♱ | 12. Attaque physique
Le frisson qui parcourut l'ensemble de mon corps me fit prendre conscience que le soleil avait décliné vers l'horizon pour laisser place à au crépuscule. Comme un idiot, j'avais laissé ma veste en jean à la maison lorsque j'avais été récupéré mon skate. Je sentais alors la fraîcheur nocturne m'étreindre jusqu'à me faire trembler. Étouffant un long soupir, je jetai un coup d'œil à mon téléphone pour reprendre la notion du temps qui s'était suspendu depuis le départ de Steven.
18 h 54.
Oh, la vache !
Je me levai subitement du banc et montai sur mon skate afin d'arriver au plus vite à la maison. Je n'avais pas vu le temps passer ; après que Steven fût parti subitement, je m'étais installé face à la mer pour contempler l'horizon. Sauf que j'étais resté assis pendant plus de trente minutes, laissant mon esprit vagabonder au loin, songeant à... Je ne m'en souvenais même plus.
Quel imbécile.
Alors que je regagnai le centre-ville, je perçus le son aigu des sirènes d'ambulances qui se firent entendre au loin. Je plaquai mon pied au sol afin de freiner et d'interrompre ma course. Un étau soudain se resserra autour de ma gorge, mon rythme cardiaque perdit de sa régularité lorsque je réalisai que cette sonorité se rapprochait vers moi. Et lorsque le véhicule passa à côté de moi, mes tympans vrillèrent, si bien que je plaquai mes mains contre mes oreilles pour me couvrir au mieux de ce bruit assourdissant. Une peur mêlée à un courant d'appréhension coula dans mes veines. Un mauvais pressentiment s'installa en moi, nouant douloureusement mes entrailles.
C'était pour elle.
Ils venaient pour la femme de la bibliothèque rencontrée le matin même. Je n'avais aucun moyen pour le savoir, parce que cette ambulance pouvait intervenir pour n'importe qui. Cependant, j'en avais la certitude au fond de moi. Je revoyais l'image de cette dame, ainsi que ce voile qui planait dangereusement autour d'elle. Cette aura qui avait mis fin à sa vie, que moi seul avais vue et qui, pourtant, n'avait rien dit.
Ça s'était toujours déroulé ainsi ; je me retrouvais envahi de cet étrange pressentiment que les gens que je croissais avec ce voile inquiétant avaient passé de l'autre côté.
Un écoulement mal placé de tristesse se répandit en moi. Je ne connaissais rien de cette personne et pourtant, je me surpris à éprouver de la peine pour elle, pour ses proches. Avait-elle de la famille ? Quelqu'un pour la pleurer ? Une flambée d'interrogations qui n'avaient pas lieu d'être submergea mon esprit. Le son des sirènes s'était éloigné, mais demeurait toujours perceptible au loin dans cette ville qui n'était pas si petite que ça.
Une force provenant de nulle part enivra ma conscience et me convainc de me retourner. Comme si quelque chose m'attendait. Mon souffle s'étrangla dans ma gorge en découvrant la bâtisse qui se dressait devant moi. Mon sang se glaça furieusement dans mes veines, la peur me tétanisa. Mes yeux arrondis de frayeur dévisagèrent l'enseigne placée au-dessus de la porte d'entrée.
La bibliothèque.
J'espérais qu'il s'agissait d'une simple coïncidence. Pourtant, je savais qu'il n'en était rien. C'était un signe d'eux. Ils m'indiquaient que grâce à moi, ils avaient récolté son âme.
Cette conclusion alimenta la vague de culpabilité qui me submergea. C'était ma faute. Si j'avais ouvert ma bouche, cette femme serait encore en vie à l'heure qu'il était.
— Marty, tu es enfin rentré ! s'exclama ma mère depuis la cuisine.
À peine, je refermai la porte d'entrée derrière moi, qu'une délicieuse odeur de fromage fondue s'infiltra dans mes narines.
— Ouais, j'ai pas vu l'heure, m'excusais-je en allant déposer mon skate dans ma chambre.
Arrivé dans la cuisine, j'eus la surprise de constater que mon père n'était pas présent. Je lâchai alors un soupir de soulagement. Je n'étais pas si en retard que ça. Pourtant, lorsque je regardai l'horloge accrochée au mur de crépi blanc qui indiquait dix-neuf heures et vingt-cinq minutes, la confusion me submergea. Le supermarché finissait à dix-neuf heures et papa rentrait toujours vers dix-neuf heures et quart.
Je reportai mon expression intriguée sur ma mère qui finissait de préparer la table.
— Où est papa ?
Elle releva la tête vers moi, passa une mèche de cheveux qui s'était échappée de son éternelle queue de cheval, derrière son oreille. Elle passa devant moi pour récupérer les verres manquants.
