Chapitre 6
Un frisson me parcourt l'échine lorsque son sourire psychotique s'étire et que la flamme de la folie brille dans son regard. Ma respiration s'accélère et mes pensées s'entremêlent. Elles m'imposent la vision des deux yeux qui ne pouvaient s'empêcher de rouler et de me fixer, vide d'âme et d'émotions.
Et si c'était moi la prochaine.
Cette phrase est la dose de dopamine qui me suffit pour sentir l'adrénaline pulser dans mes veines et mes membres s'activer. Dans l'état où je suis, si proche de la mer et avec autant de drogues dans le sang, le battre me semble impossible.
Il faut vraiment que je parte d'ici.
Zéphyr se tient droit de toute sa stature, laissant ses cheveux naviguer au grès du vent et son blouson frémir légèrement. Il m'abandonne juste au silence inquiétant de la nuit, essayant d'insinuer l'appréhension dans mon cœur.
Immédiatement, ses pupilles changent de couleurs et prennent une teinte rougeâtre, sinistre et ténébreuse. Puis il sourit, dévoilant des crocs acérés qui scintillent à la lueur de la lune. Je sens la peur tenter d'accélérer ma respiration, mais je la chasse avec force.
Si je flanche maintenant, s'en ait finit de moi.
-"Je sens ta peur, Little Swan", susurre Zéphyr, se délectant de l'émotion qui passe fugacement dans mes yeux. "Elle est délicieuse."
-"Tu rêves, jamais je n'aurais autre chose pour toi que de la haine. Je vais te faire payer ce que tu as fais à Evelyn", je crache avec hargne en préparant mes poings.
Zéphyr éclate de rire, un son sinistre et glaçant et pourtant sa silhouette ainsi découpé par la lune, est d'une beauté à couper le souffle.
-"C'était un parfait petit encas", ricane Zéphyr.
Je grince des dents, mes sourcils se froncent et mes poings se serrent, la rage hurlant dans mon ventre comme un volcan en fusion. Sans réfléchir, je me précipite sur lui avec une vitesse fulgurante.
Nos mouvements sont presque flous à l'œil nu tant ils sont rapides. Je pare ses coups d'une habileté impressionnante, mon corps réagissant par instinct de survie. Chaque fois que j'attaque je vise un poing vital.
Coeur.
Coeur.
Coeur.
Ses mots tournent en boucle dans ma tête alors que je continu, redoublant d'effort pour tenter de l'effleurer. Mais Zéphyr est incroyablement fort et agile. Chacun de mes poings tombent dans le vide, chaque coup de pieds est bien trop lent pour même l'effleurer.
Il se mouve avec une fluidité inhumaine, si bien qu'il anticipe tous mes mouvements. Il sait exactement quand ma prochaine attaque tombera, et quel mouvement je vais enchainer. J'écarquille les yeux en sentant l'évidence me tétaniser les membres.
Depuis le début, il se contente d'esquiver, se jouant de moi et de mes attaques. Il est bien trop rapide et puissant, après tout, Zéphyr le vorace, n'est pas un des vampires les plus hauts de la hiérarchie pour rien.
Je ne pourrais pas le toucher sans user de ma propre force.
A peine cette pensée me traverse, qu'il se jette sur moi et me plaque contre le mur. Ses mains douces enserrent mon cou à m'en faire suffoquer. Il se tient au dessus de moi, imposant, ses yeux rouges me dominant et brillant dans l'obscurité.
Je sens immédiatement la pression comme un étau se resserant sur ma gorge. Instinctivement, je porte mes mains à son poignet essayant de desserrer son emprise. Mais rien y fait, sa prise est inébranlable.
L'air commence à me manquer et une panique sourde monte en moi, alors que je sens les premier bruits de suffocations résonner dans l'air.
Cette scène me rappelle la noyade...
Mes poumons me brulent réclamant l'oxygène qui ne vient pas. Je tente de prendre une inspiration, mais seul un râle désespéré s'échappe de mes lèvres. Alors la panique, ne tarde pas à devenir une terreur noire.
Je n'arrive plus à réfléchir, ni me débattre, complétement absorber par les souvenirs qui me submergent. L'odeur de l'océan emplit mes narines, les bruits de clapotement de l'eau se font omniprésent.
Et merde.
Mes doigts glissent sur sa peau, mes forces diminuant à chaque seconde qui passe. Mon cœur s'emballe, battant à tout rompre, chaque pulsation résonnant dans ma tête comme un tambour. Ma souffrance s'intensifie, irradiant de ma gorge à ma poitrine.
Chaque tentative de respiration est un effort vain et douloureux. Mes poumons se contractent convulsivement, essayant de se gonfler, mais ils ne trouvent que le vide. Je sens mon visage devenir rouge puis violacé, la pression sur mes vaisseaux sanguins devenant insupportable.
Les veines de mon cou et de mes tempes gonflent, palpitant sous la contrainte.
