Chapitre 44
La rage est devenu cannibale tant elle me bouffe de l'intérieur. Elle pulse dans mes veines comme un poison brûlant qui monte à chaque palpitation. Elle compresse si fort mes poumons, que je suffoque à chaque respirations.
J'ai envie de tout briser. De tout détruire. D'extérioriser cette colère pour ne pas la laisser me submerger. Et c'est exactement ce que je fais. Mes mains agrippent la première chaise que je trouve, et je la projette à travers la pièce, la faisant exploser contre un mur.
Les yeux vides des morts semblent me juger du regard, mais je n'ai plus autant de dégoût pour ces cadavres que pour moi même. Le bruit résonne dans la salle, mais ça ne me suffit pas. Il me faut plus.
Je veux que tout tombe, que tout disparaisse, que tout brûle. Une autre chaise suit la première, puis une table que je soulève avec une force que je ne me connaissais pas. Mais rien n'y fait, je n'arrive pas à calmer ce sentiment d'impuissance, ce goût amer de défaite dans ma gorge.
Mon souffle est court, rauque, et mes mains tremblent de rage. Je ferme mon poing pour sentir la douleur de mes ongles s'imprimer dans ma paume.
Comment ai-je pu en arriver là ? Comment les choses ont-elles pu dégénérer aussi vite ?
Cassian ! Mon propre frère ! Il m'a menti... et je ne peux même pas lui en vouloir quand on sait que je fais la même chose.
Mais comment a-t'il pu me trahir et s'en prendre à Zephyr ?
Il sait ce qu'il représente pour moi.
Pourquoi cette révélation est si douloureuse ?
J'attrape le haut de mon tee-shirt, le serrant douloureusement à l'endroit ou se tient mon cœur.
Je le sais, au fond, je le sens dans chaque fibre de mon être, j'ai perdu avant même que l'affrontement commence.
J'ai commencé à m'attacher et maintenant... Cassian l'a livré à Nikolay. J'en ai marre. Marre de cette foutue souffrance qui me ronge de l'intérieur. Marre de me sentir si bas que terre à mesure que je tente de le défier.
Encore une fois, je veux juste ressentir autre chose que ce foutu poids sur ma poitrine. Je veux pouvoir voler, avoir l'impression même si c'est juste un rêve, que tout va pour le mieux. Alors, j'allume la plaque, affalée dans mon carré VIP pose la Crystal Meth, et laisse la fumer inonder mes poumons.
Je respire enfin plus calmement, je sens l'effet doux de la drogue qui me comble de bonheur. Mes pensées dérivent comme un bateau au large, mais même ces petites inspirations, ne me permette pas de me sortir Nikolay de la tête.
J'ai beau fumé, et bruler tout ce qui reste de vivant à l'intérieur, ma main se crispe sur le tube. Les yeux fermés, le visage de Nikolay s'impose à moi comme un mauvais rêve. Je sens ma rage se transformer en haine.
Il a gagné, cet enfoiré !
Il a tiré les ficelles, planté ses crocs dans tout ce qui comptait pour moi, et voilà où on en est. Evelyn n'est plus qu'une coquille vide, une marionnette de Nikolay. Elle n'a plus rien d'humain, rien de la femme que j'ai connue.
Je l'ai vue dans ses yeux rouges et dans son sourire ensanglanté. Tout est fini pour elle. Et Cassian... Je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment il a pu faire ça. Comment il a pu choisir ça .
Depuis quand est t'il un loup garou ?
Je regarde autour de moi, mes yeux se posent sur les corps immobiles, jonchant le sol. Une bouffée de dégoût me submerge, me tordant l'estomac. Ces cadavres, ces vies fauchées par Evelyn sans aucun remord.
Je lâche le tube dans un bruit sourd.
Je reconnais bien là l'œuvre d'un vampire sanguinaire, quelqu'un qui a succombé au besoin de sang. Elle n'a plus rien de la meilleure amie que j'ai connu.
Et moi, je suis là, au milieu de tout ça. Incapable de faire quoi que ce soit. Incapable de sauver Zephyr. Je lance un cri de pure frustration, de pure haine. Un cri qui monte de mes entrailles, qui déchire ma gorge.
Je suis entrain de me laisser totalement submerger par mes émotions. C'est ce moment où le corps semble agir seul, déconnecté de la penser, animer par seulement par la haine. Et elles adorent ça : les âmes qui gravitent depuis l'au-delà.
Je les sens s'infiltrer, glisser comme des spectres dans mon esprit. Leurs voix entonnent des ordres, les unes par dessus les autres. Toutes se mélangent dans un essaim d'abeille bourdonnant. Elles hurlent, se nourrissent de ma colère.
Elles veulent ma place, elles veulent ma peau, mon corps. Leur douleur, leur peur, leur mort. Je les sens toutes. Chaque émotion me frappe comme un coup de poing dans la poitrine. Elles crient, elles se débattent, elles réclament vengeance et justice. Elles se nourrissent de ma peine comme des rapaces.
Elles attendent juste que je sois si faible que je ne puisse plus les repousser.
