-Par Macbeth,Roméo et Juliette et Notre Dame de Paris !
Imagine :
« Aujourd'hui sera une belle journée,Megane.La plus belle de la semaine,sans aucun doute. »,te susurre habilement ta conscience depuis ton réveil,il y a une heure.
Saisissant pour la énième fois ton emploi du temps,tu souris béatement.
Tu as été jusqu'à surligner la case de la journée en rose pastel et l'entourer de petits cœurs fuchsia.
Car cette journée consistera en pas moins de sept périodes de cinquante minutes de titulariat avec ta professeure de littérature (également,par conséquent,responsable de la classe).
Lana Parrilla,femme sublime,sensuelle,cultivée,
réfléchie,sensible et posée,également sarcastique à ses heures.
Simplement parfaite de tout points de vue.
Tu termines de mettre ta seconde boucle d'oreille en trépignant d'impatience à l'idée de la voir,puis inspectes ta tenue une dernière fois.
Hors de question que le moindre pli ou tâche ne s'invite sur tes vêtements pour une journée comme celle-ci.
Haut rouge aux épaules nues,décolleté vertigineux en forme de V et dos lacé,c'est bon.
Jean slim taille basse bleu délavé et troué au niveau des genoux,pareil.
Escarpins assortis avec la blouse et parés d'un fin ruban à la cheville,aussi.
Tu rassembles rapidement tes cheveux foncés en un chignon bohème assez simple et classique.
Ensuite,peaufinant ton maquillage,la précision de ton trait d'eye-liner te surprends toi-même,ainsi que la pose impeccable de ton rouge-à-lèvres.
À croire que penser à Lana te donne des ailes.
Et encore,ce serait peu dire !
Tu dévales les marches de l'escalier,non sans avoir fait usage de ton parfum le plus entêtant.
Tu te saisis d'un toast dans la cuisine afin de manger en chemin.
Ta mère est là,encore à moitié endormie,en train de se servir un bol de céréales.
Un baiser sur son front en guise de salutation et tu sors déjà de la pièce à grands pas en lançant par dessus ton épaule,après avoir déjà englouti tout rond le toast que tu réservais pourtant pour un peu plus tard :-À tout à l'heure,maman !
Elle grogne un vague «Bisous,chérie. »,toujours beaucoup trop ensommeillée pour répondre de manière normale.
Tu fermes la porte derrière toi et jettes un coup d'œil à ta montre en chantonnant.
La note que tu amorçais meurt dans ta gorge en avisant l'heure,et l'expression de ton visage,jusque là au summum de la gaité,vire brutalement à l'effroi glaçant.
Si tu n'es pas à ton arrêt de bus dans une minute pile,adieu l'arrivée à l'heure et le privilège de t'assoir à la place rêvée : en face de la suave brune.
Quelle utilité de lui avouer qu'on l'aime en fin de journée si ce n'est pour lui signifier des yeux dès la première seconde ?
Car oui,l'objectif final de ce jour est de devenir la petite amie de ton enseignante.
-Elle est irrésistible,ce n'est tout de même pas de ma faute ! murmures-tu comme si tu tentais de te défendre d'une protestation de l'oxygène environnant.
Tu secoues la tête,presque désespérée,en te rendant compte de la bêtise de la chose,puis te diriges en trottinant vers ta destination.
Le bus s'y arrête d'ailleurs déjà.
Tu accélères,mais trébuches et t'étales lamentablement au sol dans un craquement sinistre.
Pourtant,aucune trace de douleur,et en portant ta main à ta cheville,force t'est de constater que rien ne semble gonflé,bosselé ou même ; bien qu'improbable vu le bruit,éraflé.
C'est le talon de ta chaussure qui vient de s'arracher.
Pour ce qui est de la suite,un poète la formulerait certainement de la sorte :
Et là,ô grand désespoir
Le bus jaune démarre
La jeune femme jurant,
Des imprécations proférant
🚌🚌🚌
Tu passes l'immense grille toujours ouverte de ton lycée,en pleurs.
