♱ | 5. Fardeau

— Le nouveau m'a parlé ! J'ai parlé au nouveau !

J'étouffai un lourd soupir et levai mes yeux au ciel très ensoleillé. Depuis quinze longues et infernales minutes, Steven avait laissé la frénésie le gagner et il n'avait cessé de répéter ces mêmes mots. Au départ, je l'avais ignoré en pensant naïvement qu'il se calmerait. Malheureusement pour moi, ce fut l'effet inverse qui se produisit. Plus mon jumeau prenait conscience de ce qui s'était passé, plus l'excitation l'animait.

Désormais, je sentais l'agacement bouillonner en moi. Quand j'avais prétendu que l'Angleterrien aurait un effet charmeur sur les filles du lycée durant quelques semaines, j'avais oublié de mentionner mon jumeau qui, sans l'ombre d'un doute, rejoignait le club des fanatiques du nouveau.

— J'ai compris, Steve', soufflai-je d'un ton las.

Comme si cette remarque arrêterait mon frère qui était lancé depuis bien longtemps. Je n'existais plus, Steven n'avait d'yeux que pour l'Angleterrien. Je serrai la mâchoire, avec l'espoir qu'il termine bientôt son discours glorieux sur ce type.

— Oh, tu aurais dû voir comment il m'a regardé ! Il était si...

— Idiot, achevai-je d'un ton tranchant qui surprit Steven.

Il s'immobilisa au milieu du trottoir, me jetant un regard empli de stupéfaction. S'il était choqué de découvrir le fait que je ne partageais toujours pas son point de vue concernant ce débile profond, pour ma part, je peinais à comprendre la raison exacte pour laquelle mon frère lui vouait un tel culte. Pour son apparence peut-être ? Bon, je devais admettre qu'il n'était pas si laid. Mais ça s'arrêtait là ! Il ne possédait pas cet air charismatique pour lequel j'aurais pu également fondre, ni la gentillesse qui m'aurait fait baisser ma garde. Rien de tout ça.

De plus, je me rappelais qu'il était impossible de tomber amoureux du physique d'une personne. Ce sentiment que l'on ressentait dans ces moments-là était de l'attirance et non de l'amour. Je le savais, car mon père nous avait appris, à Steven et à moi, à faire la distinction entre ces deux sensations dès le début de notre adolescence. Il craignait que nous tombions dans ce piège vicieux pour finir avec le cœur brisé.

Si moi, j'avais retenu la leçon, ça ne semblait pas être le cas de mon frère. Ce dernier continuait de me lancer un air outré qui m'exaspérait. On aurait dit que je venais d'insulter son idole qu'il considérait comme un dieu, alors que je n'avais fait que d'énoncer la vérité au sujet de l'Angleterrien.

— Tu es ridicule, Stev'.

— Et toi, tu l'es encore plus.

À mon tour, je l'assommais d'un regard offusqué. Un douloureux sentiment de trahison coulait dans mes veines. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais blessée par le fait que son opinion soit différente de la mienne. On avait toujours eu cette habitude de partager le même point de vue concernant les gens, on appréciait et détestait les mêmes personnes et c'était cette connexion qui renforçait une partie de ce lien puissant qui nous reliait. Mais cette fois-ci, Steven m'avait abandonné pour les beaux yeux de ce nouveau qui n'avait rien de particulier.

Alors que mon agacement fulminait dans mes veines, j'entrouvris la bouche, m'apprêtai à rétorquer. Cependant, mon frère me devança.

— Enfin, regarde-toi, Polly. Tu fais toute une montagne pour rien.

Mon cœur loupa un battement, je manquai de peu d'avaler ma salive de travers. Pour un rien. Ces trois mots tournèrent en boucle dans ma tête, m'assommant de confusion. Je venais à me demander si c'était bien Steven qui était présent la veille, durant l'épisode où je m'étais ramassé cette fichue porte en pleine tronche et non un clone qui se serait fait passer pour lui.

— Pour rien ? répétai-je, tandis que j'apercevais la silhouette familière du lycée quelques mètres plus loin.

Steven était à nouveau monté sur son skate qu'il poussait doucement de son pied gauche de façon à avancer à mon rythme.

— Oui, pour rien. Le coup de la porte était un accident...

— Mais j'ai eu mal ! m'écriai-je outrée de constater que mon jumeau n'était définitivement pas dans mon camp. Et en plus, au lieu de s'excuser, il m'a dévisagée comme si j'étais une bête de foire.

