Chapitre 5
Ses yeux n'ont pas quittés les miens, s'amusant à décrypter l'horreur qui passe sur mon visage. Il joue, tapotant du bois de ses doigts la table en bois aimant insinuer un bruit régulier qui fait frémir mon corps entier.
Zephyr sait exactement installer la tension et la crainte en laissant le silence s'installer et approfondir sa menace muette. Il veut m'obliger à parler et à faire un faux pas, car plus que les mots, le non verbal est un signe bien plus évocateur.
-«J'aimerais pouvoir te donner plus d'information sur l'identité de ma victime mais j'étais tellement bourrée, que lorsque j'ai perforé sa carotide dans ce bar miteux, je n'ai même pas eu le temps de voir si c'était un homme ou une femme », me sourit Zephyr de toutes ses dents en faisant rouler les yeux sur la table.
Ce vampire est complétement fou.
Pourquoi ceux de son espèce ont t'ils si peu de considération pour la vie ?
L'odeur putride de décomposition m'emplit les narines alors que je m'empêcher de recracher mon repas. Dans mes tympans résonnent toujours ce bruit sourd sur la table, régulier, langoureux qui me donne envie d'exploser.
Derrière se voile de fumée, ses yeux m'observent et se découpent comme deux rubis glaçants et enveloppants. Et son sourire marque mon esprit au fer rouge. Pourtant, je reste calme, plus encore que je ne l'étais quelques minutes auparavant.
Je ne sais si c'est la drogue qui me monte à la tête où l'adrénaline qui pulse dans mes veines, mais le courage s'empare de moi. C'est ce même sentiment que lorsque je monte sur scène et que leur yeux me détaillent comme une bête de foire.
Il est hors de question que je le laisse m'atteindre.
Je souffle un peu de fumée dans sa direction attendant qu'elle obscurcisse pleinement sa vue pour me secouer une dernière fois. Je sens le canif coulisser et tomber entre mes deux cuisses.
-« Little Swan, il va falloir que tu répondes à mes questions si tu ne veux pas perdre quelques plumes », déclare Zephyr d'une voix grave, tandis qu'il fait rouler l'œil jusqu'à moi.
J'ignore sa remarque. Ma main se glisse et attrape le canif le plus naturellement du monde alors que je porte mon dry martini à mes lèvres. Je le coince à l'avant de mon string agitant ma poitrine devant le verre pour l'inciter à regarder autre part.
Il faut que je le déconcentre.
Je sens son regard se poser sur mes courbes et s'attarder sur ma poitrine. Je pose le tube et me lève avec grâce et élégance, arquant mon dos pour donner une vue plongeante de profil sur mes fesses.
Ses yeux rouges descendent sur mon soutient gorge alors que mes talons claquent sur le sol lorsque je contourne la table. Je fais durer ce moment, capturant son regard et laissant mes lèvres entrouvertes pour laisser son imagination vagabonder à ses désirs les plus pervers.
Je frotte mes cuisses l'une contre l'autre alors que son expression amusée s'agrandit.
Arrivée devant lui, je le trouve assis, les jambes écartées, ses canines sorties tandis qu'il se joue d'elle avec sa langue. Un sourire en coin étire mes lèvres alors que je m'approche. Sans un mot, je monte à califourchon sur lui, sentant mon bassin presser le sien.
Ma poitrine se plaque sur son torse et la chaleur vient embraser les zones où nos peaux se touchent. Un frisson parcourt son corps, visible dans le léger arc de son sourcil. Son souffle chaud caresse ma peau nue, éveillant chaque fibre de mon être.
Je ressens cette attraction et cette tension électrique entre nous. Nos regards se verrouillent, captivés l'un par l'autre dans un jeu de défi et de désir. Mes lèvres s'entrouvrent désireuse, alors qu'une chaleur vient gronder dans mon bas ventre.
D'aussi proche, je peux sentir son haleine mentholée et son parfum envoutant envahir mes narines. Cet homme est un appel à la tentation. Chaque endroit où nos peaux se rencontrent, je frémis à son contact.