Les deux première heures de cette journée de rêve te sont passées sous le nez,et,pour parfaire la situation,ton escarpin littéralement arraché te donne une allure de boiteuse.
Les autres élèves de ta classe viennent à peine de sortir pour la récréation de dix heures.
Tu rejoins tes deux meilleures amies en traînant les pieds.
Seulement,il pleuvine,et le sol en béton,à présent humide,devient traître.
À mi-chemin,tu trébuches,et tombe tête la première dans une flaque monumentale vu la quantité de précipitations très faible.
Tu te redresses précipitamment à quatre pattes en toussant,presque suffocante,espérant que ta chute n'a été remarquée par personne.
Mais,lorsque des éclats de rire s'élèvent tout autour de toi,tu comprends ta grossière erreur.
Alors que tes amies s'apprêtent à venir t'aider,fusillant le groupe hilare du regard,des talons aiguilles claquent près de toi,et les gloussements et autres moqueries cessent instantanément.
Tu ne lèves même pas les yeux vers ta providentielle sauveuse afin de connaître son identité.
Tu en as déjà connaissance.
Effectivement,c'est bien la tendre voix de Lana qui retentit.
Enfin...tendre,pas tout à fait pour l'instant.
Plutôt suavement venimeuse,le genre où l'on ne comprend avoir inoculé un poison mortel qu'au moment où notre cœur s'arrête subitement.
-Eh bien,mes chères étudiantes...
Non,Vancliff,n'espérez pas que je dise « et étudiants »,je suis féministe,vous le savez.
Lana,en vouvoyant le jeune homme,vient de donner le ton.
Elle adopte uniquement cette manière de fonctionner lorsqu'elle se met à réprimander et à devenir sarcastique et cassante.
Celle étant venue à ton secours poursuit :-Et il faut bien dire que votre visage pullulant d'acné et votre caractère de cochon me font plus penser à une calculatrice vindicative qu'à un beau et gentil jeune homme.
Je disais donc...est-il correct de rire d'une camarade à terre ?
-Non,madame...murmurent respectueusement en chœur les personnes concernées.
-Pourquoi le faire,dans ce cas ?
O'Jain,une idée ? Ah,non,elle est trop occupée à pleurer.Pourquoi,encore ? McHerty,vous qui êtes sa meilleure amie,éclairez nous !
-Elle s'est retournée un faux ongle,madame Parrilla...
-Quel malheur ! Barbie s'est blessée et ne sera plus assez parfaite pour plaire à Ken.Lui qui ne la remarque même pas,d'ailleurs.Comme si elle était transparente.Quel et le nom de ce bellâtre,déjà ? Ah oui,c'est un élève de mademoiselle Kees ! Jonathan Smurfitt,exact ?
La précédemment interpellée Ally O'Jain cesse de sangloter et vire brutalement au rouge pivoine en entendant son enseignante mentonnier le nom de l'élu de son cœur.
Puis elle fond à nouveau en larmes,car Lana a visé juste.
Sur cinq ans de scolarité commune,c'est à peine si le séduisant Jonathan lui a adressé deux phrases.
La brune,excédée,lève les yeux ciel avec un immense soupir et interpelle à nouveau celle se tenant aux côtés de la blonde platine :-McHerty,Seigneur Dieu,calmez-moi cette poupée superficielle et surfaite qui vous sert d'amie !
Cette remarque est bien plus cassante et moins tournée à l'humour que la précédente.
L'interpellée ouvre des yeux ronds en entendant Ally se faire ridiculiser de la sorte.
Elle ne proteste toutefois pas.
Les yeux ardents de la Lana,rivés aux siens,viennent ; en plus de sa réplique,de trahir sa colère,jusque là dissimulée à un niveau presque sournois.