Pourquoi l'agonie est telle si longue et lancinante ?
Puis après c'est ma vision qui commence à se brouiller, des taches sombrent dansant devant mes yeux. Tous les sons sont étouffés autour de moi, seul me parvient celui de la mer qui fait trembler mon corps.
Mon monde semble se rétrécir, se résumant à cette douleur insoutenable et cette terreur de finir consumer par les flots. Je sens mes forces m'abandonner, mes membres devenant lourds et engourdis.
Après la vue, c'est au tour de mon ouïe d'être submergé. Un bourdonnement intense envahit mes oreilles, couvrant même les battements frénétiques de mon cœur. Il ne reste que le clapotis de l'eau résonant comme une menace muette.
Je ne veux pas finir comme ça. Si je mourrais maintenant qu'adviendrait t'il de Cassian ? Je ne peux pas mettre battue, allant dans ce fichu bar chaque soir, montrant mon corps, et répondant au désirs des hommes pour rien.
Je ne peux pas mettre salie pour mourir maintenant des mains d'un vieux vampire, détestable et fourbe.
Il en est hors de question !
Cette peur éveille mon corps qui se débat de manière désespérée, mes jambes donnant des coups de pied inutiles dans le vide. Mes doigts se crispent et se relâchent convulsivement, incapables de trouver un point d'ancrage. L'instinct de survie se bat contre l'inéluctabilité de la situation, mais mes efforts deviennent de plus en plus faibles.
Non, Non, Non !
Bordel pourquoi tout est si dur ? Pourquoi tout me semble si flou ?
Tous mes sacrifices ne peuvent pas avoir à ce point aucun poids.
-« Ce n'est rien de personnel, Little Swan », me jure Zéphyr en faisant claquer sa langue sur son palais.
Je sens la conscience m'échapper par petits morceaux, chaque instant de souffrance m'emportant un peu plus loin. Ma vision se réduit à un tunnel sombre, le monde extérieur s'estompant jusqu'à disparaître presque entièrement. Mes pensées se font floues, une confusion désespérée remplaçant la panique initiale.
Et la douleur s'évapore comme aspirer dans un autre monde ne laissant plus que le vide et l'inconscience.
Alors c'est ça la mort ? Simplement un vide infini de paix, loin de ce monde de dingues ?
Juste au moment où je suis sur le point de sombrer complètement, la pression autour de mon cou se relâche un peu. Je sens que Zéphyr m'enlève mon masque, celui de Black Swan. Je tente de me débattre de terreur à moitié consciente, de peur qu'il veut récupérer mes yeux.
Puis il me relâche subitement. Je tombe au sol, haletante et toussant, l'air s'engouffrant douloureusement dans mes poumons en feu. Je cligne des paupières plusieurs fois pour revenir à moi et comprendre ce qui l'a arrêté, prête à rebondir pour m'enfuir.
Mais la scène qui se tient face à moi me fige complétement. Les yeux rouges de Zéphyr ont reprit leur teinte naturelle et un éclair de surprise brille dedans. C'est à peine s'il titube comme si je l'avais frappée.
-«Toi ?! » s'exclame Zéphyr, sa voix tremblante d'émotion. Il recule d'un pas, comme s'il avait été brûlé.« Impossible... ».
Je tousse plusieurs fois, ma gorge encore brulante, tentant de comprendre et de me relever.
-« Qu'est...Qu'est ce que tu racontes ? », je bégaye tant bien que mal, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine.
Zéphyr m'ignore se contentant la lune bien haute dans le ciel, d'une manière si nostalgique et pourtant si vide d'émotions. Seul la confusion semble régner dans ses pupilles alors que moi, dans l'incompréhension, essaye simplement de comprendre la situation.
-« Il fallu que se soit toi...», grogne t'il fou de rage.
Le silence lourd ne semble ponctué que par ma respiration sifflante, et ma tentative désespérée de lutter pour ne pas sombrer. Au lieu de fuir, Zéphyr soupire longuement avant de se tourner dans ma direction.
-« Ne t'approches pas de moi... », je jure entre mes dents, tentant de ramper loin de lui malgré ma gorge en feu.
Il veut finir le travail ?
Zéphyr attrape délicatement ma main pour m'aider à m'assoir en douceur, installant mon dos contre le mur en bois de l'arrière du bar. Mes sens toujours en alerte, je tremble en fronçant des sourcils, le dévisageant comme s'il était devenu fou.
-« Qu'est-ce que tu fiches ? Tu ne voulais pas me tuer », je ricane manquant presque de m'étouffer, mes yeux perçant ceux du vampire.
Malgré son étrange cinéma d'il y a quelques secondes, son expression redevient amusé, son sourire s'étirant d'un rictus malicieux.
-« Il faut croire que j'ai changé d'avis, Little Swan », me murmure t'il seulement les yeux plissés.