— Oh, il a appelé, il y a dix minutes, parce qu'il y a eu un grave accident sur la route...
Je crus faire une chute interminable dans le vide, mon cœur fut catapulté dans ma trachée. Je n'écoutai plus la suite de sa phrase. Mon esprit s'était déconnecté de la réalité pour créer les pires scénarios alimentant mon angoisse soudaine.
Et si, contrairement à ce dont je m'étais persuadé, l'ambulance que j'avais aperçue en ville n'était pas pour la femme de la bibliothèque ? Je m'agrippai à la chaise de la cuisine, victime d'une série de tremblements invisibles aux yeux de ma mère. Celle-ci me considérait d'un air inquiétant.
— Tu ne te sens pas bien, Marty ?
— Est-ce que papa va bien ?
Mes mots animèrent l'incompréhension qui submergea maman.
— Bien sûr, mon chéri. Il est seulement pris dans les bouchons à cause de cet accident.
Mon cœur s'allégea aussitôt. Je retrouvai mon souffle, sentant l'inquiétude me quitter aussitôt. Au moins, papa allait bien.
— Tu peux t'asseoir, il va arriver d'ici quelques minutes.
Je m'exécutai tout en poussant de longues expirations, savourant le soulagement intense qui me frappait. Ma mère s'installa à côté de moi, m'observant avec suspicion. Tandis que je contemplais ses traits inquiets sur son visage, hésitant à lui faire part de ce qui me mettait dans un tel état semblable à des montagnes russes.
— J'ai croisé l'ambulance sur le chemin.
Son regard s'agrandit, laissa une lueur de compréhension pénétrer ses saphirs bleus. Sa bouche s'entrouvrit, mais aucun son n'en sortit, puisque la porte d'entrée s'ouvrit à ce même moment. D'un mouvement synchronisé, maman et moi pivotâmes la tête en direction de l'entrée, où nous découvrîmes la silhouette de mon père qui posait ses affaires.
— Bonsoir tout le monde !
Ma mère se leva subitement pour accueillir mon paternel en l'embrassant passionnément. Je m'empressai de détourner mon attention, levant les yeux au ciel. Certes, j'étais soulagé de savoir papa en sécurité, cependant, je me passai volontiers de ce genre de scène trop romantique à mon goût.
— Marty s'est beaucoup inquiété pour toi.
Un gémissement las s'échappa de ma bouche. C'était bien le genre de maman : aller rapporter à papa le moindre détail me concernant qui se révélait inutile. Le dos tourné, je pouvais toutefois sentir le regard surpris de mon père qui me transperçait.
— Moi, je n'ai absolument rien eu, fiston. C'est plutôt cette pauvre femme qu'il faut pleurer.
Mon cœur s'alourdit. Une femme. Papa venait de confirmer une partie de ce que je savais déjà. Je me retournai subitement, tandis que ma mère interrogeait papa d'un regard intrigué et inquiet.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Il ne répondit pas tout de suite, préférant s'installer à table où une bonne fondue nous attendait. Cependant, le long et lourd silence de p'pa alimentait le nœud d'appréhension qui s'était formé au niveau de mes entrailles, même si, j'étais déjà au courant de ce qui s'était passé. Ou du moins, je connaissais l'identité de la victime.
— De ce que je sais, apparemment, une jeune femme a déboulé sur la route et la voiture devant moi l'a... Mortellement percutée.
Un silence de mort tomba. L'expression de mon père s'assombrit, maman porta sa main contre sa bouche, ahurie par ce qu'elle venait d'entendre. Et moi, je laissai les ténèbres s'emparer de moi. En dépit du fait que je fusse assis, je sentais mes jambes qui flageolaient sous l'emprise de la terreur qui se déferlaient en moi. Papa n'avait pas besoin de la décrire. Je savais que c'était elle, la dame de la bibliothèque. Cette sombre constatation parcourut ma peau de frissons.
C'est de ma faute.
Un élan de culpabilité me frappa de manière si forte que j'en eus l'appétit coupé. Mon esprit était désormais hanté par les remords. Comment pouvais-je avoir la conscience tranquille tout en sachant que j'étais le responsable de cette mort tragique ?
Je réprimai un sursaut brutal lorsqu'une main se posa sur mon épaule. L'adrénaline monta en flèche puis redescendit aussitôt à l'instant où je réalisais qu'il ne s'agissait que de maman.
— Marty, tu es sûr que ça va ? Depuis tout à l'heure, tu es... Bizarre.
Bizarre ne décrivait pas exactement l'état d'esprit dans lequel je me noyais. À vrai dire, j'étais tourmenté, bouleversé en raison des récents événements qui s'étaient produits. Mais je ne pouvais confier ceci à mes parents. Car en plus de leur provoquer une inquiétude sans précédent, je me verrai obligé de leur révéler le trouble qui me poursuivait depuis désormais trop longtemps.