Vous savez tous qu'il ne faut pas la défier en constatant qu'elle est énervée.
Sinon,ce n'est plus à un être humain que vous avez à faire,mais à un cyclone.
Lana prend une profonde inspiration,se poste face à toi et,te tendant la main,murmure,avec tellement de tendresse et de délicatesse que tu écarquilles les yeux,stupéfaite
:-Viens,ma chérie,suis-moi.
Tu saisis la main offerte et la brune t'aide à te redresser.
Tes deux comparses font un pas pour venir à tes côtés et te suivre là où l'enseignante veut t'emmener.
Cette-dernière les arrête d'un geste.
-Julie,tu es adorable de vouloir venir.
Toi aussi,Anaïs.Mais j'apprécierais pouvoir parler à Megane seule à seule.
Les deux filles se concertent du regard quelques secondes,puis hochent la tête,répondant simultanément :
-D'accord.On t'attendra ici,alors Meg'.Ou devant la classe si vous parlez plus longtemps.
Tu leur adresses un sourire en acquiesçant,puis t'en va à la suite de Lana.
La femme marche d'un pas rapide,sans un regard en arrière.
Vu son comportement plutôt encourageant de tout-à-l'heure avec toi,tu tentes une manœuvre à hauts risques : accélérant pour parvenir à sa hauteur,tu saisis ses doigts et les entrelaces aux tiens.
La brune se crispe légèrement durant quelques secondes,ne se stoppant par pour la cause.
Elle finit toutefois par se détendre et ne te repousse guère,à ton plus grand bonheur.
L'enseignante t'emmène devant son bureau.
Elle rompt le contact,provoquant une presque imperceptible moue de ta part.
Une fois la porte ouverte,tu entres,et celle t'accompagnant la referme derrière toi.
En entendant la clé tourner,un bref sourire satisfait se peint sur tes lèvres.
«C'est le moment parfait ! Personne ne peut vous déranger,maintenant ! »
Ta conscience vient de faire son retour en force.
Et tu dois bien avouer que...
Sans réfléchir,tu te tournes vers Lana,l'attrape par le col et l'embrasse.
Ta professeure te repousse plutôt brutalement,te donnant le ressenti moral d'un coup de poing en plein estomac.
-Megane ! Par Macbeth,Roméo et Juliette et Notre Dame de Paris ! Aurais-tu perdu la raison ?!
-Non,je vais très bien ! Je...je...c'est seulement que...je t'aime,Lana ! lâches-tu,te permettant de lui dire « tu » et de l'appeler par son prénom sans trop savoir pourquoi.
Ton interlocutrice,choquée et en colère,réplique sèchement :
-Un : je ne t'ai pas permis,je ne te permets pas et je ne te permettrai jamais de me tutoyer.
Deux : ce que tu viens de faire aurait pu occasionner mon renvoi si on nous avait surprises et dénoncées.
Trois ; et là ouvre bien grand tes oreilles : Je n'éprouve aucun sentiment amoureux pour toi.
Est-ce bien clair ?
Devant ses yeux,devenus durs et froids et lançant des éclairs,tu fonds en larmes,telle une petite fille que l'on réprimande.
-Ah non ! Tu ne vas tout de même pas faire ce coup-là !
Arrête immédiatement de pleurer comme une madeleine,je ne suis pas d'humeur !
Elle prend une grande inspiration et se passe une main sur le visage.
-Bon,reprend plus calmement Lana,oublions tout ça,veux-tu ? Ça ne doit certainement être qu'une idée saugrenue dûe à la fatigue.Ou même un pari,qui sait.Je ne suis pas une petite souris qui se faufile dans le réfectoire ou dans vos chambres lors de vos soirées pyjamas afin d'entendre vos conversations et petites confidences.
La brune rit brièvement de sa tentative dans le but de détendre l'atmosphère qui n'a fonctionné ni pour l'une,ni pour l'autre.
