Julio 😌💙

Si tu savais comme j'en ai marre Isa. Une erreur et toute ma vie est gâchée. J'en peux plus, j'ai besoin d'aide. J'en ai marre de devoir vivre avec ça, tu comprends ? J'en peux plus, c'est fini...

Comment faire paniquer une personne en un seul message ? Demandez à Julio... Directement, je saute dans ma voiture tout en appelant tous les amis, ou anciens amis, de Julio. Personne ne sait où il est, personne n'a de nouvelles — ou de bonnes nouvelles — de lui.

Arrivée à son appartement, je sonne à tous les boutons pour que l'on m'ouvre, ce qu'une gentille personne fait. Je la remercie avec l'interphone puis monte le plus vite les escaliers jusqu'au troisième étage. Je ne suis jamais venue chez lui, mais il m'avait déjà dit où il habitait.
Lorsque j'arrive devant sa porte, je remarque qu'elle est entrouverte, alors je n'hésite pas une seconde et j'entre. Je cours vers je-ne-sais où et tombe sur son salon. Il est là, assis par terre, en train de pleurer toutes les larmes de son corps. Je m'accroupis devant lui en prenant sa main qui entourait ses genoux. Il relève la tête vers moi, et je vois ses yeux bouffis et son visage rougis par les pleurs.

— Julio...

— T'aurais pas dû venir...

— Et te laisser te suicider ou faire je-ne-sais-quoi ? Si, je devais venir. Je tiens à toi Julio, énormément. Et je te crois, je sais que tu n'as pas harcelé ces gens.

— Je pensais que...

— Tu m'as bloquée avant que je ne puisse t'expliquer ce que j'en pensais.

— Isa...

Il se remet à sangloter, et d'un coup, on voit Ruggero débouler dans l'apart', essoufflé. Lorsqu'il voit qu'on est tous les deux là, il souffle de soulagement et vient s'accroupir à côté de moi.

— Putain mais qu'est-ce que tu nous fais Julio...

Celui-ci continue de pleurer. Il tremble de tout son corps. Ruggero s'assoit à côté de lui et je fais de même.

— Je suis désolé de pas t'avoir cru..., dit Rugge. C'est pourtant évident que tu n'es pas comme ça.

— Je le suis...

— Quoi ? dis-je en même temps que l'italien.

— Attends, c'est quoi l'erreur dont tu parlais ? continué-je.

Il soupire et enroule ses bras autour de ses jambes, se retrouvant en position fœtale.

— J'avais une sœur...

Ça commence très mal...

— Je l'aimais plus que tout je vous jure ! C'était la meilleure, celle qui me faisait me sentir bien quand ça allait pas... Ma meilleure amie, ma confidente... On avait cette relation fraternelle que les autres n'avaient pas... C'était ma grande sœur et elle me protégeait tout le temps... Mais un jour elle a commencé à s'éloigner... J'avais quinze ans, elle dix-sept, je me disais qu'elle avait sûrement d'autres centres d'intérêts que moi, mais je me suis totalement planté putain... Elle se faisait harceler au lycée, et vu qu'on n'était pas dans le même je le savais pas... J'ai rien vu, je l'ai abandonnée... Un jour, elle faisait ses devoirs.. Elle avait l'air triste et énervée... Je me suis dit que ça devait être único garçon qui lui avait fait du mal mais je ne voulais pas lui demander pour pas l'irriter encore plus... Puis après elle a fermé ses cahiers et elle est montée dans sa chambre... Une quinzaine de minutes après j'ai... j'ai...

Il respire un bon coup. Je n'ose pas m'imaginer ce qu'il va nous dire mais je crois que j'ai compris...

— J'ai entendu un hurlement et un énorme cri venant de dehors... Je suis allé voir et... elle était là...

Il fixe droit devant lui, semblant traumatisé. On dirait qu'il  revit ce qu'il a vécu il y a quatre ans.

— Toutes les nuits j'ai cette image de ma sœur, déformée à cause de la chute qu'elle a subie... J'ai laissé ma sœur mourir, je l'ai pas aidée.. Si j'avais pas été si aveugle elle serait peut-être encore là aujourd'hui...

Ruggero et moi nous regardons, abasourdis. Cette histoire est l'une des histoires les plus horribles que j'ai jamais entendues. L'image qu'il a vue a dû être tellement choquante...

— Je suis une personne horrible...

— Bien sûr que non Julio, dis-je en le prenant dans mes bras.

— T'es l'une des plus belles personnes qui existe sur cette terre, continue Rugge en faisant de même.