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Every breath you take
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Le claquement de la porte se répercuta un instant entre les murs de la modeste maison en bois. Elle grimpa rapidement les escaliers et s'enfonça dans sa chambre. Konoha sombrait un peu plus à chaque minute dans le chaos. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il se passait, mais une chose était claire : plus que jamais, le village avait besoin de ses shinobis. Elle récupéra le coffre-fort dans sa penderie et entra la combinaison.
0307.
Le 3 juillet.
La date de naissance de Neji Hyuuga.
Des souvenirs de la quatrième grande guerre se faufilèrent dans son esprit et elle repoussa la souffrance qui tentait de prendre en otage ses tripes. Des années étaient passées, mais ça faisait toujours aussi mal. Est-ce qu'un jour, elle pourrait penser à lui sans avoir l'impression de mourir ? Une partie d'elle s'était éteinte sur ce champ de bataille ce jour là. Elle attrapa les quelques rouleaux qui étaient restés dans le coffre-fort pendant toutes ces années et les fourra dans sa sacoche. Ils renfermaient certaines de ses techniques les plus dévastatrices, des techniques qu'elle n'utilisait qu'en derniers recours normalement, mais elle ne savait pas à quoi s'attendre une fois qu'elle se retrouverait de nouveau dans les rues de son village natal. Un parfum de lavande se glissa dans la pièce et elle n'eut même pas besoin de faire volte-face pour savoir qu'il était là, avec elle. La porte du coffre-fort se referma dans un léger claquement et elle se déshabilla sans une once de gêne. Ils se connaissaient depuis l'enfance tous les deux, ils étaient passés par un tas d'obstacles, ils s'étaient vus grandir l'un l'autre et devenir des adultes responsables. Elle avait confiance en lui, assez pour ne pas se sentir mal à l'aise ou gêné là tout de suite. Elle attrapa une tenue plus approprié pour se battre et alors qu'elle s'apprêtait à boutonner son haut, il prit la parole.
— "Naruto est mort."
Le cœur de la trentenaire rata un battement.
Que venait-il de dire ?
C'était impossible. Naruto était.. il était quasiment immortel. Il était le héros du monde ninja. Le septième hokage. Le garçon qui s'était battu encore et encore pour que tout le monde le reconnaisse enfin. Il ne pouvait pas.. Non. C'était tout bonnement impossible. N'est-ce pas ? Pourtant l'air grave sur le visage de son coéquipier lui hurlait qu'il ne mentait pas, que le blond hyperactif n'était plus là. Et ça, c'était affreusement douloureux. Une pointe de souffrance se glissa dans sa cage thoracique et enferma son cœur dans une petite boîte, alors qu'elle fermait les yeux une minute. Naruto était un ami d'enfance et même s'ils n'avaient jamais été très proches, il était dans quasiment tous ses souvenirs. Un tas de questions l'attrapèrent à la gorge. Pourquoi ? Comment ? Où ? Et si Naruto était mort, alors pourquoi Lee était dans sa chambre ? Ne devrait-il pas être en train de se battre ? De protéger les villageois et de les emmener en lieu sûr ? Pourquoi était-il là ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourqu-.
Elle ouvrit les yeux et déposa son regard dans celui du garçon. Il la fixait d'un air grave. Le sourire idiot qui avait orné ces lèvres un nombre incalculable de fois n'était plus là et elle haïssait ça. Lee avait toujours été une bouffée d'air frais à ses yeux. Mais là, tout de suite, il semblait porter toute la tristesse du monde sur ses épaules. Et elle n'eut aucun mal à comprendre pourquoi il était là au lieu d'être en train de se battre.
— "c'est hors de question." lâcha-t-elle, d'une voix forte. "je ne partirai pas. la majorité des kunoichi vont s'en aller avec les villageois, mais moi je ne suis pas mère. je reste ici. konoha a besoin de tous les effectifs possibles."
— "Tenten." appela-t-il doucement.
— "non Lee, c'est hors de question."