Mais ses gloussements,presque factices,demeurent crispés.
Ta désormais briseuse de coeur attitrée déverrouile le panneau et l'ouvre en grand,t'invitant d'un geste à sortir.
-À dans cinq minutes en classe,Megane ! lance-t-elle comme si de rien n'était,tandis que tu sors et t'éloignes en essuyant tes yeux d'un mouchoir sorti de ta poche.
À peine hors de sa vue,tu te mets à courir.Tout,sauf devoir souffrir en la regardant durant encore cinq heures.
Ta vitesse tellement élevée que tu as l'impression d'être devenue subitement une voiture de course,tu prends la fuite dans les rues aux alentours de l'établissement scolaire.Essoufflée après quelques minutes d'avoir dû courir sur la pointe des pieds à cause de tes mêmes chaussures en piteux état,tu te stoppes dans une petite ruelle.Il faut dire que ta blouse et ton pantalon cintrés à l'extrême ont,eu aussi,augmenté la difficulté de l'effort.
T'adossant à une façade toute proche,tu te plies en deux en toussant,la gorge en feu.
Mais ce mal-là n'est pas bien grand à côté de celui qui daigne guère te lâcher.
Ton myocarde est traversé par une profonde plaie à vif,et chaque pensée a la responsable de cette blessure ne fait qu'en accentuer l'atroce douleur.
***
Cela va faire une semaine complète que tu évites les locaux maudits du cours de littérature,et,par conséquent,ceux de l'école en général.
Tu fais partie de la catégorie
« cœurs à peiné cicatrisés »,mais à ceux-là le droit de tenter à nouveau leur chance,avec la même personne si cela leur chante.
Sauf que cette fois,tu as élaboré un plan.
Un plan d'un niveau presque digne d'un machiavel.
Quoique...tout de même pas à ce point.Mais n'en demeure pas moins qu'élaboration de stratagème il y a eu.
Tu saisis ton téléphone pour en appeler la pièce maîtresse,de qui l'avis n'a même pas encore été demandé.
Deux sonneries,puis la personne décroche.
-Allô mon Ana'.Oui,je vais bien.Mieux,en tout cas.Je sais,je ne répondais pas au téléphone,désolée.Je t'appelle parce que je serai de retour demain et j'aurais besoin de ton aide pour quelque chose...
🏳️🌈🏳️🌈🏳️🌈
En ce vendredi après-midi,après ton retour le matin même,tu entres dans la classe de littérature au bras d'Anaïs.
Lana,en train de trier des copies d'étudiants tandis que deux ou trois arrivants un peu en avance s'installent déjà,tourne la tête vers vous et entame un «Bonjour,Megane.Quel plaisir de te revoir parmi nous !».
Seulement,à peine a-t-elle commencé à en prononcer le premier mot,son sourire se fane et son regard perd toute gentillesse en vous voyant bras dessus bras dessous.
Après un baiser sur tes lèvres de la part de celle t'accompagnant,
en la regardant à nouveau,tu jurerais que les flammes de l'Enfer ont désormais pris place sur Terre,dans les yeux de Lana.
Tu adresses un discret clin d'oeil à ton amie,puis vous saluez simultanément la brune,avec un immense sourire,et allez vous asseoir côte à côte.
Après les flammes du Tartare gouverné par Hadès,ce sont les éclairs et le tonnerre de Zeus qui ont pris le relais dans les prunelles de l'enseignante.
Tu étouffes un rire à la pensée que si les océans de Poséidon y prenaient place, «l'effet manga» serait garanti,avec cet impressionnant surplus d'eau.
Mais tu perds ton envie de rire à la pensée d'occasionner les pleurs de l'être aimé.
Anaïs se met parler avec toi à voix basse,remarquant qu'une pensée parasitaire menace le bon déroulement du plan.
Elle voit déjà ta détermination vaciller,redoutant de faire du mal à la brune,mais hors de question de te laisser craquer !