Chaque respiration est un peu plus sifflante et chaque regard plus intense. Chaque effleurement est comme un volcan qui n'attend plus qu'explosion. Un sourire satisfait se dessine sur mon visage alors que je lutte pour ne pas succomber à l'attraction brûlante qui nous consume tous les deux.
C'est comme si le feu de nos désirs se rencontrait prêt à tout consumer sur son passage. Cette tension sensuelle remue au rythme de nos respiration. Son souffle est à quelques centimètre de mes lèvres entrouverte.
Un soupire d'aise passe la barrière de mes lèvres en percevant l'amusement dans son regard. Il aime se délecter tout autant que moi de cette sensation et de cette tension. Ce petit jeux dangereux auquel nous aimons succomber.
C'est ce qui nous rend vivant !
-« Je croyais que tu ne couchais pas avec les clients », murmure Zephyr, d'une voix suave, ses lèvres à quelques centimètres des miennes.
Au moins, j'ai réussi à détourner son attention !
J'attrape la petite lame d'un mouvement vif et la plaque contre ses parties intimes. Mon corps plaqué contre le sien, ma poitrine contre son torse, un sourire éclaire mon visage.
-« Heureusement que je ne crains rien s'ils sont eunuques », je réplique avec un air malicieux.
La tension entre nous est palpable, lui me menaçant avec ses crocs et moi avec le canif plaqué contre ses parties intimes et pourtant rien ne diminue l'attraction que nous ressentons.
-« Qui est donc ce beau gosse avec qui tu partages un verre ? », nous coupe en hoquetant une voix féminine.
Toujours affalée sur Zephyr, je me tourne vers la soudaine apparition. Evelyn a quitté la première salle pour revenir à mes côtés. Elle ne marche pas droit et titube de droite à gauche. Elle est complétement bourrée et c'est à se demander comment elle tient debout.
-« Evelyn, tu veux bien m'attendre de l'autre côté, je vais pas tarder à aller me changer », je lui demande sagement en voyant le rictus amusé se dessiner sur les lèvres de Zephyr.
Il a bien compris que la situation tournée à son avantage.
Evelyn se penche en avant menaçant de tomber et un haut le cœur s'empare de son ventre. Un grondement se fait entendre dans sa gorge alors que son visage se déforme en une grimace souffrante.
-« Allez Lyssandra, appelle Cassian, je veux rentrer », me supplie t'elle d'une voix enfantine.
Immédiatement je fais volte face pour observer la réaction du vampire. Ses yeux se sont écarquillés, ses pupilles reprenant leur teinte d'origine, d'un brun sombre et ses canines se rétractant.
Sa bouche s'est ouverte surpris sans qu'aucun son ne sorte. Il rectifie ce geste en laissant son sourire espiègle illuminer son visage et la lueur de malice briller dans ses yeux.
-« Tu vas me laisser partir avec Evelyn, sinon je te jure que je te castre », je lui chuchote si proche de l'oreille qu'il peut sentir mon souffle contre sa peau.
Je me recule, prête à apercevoir une expression moins joviale mais rien n'y fait, il garde ce sourire presque comme s'il aimait la situation. Se savoir menacer et savoir sa vie en jeu semble pour lui être le plus délicieux des mets.
-« Ne t'en fais pas Little Swan, j'ai eu ce que je suis venue chercher », chuchote Zephyr en rangeant les yeux rapidement dans sa veste pour qu'Evelyn ne se doute de rien.
-« Et ne t'avises ni de nous suivre, ni de faire du mal à mon amie », je lui assène alors que j'attrape le bras d'Evelyn pour l'emmener dans ma loge.
A mon grand étonnement, il ne fait aucun mouvement brusque et j'arrive dans ma loge en faisant les cents pas, tournant sur moi-même et tirant mes cheveux en arrière. Mes mains tremblent légèrement et s'attaque à certaines mèches. Une boule se forme dans ma gorge et ma respiration se saccade.
Merde ! Comment je vais faire si cette information vient à s'ébruiter ? Que me veut ce Zephyr Maxwell ? Bordel Evelyn, pourquoi tu as fait une connerie pareille ?
Inspire.