Un petit soupir échappa au brun. Il s'était sûrement attendu à ça, il la connaissait par cœur. L'air grave sur son visage s'effondra et il lui offrit un regard empli d'amour, un regard qui lui arracha un frisson. Pourquoi la regardait-il ainsi ? Elle ne méritait pas tout ça. Elle ne le méritait pas.
— "Tenten." appela-t-il, une nouvelle fois. "j'ai besoin de toi."
Un brin de douceur s'accrochait au ton du trentenaire et elle réprima la frénésie qui voulait s'insuffler dans les battements de son cœur douloureux.
— "j'ai besoin que tu prennes soin de Metal." continua-t-il. "il n'a que toi et moi, personne d'autre. il a besoin de ses parents."
Le visage de l'adolescent se glissa dans son esprit. Merde, Metal était son point faible et il le savait très bien. Elle se souvenait, comme si c'était hier, de la première fois que son regard s'était posé sur ce tout petit bébé dans les bras de son meilleur ami. Il lui avait semblé si minuscule, si fragile, et pourtant treize ans plus tard, il ressemblait de plus en plus à son père.
— "Lee.. je ne suis pas sa mère." rappela-t-elle, dans un murmure.
— "peut-être pas biologiquement, mais tu sais qu'il te voit comme ça, même s'il n'ose pas le dire à voix haute."
Un petit soupir s'échappa des lèvres de la châtain. Il avait raison, totalement raison. Même si Metal ne le disait jamais à voix haute, elle avait compris. Dans ses regards, sa demande d'approbation de sa part, son envie constante de la rendre fière, son besoin d'être près d'elle.
— "s'il te plaît, Tenten." supplia-t-il. "pars avec les villageois. veille sur lui jusqu'à ce que je revienne pour vous."
Elle ne voulait pas. Elle voulait se battre, se rendre utile. Mais il avait raison quelque part, Metal avait besoin d'eux. À contrecœur, elle acquiesça. La seconde d'après, bien que son haut n'était toujours pas boutonné et que son soutien gorge était visible, le corps du brun se heurta au sien, alors qu'il la tirait dans une étreinte forte. Elle lui rendit son étreinte presque immédiatement, habituée à ses grands bras maladroits. Il la garda comme ça contre lui de longues minutes, comme s'il était effrayé par quelque chose, comme si c'était la dernière fois et elle n'aimait pas cet arrière-goût amer. Ce ne serait pas la dernière fois, ils se retrouveraient dès la fin de la bataille. Elle l'attendrait, elle. Et Metal aussi.
— "t'as pas intérêt à ce que ce soit des adieux." souffla-t-elle, contre son torse.
— "jamais." rassura-t-il. "c'est pour toujours, toi et moi."
Les lèvres du brun se posèrent délicatement sur son front et elle ferma les yeux, savourant la sensation. Il était sa famille, son meilleur ami et bien plus encore. Est-ce qu'il savait ça ? Est-ce qu'il était au courant qu'il lui avait sauvé la vie, des années en arrière, quand elle s'était senti mourir avec Neji ? Elle resserra doucement son emprise autour de la taille du garçon et déposa un chaste baiser sur sa clavicule à découvert. Tout irait bien, elle en était sûre. Ils avaient gagnés la quatrième grande guerre, ils gagneraient encore.
Lee se détacha doucement de l'étreinte et lui offrit un petit sourire, ses mains sur les hanches de Tenten.
— "Metal est aux portes du village, il t'attends."
— "on se revoie vite ?"
— "on se revoie vite."
Et il s'échappa de la demeure, sans un regard en arrière.
