver cette personne ? Le soir, quand il partait travailler ? Le premier soir où il avait dû s'absenter, laisser la sirène seule dans son studio, avait été compliqué. Il avait dû expliquer qu'il devait aller travailler, c'est pas simple à faire comprendre, et que le blond devait rester dans l'appartement jusqu'à son retour quelques heures plus tard. Il avait quand même laissé la porte d'entrée ouverte, si Katsuki souhaitait sortir. Il ne pouvait pas enfermer une créature habituée à la liberté qu'offre l'océan dans une pièce ridiculement petite. Y'avait de quoi tourner fou.
Était-ce lors d'escapades nocturnes que Katsuki avait rencontré cette personne ? Sans le vouloir, son cœur se serre. S'il avait enfin trouvé, cela voulait dire qu'il allait partir, et il se retrouverait de nouveau seul. Comme avant.
Tournant la tête vers lui, le blond lui jette alors un regard indéfinissable, mais ne lui répond pas pour autant. Encore une fois, il ne veut pas lui répondre et Izuku, même s'il ne le montre pas, est déçu. Déçu de constater que, finalement, la sirène ne lui fait pas confiance en dépit du fait qu'il lui a sauvé la vie. Mais un autre sentiment vient prendre place dans son cœur face auquel il ne s'attendait pas du tout, la jalousie. Pourquoi Katsuki aurait jeté son dévolu sur un humain qu'il ne connaît pas au lieu de lui, l'humain avec qui il partage ses jours ?
C'est bizarre la jalousie, ça vous tombe dessus sans que vous vous y attendiez. Elle s'insinue sous votre peau, s'introduit dans vos veines jusqu'à oppresser votre cœur, ne lui laissant aucune échappatoire, dans l'incapacité de s'y soustraire. Une fois qu'elle y a pris place, difficile de l'en déloger.
.
Doucement, il ouvre la porte d'entrée et s'introduit chez lui, n'allumant pas la lumière afin de ne pas réveiller Katsuki. Il est 4h30 du matin et sa soirée a été un véritable enfer. Les jambes tremblantes, il parcourt le petit couloir menant à la pièce de vie et se dirige directement vers la salle de bain, avisant la forme endormie par terre, sur le matelas. La porte fermée, le plafonnier vient clignoter avant de se stabiliser, projetant sa lumière blafarde et lui agressant les yeux.
Dans le miroir, son reflet apparaît et un haut le cœur le saisit. La bile au fond de la gorge, il a toutes les peines à déglutir. Il est dans un état pitoyable. Un coquard, virant à présent au violet jaunâtre, englobe son œil droit, vestige de l'interrogatoire musclé de son patron, quelques jours plus tôt ; une marque de main rougeâtre commence à apparaître autour de son cou, la trace d'un de ses clients adepte de la strangulation ; son corps entier le fait souffrir et pour couronner le tout, il n'a pas pu prendre de douche au club, soi-disant hors-service. Heureusement, son patron est pour la sécurité - il peut au moins lui reconnaître ça - les clients sont dans l'obligation d'utiliser des préservatifs.
Cependant, il se sent quand même souillé et humilié. Il ressent encore leurs mains sur sa peau, son nez capte encore l'odeur âcre lorsqu'il se penchait entre leurs cuisses, le goût prononcé sur sa langue...
Un autre haut le cœur le prend et cette fois-ci, il se précipite vers les toilettes, la tête au-dessus de la cuvette, régurgitant son repas avalé il y a quelques heures.
La bile envahit sa bouche, lui arrachant une grimace de dégoût, et ses yeux s'humidifient, brouillant sa vue. Pathétique. Il se sent si pitoyable, prisonnier de ce contrat qui le brise à petit feu. Essuyant d'un revers de main ses lèvres, il se redresse doucement, s'appuyant sur le lavabo près de lui et tire la chasse d'eau. Il a besoin de se laver, d'enlever toutes ces traces qui le noircissent toujours plus chaque jour.
