Chapitre 27
Les ébats amoureux du jeune couple durèrent quelques heures. De longues heures où leurs intimités n'avaient plus de secrets l'un pour l'autre.
Tout les deux reposaient l'un contre l'autre à présent, cherchant à trouver le sommeil.
On entendait plus la musique à l'extérieur. Seuls quelques bavardages persistaient à troubler le silence nocturne. La fête était sûrement finit.
Énora s'était calée contre le nordien. Elle écoutait les battements de son cœur. Elle était pensive. Elle repensait à tout ce qui s'était passé depuis qu'elle l'avait rencontré. Il était vraiment caractériel, un vrai fauve qu'on ne pouvait dresser. Seulement apprivoiser. C'était sûrement dû à la vie qu'il avait mené à Northkeim.
Perdue dans ses pensées, elle se rendit compte qu'elle ne connaissait rien sur le passé du jeune homme. Certes, il lui avait souvent raconté des histoires sur les uses et coutumes du Nord, mais jamais sur sa propre vie. Elle repensa également à la chanson qu'il avait chanté quelques semaines plutôt, ainsi que ce qu'avait dit Ragnarok lors du pacte. Que voulait signifier « roi du nord » ? Et « valkyrie » ?
Elle mourrait d'envie de lui poser toutes ces questions. Seulement, cela l'obligerait à raconter son propre passé. Un passé qu'elle aurait préféré oublier.
Elle releva la tête et contempla le visage passible de Jarl. Il avait l'air calme, d'être en paix. Elle ignorait encore si elle devait totalement s'abandonner aux sentiments qu'elle ressentait à son égard. Mais elle préféra oublier cette question pour cette soirée. Une soirée qui lui serait inoubliable.
- je sens ton regard peser sur moi.
Le nordien venait d'ouvrir les yeux. Il contempla à son tour la jolie jeune femme qui passait la nuit a ses côtés. Il sentait qu'elle était soucieuse.
- a quoi pense tu ?
- Je me disais que nous n'avons pas vraiment pris le temps à se connaître. Enfin... je veux dire que je ne connais rien de ton passé.
Elle détourna le regard, gênée par sa propre question. Jarl reposa sa tête sur le coussin et regarda le plafond de la tente.
- si ce n'est que ça... ma vie a Northkeim n'a rien de vraiment glorieuse. Je suis né dans un clan mineur au service du clan Varangr. Mon père était chasseur, tandis que ma mère était druidesse. Ils m'ont élevé du mieux qu'ils l'ont put. Puis, la famine s'est abattue sur le nord.
Énora ne prononçait aucun mot. Elle écoutait les paroles de Jarl remplis de nostalgie, et d'une pointe de tristesse. Elle ne put s'empêcher de ressentir un peu de jalousie, pensant qu'il avait eut droit à ce qu'elle n'avait jamais eut: l'amour de ses parents.
- mon père est mort en essayant de rapporter du gibier au clan. Quand à ma mère... elle fut partie des première victime de la guerre. Les sudistes ont profité qu'on mourrait de faim pour nous attaquer. Après quoi, j'ai vécu au moins une année à essayer de survivre avant d'être enrôlé de force comme soldat. Tu connais la suite.
- Je... je suis désolé.
- Ne le soit pas. Ressasser le passé ne changera pas ce qui s'est produit. Tout ce qu'on peut faire c'est avancer et vivre les instants présents.
Le silence s'installât à nouveau sous la tente. Les dernières paroles du nordien étaient sages. Mais elle ne pouvait pas les appliquer. Non, pas tant qu'elle ne se serait pas vengée de la reine.
- et puis, je leur fais honneur en quelque sorte. Même s'ils ignoraient que j'allais devenir un dragon, ils savaient depuis ma naissance que j'étais quelqu'un de spécial. C'est pour cela qu'ils m'ont nommé Jarl.
- Comment ça ?
- Le terme « Jarl » était le titre que portaient les chefs de clans autrefois. Ils ont finit par le remplacer par « seigneur ». Mes parents pensaient qu'en m'appelant ainsi, cela aiderait à influencer mon destin.
Énora analysait toutes ses informations en détails. Elle était heureuse de pouvoir contenter sa curiosité envers lui. Cela lui permettait d'apprendre à le connaître.
- maintenant que j'y pense, ton dragon, Ragnarok, a dit qu'il était le roi du nord. Que voulait il dire par là ? Tu es roi ?
- Non, hahahahaha. Chez les nordiens, « roi du nord » était un terme général pour désigner les dragons. Ce n'est que lorsque l'un d'entre eux a unis les clans nordiens que c'est devenu un titre officiel. Un titre que personne d'autre n'a porté depuis.
- Et pour « valkyrie » ? Après le pacte, il m'a appelé ainsi.