Expire.
Garde ton calme. T'emporter et te stresser ne changera pas la situation. Il faut affronter tout ça avec la tête froide.
Je fais assoir Evelyn sur mon fauteuil malgré ses grognements, pour pouvoir me changer. Mais une odeur ne tarde pas à envahir mes narines.
Ferreuse. Nauséabonde. Désagréable.
Je grimace menaçant de régurgiter mon repas. Elle envahit toute la loge, si bien que je dois ouvrir la fenêtre pour espérer respirer. Mes yeux se posent sur Evelyn, plus attentive et observatrice.
Mon regard se fige, incapable de détacher mes pupilles de la scène. Mes paupières papillonnent rapidement, tentant d'être sur de ce que je vois. Et pourtant, là, sous mes yeux : deux trous béants dans son cou, d'où suinte un filet de sang, tachant son haut d'une rougeur sombre.
Du sang !
Je serre mes poings, les dents serrés en fixant le carnage dans le cou de mon amie. Bien sur, elle ne parvient même pas à m'expliquer d'où il provient et qui lui a fait ça. Ma mâchoire se crispe et mon poing vient se fracasser sur la table de la loge.
Zephyr Maxwell. Ce connard a essayé de faire de mon ami son gouté. Il ravage la terre depuis la nuit des temps et sa race n'est qu'une nuisance.
Dès que je retrouver ce fumier, et je jure de l'éviscérer.
Je tire un mouchoir pour éponger les filets de sang qui s'écoulent sur le tissu et faire une compresse sur la plaie. Puis j'attrape mes affaires et Evelyn pour retourner dans la première salle de Blisscrystal.
A peine de retour, un bruit sourd se fait entendre dehors et signe le retour de l'euphorie d'Evelyn. Son visage s'éclaire et l'alcool ne semble plus qu'un lointain souvenir. Elle saute sur ses pieds, m'attrape le bras et me tire sur la plage avec une force dont je ne la pensais pas capable.
-"Hé regarde ça, le ciel célèbre notre soirée ! Tu fais le compte à rebours de la nouvelle année ?", hurle Evelyn dans mes oreilles en pointant le ciel étoilé, un sourire radieux illuminant son visage.
Les clients sont agglutinés sur la plage regardant avec admiration les crépitements dans le ciel. Les couleurs brillent dans leurs pupilles et la foule scande des exclamations surprises aux quatre coins du sable.
La musique sortant des hauts parleurs s'accorde avec le feu d'artifice dans un tableau d'une perfection poétique. C'est un spectacle son et lumière des plus grandioses, Evelyn n'a pas menti.
Pourtant à mesure que mes chaussures s'enfoncent dans le sable fin, le bruit de l'océan revient me hanter. Les vagues heurtent la plage aussi vite que son cœur bat la chamade. Aucun son ne supplante celui-ci qui me paralyse sur place. Mes yeux ne peuvent quitter l'écume de la mer.
J'entends le clapotis des vagues qui s'engouffrent dans ma gorge. Les bruits de succions et de suffocations. Le sel et l'iode heurtant mon visage et pénétrant mes narines jusqu'à en être imprégnée.
Et je revis toujours mes souvenirs comme un vieux disque rayé.
Mes cris qui mourraient dans sa gorge quand j'ai appelé à l'aide. Mon corps devenu lourd comme une pierre attirée par les profondeurs. L'euphorie lorsque j'atteins enfin à la surface grâce à mes parents.
Vite remplacer par mes cris d'effrois lorsque je les vis emporter pris à leur tour dans le tourbillon, leur hurlement à jamais marqué dans le clapotement de l'eau.
Et merde. Est ce que je peux vraiment la laisser ici avec Zephyr Maxwell qui rode ? Après tout, c'est moi qu'il veut et il y a beaucoup de gens autour, elle ne risque rien.
-« Je reviens Evelyn, je vais aux toilettes », je lui souris tant bien que mal en me dirigeant vers le bar.
Je le contourne pour me retrouver à l'arrière, les pieds dans le sable mais bien plus loin des vagues. D'ici, je peux voir le feu d'artifice et la mer, mais la solitude me permet de laisser mes émotions prendre le dessus.
