Chapitre 49

Le corps de Nikolay est là, étendu devant moi, froid, inerte, et... mort.

Je ne sais pas combien de temps je reste figée, à le regarder. Je ne peux pas bouger, pas respirer. Quelqu'un a choisi d'agrandir les immenses fissures en moi. Désormais, il ne reste qu'un gouffre qui s'ouvre sous mes pieds et m'aspire. 

Il est parti. Parti comme tous les autres, comme père, comme toutes les personnes que j'ai tenté d'aider.

Je m'écroule à ses côtés, mes doigts tremblants se posant sur sa poitrine. Aucun mouvement. Aucun souffle. Rien. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas réel.

Je lance. Un cri viscéral, qui transperce la nuit, comme si ce son pouvait ramener la vie dans ce corps glacé. Mais rien. Le vide m'avale tout entière, et pour la première fois depuis longtemps, je me sens vraiment seule. Vraiment abandonnée.

Un vampire ne peut pas mourir si facilement.

Un vampire ne peut pas mourir si facilement.

Un vampire ne peut pas mourir si facilement.

Cette phrase tourne en boucle dans mon esprit. Je frappe son torse, le secoue comme s'il était juste entrain de me faire une blague, mais je le connais, il n'est pas du genre à faire des farces. 

-"Réveilles toi !", je hurle d'une voix brisée. 

Il ne m'entend pas. Il ne m'entendra plus jamais.

Pas plus que ses yeux ne s'ouvrent pour me regarder ou que sa peau se met à me toucher. Plus jamais il ne sortira ses mots dont lui seul avaient le secret. 

Il ne reste que la pâle froideur de la mort. 

Au milieu de toutes cette tristesse, je ne ressens plus rien plus rien. Mes larmes n'ont pas coulé, ma voix fébrile a à peine tremblé. Il ne reste qu'un vide aussi profond qu'un gouffre sans fond. Peut être que si on creuse, on pourrait trouver une larme. 

Mais je l'ai promis. A mon père. A Molly. 

Plus aucune larme ne remplacera le sourire de mon visage. 

Alors à la surface scotché à mes lèvres comme imprimé sur une feuille, il s'étire encore plus. Après tout, Nikolay a échoué.  Il m'avait pourtant juré qu'il ne pouvait pas mourir, qu'un vampire comme lui était d'une puissance supérieur. 

Il est parti, laissant derrière lui un sillage de promesses non tenues, d'illusions brisées. Il voulait tout récupérer, mais il n'a pas réussi. 

Et moi ?

Mon sourire s'étire toujours plus grand, toujours plus fort presque à m'en faire mal. 

Ce n'est pas grave après tout s'ils ne sont plus là.

Je n'aurais qu'à tous les ramener.

Puis qui me dit qu'il est réellement mort ? Il peut aussi simplement faire semblant ! Un vampire ne meurt pas aussi facilement.

Je passe doucement mes doigts sur son visage, attrapant la commissure de sa bouche et les forçant à remonter. 

-"Voilà, c'est mieux. Tu vois ? Je te fais sourire, comme avant. C'est plus joli comme ça", je laisse échappé un rire secoué et tordu. 

Mon corps tressaute et j'ai du mal à me retenir d'exploser. 

 -"Tu ne voulais pas m'abandonner, pas vrai ? On en rediscutera crois moi", je lui parle doucement.

Le corps que je traînais jusque-là pour me nourrir gît derrière moi. Un pauvre type que j'avais capturé en chemin, un amuse-bouche pour Nikolay, comme il les aimait. Il avait toujours apprécié mes petites attentions, mes petits cadeaux. 

Je l'avais forcé à ne pas bougé et ouvert si doucement la gorge qu'il a eu le temps de se vider d'un litre de sang avant de succomber. J'ai savouré le gout de son sang comme on se repaitre du meilleur des mets. 

J'ai laissé l'extase m'emmener au septième ciel à mesure que la vie s'échapper de ce petit corps si fragile et faible.

-"Et toi Nikolay ? J'espère que tu pourras me décrire le plaisir de ta mort", je lui fais par dans un ricanement.

Je tire le cadavre vers Nikolay, posant la tête du pauvre ici juste à côté de la sienne. 

-"Regarde, j'ai apporté un en-cas . Allez, mange", je lui fais signe doucement. 