Il s'assure que je sois stable puis il se met à examiner mes blessures, et les traces de strangulations au niveau de mon cou. Zéphyr grimace en les voyant légèrement violines. Puis il me jette un regard soucieux, l'air de me demander ma permission.
Sur mes gardes, j'acquiesce malgré tout d'un hochement de tête.
C'est toujours mieux que de devoir caché pendant plusieurs jours cette blessure à Cassian.
La salive des vampires, a de grandes propriétés curatives, elle peut apaiser et anesthésier la peau si bien qu'aucun autre être ne souffre lorsqu'ils plantent leur canines. Et elle peut aussi soigner les blessures les plus superficiels.
D'un mouvement délicat et sensuel, Zéphyr se penche en avant, un sourire toujours planant sur ses lèvres mais sans une once d'attention pour être sur d'avoir toujours mon consentement. Il pose ses lèvres sur la marque d'étranglement avec douceur.
Le contact avec sa peau me fit frémir, d'une chaleur que je n'aurais jamais imaginé pour un vampire. Je peux sentir son souffle courir sur ma peau nue, et ses cheveux chatouiller ma mâchoire.
La sensualité de ses baisers commence à devenir étrangement plus langoureux et agréable et cette sensation de bien être et de soulagement refuse de me quitter. C'est presque aussi doux qu'une drogue.
Je comprends pourquoi certain devienne addicte aux morsures.
Petit à petit, la peau de mon cou quitte sa teinte violacé pour reprendre une couleur beige.
-« Pourquoi est ce que tu m'aides ? », je lui demande, d'une voix basse mais ferme.
Les lèvres de Zéphyr s'étirent dans un rictus amusé, alors que ses pupilles brillent de leur teinte si folle.
-« Si j'avais su que c'était toi, jamais je ne t'aurais fais du mal », soupire seulement Zéphyr, d'une voix énigmatique.
Je fronce les sourcils perplexe, essayant de comprendre ce qui se passait. Les créatures surnaturelles ne ressentent aucune émotion sauf les plaisirs du sang et de la chair. C'est leur punition divine pour leur orgueil, pour avoir souhaiter s'élever au rang d'immortel.
Seul les sorcières créatures de l'équilibre crée par le tout puissant pour maintenir l'équilibre entre humain et nature, possède ce don. Les vampires sont justes des loques humaines surnaturelles.
Et c'est la première fois, depuis que mes propres pouvoirs se sont réveillés, que j'ai l'impression de voir l'ombre d'une émotion chez eux.
L'expression sur le visage de Zéphyr n'est pas celle du meurtrier sanglant qui a posé des yeux humains sur une table mais celle de la culpabilité.
Est ce seulement possible ?
-« Depuis quand un vampire peut ressentir du regret », je me moque en ricanant.
Zéphyr hausse les sourcils amusés. Au même moment, j'aperçus son tatouage sur son cou s'illuminer, comme s'il était animé d'une vie propre. Les motifs complexes du tatouage semblent s'enrouler et se contracter, formant une sorte de cage lumineuse autour du vampire.
-« Malheureusement je n'ai pas le choix. Quelqu'un semble te trouver importante », grommèle Zéphyr la rage déchirant ses traits.
Je fronce les sourcils, tentant de fouiller dans ma mémoire.
Je suis sure de déjà avoir vu une rune semblable.
Avant que je ne puisse me poser plus de questions, Zéphyr plonge ses yeux rouges dans les miens. Complétement hypnotisé, je ne peux détacher mon regard du sien sentant une vague de confort et de chaleur m'envahir.
Zéphyr prononce d'une voix forte et assuré :
-« Oublie tout de ce qui s'est déroulé ce soir après notre rencontre. Je suis juste un vampire qui t'a accosté avec ton ami et qui était un peu lourd », prononce Zéphyr en découpant les mots d'une voix envoutante.
Je sens un léger vertige et une sensation de brume comme si un voile envahissait mon esprit. Je voulus rajouter quelques mots, mais Zéphyr c'était déjà enfuit, sa silhouette se fondant dans l'obscurité.
Je reste là, immobile, ma gorge encore en feu essayant de remettre de l'ordre dans ses pensées. Au début, tout est étrangement trouble, c'est comme si ces dernières heures n'avaient été que mirage. Puis je fouille dans ma mémoire, plissant les yeux et papillonnant.
La brume dans mon esprit commence à se dissiper, chasser par mes propres pensées et tout me heurte de nouveau de plein fouet.
La morsure sur le cou d'Evelyn.
Son envie de me tuer.
Sa mystérieuse rune familière.
Et sa réaction étrange lorsqu'il a vu mon visage.
Un sourire passe sur la commissure de mes lèvres alors que je tente de me relever.
J'avais complétement oublié à quel point porter des lentilles pouvaient me sauver de l'hypnose des vampires.
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Bonjour à tous !
Alors qu'avez vous pensez de ce chapitre ?
Et de Zéphyr ?
Merci beaucoup pour toutes vos lectures !
Lunarae.
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