*
Dans un bond agile, alors qu'elle se contenait tant bien que mal pour ne pas jeter un coup d'oeil derrière elle, elle quitta le toit d'une demeure hasardeuse et atterrit devant les portes immenses du village. Elles avaient toujours eu une connotation positive à ses yeux, après tout combien de fois son cœur s'était-il emballé à la vue des portes, alors qu'elle rentrait d'une longue mission, et pourtant là tout de suite, Tenten était effrayée. Et si ça ne se passait pas bien ? Et si le village disparaissait ? En quittant sa maison et en remontant les rues jusqu'ici, elle avait vu les dégâts qui s'accumulaient encore et encore. Les maisons en ruine, les corps inertes, les tachés pourpres. Des images qui resteraient gravées à tout jamais. Le souffle court, elle déposa son regard sur la masse de villageois devant elle. Ils tremblaient, pleuraient, se soutenaient maladroitement. Elle n'eut aucun mal à reconnaître des visages familiers. Sakura et Temari se tenaient l'une à côté de l'autre et échangeaient quelques mots avec Shikamaru et Sai. Les deux grands bruns semblaient dans un sale état et elle réprima l'inquiétude qui s'accrochait à ses tripes.
Ils iraient bien.
Tout irait bien.
La teinte noisette de ses iris tombèrent dans un regard brun qu'elle connaissait par cœur et un petit sourire se dessina sur le coin de ses lèvres. L'adolescent se releva immédiatement et se rapprocha d'elle en courant, se jetant dans ses bras sans prendre la peine de masquer le soulagement dans les traits de son visage. Elle resserra doucement sa prise autour de son corps et déposa un baiser sur son front.
— "je suis tellement content." lâcha-t-il, dans un murmure. "j'ai crû que j'étais seul."
— "jamais, Metal." souffla-t-elle, d'une voix douce. "tu ne seras jamais seul."
Il acquiesça silencieusement à ses dires et enfouit son visage dans le haut qu'elle portait, profitant de l'étreinte pour calmer les battements effrénés de son cœur.
Metal.
Elle n'était pas sa mère biologique, mais Lee avait raison. Le garçon était bien plus à ses yeux que le simple fils d'un ami d'enfance. Il était sa famille, lui aussi. Lee lui avait offert tout ça, une seconde chance et quelqu'un avec qui partager son repas.
— "Tenten, je suis contente de te voir."
La voix de Sakura la tira de ses pensées et elle lui adressa un petit sourire, lui faisant comprendre silencieusement qu'elle aussi elle était vraiment contente de voir cette tignasse rose qui se démarquait tant au milieu de tous ces gens effrayés.
— "où allons-nous ?" demanda-t-elle, l'adolescent toujours dans ses bras.
— "Suna. l'ordre vient de Shikamaru." répondit la rose.
— "Gaara nous aidera." acquiesça Temari, d'un hochement de tête déterminé.
L'idée de Shikamaru était excellente. Suna les accueilleraient, c'était certain. Naruto avait veillé à ce que le lien entre les deux villages se base sur l'entraide et la confiance, et le mariage de Shikamaru et Temari avait apporté une autre base solide à ce traité de paix. Le sourire idiot du septième du nom se glissa dans son esprit et elle resserra son emprise autour de l'adolescent qui ne faisait rien pour mettre fin à l'étreinte. Gaara et Naruto étaient de bons, de très bons amis. Et en plus d'accueillir les villageois d'un autre village, il devrait faire face à l'amère réalité : Naruto n'était plus là.
Le bruit d'une explosion flotta dans les airs, bien trop proche des portes et plusieurs halètements échappèrent aux villageois. Le garçon contre elle se crispa et elle prit un instant pour se perdre dans son regard, elle lui souffla silencieusement qu'il irait bien, ils étaient ensemble après tout et Tenten donnerait son existence entière pour lui. Il acquiesça, un peu rassuré et se détacha d'elle. Du coin de l'oeil, elle observa Shikamaru qui fourrait un sac dans les mains de Temari, le visage totalement déformé par la peur. Et voir cet homme avec une telle expression lui laissa un arrière-goût.
— "c'est le moment, Temari." souffla la rose, d'un ton grave.
— "allons-y." ordonna la sunienne, d'une voix forte.
