Chapitre 48
Je la regarde, ou plutôt les. Lyssandra n'est plus. C'est Eleonora qui se bat maintenant, furieuse, incontrôlable, son corps déchaîné contre Nikolay. Ce n'est pas ma sœur, pas la femme que j'ai protégée depuis toujours. Chaque coup qu'elle donne, chaque éclat de rage qui traverse son visage... Tout cela ne lui appartient plus.
Je suis là, figé, impuissant, à observer cette scène, ce tableau où je n'ai plus ma place.
J'ai toujours pensé que Lyssandra était unique et pourtant elle laisse son corps à un monstre. Ma soeur a t'elle toujours été celle qui me parlait où étais je trop bête pour ne pas me rendre compte que c'était un esprit ?
Depuis que je suis dans ce monde, aucun de ses actes n'a été généreux. Elle a toujours laissé sa colère l'emporter sur la justice, elle qui aurait pu la défendre haut et fort.
Je ne veux même plus savoir ce qu'elle faisait à Blisscrystal. Peut être qu'elle était comme toutes ses allumées, une toxico prostitué.
Qui est la vraie Lyssandra ? Il y a tellement de gens dans son corps. Comment peut t'elle elle même savoir qui la fait agir comme telle ou si c'est choix sont le résultat de sa conscience ou d'une autre extérieure.
Le combat entre Eleonora et Nikolay est brutal, un tourbillon de puissance et de haine qui dépasse tout ce que j'ai jamais vu. Les cris d'Eleonora résonnent dans l'air, mais au fond de moi, c'est la voix de ma sœur que je cherche désespérément.
Pourtant, elle est loin, très loin, si loin de moi que je me demande si elle me reviendra un jour. Si elle a un jour était là.
Puis même si elle revenait...
Elle me déteste .
C'est une vérité qui se fait lentement jour dans mon esprit, comme une lame froide qui perce ma poitrine. Elle me hait pour ce que j'ai fait, pour ce que je suis devenu. Pour ce que j'ai fait à Zephyr.
Elle est incapable de comprendre ou de voir que ce vampire et dangereux. Il lui fait les yeux doux pendant qu'il égorge des innocentes. Il la prend dans ses bras pendant qu'il se repaitre de son sang. Elle est tellement aveuglée par ce que peux représenter l'amour, qu'elle ne s'en rend pas compte.
Et moi j'essaye de la sauver. Je me bats seul, dans le vide pour qu'au final je finisse briser.
Je n'aurais jamais sa reconnaissance, et je ne pourrais jamais donné à Ezren ce qu'il a perdu.
Il y aura toujours Zephyr. Il est là comme un parasite dont on ne peut se débarrasser.
Je baisse les yeux sur lui, allongé à mes pieds, agonisant. Ses yeux brillent d'une lueur étrange, celle d'un homme qui sait qu'il est en train de mourir, mais qui refuse de sombrer sans me laisser un dernier coup.
Il me regarde avec ce sourire suffisant, celui que j'ai toujours voulu effacer de son visage. Mais même là, même à moitié mort, il trouve le moyen de me narguer.
-"Elle était incroyable, tu sais...".
Il tousse, du sang coule lentement de ses lèvres.
-"Lyssandra... On n'a jamais vu une femme bouger comme elle... s'enflammer comme elle", prononce t'il ses mots avec un plaisir presque sadique, chaque syllabe dégoulinant de sous-entendus qui me met les nerfs à vif.
Il le fait exprès. Il veut que je le haïsse, que je lui donne le dernier coup pour qu'il arrête de souffrir et son petit jeu à le don de marcher.
Je serre les poings, me retenant de lui écraser la gorge là, maintenant. Mais je ne le fais pas. Parce que je le déteste autant que j'ai besoin qu'il souffre. Et il est déjà en train de mourir. Je n'ai pas besoin d'ajouter à sa douleur. Pas maintenant.
-"Profites-en, Zephyr", je murmure entre mes dents, "Ça sera ton dernier souffle".
Il ricane, un rire qui me donne envie de le faire taire pour toujours.
-"Quoi ? Tu penses que tu vas la récupérer en me tuant ?"
Il tente de se redresser, mais retombe avec une grimace de douleur.
-"Tu n'as jamais eu une chance avec elle. Tu ne l'as jamais compris. Et maintenant... maintenant tu n'es qu'un fauve qui bave sur un amour qu'il ne pourra jamais avoir".
Je veux le tuer. Je le veux vraiment. Mais je me retiens. Parce qu'il n'a pas tort.
Il a volé ma sœur, il l'a corrompue, et je n'ai jamais rien pu faire contre ça.
Je voulais l'amour de ma soeur mais je n'ai écopé que de son indifférence et de ses cachoteries.
Derrière moi, le combat continue. Les coups pleuvent, sourds, brutaux. Je ne peux pas m'empêcher de jeter un coup d'œil à Lyssandra — Eleonora — celle qui se bat pour quelque chose que je ne comprends même plus.
Et là, je réalise.
Je ne suis rien dans cette histoire. Je ne suis plus rien depuis longtemps.