Il se tut, comprenant que je venais de marquer un point. Un silence pesant planait alors dans l'air. Mon mutisme indiquait que le sujet était clos. Stev' pouvait me donner tous les arguments qu'il souhaitait pour tenter de changer mon avis à l'égard de cet idiot, je savais que son avis n'était pas subjectif. Il était aveuglé par son admiration inattendue pour l'Angleterrien.

Nous pénétrâmes dans l'antre de l'endroit que je considérais comme étant l'Enfer, mais à la fois un passe-temps amusant. Tout ce temps que je passais à l'école, je ne le passais pas à la maison, avec la peur au ventre qu'il débarque à l'improviste pour moi.

— Tu as tes entraînements après les cours ?

Je restais pensive le temps de quelques secondes. Je connaissais toutes les figures de la nouvelle chorégraphie sur le bout des doigts, si bien que les autres cheerleader me prenaient moi comme modèle et non Evy, ce qui provoquait bien évidemment la fureur de cette dernière. Cependant, l'idée de rentrer tout de suite après les cours ne m'enchantait guère. Au contraire, elle fit naître un malaise qui me noua l'estomac les entrailles instantanément.

— On a aucune répétition de prévue avec l'équipe de cheerleader. Mais je pense que je vais m'entraîner quand même un peu. Tu voudrais rester avec moi ?

Mon cœur se noua d'appréhension. Je craignais d'entendre son refus qui me contraindrait à rester seule et qui me donnerait le risque dangereux de me faire avoir comme la veille ; penser que Steven était à la maison, alors que ce n'était pas le cas.

Ma gorge se noua, une douleur se propagea au niveau de ma poitrine quand le souvenir de son souffle haletant contre ma peau percuta mon esprit. L'image de ses mains qui prenait un malin plaisir à s'aventurer sur l'ensemble de mon corps pendant que je priai intérieurement pour que ça se termine au plus vite, ranima la bile acide de dégoût qui remonta le long de mon estomac jusqu'à ma trachée.

Mais la vision de la mine réjouie que Steven me témoignait dissipa l'ombre des démons qui me tourmentaient. Avec mon frère à mes côtés, je ne risquais rien. Il n'osait rien entreprendre lorsque mon jumeau était présent dans la maison. Le poids dans ma poitrine s'envola alors dans l'instantané.

— Bien sûr ! Enfin, si on ne se ramasse pas une nouvelle heure de retenue par Jareau et Gray, le concierge timbré.

Contre toute attente, un ricanement se libéra de ma bouche. C'était vrai que les retenues n'étaient guère une partie de plaisir. Cependant, ce qu'on organisait pour mériter ces sanctions constituait le seul moyen de distraction et d'amusement durant ces longues heures où j'étais prisonnière entre ces murs. Et puis ces heures de colle retardaient mon retour à la maison.

Mais je conservais cette dernière réflexion pour moi. Steven n'avait pas à connaître le fardeau que je portais sur mes épaules, le martyr que je subissais lorsqu'il n'était pas présent. Personne ne devait découvrir la nature de mon cauchemar qui vivait sous le même toit que moi, en plus des autres démons qui avaient ressurgi de leurs tombes pour me hanter à nouveau.

Après avoir troqué mes vêtements contre un leggins et un vieux T-shirt blanc que j'avais « emprunté » à mon père quelques années plus tôt, je quittai les vestiaires des filles et me rendis dans la salle de sport. L'immense hall dans lequel se déroulaient nos cours de sport était vides, les lumières étaient éteintes et monsieur Gray ne devaient pas débarquer avant une heure. J'avais donc le temps de faire de rapides échauffement articulaires quelques tours de pistes avant d'entamer les répétitions acrobatiques. Étant seule, je jugeai inutile de faire un full out, qui était la reproduction de la chorégraphie entière.

Je me postai au milieu de la salle déserte et commençai à échauffer chaque partie de mon corps, à commencer par les poignets, ensuite les mains et les épaules. Pour n'importe quel autre élève normalement constituer, se retrouver seul dans cet endroit à ce moment de la journée – vingt minutes après le dernier cours – serait terrifiant et angoissant. Mais pas pour moi.

Au contraire, je préférai cette solitude plutôt que la présence des autres. Leur absence renforçait l'agréable illusion que la salle de gym m'appartenait. J'étais sur mon territoire et me sentais invincible. Plus rien ne pouvait m'atteindre. Cet instant de la journée était le mien, celui où, à travers mes acrobaties mêlées à la danse, je pouvais enfin extérioriser ce cocktail trop intense qui me submergeait tous les jours.