Alors, après s'être rincé la bouche, il enjambe le rebord de la baignoire et s'y assoit juste après avoir enfoncé le bouchon. Il ouvre le robinet, règle l'eau à la bonne température puis, pendant que le bac se remplit, il replie ses jambes contre son torse, ses bras de part et d'autre et le menton posé sur ses genoux. De nouveau, des larmes viennent voiler ses yeux verts qu'il laisse s'échapper et rouler sur ses joues sans qu'il cherche à les retenir. Il ne compte plus le nombre de fois où il a pu pleurer par le passé, il n'est plus à ça près.
La porte s'ouvre soudainement, claquant contre le mur, et Katsuki apparaît sur le seuil, la mine soucieuse et la marque de l'oreiller imprimée sur sa joue. Izuku sursaute et plaque instinctivement ses mains sur ses parties intimes bien visibles sous l'eau.
- Katsuki !
Les iris rubis le scrutent et se posent alors sur son cou avant de froncer des sourcils. Son visage passe de l'inquiétude à la colère en deux secondes et il entre dans la pièce, le rejoignant à grandes enjambées.
- Qu'est-qu'est-ce que tu fais ? So-sors tout de suite !
Évidemment, fidèle à son caractère, le blond ne l'écoute pas et s'accroupit devant lui, le doigt pointé sur son cou. Il n'a pas l'air de bonne humeur.
- Qui ?
- Per-personne...
La sirène lui jette un regard du style "tu me prends pour un con ?", ce qui serait tout à fait possible d'entendre de sa bouche.
- Qui ?
Honteux, Izuku détourne le regard et le pose sur ses mains, dans lesquelles il trouve une fascination subite et très intéressante. Les lèvres pincées, il finit par répondre dans un soupir las :
- Un...client.
Pourquoi il se sent si mal ? Est-ce normal d'éprouver de la culpabilité pour ce genre de chose alors qu'il n'est même pas en couple avec Katsuki ? Il a l'impression d'avouer une faute qui pourrait lui nuire tout le reste de sa vie.
Du coin de l'œil, il perçoit les jointures des articulations de la main du blond blanchirent sous la pression de son poing serré avant qu'il ne se redresse.
- Moi laver tes cheveux.
- Pa-pardon ?
- Pousse-toi, ordonne Katsuki, le son de sa voix ne permettant pas de le contredire.
Toutefois, Izuku n'obéit pas tout de suite. Il se demande, encore une fois, ce qui peut bien passer à travers la tête de cette sirène. Il est quand même nu dans son bain et une créature magique veut lui laver les cheveux, au calme. La situation est des plus grotesques, c'est n'importe quoi.
Mais le regard dur de Katsuki l'intimide et il finit par capituler, se déplaçant légèrement pour lui laisser la place de s'installer derrière lui. La tête toujours baissée, il aperçoit du coin de l'œil le jeune homme remonter le bas de son jogging et enjamber lui aussi la baignoire, se plaçant dans son dos, sur le petit rebord où trône les bouteilles de shampoing. Après ces quelques jours passés en sa compagnie, il a compris que la transformation de Katsuki ne se fait que lorsque ses jambes sont complètement immergées. Il ne craint donc rien.
Les pieds dans l'eau, le blond se penche vers lui, approchant sa bouche de son oreille. Son souffle chaud vient percuter sa peau dénudée et son épiderme se couvre de chair de poule.
- Donne-moi l'eau.
Lui donner l'eau ? Il veut parler du pommeau de douche ? Doucement, il avance vers le robinet, qui continue de se déverser dans la cuve, pour interchanger les boutons. L'eau s'échappe alors du pommeau et il le fait passer timidement au-dessus de son épaule, le tendant à Katsuki. Il n'ose toujours pas le regarder.