Tu as toi-même élaboré ce plan.
Celle censée flancher,c'est Lana.
-Allô,miss Megane ! chuchote ta complice rousse,peut-être un peu trop énergiquement,te faisant les gros yeux de l'air le plus classique de réprimandes.
Tu tressailles et tournes la tête dans sa direction,remarquant seulement à ce moment la précédemment développée expression de son faciès.
-Oui,Ana' ?
Ton timbre innocent semble littéralement l'exaspérer.
Elle prend une profonde inspiration et expire au maximum à trois reprises afin de garder son calme,puis te glisse
:-Ne lâche pas maintenant ! Madame Parrilla est à deux doigts de te tomber dans les bras.
Tu as vu son comportement tout à l'heure après notre baiser ?
La réussite,l'atteinte du but de cette mise en scène presque sous ton nez,tu commencerais à avoir des remords ? Fais taire ta gentille petite conscience,ou tout va échouer !
Tu déglutis difficilement et réponds d'un hochement de tête.
Protester et monter sur ses grands chevaux suite à cette remarque ne servirait à rien : ton interlocutrice a raison sur toute la ligne.
Alors,dans un coin de ton esprit,il te semble entendre frapper les caractéristiques «trois coups».
Début de la pièce de théâtre,et tu en tiens le rôle principal.
Le tout sera de ne pas terminer comme un comédien devenant tristement célèbre à cause de son décès sur scène...
🎭🎭🎭
Tu sors de la salle de classe,à nouveau au bras d'Anaïs.
Mais cette fois,ton amie se comporte plus de cette manière pour t'éviter de t'effondrer au sol que pour perpétuer votre petite comédie.
Lana était d'une humeur atroce.
La professeure a été cassante,froide,blessante,
distante,avec des répliques cinglantes,même parfois véhémentes.
Si il s'agissait là de jalousie,c'était une manière drôlement violente de la montrer.
Sauf que tous en avaient «profité».
Chaque élève,même les premiers de classe,même les discrets et ceux que la brune préfère.
Seulement,tous ont identifié la cible de la colère de Lana : toi.
C'est pourquoi,durant la majoritaire partie de l'heure de littérature,à voix basse,les autres étudiants t'ont abreuvée de reproches acerbes.
Et,à peine sortie,ils semblent d'humeur à recommencer,alors même que la journée est terminée et qu'ils pourraient rentrer chez eux dans l'espoir de se reposer de ces dernières cinquante minutes éprouvantes.
Anaïs,comme durant le cours,vole à ton secours,et,peut-être du fait de leur désormais fatigue,parvient à les calmer et les disperser en vitesse.
-Ton idée était plutôt bien,à l'origine,articule à moitié la jeune fille,dans un bâillement.
-Mais je n'ai pas pensé aux conséquences,comme toujours.
-Oh,non,pitié,stop !
-Quoi ?
-On dirait Blanche-Neige dans Once Upon A Time ! Tu te souviens,le reproche de Regina à Emma,lorsqu'elle ramène «Marian».L'épisode vingt-deux de la saison trois.
«Tu es comme ta mère.Tu ne penses jamais aux conséquences.»
-Cette réplique ayant été prononcée par Regina,je vais décider de ne pas le prendre mal.
Mais ne me compare plus jamais à Mary Margaret Blanchard.
Anaïs rit,tandis que tu esquisses un pâle sourire.
🌸🌸🌸
Une semaine.
La situation devient intenable.
Même Julie commence à avoir du mal à vous supporter,par moment.
«Arrête ce manège et tente de lui parler calmement ! »,a proposé hier ton autre amie,presque désespérée.
«Pour encore être rejetée comme la première fois ?! Ne te fiche pas de moi,Juju ! »
«Meg' a raison,ce qu'il faut,c'est la rendre jalouse ! »,a insisté Anaïs.
Là,Julie a littéralement explosé.