Tandis que j'achevais mon échauffement au niveau de mes genoux et de mon dos, je jetai un coup d'œil à l'horloge murale pour noter que quinze minutes s'étaient écoulées et qu'il n'y avait toujours aucune trace de Steven.

Étrange.

Pourtant, durant notre dernière cour de l'après-midi, il m'avait encore assuré de sa présence et depuis, j'ignorais où il était passé.

Pour notre année de première, j'avais eu la chance de me retrouver avec mon frère à tous nos cours. Certes, les professeurs avaient dû s'arracher les cheveux en découvrant que les jumeaux Gubler étaient à nouveau dans la même classe. Nous représentions peut-être leurs cauchemars, mais le calvaire qu'on leur infligeait me délectait de la plus satisfaisante des manières.

Vingt minutes. Steven n'était toujours pas là. Son absence anima l'inquiétude en moi.

— Qu'est-ce que tu fous, Stev' ? lâchai-je en me levant soudainement du banc en bois.

Soit, il me faisait une farce pas amusante, soit il avait rencontré un imprévu sur sa route. J'espérai au plus profond de moi qu'il s'agissait de la première hypothèse.

— Allez, Stev' ! m'impatientai-je en commençant à faire les cent pas, m'apprêtant à entamer le premier tour de salle.

— En plus de gueuler sur les gens, tu parles toute seule ?

Je réprimai un sursaut brutal à l'entente de cette voix qui s'était soudainement élevé dans les airs. Je portai la main contre ma poitrine, réconfortant mon cœur ayant déraillé et pivotai ma tête en direction de l'entrée de la salle de gym. Lorsque mes iris reconnurent l'individu vêtu de son pantalon et sa veste en jean adossé nonchalamment contre le cadre de porte, mes muscles se crispèrent aussitôt d'agacement. Encore lui ! Moi qui étais ravie de ne pas avoir eu à supporter sa tête d'Angleterrien de la journée, je constatai avec horreur que j'avais crié victoire trop vite.

— Qu'est-ce que tu as à m'espionner ? crachai-je d'un ton acerbe.

J'ignorais depuis quand il se tenait là, tapis en retrait, à m'observer. Ma respiration se bloqua dans ma gorge quand je le vis faire un pas dans ma direction, puis un autre. Je voulais lui ordonner de rester à sa place, qu'avec ses chaussures dégelasses, il salissait le parquet auquel les profs de gym tenaient absolument. Mais aucun son ne franchit la barrière de mes lèvres.

— Tu ne veux pas descendre de quelques tours ? Parce que figure-toi que je ne t'épiais pas. Je me suis seulement perdu.

— Mmmh.

Je peinais à le croire. Son excuse aurait été acceptable si nous avions été dans le lycée. Seulement, la salle de gym était séparée de l'établissement scolaire. Pour rejoindre l'un des deux bâtiments, il fallait obligatoirement passer par l'extérieur. J'avais donc la désagréable impression qu'il se fichait de moi.

Je portai mes mains sur mes hanches et avançai la tête haute jusqu'à l'Angleterrien. Seul quelques centimètres nous séparaient désormais. Je tentais de ne pas me laisser impressionner par sa taille qui me surplombait de toute sa hauteur, de son souffle chaud qui s'écrasait contre moi. Je conservais mon indifférence à son égard pour garder le dessus sur la situation.

— À ce que je vois, tu n'aimes pas qu'on t'observe.

Le ton de sa voix espiègle fit naître un sourire mesquin sur mes lippes, cachant l'effet désarçonnant que sa remarque provoqua en moi.

— T'es complètement à côté de la plaque.

Je refusais d'admettre que oui, je détestais le fait qu'on m'observe à mon insu.

— Explique-moi ça, alors, fit-il d'un ton lent.

Son élocution me troubla. Pourquoi n'avait-il pas l'accent de son pays ? Et pourquoi ses yeux bleus qui me sondaient avec une intensité déroutante créa un malaise soudain en moi ? Il fallait que je me ressaisisse et vite !

J'effectuai un pas en arrière, ramenant l'espace entre nous qui brisa l'envoûtement qu'il m'avait jeté.

— Parce que ce n'est pas ta sale tête d'Angleterrien que je m'attendais à voir ici, mais plutôt celle de mon frère.