Personne ne pouvait comprendre ce que je visais au quotidien et personne ne pouvait me débarrasser de cette malédiction qui empoisonnait mon existence.
— Je suis fatigué, mentis-je avec l'espoir naïf que cette explication lui suffise.
À mon grand regret, sa réaction fut de froncer les sourcils. Je me pinçai les lèvres, conscientisant que je n'étais pas parvenu à la convaincre. Je m'attendais alors à recevoir une pluie d'avertissements concernant mon unique année de scolarité dans cette ville. Maman ouvrit la bouche, mais fut coupée dans son élan quand papa l'interrompit en couvrant sa main de la sienne.
— Cindy, laissons-le s'adapter encore une semaine. Je te rappelle qu'on n'a pas seulement changé de ville, mais de carrément de continent.
Maman étouffa un soupir contrarié, tandis que mon père m'adressa un clin d'œil discret. Je lui murmurai un faible merci.
Je regagnai ma chambre avec l'esprit embrouillé où une multitude de questionnement entrait en collision de manière si féroce que j'en eus des maux de crâne. Allongé sur mon lit, je contemplai le plafond tout en essayant de faire un tri mental, de ranger ces réflexions dans des tiroirs qui leur étaient propres.
Cependant, une interrogation parvint à s'échapper de ma tentative de classement.
Tracy.
Les révélations de Steven ressurgirent alors de ma mémoire et balayèrent le reste de mes préoccupations.
Le départ de Tracy nous a tous les deux beaucoup blessés.
Ces mots ranimèrent une curiosité mal placée en moi. J'avais conscience qu'il valait mieux pour Grincheux, ainsi que pour moi que je me tienne éloigné de cette soudaine attention concernant cette Tracy. Or, son frère avait malencontreusement soulevé un mystère qui m'attirait de façon dangereuse dans ses filets. Très dangereuse.
Je me surpris à vouloir connaître Grincheux, son passif, l'épisode qui l'avait rendue agressive. Car Steven avait sous-entendu qu'elle n'avait pas toujours été froide, aussi sauvage. Le simple fait de savoir qu'il avait existé une autre version de cette fille suscitait tout mon intérêt. Le seul moyen pour en découvrir davantage sur ce spécimen humain sans l'interroger directement était de se renseigner sur les personnes l'ayant côtoyé dans le passé.
Alors, qui es-tu, Tracy et qu'as-tu fait à Grincheux ?
Je m'avançai jusqu'à mon casier avec l'esprit dans des nuages si flous que je ne pouvais déterminer leurs formes. Les événements de la veille tournaient dans ma tête sous une forme confuse. Les images mentales se succédaient si rapidement qu'il m'était difficile de les distinguer. Tout ceci me laissait avec l'illusion étrange que j'avais fait un rêve. Un très mauvais rêve.
Je lâchai un lourd soupir, comprenant qu'il était temps de mettre ces souvenirs dans un recoin de ma tête. À l'instant où je refermai la porte de mon casier, je réprimai un sursaut brutal en découvrant la présence soudaine de Grincheux. Je portai la main contre ma poitrine, sentant les battements affolés de mon cœur.
La vache !
Cependant, l'inquiétude me submergea bien vite à la vue de son expression obscure qui m'assassinait. Je me mordis l'intérieur de la joue, comprenant que d'une manière ou d'une autre, elle avait su pour ma sortie au skatepark avec son frère la veille. La mâchoire contractée, le dos droit, elle s'avança d'un pas vers moi et inclina la tête en arrière pour maintenir notre échange visuel.
— Je crois que je n'ai pas été assez clair, Mc Fly.
Je me pinçai les lèvres pour enterrer le sourire amusé qui n'aspirait qu'à être dessiné sur mon visage. Ainsi, elle avait abandonné le surnom idiot d'Angleterrien pour celui-ci. Au moins, ça lui enlevait cette image de demeurée et la faisait passer à la place pour quelqu'un de cultivée au niveau cinématographique. En revanche, elle restait toujours cette personne détestable et hautaine.
Mon regard ne pouvait se détacher de ses émeraudes fulminantes qui voulaient me détruire. Sa colère ne m'impressionnait pas, car elle n'avait aucun ordre à me donner.
— Je t'ai ordonné de t'éloigner de mon frère et de moi.
Un ricanement amer s'échappa de ma bouche, ce qui renforça sa fureur. Ses poings se serrèrent. La rage brûlait en elle et je me demandais jusqu'où je pouvais aller pour la faire exploser.
Je la considérai d'un air faussement amusé, croisai mes bras contre mon torse.
— Tu te prends pour la reine d'Angleterre ?
Ses muscles se contractèrent. Je pouvais presque apercevoir son corps trembler tant la haine avait vibré en elle.