-"Allez-vous en !", je hurle, me prenant la tête entre les mains, mes doigts s'agrippant à mes cheveux, tirant, comme si ça pouvait les chasser, "Sortez de ma tête !".
Mais plus je crie, plus elles deviennent puissantes. Leurs voix résonnent, se multiplient, se mêlent dans un brouhaha incessant. Elles veulent que je cède, elles veulent m'emporter avec elles. Et moi, je me bats, je me débats, mais c'est trop.
Trop de souffrance.
Trop de voix.
Je perds pied. Je les sens prendre le dessus, je les sens m'engloutir.
Ma vision se trouble.
Tout devient noir.
Tout est chaos.
Et je n'ai plus la force de lutter.
Pourquoi continuer ? Pourquoi m'infliger pareil douleur ?
Zephyr est condamné. Evelyn est perdue. Cassian m'a trahie. Il n'y a plus rien à sauver. Je devrais simplement me laisser sombrer, me laisser emporter par ces voix qui n'attendent que ça. Peut-être qu'elles ont raison. Peut-être que je ne mérite pas de continuer, que je devrais les laisser apaiser ma colère.
Puis d'un coup, tout s'arrête. Je n'entends plus rien, aucune voix n'envahit mon esprit, alors même qu'elle allait gagner.
Je fronce les sourcils mais je sais déjà à qui je dois ce miracle. Je la sens, son aura si douce et enveloppante comme une mère qui protège son enfant. Je sens sa puissance si pure et angélique comme si elle parlait directement à mon âme.
Elle a réussi à calmer le chaos à instaurer un silence apaisant.
Lyssandra...Tu ne peux pas abandonner maintenant. Pas encore, dit t'elle d'une voix crystalline tranchant le brouillard.
Je me fige, ce ton de voix. Contrairement aux autres, elle est fidèle à elle même calme et sereine.
-"Je n'ai plus aucune raison de me battre", murmuré-je, mes mains toujours accrochées à mes tempes.
Elle chasse cette idée de mon esprit.
Ne dis pas n'importe quoi ! Zephyr peut être sauvé, me contredit telle.
Mon cœur rate un battement.
-" Comment ?".
Je serre les dents, m'accrochant désespérément à cette lueur d'espoir qu'elle vient de planter en moi.
Le sang du chef de meute : Luke Blyth, souffle-t-elle, il contient un pouvoir ancien, un pouvoir capable de guérir le venin qui coule dans les veines de Zephyr.
Je ferme les yeux, luttant contre le tumulte intérieur. Le sang du chef de meute... C'est insensé. Irréalisable. Jamais je n'ai vu quoi que se soit de la sorte écrit dans un livre et mes parents ne m'en avaient pas parlé non plus.
Comment peut elle le savoir ?
Les loup garous vivent en autharcie, on sait peut de chose sur eux.
Je ne devrais pas y croire, sentir le piège qu'elle me tant. Mais elle me donne l'envie de croire, de me battre.
-"Je ne devrais pas t'écouter", murmuré-je, les mains toujours tremblantes, "Rien de tout ça n'a de sens. Zephyr est déjà condamné. Et même si je le sauvai, à quoi bon ? Nikolay gagnera, quoi qu'il arrive".
Nikolay ne gagnera pas, rétorque la voix avec une force nouvelle, Pas si tu te bas. Pas si tu décides de te dresser contre lui
Je fronce les sourcils et serre les poings, mes ongles s'enfonçant dans mes paumes. Une chaleur nouvelle s'insinue en moi, un mélange d'espoir et de rage. Une petite flamme que je n'avais plus sentie depuis longtemps.
-"Je ferai tout pour le sauver, Zephyr ne mourra pas", j'affirme résolue.
La voix se fait plus douce encore, presque rassurante.
Alors vas-y. Défonce Nikolaï. Et montre à tout le monde de quoi tu es capable, m'acclame t'elle.
Je sens mes dernière réticences s'évaporer en sentant sa propre euphorie.
Elle a raison ! Il faut que j'essaye. Si je ne tente rien, je ne pourrais qu'observer de loin ma défaite.
-"Tu m'as aidée jusqu'à présent pour me faire changer d'avis sur les vampires. Maintenant que c'est fait pourquoi continuer à tenter de me sauver ?", je lui demande soudainement, curieuse.
Un rire doux résonne dans mon esprit.
Parce que cette fois ci, je ne le fais pas seulement pour toi. J'ai moi même des comptes à régler avec lui, s'emporte t'elle dans mon esprit.
Je me redresse, mes yeux s'ouvrent, surprise. Je ne sais pas qui est cette voix, jamais je ne lui ai demandé. Elle est peut être elle même une victime de ce monstre. Elle entend mon débat intérieur. Elle sait quelle question se pose mon esprit.
Je pense qu'il est tant qu'on fasse les présentations Lyssandra. Je m'appelle Eleonora Blackwood, acquiesce t'elle.
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Bonjour !
Je vous remercie pour votre lecture.
On se rapproche de la fin de ce tome !
Lunarae.
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