Silence.

Le cadavre de Nikolay reste immobile, muet, insensible à ma voix. Ma gorge se serre mais je ne ressens rien.  Et même quand j'aurais vraiment réalisé qu'il ne respira plus jamais. Je ne ressentirais toujours rien. 

Je force sa tête à se tourner vers le corps, comme s'il pouvait vraiment le voir. J'ai presque envie de les faire parler, de prendre son ton si solennel et glacial.

-"Tu as faim, n'est-ce pas ? Mange, Nikolay. Il est juste là, il t'attend", je lui murmure doucement faisant bougé le cadavre du malheureux. 

Encore rien. Pas un mot. Pas un signe.

Mon sourire s'élargit encore, mes joues tremblant sous l'effort. Je lui chuchote doucement, comme si ça allait changer quelque chose.

-"Tu me laisserais pas, pas vrai ? T'as promis... Tu m'as dit que tu resterais jusqu'à ce qu'on gagne. Tu as dit que tu étais plus fort que ça, que rien ne pouvait t'abattre".

Mais il est mort. Mort. Et ma propre folie m'empêche de voir la vérité. 

Parce que dans ce monde surnaturel, rien n'est vraiment mort ou vivant. Tout peut être entre les deux ou revenir. Rien n'a de sens, alors pourquoi j'en aurais.

Mes doigts glissent une nouvelle fois sur son visage, comme une caresse morbide. Mes yeux se plissent, et j'expire un soupir agacé. Mes joues se gonflent d'air et d'agacement à mesure que je vois le travail qui m'attend. 

Alors tu m'as laissé tes sales besognes à finir...

-"Ton histoire Nikolay...",  je murmure pour moi-même, ou peut-être pour lui, qui sait, " C'était celle d'une résurrection, non ? Quelqu'un qui voulait retrouver son humanité, qui voulait être ce qu'il était avant en retrouvant sa soeur".

Je m'arrête, observant ce visage que j'ai connu si dur, si froid, maintenant figé dans la mort. Même ainsi, il ne change pas si nonchalant, insensible à ce que pouvait faire le monde extérieur.

-"Mais moi... Moi, je n'ai jamais voulu ça. Je n'ai jamais voulu être vampire, ni sauvée. Si ton histoire était celle d'une résurrection, qu'en sera t'il de la mienne ?", je me demande à moi même dans un petit ricanement.

Je me relève doucement, mes jambes tremblantes sous l'euphorie qui envahit mes veines. 

Je n'ai jamais voulu vivre pour les autres, pas vraiment. Tout ce temps, j'ai juste voulu trouver quelqu'un qui pouvait m'apporter l'amour que je n'avais plus chez moi. 

Lyssandra je t'ai observé, j'ai mis en œuvre tout ce que je pouvais pour que tu restes à mes côtés, pour que tu sois à moi et tu m'as trahie. J'aurais pu continuer des années à regarder et virer tout ceux qui gravité autour de toi. 

Je t'aurais protégé et je t'aurais aimé. On aurait été comme deux soeurs. Zephyr est arrivé et tout a changé. Ça aurait pu marché avec Nikolay, ça marchera avec Nikolay car il est près à m'accepter pour ce que je suis et à m'aimer entièrement. 

Je n'aurais pas besoin de cacher mes penchants que d'autres trouvent douteux, parce que je serais pleinement accepté. 

Après tout rien n'est mauvais, je peux commettre tous les crimes du monde si la cause et juste...

Et quoi de plus juste que l'amour ?

-"Moi, c'est la vengeance", je laisse échapper un rire doux, presque un soupir, " Zachaeus, Lyssandra, Zephyr... Je vais vous retrouver et ramener ceux qui me son chère".

Je me baisse à nouveau, mes yeux plantés dans ceux sans vie de Nikolay, et je murmure tout près de son oreille froide : 

-"Attendez-moi. Je vais marquer sur vos visages le sourire le plus horrifiant que vous ayez jamais vu", je ricane si fort qu'il résonne dans la clairière.

Et cette fois, personne ne pourra m'arrêter.

****************
Bonjour !
Que pensez vous de ce revirement de situations ? 
Pensez vous Evelyn perdue pour toujours ? 
Merci pour votre lecture !

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