Les villageois commencèrent enfin à s'avancer sur les routes, guidés par la sœur du kazekage. Et pendant un instant, alors qu'elle se faufilait dans la foule, sa main fermement accrochée à celle de Metal, elle croisa deux billes nacrés qui lui volèrent l'air dans ses poumons. Hinata se tenait là, à quelques mètres d'elle. Elle guidait ses deux enfants et offrait des sourires doux aux villageois, mais Tenten et elle se connaissaient bien. Assez bien pour que la châtain reconnaisse sans mal la souffrance dans les traits de son visage. La brune tenait fermement les mains de ses enfants. Himawari pleurait à chaudes larmes et Boruto, lui.. il fixait droit devant lui, les yeux rouges et une pointe de détermination dans le fond de son regard. Est-ce qu'elle survivrait à cette perte ? Des années en arrière, Neji était mort sur le champ de bataille de la quatrième grande guerre et ça l'avait détruit, mais Naruto l'avait sauvé. Ils s'étaient trouvés, aimés, avaient fondés une famille, mais cette fois, qui la sauverait ? Qui sauverait l'épouse du septième du nom ? Un étau se referma douloureusement autour de son cœur et elles échangèrent un petit sourire, particulièrement triste, mais nécessaire à cet instant.
*
Elle empêcha de justesse la chute de Metal, lorsque la foule s'arrêta soudainement. D'un bras ferme autour de la taille du garçon, elle l'aida à se remettre droit et fronça les sourcils. Pourquoi diable s'arrêtaient-ils ? Ils n'étaient même pas encore assez loin pour envisager une pause, les plus faibles d'entre eux devraient prendre sur eux. Une pression autour de sa main la força à se concentrer sur le brun près d'elle et il lui proposa silencieusement d'aller voir en première ligne, ce qu'elle accepta immédiatement. Elle haïssait cette sensation d'impuissance dans ses tripes. Elle haïssait tourner le dos à son village natal comme ça. Elle resserra doucement son emprise sur la main de l'adolescent et le tira derrière elle, se frayant un chemin parmi les villageois tremblants. Une tignasse rose se glissa dans son champ de vision et elle doubla la cadence. Sakura et Temari étaient en première ligne. Elles ne s'arrêteraient pas pour rien. Elles étaient deux des kunoichis les plus redoutés du monde shinobi et-.
— "la tornade de Konoha !"
Son cœur rata un battement.
Un bruit assourdissant accompagna la voix masculine et elle se glissa près de Sakura, les sourcils froncés.
Lee était là. Dans cette tenue verte qui le caractérisait tant. Et il se battait. Il les frappa un par un, sans prendre une seule inspiration, sans perdre une seule once de terrain. Il frappait, encore et encore. Et elle était incapable de détourner le regard là tout de suite. Pourquoi était-il là ? Pourquoi était-il revenu ? Le village était-il en sûreté ? Et qui étaient ces hommes, démunis de bandeaux frontaux et armés de sourires perfides ? Lee assomma le dernier ennemi debout et leva son pouce en l'air, un grand sourire sur les lèvres. Elle aimait tellement son sourire.
— "mission accomplie, mesdames." lança-t-il. "reprenez votre voyage en vitesse, des ennemis viennent de l'arrière."
La rose donna l'ordre aux villageois de reprendre leur route et elle observa un instant la silhouette du grand brun qui discutait une minute avec Temari. Il était si grand. Et si fort. Il n'était plus ce petit garçon hyperactif qui l'avait agacé un paquet de fois.
Un cri de rage mis fin à l'instant. Un cri qui arracha un frisson à plus d'une personne. Des silhouettes se dessinaient loin derrière eux. Des hommes armés. Des vêtements tachés de sang. Des sourires sadiques. Elle réprima un énième frisson et se détourna de l'horizon pour croiser le regard de son meilleur ami. Il lui offrit un sourire, quelque chose de doux, de simple, qui enroba son cœur d'un peu de baume. Il se rapprocha d'eux et déposa une main sur le sommet du crâne de Metal.
— "tu es mon fils." dit-il. "ne l'oublies jamais, Metal."