- C'est vrai !? Je dois dire que cela te va plutôt bien. C'est le nom que l'ont donne aux guerrières dans le nord. On dit qu'elles pactisent avec les dieux.
- Dans mon cas, c'est avec un dragon.
La jeune amazone avait toujours vu les habitants du nord comme des sauvages. Comme des êtres qui ne pensaient qu'à faire la guerre et piller les autres. Mais plus elle discutait avec lui, plus sa vision des choses changeait. Ils avaient une société complexe, comme les femmes guerrières. Les nordiens et les amazones avaient beau êtres des peuples différents, il n'en restait pas moins qu'ils appartenaient tous à la même race: la race des Hommes.
Après ses nombreuses questions, Énora attendit celles du jeune homme. Elle pensait que Jarl allait lui aussi poser des questions sur son passé. Des questions dont elle ne voudrait sûrement pas donner de réponse. Mais il n'en fit rien. Il se contenta de fermer les yeux, tout en caressant le dos de la jeune femme.
- et moi ? Tu ne me demandes rien ?
- J'ignore ce qui t'ai arrivé. Mais je ne suis pas idiot au point de pas voir que ce passé te fait encore souffrir. Et je sais que tu ne me diras rien si tu n'en a pas envie. Alors j'attendrais... j'attendrais que tu sois prête à en parler.
Elle remercia intérieurement le jeune homme. Il se montrait si prévenant envers elle. Cependant, Énora avait déjà prise sa décision. A présent qu'ils étaient liés, elle ne pouvait pas continuer à lui cacher.
- si je te raconte mon histoire... voudras tu bien m'écouter ?
Elle attendit la réponse en silence. Elle était hésitante, pas sûr d'elle. Elle allait se dévoiler totalement à lui. Jarl ressentit son appréhension. Il lui lança un regard compatissant et chercha à la rassurer en lui caressant la tête.
- oui, bien sûr.
Elle fut légèrement rassurée par cette réponse. Elle inspira longuement, mettant de l'ordre dans ses idées. Une fois prête, elle commença son récit.
- ma mère... a eut plusieurs enfants. Mais elle se montrait cruelle avec eux. Des la naissance, elle faisait tuer tous les garçons. Quand aux filles, elle les gardait. Mais elle ne les a jamais considéré comme ses enfants. Elle ne m'a jamais considéré comme sa fille, sous prétexte que je suis l'enfant d'un esclave. Les seuls qu'elle voit comme ses héritiers sont ceux qu'elle a eut avec son Sjeldrage. Moi et Kelyn, on s'est toujours entraidée pour survivre, subissant toutes formes d'humiliation. Parfois mêmes la torture. Cela a tué beaucoup de mes sœurs. Kelyn et moi sommes les seules « batardes de la reine » à avoir survécu.
Jarl écoutait son récit silencieusement. Il était sous le choc de ce qu'il entendait. Comment une mère pouvait traiter ainsi ses enfants ? Et il n'avait pas encore entendu le pire.
- Puis, ce fameux jour est arrivé. C'était il y a trois ans. Kelyn et moi avions était appelées dans la chambre de la reine. Quand nous sommes arrivés, nous étions déjà prises au piège. Elle disait qu'elle nous avait offertes à Glovarm pour une nuit. On s'est débattues, mais nous étions trop faible. Il nous a d'abord déshabillé, avant de nous torturés. Il prenait un plaisir sadique à écouter nos cris. Puis... il nous a violées. Il a commencé avec Kelyn. C'est lui qui l'a rendu aveugle, car elle n'arrêtait pas de se débattre. Quand à moi... je n'ai rien fait. J'étais faible... et j'avais peur. Je me suis laissé faire car je ne pouvais rien faire. J'entend encore les rires de cette sorcière. Elle a assisté à toutes ces horreurs sans rien faire, à part regarder. Cela me hante nuit et jour.
Elle termina ses derniers mots avec des larmes silencieuses. Raconter cette histoire refaisait monter la douleur qu'elle avait eut tant de mal à enfouir. Jarl restait interdit. Il était sous le choc de ses révélations.
- après ça, j'ai emmené ma sœur et nous avons fuit. J'ai rencontré le clan Krigerod et ils nous ont acceptées parmi eux. Mais depuis ce jour, je ne vis plus. Et je ne pourrais recommencer à vivre que lorsque je leur aurais fait payer !
Jarl attira Énora contre lui. Il commença à la bercer, tendit qu'elle s'effondra en larmes. Il comprenait à présent d'où venait cette rage envers la reine. Et à présent, il l'a ressentait en lui.
- ne t'inquiète pas, je m'assurerais qu'un hiver mortel s'abatte sur eux !
La voix de Jarl semblait double. La voix rauque du dragon recouvrait celle du nordien. On ne pouvait dire lequel des deux parlait, mais sa réponse était claire. C'était une promesse, une promesse envers la jeune femme.
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