Ses sourcils se haussèrent de surprise. Son expression espiègle avec laquelle il me sondait s'estompa aussitôt, à ma grande surprise.

— Ton frère ? Il n'est toujours pas revenu des toilettes ?

Mon cœur rata un battement. Mes sourcils se froncèrent.

— Aux toilettes ? Tu l'as vu quand ?

J'ignorais si je pouvais me fier à l'authenticité de ses propos. Cependant, il était la seule personne à pouvoir m'en dire plus sur l'endroit où mon jumeau se trouvait.

— J'en sais rien, il y a peut-être quinze ou vingt minutes.

Mon sang se glaça dans mes veines, mon rythme cardiaque prit une allure précipitée. Je craignais de comprendre ce qui s'était passé, voire ce qui se passait en cet instant même.

— Mais tu sais que de nos jours, pour contacter quelqu'un, on a tous avec nous cette fabuleuse invention qui s'appelle un téléphone portable.

Le son de sa voix me semblait lointain dans mon esprit. Je ne réagis même pas à sa pique, parce que l'Angleterrien ne figurait plus au centre de mes préoccupations. Steven avait occupé toute la place. Le cœur battant à tout rompre dans ma cage thoracique, je quittai en trombe la salle de gym, abandonnant le nouveau avec ses questions concernant mon changement d'attitude soudain.

L'adrénaline avait entièrement pris possession de mon corps. Haletante, je me ruai jusqu'au lycée qui était face à la salle de sport, bousculant au passage les derniers lycéens qui quittaient le bâtiment. Ces derniers m'adressèrent des insultes que j'ignorais sur-le-champ. La terreur grandissait dans ma tête, tandis que je dévalai les escaliers pour atteindre l'unique étage.

Je ravalai avec une difficulté qui déchira l'intérieur de ma gorge, le hurlement désespéré portant le prénom de mon frère, n'aspirant qu'à sortir de ma bouche. En pivotant à ma gauche pour rejoindre les couloirs des mecs, je me heurtais à un torse mou, mais robuste. L'impact fut si violent que je fus projeté en arrière pour ensuite m'écraser lamentablement sur le sol.

— Tiens, comme c'est surprenant de te voir là, Gubler.

Mon sang bouillonna dans mes veines à la vue du sourire narquois dessiné sur sa gueule. Mais le fait de voir Rivers et sa bande face à moi m'arracha un frisson d'effroi. C'était ce que je redoutais... Il porta son doigt à son menton, feignant de réfléchir.

— Mais pourquoi j'ai l'impression de me répéter ? Ah, mais oui !

Son regard s'assombrit, renforçant la peur dans mon corps.

— C'est exactement ce que j'ai dit à ta tapette de frère avant de lui faire sa fête.

Tandis que les ricanements moqueurs de ses sbires emplirent les couloirs vides, une bile de rage amère remonta le long de mon estomac. Une tension désagréable se propagea dans tout mon corps. Je serrai mes poings jusqu'à implanter douloureusement mes ongles dans les paumes de mes mains. Mon regard haineux ne lâcha pas les monstres qui prenaient un malin plaisir à se délecter de la cruauté qu'ils nous faisaient subir.

— T'es vraiment qu'un gros con ! crachai-je en insistant sur le « gros ».

Après m'être relevée, je contournai Alex et sa bande qui me suivaient du regard tout en continuait leurs moqueries. Je mourrais d'envie de les faire passer par la fenêtre, afin qu'ils cessent de nous tourmenter, Steven et moi. Lorsque j'arrivai dans les toilettes avec le sang qui battait à mes tempes, je m'arrêtai abruptement et étudiait d'un œil anxieux, la zone vide.

Sur le sol carrelé en noir et blanc, je découvris avec horreur des traces de sang. Je me mordis furieusement l'intérieur de ma joue pour contenir le cri de terreur que m'insufflait l'état de cet endroit.

— Stev' ?

Ma voix étouffée résonna dans cette pièce glauque. Le faible gémissement qui me répondit gonfla mes poumons d'espoir. Je me ruai alors en direction des cabines, là où provenait ce son aussi rassurant qu'inquiétant. Qu'est-ce qui lui avaient fait subir ?

Le choc me pinça furieusement le cœur lorsque je découvris Steven, debout, qui prenait appui contre la paroi grise de la cabine. Je me précipitai vers lui et encadrai son visage entre mes mains pour constater l'ampleur des dégâts.

— Oh, mon Dieu, Stev' ! m'écriai-je, horrifiée de son état.