L'adolescent répondit à son père d'un simple hochement de tête et la tira vers les villageois qui s'éloignaient, toujours un peu plus. Tenten hésita un instant à retourner auprès de Lee, de lui dire toutes ces choses qu'elle avait sur le coeur et qu'elle n'avait jamais eu le courage de lui dire, mais la poigne ferme - et tremblante - de Metal l'en empêchait. Le garçon s'éloignait à contrecœur de son père et elle refusait de le mettre en danger. Elle attrapa une inspiration, un peu de courage, et devança l'adolescent, le tirant derrière elle et ils se mêlèrent de nouveau aux villageois qui prenaient la fuite.
Ils avançaient tant bien que mal, courant à une allure régulière, esquivant les arbres qui se glissaient sur leur chemin. Une nouvelle salve de hurlements retentit, se mêlant au son désagréable de rires mesquins. Et elle se retint durement de faire volte-face. Ça irait. Pour l'instant, ils devaient rejoindre le village caché du sable le plus vite possible, mettre tout le monde à l'abri et ensuite, ils reviendraient. Ils se battraient et elle rentrerait à la maison, avec Lee et Metal. Et peut-être.. peut-être qu'elle serait honnête cette fois. Elle s'en fit la promesse. Elle n'attendrait pas une autre guerre pour dire à cet idiot qu'elle était tombée amoureuse de lui. Alors, ça irait.
Un cri empreint de désespoir s'éleva dans les airs, tout près d'elle.
D'un mouvement sec, elle arrêta sa course et se tourna vers l'adolescent à ses côtés. Il tremblait, le regard braqué sur un point derrière eux et elle crû mourir à cet instant. Le cœur brûlant, elle fit volte-face.
Il était là, à genoux dans l'herbe, ce fichu sourire sur les lèvres. Des larmes roulaient sur ses joues rugueuses et pourtant, elle le ressentait de là, l'amour qui inondait son regard. Derrière lui, un brun au sourire diabolique se tenait debout, un katana dans la main. La lame frôlait la nuque du shinobi.
Un morceau de son coeur rafistolé se brisa. Une petite voix lui hurla de se dépêcher, de s'avancer et d'attaquer, mais elle était paralysée, dans l'incapacité de faire un seul mouvement. Et chaque inspiration qu'elle prenait la brûlait terriblement. Une main ferme se posa sur son avant-bras et elle entendit vaguement les voix de Temari et Sakura, qui la suppliaient de prendre la fuite avec les villageois. Elle sentait la main de Metal dans la sienne, lui non plus ne semblait pas capable de bouger. Ça faisait mal, bien trop mal. Et pourtant, son regard se perdait un peu plus à chaque seconde dans celui de son meilleur ami.
— "je t'en supplie, Tenten." lâcha Temari. "nous-."
— "ne regardes pas, Tenten."
La voix rauque, mais tremblante, du brun se répercuta entre leurs silhouettes. Le ton brisé qui accompagnait ses mots aurait fait fondre en larmes le pire des hommes, et pourtant, derrière lui il n'y avait que des rires impatients, moqueurs et amusés.
— "je t'en supplie, détourne-toi." s'exclama-t-il, entre deux sanglots. "détourne-toi, Tenten."
D'un geste mécanique, le brun au katana leva son arme.
— "je t'aimerais touj-."
Et il l'abattit.
Pas une seule once de regret, pas une seule once d'hésitation, dans son geste. Il abattit la lame d'un coup sec, coupant net la tête du brun. Et lorsqu'elle roula à ses pieds, un rire horrible s'échappa de ses lèvres. Il essuya lentement le sang sur sa lame, fier de lui.
La voix du brun résonna un instant dans son coeur. Elle se souvenait douloureusement de tout. De son sourire idiot. De ses commentaires idiots sur la fougue de la jeunesse. De ses rêves. Elle se souvenait du tout premier regard qu'ils avaient échangés, dans cette salle de classe. De la première fois qu'ils avaient partagés un repas, de la première mission accomplie.. Elle se souvenait d'absolument tout. Neji était mort pendant la quatrième grande guerre et Lee avait été là ; elle n'était pas dupe, il avait mis sa propre tristesse de côté pour prendre soin d'elle, pour la rendre heureuse.