Le blond attrape l'objet d'une main, ses doigts frôlant les siens, et de son autre main plaquée sur son épaule, le ramène à lui d'un geste brusque. Le corps d'Izuku est tiré vers l'arrière, provoquant des remous dans l'eau, et il se tend quand son dos rencontre les jambes de Katsuki. La tête obstinément baissée, il ne sait que penser de cette situation. Que cherche à faire la sirène ? C'est vrai que depuis le début, dès son réveil, Katsuki a toujours fait attention à lui, lui déclarant qu'il était gentil et qu'il devait prendre soin de lui. Ses gestes envers lui étaient aussi bourré de bienveillance et parfois ambiguës, certes, mais ça n'était jamais aller si loin. Il ne comprenait pas cette soudaine intention pour sa personne. Ou alors...? Non, c'était impossible. Pourquoi une créature magique et magnifique telle que Katsuki s'intéresserait à lui, un humain insipide et insignifiant ?
L'espoir fait vivre, c'est le dicton non ? Qui a inventé une connerie pareille franchement ? Un abruti beaucoup trop optimiste...
Une main dans ses cheveux le fait sursauter et sortir de ses pensées moroses. D'un geste tendre, Katsuki lui fait comprendre de pencher la tête en arrière. Lentement, il s'exécute et ses yeux percutent ceux du blond. Comme si le temps avait été suspendu, il se noie alors dans l'intensité de son regard rubis et seul le bruit de l'eau vient perturber le silence de la pièce. Les lèvres de Katsuki s'entrouvrent, prêt à parler, avant qu'il ne les referme pour les pincer, semblant chercher ses mots.
- Explique-moi, finit-il par dire tout en approchant le pommeau. Tout.
Izuku ne sait pas pourquoi, mais il lui obéit. Est-ce l'ambiance, le regard de Katsuki ou le trop plein d'émotions qui le pousse à se confier ? Il ne saurait dire, mais il déballe tout. Depuis le début. Avec des mots simples, il raconte les premiers souvenirs qu'il a de ses parents, de son enfance des plus normales, mais heureuse, des anecdotes et des bêtises qu'il a pu faire étant petit, même s'il était quand même un enfant plutôt sage.
Sans l'interrompre, Katsuki lui mouille doucement les cheveux, passant ses doigts dans ses boucles sombres aux étranges reflets verts.
Puis, il arrive au jour où sa mère est décédée dans l'année de ses douze ans. Un cancer fulgurant déclaré quelques mois auparavant et qui l'a emporté si vite qu'il a l'impression de ne pas avoir pu profiter de moments avec elle. Il lui décrit le chagrin qu'il a ressenti ce jour-là et qu'il ressent toujours, le jour de l'enterrement où il a vu son père s'effondrer de tristesse et de désespoir pour ne jamais s'en relever, s'enfonçant toujours plus chaque jour dans ses addictions.
Katsuki lui a rendu le pommeau et, maintenant, ses mains lui massent le cuir chevelu avec du shampooing. C'est agréable.
Les larmes au bord des lèvres, il raconte cette funeste soirée où il a appris la mort de son père, tabassé pour "le mettre en garde" et qui, une fois à l'hôpital, a succombé à ses blessures. A partir de là, ce fut la descente aux enfers. La dette que son paternel avait engendré au fil des années lui tomba dessus du jour au lendemain, en plus de celle qu'il devait à l'hôpital, quand des hommes se présentèrent à sa porte, lui ordonnant de les rembourser jusqu'aux derniers centimes. Il n'eut pas d'autres choix que d'arrêter ses études à seulement dix-neuf ans pour enchaîner petits boulots sur petits boulots.
Les mains du blond se stoppent finalement et il redemande le pommeau qu'il réattrape avant de venir doucement rincer ses cheveux. Depuis le début, il n'a pas dit un mot, se contentant de lui laver ses belles boucles tout en l'écoutant attentivement.