Elle qui incarne d'habitude la force tranquille du groupe,le calme et la gentillesse à l'état pur,s'est mise à hurler : «Vous avez déjà accompli cet ''exploit'' depuis longtemps,Anaïs ! Espèce de débile ! Notre professeure s'est transformée en femme du Diable—que dis-je,en diablesse elle même !—dès que vous avez passé le pas de la porte de la salle de classe,vous me l'avez vous même dit ! J'étais aussi présente pendant le cours pour le constater.Alors arrête de me dire qu'il est nécessaire de ''la rendre jalouse''.C'est déjà réussi depuis longtemps.
Ta fausse petite amie est remontée au front,bien que de manière posée :
«Mais Ju'...elle doit l'avouer,engager la conversa-... »
Mais déjà,son interlocutrice,excédée,s'éloignait d'un pas vif.
Comme la veille après le départ de Julie,tu te passes une main sur le visage.
Seule différence,tu te trouves chez toi,dans ta chambre,assise devant ton miroir,après t'être douchée.
La glace te renvoie l'image d'une personne fatiguée,exténuée.
Des cernes violets te soulignent les yeux et tu es blanche comme un cachet d'aspirine.
Tu grimaces et te pinces légèrement les joues pour retrouver des couleurs.
Il est temps de cesser cette mascarade,Julie a raison.
Tu te diriges vers ton dressing,décidée à t'habiller normalement.
Point numéro un : quand on veut plaire et déclarer sa flamme,se présenter telle que l'on est.
Ta petite robe blanche en mousseline au bas plissé fera parfaitement l'affaire avec des ballerines basiques assorties.
La tenue choisie lors de la journée de titulariat était une grossière erreur.
Beaucoup trop provocante et vulgaire,ne te représentant pas assez.
Après t'être habillée en vitesse,place au maquillage.
Miser sur un arrangement plus léger,de style girly,ne saurait qu'être à ton avantage.
Coiffure,idem,les cheveux simplement brossés et lissés puis laissés libres seront du meilleur effet.
Une fois ces préparations effectuées,tu appliques dans ton cou une petite pulvérisation de parfum au jasmin,puis te lèves.
Tu jettes un coup d'œil au résultat pour le constater parfaitement à ton goût.
-Lana,j'arrive.Et cette fois-ci,tout ira bien mieux que la précédente.
💖💖💖
Tu frappes délicatement à la porte de son bureau,sachant pertinemment que tu la trouveras à cet endroit en ce début de journée.
Lana t'ouvre,arquant immédiatement un sourcil à ta vue.
-Eh bien,miss Megane ? Un soucis avec votre nouvelle «cavalière» ? Votre changement subit de look ne lui a guère plus ?
-Non,madame,je viens car nous devons avoir une discussion,toutes les deux.
La brune ricane,blessante.
-Ah bon ? Et pourquoi donc ?
-J'ai conscience de ne pas avoir employé la bonne méthode pour avouer mes sentiments,mais...
Celle à qui tu parles te fait taire en te posant un doigt sur les lèvres.
Tu crois déjà voir arriver le baiser qui clôturerait l'acte II en apothéose.
Mais la professeure se contente de chuchoter :-Asseyez-vous,parlons de cela à l'abri des oreilles indiscrètes.
Un hochement de tête de ta part,puis exécution.
Lana ferme la porte à clé,comme lors de votre premier entretient,puis viens s'assoir.
Non pas en face de toi,de l'autre côté du bureau,mais juste à côté,déplaçant sa chaise pour se faire.
Tes yeux doivent probablement se remplir d'étoiles en ce moment même sans aucune raison visible.
La femme croise les bras ainsi que les jambes et dit d'une voix posée :-Je vous écoute.Vous avez...(elle observe sa montre en vitesse) dix minutes.