J'allume ma cigarette et sent mon corps immédiatement se détendre lorsque la nicotine prend le dessus.
Encore une manière de m'oublier.
Encore une manière de me sentir en vie.
La douce chaleur de la fumée me rassure et me réchauffe. Mes cheveux virevoltent dans le vent et mes yeux se posent sur l'horizon alors que la nostalgie s'empare de mon être.
J'aimerais tellement qu'ils soient encore là. Qu'ils puissent me voir grandir, me prendre dans leur bras et m'éloigner de mes démons et du monde obscur qui veut m'éventrer. Je serais la plus gentille des femmes, la plus douce et la plus sage.
Je leur donnerai tout ce qu'ils désirent si seulement ils pouvaient ne jamais être venu me chercher ce jour-là.
Et je suis terrifiée, de ne plus arriver à rien ressentir d'autre que ce vide et ses vagues raisonnant dans mon esprit, que je dois m'oublier pour arriver à garder en mémoire leur souvenir réel. Je suis terrifiée que cette drogue qui m'enfume les poumons me serrent comme le faisait les bras de ma mère et qu'elle m'amuse comme lorsque je dessinais avec mon père.
Qu'elle me fasse revivre leurs rires qui résonnaient lorsque je jouais de mon violon.
Car quand elle n'est pas là, je n'entends plus rien que leur hurlement et le bruit des vagues.
Ma vie est devenue fade et tellement solitaire depuis qu'ils sont plus là.
Une larme perle sur mon visage glissant le long de ma joue. Je passe la cigarette sur mes lèvres pour en tirer une autre bouffée.
J'ai essayé de devenir celle qui vous aurez rendu fière.
J'ai essayé de réaliser des projets en lesquels vous croyiez.
J'ai essayé de vivre, j'ai essayé de survivre, la tête hors de l'eau.
Et même si je n'ai pas quitté ce monde, je me suis noyée en même temps que vous...
Et si vous voyiez celle que je suis maintenant, cette loque de drogue et de fantasme... Vous préfériez me laisser au fond de l'océan.
Je regarde les étoiles, une dernière fois confiant mes pensées comme une lettre muette à l'infinie lactée, comme si de là-haut ils pouvaient me voir. Juste au moment où mes jambes fléchissent sous le poids de la culpabilité, je sens une main se poser sur mon épaule arrêtant mes pensées tourbillonnantes.
Ce contact est doux, d'une chaleur presque aussi imposante que la fumée de ma cigarette. Je me retourne pour découvrir l'identité de celui qui ose venir en cet instant. Le regard intense et pénétrant de Zephyr croise le mien.
Le vent salé balaye ses cheveux noirs découpés dans la lumière des feux d'artifices et des étoiles. Ses lèvres s'étirent dans un rictus ironique mais son visage brille d'une lueur de compréhension.
-« Qu'est ce que tu fous là ? Je t'avais dis que si je te revoyais, je te castrais », je lui assène en chassant ma nostalgie pour rester le plus impassible possible.
-« Je suppose que tu as besoin d'un peu de soutient », murmure simplement Zephyr d'une voix douce mais pleine d'assurance, en s'asseyant à mes côtés.
Je ricane en arquant un sourcil, sarcastique. Ce vampire est dangereux. Il traine dans des affaires louches et il veut me faire croire qu'il peut se préoccuper de mes émotions.
-« Parce que tu en as quelques choses à faire ? Quel genre de taré tu es pour aimer venir te délecter à ce point du malheur des autres ? Va-t'en », je réplique au tac au tac.
Il hausse les épaules.
-« J'aime le jeu et le frisson du risque, et je ne m'étais pas aussi bien amusé que ce soir depuis un long moment. Alors je t'accorde ce court moment de répit et de sollicitude en guise de remerciement. Mais malheureusement pour toi, je suis ici pour te tuer, Little Swan », rétorque Zephyr en esquissant un petit sourire.
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Bonjour,
Je vous laisse avec le chapitre 5 !
Merci à tous pour vos lectures.
Lunarae.
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