C'est lors de l'une de ces journées de travail, plus précisément dans l'un des bars où il travaillait à l'époque, qu'il fit la connaissance de Shinso. Un orage avait éclaté subitement en plein après-midi et, afin de se protéger du déluge, il avait passé les portes de l'établissement dans son costume gris anthracite valant une petite fortune. Izuku se souvient s'être fait la réflexion que cet homme était beaucoup trop bien habillé pour un endroit pareil. Mais apparemment, ça lui passait au-dessus, car quelques jours plus tard, il était de retour pour consommer cette fois-ci et Izuku et lui firent connaissance.
Il revint plusieurs fois et au fil du temps, la relation purement professionnelle qu'ils entretenaient depuis le début fit un virage à 90° quand Shinso lui proposa de racheter sa dette en travaillant pour lui. En fait, cet homme avait fait des recherches sur lui, fouiné dans le moindre recoin de sa vie, pour ainsi lui proposer ce chantage. Parce que, clairement, c'était le cas. Il avait bien compris qu'Izuku était au bord du gouffre financier et il avait profité de son état physique et psychologique au plus bas pour l'attraper dans ses filets. Une semaine plus tard, il commençait à travailler dans le club très privé de cet homme en tant que serveur plus si infinité. En gros, il tenait compagnie aux hommes durant la soirée, discutait avec eux, leur servait à boire, riait à leurs blagues souvent nulles...Bref, ça ne changeait pas trop de son ancien travail tout en étant beaucoup moins fatiguant. Il avait tout gagné.
Quelle naïveté il avait fait preuve ! Très vite, il tapa dans l'œil de plusieurs de ces hommes richissimes et c'est comme ça qu'il découvrit "le club dans le club". Un club où les clients pouvaient profiter de...prestations supplémentaires. Et c'est à ce moment qu'il comprit ce que voulait dire les mots de la phrase de son contrat : "contre charmes". Il allait vendre son corps. Et son patron se fit un malin plaisir de lui prendre sa première fois afin qu'il sache ce qu'il devait faire et où était sa place. C'est à partir de ce moment-là que sa vie devint un véritable enfer.
La gorge nouée, il se tait. Les larmes ont arrêté de couler et il se sent étrangement bien d'avoir pu déballer tout ce qu'il avait sur le cœur. Katsuki a fini de lui rincer les cheveux et, à présent, il passe l'eau chaude sur ses épaules dénudées. Il va falloir qu'il pense à éteindre la douche sinon la baignoire va finir par déborder, mais il se sent bien là.
Le blond n'a toujours rien dit et ça inquiète Izuku. Que pense-t-il de lui maintenant ? Qu'il est dégoûtant ? Qu'il est faible et qu'il s'est fait avoir en beauté ? Ouais...Si c'est le cas, il ne pourrait pas lui en vouloir, il est entièrement d'accord avec tout ça...
Lentement, appréhendant la réaction de Katsuki derrière lui, il se tourne légèrement, mais il n'a pas le temps de faire ou de dire quoi que ce soit, que le blond glisse sa main libre sur sa nuque et le tire à lui pour déposer ses lèvres sur les siennes. Les yeux écarquillés, Izuku est littéralement tétanisé. Il se passe quoi là ?! C'est quoi cette réaction à laquelle il n'avait absolument pas pensé ? Il est complètement figé quand Katsuki décolle ses lèvres pour aller enfouir son nez dans son cou avant de prendre une grosse inspiration. Mais qu'est ce qu'il fait encore ?!
- Toi, si courageux, déclare-t-il alors dans un souffle. Toi, odeur si bonne. Odeur compagnon.
- Qu-quoi ?
Est-ce qu'il a bien entendu ?! Non impossible ! Il doit se méprendre ! Le blond se recule et remonte son visage en face du sien, plantant ses yeux dans les siens. L'incandescence de ses rubis fait déglutir Izuku, son regard est difficilement soutenable.
- Nous vouloir toi pour Compagnon.
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