Le son d'un sanglot la força à tourner la tête vers l'adolescent en larmes, qui tenait encore sa main dans la sienne. Il ressemblait tellement à son père. Et elle avait toujours aimé ça. Mais là, c'était affreusement douloureux.
Ils échangèrent un regard silencieux, et il acquiesça. Il n'avait pas besoin de mot pour comprendre. A contrecoeur, il relâcha son emprise sur la main de la trentenaire et attrapa la main de la rose à la place.
— "moi c'est Rock Lee, j'suis enchanté de faire ta connaissance."
— "tu es spécialisé dans le maniement des armes ? c'est trop trop trop cool."
— "tu es ma coéquipière, Tenten."
— "Tenten ! attention !"
— "tu vas bien ? j'ai eu tellement peur."
— "Neji ! Tenten ! ça vous dirait un restaurant ? la fougue de la jeunesse a besoin d'un vrai repas pour reprendre des forces."
— "je suis orphelin tu sais, c'est Gai Senseï, Neji et toi ma famille."
— "tu es ma meilleure amie, Tenten."
— "je suis encore là, Tenten. je serai toujours là."
— "il me manque à moi aussi."
— "toi et moi, c'est pour toujours Tenten."
— "tu es ma famille, Tenten."
— "on se revoie vite."
— "je t'aimerai toujours."
Un sanglot s'échappa de ses lèvres et elle repoussa les deux femmes, près d'elle. Elle tira rapidement un parchemin de sa sacoche.
— "ne m'attendez pas." souffla-t-elle.
— "attends, qu'est-ce qu-."
— "partez !" s'exclama-t-elle.
Le regard embué, elle adressa un dernier sourire à Temari et Sakura. Un sourire qui soufflait un "merci" au gré du vent. Elle les remerciait pour tous les instants partagés, tous les rires, tous les sourires. Elle les remerciait, parce qu'il était hors de question qu'elle abandonne le corps de son meilleur ami ici, aux mains de ses hommes. L'image de son sourire ne quittait pas son esprit et il ne le quitterait jamais. Elle trouva ce qu'elle cherchait dans le regard de la rose ; sans un mot, Sakura lui promettait que Metal irait bien et merde, elle avait vraiment confiance en elle. Elle la remercia d'un simple hochement de la tête et s'élança.
Pendant un court instant, alors qu'elle déroulait le parchemin, juste avant qu'elle ne se heurte durement aux armes de ces hommes horribles, son regard chocolat se perdit dans l'immensité du ciel. Les sourires de Neji et Lee se glissèrent dans son coeur. Alors son existence se résumerait à ça ? Elle n'avait rien accompli d'extraordinaire, elle n'était pas une de ces kunoichis que l'on craignait. Qui était-elle ? La voix de son coéquipier à la coupe au bol se glissa au creux de ses oreilles et un sourire naquit au coin de ses lèvres, malgré les larmes salés qui souillaient ses joues. Elle était cette fille de l'équipe Gaï. La fille qui avait partagé son existence avec trois grands shinobis. Des regrets ? Elle en avait un tas. Elle regrettait de ne pas avoir osé dire à Neji la vérité, à quel point elle l'aimait et l'admirait. Il avait été son premier amour. Elle regrettait de ne pas avoir remercié son maître. Il avait été un père pour elle, l'orpheline. Et elle regrettait de ne pas avoir trouvé assez de courage ces dernières années pour être honnête avec Lee. Il avait été sa bouffée d'air frais. Il lui avait donné envie de vivre. Il lui avait offert de précieux moments qu'elle n'oublierait jamais. Elle regrettait de ne pas lui avoir dit qu'elle l'aimait, elle aussi.
— "attendez-moi." lâcha-t-elle, dans un murmure. "Lee. Neji."
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