Tu poursuis immédiatement,sans prendre la peine de répéter le début de ta phrase :-...ils étaient,dans tous les cas et malgré la technique rudimentaire d'approche,du plus haut niveau de sincérité dont je suis capable.
- Je n'en doutais pas.
Mais la précision est malgré tout une preuve de prévenance appréciable.
Tu souris légèrement,puis continue :
-Vous avez bien insisté sur le fait de ne ressentir aucun sentiment amoureux à mon égard.
-Exact.
-Alors dans ce cas,pourquoi vous être comportée de la sorte en me voyant au bras de mon amie ?
Serait-ce de la jalousie ?
C'est pourquoi,d'une manière directe,mais un peu plus gracieuse,je te rappelle que mon cœur t'appartient,à jamais.
Nouveau tutoiement,
seulement,là,les commissures des lèvres de Lana s'étirent doucement.
-Ah bon,Megane ? Si tu es sincère,que fais-tu donc de ta nouvelle petite copine ?
-Ana' ? Elle n'est pas homosexuelle pour un sou.
Elle a accepté de jouer la comédie pour moi.
Pour que je puisses te rendre jalouse.
Elle pensait aussi que si tu avais été si sèche en me disant ne pas m'aimer,c'était dans l'unique but de me protéger
Lana rit,légèrement crispée,et prononce une réplique qui t'inonde le cœur de bonheur :-Eh bien votre manigance a réussi.
Et cette fichue jeune perspicace d'Anaïs a raison.
Te voyant ouvrir des yeux ronds,la brune s'explique :-Si on avait appris que je m'étais mise en couple avec une élève ou simplement l'avait embrassée,c'aurait été le scandale assuré.
Ce n'est pas tellement mon renvoi qui m'inquiétait,mais plutôt les problèmes avec la direction et les autres étudiants que tu aurais pû avoir après mon départ.
Je t'aime moi aussi,toutefois,je ne voulais t'occasionner aucun ennui.
Je n'apprécie pas non plus faire preuve de faiblesse.
Et tomber dans tes bras comme ça,tellement facilement,dès ta première tentative,ne convenait pas à mon égo.
Elle rit avant d'achever ses explications :-Puis,il faut aussi dire que ta manière de procéder m'a terriblement choquée et déçue,te sachant,tout comme moi,une grande passionnée de littérature.
Tu rougis,honteuse.
-Pardon.
Lana t'embrasse doucement le front.
-Ne t'excuse guère pour si peu.
Mais la prochaine fois que tu désires effectuer une déclaration d'amour pour moi,veille à plutôt procéder comme aujourd'hui.
Voire à emprunter les splendides mots de l'un de mes auteurs préférés.
La beauté de leurs phrases vaut bien la tienne et leur imagination est bien égale à ta bonté d'âme et ton intelligence.
-Mais aucune pièce d'un grand auteur,ni aucune poésie,aussi magnifique soit-elle,ne vaut la personne extraordinaire que tu es.
Tu déposes tendrement tes lèvres sur les siennes.
Elle répond à ton baiser,enfouissant une main dans tes cheveux.
Après quelques délicieuses secondes,vous vous écartez l'une de l'autre.
Bien que le visage illuminé,tu pousses un léger soupir.
-Le plus dur reste à venir.
Lana fronce les sourcils.
-Nous pouvons surmonter les problèmes et éviter l'information de la direction de notre relation,pourtant.C'est bien parce que je l'ai compris que je me suis ouverte à toi.
-Oui,je sais,ce n'est pas cette situation qui m'ennuie.
-Quoi,dans ce cas ?
-Je vais devoir parvenir à conquérir le pardon de Julie ! Elle était contrariée des retombées de mon idée.
La tâche s'annonce à hauts risques !
Et là,simultanément,vous éclatez de rire.
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Imagine réalisé pour evil_parrilla ^^.
Vu à quel point je me suis investie,j'espère qu'il te plait
😘😂 !
C'est l'imagine le plus long que j'ai jamais fait XD !
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