Sa lèvre inférieure était fendue, c'était de là que la grosse – mais pas grave – perte d'hémoglobine provenait. Je notai la présence de plusieurs hématomes, dont un au niveau de son arcade sourcilière et un autre sur la pommette de sa joue droite. Un sentiment affreux de culpabilité me foudroya. C'était de ma faute si Rivers était parvenu à lui tomber dessus, parce que je n'avais pas été là. J'avais préféré m'occuper seulement de mon propre besoin, oubliant qu'Alex représentait toujours un danger pour nous deux.

Steven plaça ses mains sur les miennes pour les écarter de son visage et rompre ainsi notre contact. Ses yeux s'implantèrent dans les miens. La lueur faible de fatigue qui scintillait dans ses opales me poignarda le cœur. Je sentais les larmes me monter aux yeux.

— Ce n'est rien, Polly. Ils m'ont à peine touché.

— Tu plaisantes, j'espère. Ils t'ont amoché le visage !

Stev' étouffa un gloussement qui provoqua un bien indescriptible en moi. Ce son me rappela à quel point il était courageux. Il était mon rayon de soleil, l'unique personne qui parvenait à m'arracher un sourire lorsque je n'avais pas le moral. C'était la raison pour laquelle je devais prendre soin de lui, le coller aux baskets. De cette manière, on pouvait se protéger mutuellement.

Je l'aidais à avancer jusqu'aux lavabos pour tenter d'éradiquer autant que possible, le mal que Rivers avait inscrit sur son faciès. Tandis que je passai plusieurs papiers humides sur sa lèvre ensanglantée, je vis son regard navré qui me reluquait.

— Désolé d'avoir taché tes vêtements.

J'abaissai mes prunelles sur mes vêtements, conscientisant le fait que je portais toujours mes affaires de sport. Je remarquai qu'en effet, une trace d'hémoglobine entachait le tissu blanc de mon T-shirt. Mais c'était le cadet de mes soucis en cet instant. Je fis un haussement d'épaules.

— C'est pas grave, Stev'. Le plus important, c'est que tu ailles bien.

Il m'adressa un sourire reconnaissant que je lui rendis. Tandis que je terminais d'arranger ses blessures, je lui expliquai qu'il nous fallait retourner dans les vestiaires de la salle de gym, afin de récupérer mes affaires. Intérieurement, je me demandais si l'Angleterrien s'y trouvait toujours. Est-ce que je devrais informer Steven de sa visite surprise dans la salle de sport, juste pour découvrir l'ébahissement envahir les traits de son visage et sentir ainsi mon cœur se réchauffer ? C'était tentant, mais j'anticipai également la rafale de questions que mon frère pourrait me poser. Et je n'étais pas d'humeur à subir un interrogatoire.

À l'instant où nous quittions les toilettes, la main de mon jumeau se posa sur mon épaule. En pivotant face à lui, je croisais son doux regard empli de gratitude.

— Merci, d'être là pour moi, Polly. Tu es la seule qui connaît le fardeau que j'endure ici et...

Sa phrase fut suspendue, parce qu'il ne trouvait pas les mots pour exprimer ce qu'il éprouvait au plus profond de son cœur. Mais il n'avait pas à le faire. Je pouvais entendre le fond de ses pensées. Nous reprîmes notre route, bras dessus et bras dessous.

— Polly, si tu avais des problèmes, tu me le dirais, hein ? Comme ça, je pourrais aussi te protéger, être là pour toi.

Ces mots firent naître un malaise physique qui s'étendait dans mon métabolisme. L'étau se resserra autour de ma trachée, me privant de l'usage de la parole. Je répondis alors par un hochement de tête.

Stev' l'ignorait, mais il me protégeait déjà d'un prédateur redoutable. Et à cet instant, je fus prise de remords. Parce que je connaissais la nature du fardeau de mon frère. Mais lui, il ignorait tout du mien. Pourtant, je restais persuadée que le tenir éloignée de la sombre vérité qui entourait mon existence était mieux pour lui. Car s'il venait à tout découvrir, il en serait anéanti. Et ça, je ne pourrais le supporter.

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• Hey beautiful people ! 🤗

Pauvre Steven ! •

•......•

• Votre avis sur ce chapitre plus long que d'habitude ?

• Sur la confrontation entre Marty et Polly ?

•  Mais quel peut bien être le secret obscur que Polly veut à tout prix cacher ?

•......•

☆ Le prochain PDV sera sur Marty !☆

Kissouilles !

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