C'est en regardant une scène qui l'on comprend qu'on n'est simplement un personnage secondaire.
Une soeur se serait démené pour comprendre ce qu'il s'est passé. Pourquoi je passais si peu de temps à la maison ? Elle m'aurait aidée et accompagnée. Elle m'a simplement ignorée.
Je suis juste une pièce que Nikolay a déplacée sur son échiquier. Je n'ai jamais été le héros, jamais celui qui pouvait la sauver. Je ne peux pas sauver quelqu'un qui n'a pas envie de l'être. J'ai toujours été l'obstacle, celui qu'elle devait dépasser.
Et aujourd'hui, elle me hait.
Zephyr reprend la parole, sa voix faible mais moqueuse.
-"Elle... t'a déjà oublié".
Il éclate de rire, une toux grasse entrecoupant ses mots.
-"Et moi... moi je l'ai déjà... marqué. Dans son coeur, je suis déjà là. Toujours là...", ricane t'il.
Je m'accroupis à côté de lui, mes doigts se crispent sur ses vêtements ensanglantés.
-"Ferme-la, Zéphyr. Tu n'es qu'un mort en sursis. Bientôt, tu ne seras plus qu'un souvenir".
Mais il sourit toujours. Ce sourire arrogant et suffisant qui me hante depuis des mois. Il sait qu'il est en train de perdre la vie, que son corps s'effondre sous la douleur et les blessures, mais il persiste.
-"Peut-être. Mais moi, je vais mourir en sachant qu'elle pensera toujours à moi. À mes mains sur elle. À ma bouche...", me provoque t'il.
Je frappe. Cette fois, je ne peux plus me contrôler. Mon poing s'écrase sur sa mâchoire, et il s'effondre, gémissant de douleur. Mais il sourit encore. Il sourit toujours. Il n'a de cesse de me provoquer, me toisant de cet air supérieur.
Et à cause de lui, je ne pourrais jamais retrouvé Lys.
Alors autant tout donner pour Ezren. Il est le seul qui me reste, le seul qui peut encore compter.
Je ne lui laisse pas le temps de reprendre la parole. Je l'attrape par les bras et le traîne hors de la clairière, hors de cette scène qui n'est pas la mienne. Nikolay et Eleonora peuvent continuer à s'entretuer.
Moi, j'ai autre chose à faire. Je traîne le corps presque inerte de Zephyr dans les chemins de terres sinueux. J'utilise mon odorat et ma vision nocturne pour me déplacer faisant craquer les morceaux de bois et chassant les branches.
Je sens l'odeur de la terre humide mêlé à celle du sang de Zephyr. Alléchant, subjuguant. Depuis le début, j'essaye de me retenir de le mordre une deuxième fois. Tout mon instinct me pousse à en finir avec lui.
Mais je me ravise. Il peut être bien plus utile. M'aider à maintenir ma promesse.
Je l'emmène vers notre repère, là où Luke et les autres m'attendent.
Quand j'arrive, Luke sourit. Il me regarde avec cette satisfaction et cette fierté d'un père pour son enfant. Zephyr est à nous. Et avec lui, nous avons maintenant tout ce dont nous avons besoin.
Luke se redresse et commence à distribuer du sang aux membres de la meute.
-"Maintenant que nous avons ce que nous voulions", dit-il en levant son verre, "nous allons pouvoir nous installer bien plus profondément à Grimhill et plus personne n'aura à souffrir de la malédiction de la lune".
Les autres hurlent leur approbation, leurs yeux brillants de cette lueur animale que je reconnais. Nous sommes des loups, et Grimhill est notre territoire. Désormais, nous n'aurons plus à fuir, plus à nous cacher. Nous pourrons enfin vivre en paix, loin des vampires, loin de Nikolay, loin de tous ceux qui veulent nous voir morts.
Mais à quel prix ?
Je regarde Zephyr, sa respiration faible, son corps déchiré. Il va mourir. Et pourtant, même en sachant cela, même en le regardant agoniser à mes pieds, je n'éprouve pas la satisfaction que j'attendais.
Parce qu'au fond de moi, je sais que Lyssandra me haïra toujours pour ce que j'ai fait. Elle me haïra pour ce que je suis devenu.
-"Je te guérirais Zephyr. Mon sang te remettras d'aplomb et tu pourras vivre une éternité à nos côtés comme au bon vieux temps", murmure Luke Blyth pour que Zephyr l'entende.
Ce dernier se renferme immédiatement comme s'il voulait se protéger de ces mots.
-"Et maintenant levons nos verres à la fin d'une éternité de souffrance et au début d'une nouvelle aire. Une aire où les loups garous n'auront plus à souffrir de qui ils sont. Une aire où nous pourrons tous vivre en harmonie", déclare Luke Blyth.
Des acclamations se font entendre. Son nom est scandé par toute la meute comme s'il était une sorte de messie.
-"Levons nos verres à une éternité de bonheur", finit Luke.
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Bonjour,
On s'approche de la conclusion.
Ceci est l'avant dernier chapitre sans compter le prologue.
Merci d'avoir suivi cette histoire jusqu'ici.
Lunarae.
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