— On ne veut pas de toi, ici, cracha-t-elle d'un ton sec.
Je savais que ce « on » ne désignait qu'elle-même, car Steven m'appréciait. On en avait conscience tous les deux.
— D'abord, je peux côtoyer qui je veux sans avoir l'autorisation de personne et surtout pas la tienne.
Cette affirmation était ironique, car la vérité était que je voulais m'approcher de personne. C'était Steven qui venait vers moi pour me coller telle une glue. Et ça, il était temps que Grincheux le comprenne.
— Ensuite, ce n'est pas ma faute si ton frère a voulu s'amuser avec moi pendant que tu dansais avec tes pompons.
À ces mots, je sentis l'électricité qui chargeait l'air venir transpercer mon corps, lorsque les prunelles de Grincheux s'arrondirent. Son expression s'assombrit davantage, ses lèvres se pincèrent. Je devinai alors que la haine qu'elle éprouvait à mon égard venait de grimper en flèche.
La stupeur me captura lorsque je sentis quelque chose claquer subitement ma joue, provoquant un bruit de peau s'entrechoquant qui se résorba dans l'air. Alors que je portai ma main sur la zone touchée, là où une soudaine sensation de chaleur se fit ressentir, j'eus que le silence éclata autour de nous. Sonné par ce qui venait de se produire, je ne prêtai plus la moindre attention à la cacophonie qui nous entourait.
Cette peste m'a giflé !
Mon sang ne fit qu'un tour. Je ne m'attendais pas à un tel retour de flamme si physique. Ce contact brutal anima la colère en moi. Je pris une profonde inspiration comprimée par l'énervement qu'elle avait provoqué chez moi. Je l'avais laissé piétiner ma dignité en la laissant s'en tirer à de trop nombreuses reprises. Sauf cette fois-ci.
Je me redressai pour la surplomber de toute ma hauteur et serrai les poings. Grincheux ne cilla pas le moins du monde. D'un geste brutal et soudain, mes doigts agrippèrent le col de son pull en laine noir et la plaquai contre la porte de mon casier au travers d'un fracas métallique. Nous nous retrouvâmes face à face, si proche l'un de l'autre que nos souffles s'entrechoquèrent. Mes prunelles s'accrochèrent furieusement aux siens, l'incendièrent sur place. Je maintenais ses deux poignets avec fermeté pour l'empêcher de me frapper une nouvelle fois.
Or, je remarquai avec surprise que son corps était parcouru de tremblements. Une lueur effrayée passa dans son regard. Elle tentait de m'avoir en suscitant ma pitié. Mais elle ne m'aurait pas. Pour le lui faire comprendre, je renforçai ma poigne et étouffai davantage la mince distance entre nous en me rapprochant d'elle.
Lorsque mes lèvres frôlèrent son oreille, je perçus la vague de frissons la submerger. Un rictus satisfait incurva alors mes lèvres. Cette fois-ci, j'avais le dessus sur elle.
— Ça ne sert à rien de jouer les sauvages avec moi, sale demeurée. Je ne suis pas comme les autres que tu peux écraser avec ton caractère de merde.
Mes mots furent à peine achevés qu'une douleur lancinante électrisa mon tibia tout entier. Je m'écartai alors aussitôt de Grincheux afin de tenir ma jambe et d'atténuer l'affliction dont cette garce était à l'origine.
Je lui jetai un regard noir, tandis qu'elle avait retrouvé son expression haineuse.
— Espèce de...
— Jackson ! Gubler !
Cette voix furieuse qui m'avait coupé dans mon acrimonie m'incita à m'éloigner davantage de Grincheux. Tournant ma tête, je reconnus le proviseur Jareau qui nous considérait d'un air contrarié. Je constatai dans ce même temps que tous les regards étaient braqué sur moi et sur cette demeurée qui avait tenté de m'avoir avec son expression de chien battu.
— Dans mon bureau tout de suite !
Ne me faisant pas prier, je m'exécutai en silence, suivi de Grincheux. Nous talonnâmes Jareau devant un cortège de regards qui nous dévisageaient. Leur mutisme alimentait la boule d'appréhension logée dans ma trachée. Je savais ce qui m'attendait : une pluie de sermons venant du proviseur, suivi d'une petite heure de colle en fin de journée.
Je suis mal parti pour ma seule année dans ce lycée. Très mal parti.
☆______________________________☆
• Hey beautiful people ! 🤗
Mmmh, Marty n'est pas si inoffensifs que ça •
•......•
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• Sur la mort de cette femme ? Vous avez mieux compris ce qui s'est passé avec elle ?
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• Et vous en avez pensé quoi de l'altercation entre Polly et Marty ?
•......•
☆ Le prochain chapitre sera du PDV de Polly ☆
Kissouilles !
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