Etrangement je me sens revigorée. Je ne serais l'expliquer, mais prendre ma revanche me permet de me sentir puissante. C'est comme une dose de dopamine qui vient d'affluer dans mon cerveau à la simple vision de sa fébrilité. 

Et désormais il ne reste plus que ce sentiment de satisfaction. 

Je haïs les hommes comme lui, qui se pense surpuissant, dominateur mais qui en réalité ne sont que des obsessionnels manipulateurs. Alors il faut les remettre à leur place. 

Et pourtant je sais que mon frère dirait que je suis allée trop loin.

Je soupire, les conséquences seront vaines. Shin a un égo trop surdimensionné pour entrainer de telle poursuite et dans le fond, il est tellement peureux qu'il n'oserait même pas.

Mon verre à la main, je me dirige vers les canapés en cuir rouge au fond de la salle, sous les applaudissements du public, satisfait de la performance de Lethia. Je m'assoies dans le carré vip qui m'est réservée, croisant mes jambes élégamment et sirotant mon cocktail avec avidité.

Comme tous les soirs, j'ai envie de faire taire mes pensées sombres, de m'oublier moi-même et ce métier dégoutant. Je veux juste combler ce vide de deuil et m'oublier. Et la Méthamphétamine est le seul recours que j'ai trouvé pour combler ce vide.

J'attrape un peu de Crystal Meth que j'étale sur la plaque chauffante observant avec fascination sa transformation sous l'effet de la chaleur. Les cristaux fondent laissant échapper des volutes de fumée qui rejoigne les effluves dans l'air. 

Dès que le premier souffle descend dans ma gorge et envahit mes poumons, je sens une douce chaleur se propager et envelopper mon corps dans un cocon d'extase. Mes sens s'éveillent, mon cerveau s'excite, tout mon monde devient plus vibrant et énergique. 

Je sens chaque battement de mon cœur résonner dans ma poitrine, chaque vibration de mes muscles et bruissement de l'air.

Je me sens vivante.

L'euphorie m'envahit alors qu'une confiance inébranlable saisit mon âme. Je me sens toute puissante, invincible et prête à conquérir le monde. Mon visage se déforme dans une expression de béatitude. Mes yeux pétillent d'une lueur fébrile et des soupirs de bien être s'échappe de la barrière de mes lèvres.

Je laisse mon esprit divaguer dans un bonheur qui me submerge.

Mais alors que mon corps se prélasse et s'abandonne au Crystal Meth, bercé par les volutes de fumée, une silhouette émerge lentement de l'obscurité. Mes paupières, alourdies par les effets de la drogue, peinent à saisir les contours précis de cette présence mystérieuse. 

Pourtant, même à travers le voile flou de fumée, je devine une stature imposante et son aura énigmatique. Je fronce les sourcils, absorbés dans ma contemplation alors que mes pupilles se posent sur ses épaules larges enveloppées d'une veste en cuir noir. 

Sa mâchoire anguleuse est ornée d'une barbe de trois jours, et je finis par plonger mon regard dans le sien. Ses yeux d'un rouge sang percent l'obscurité ambiante, éclairé par les néons rouges du bar. 

Cette lueur rouge dans le regard. Cet aura énigmatique est dangereuse que mon instinct veut fuir. Cette beauté ténébreuse. 

Je ne la reconnais que trop bien et je la déteste. Il représente tout ceux contre quoi je me suis battue. Sa race entière n'est né que par orgueil, cherchant les plaisirs du sang et de la chair et se perdant eux-mêmes.

C'est un vampire.

-« Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous n'avez rien à faire dans mon carré vip », je lui assène en le voyant s'assoir, ma mâchoire crispée.

Il ne prend pas la peine de répondre à ma provocation. Il préfère insinuer une tension, s'asseyant lentement sur le canapé en cuir rouge. Découpé dans la fumée, il prend l'autre tuyau pour aspirer la drogue qui gronde déjà dans mes poumons. 

A travers le voile, je vois son sourire carnassier et éclatant m'éblouir et ses yeux rouges perforant la fumée d'une lueur malicieuse et sur de lui. 

-« C'est un honneur que la célèbre Black Swan s'installe à ma table », ironise ce dernier en zieutant la salle.

Une rune immense est dessinée comme un tatouage dans son cou, descendant mystérieusement jusqu'à ses omoplates. Je peine à détourner mon regard de cette figure énigmatique, me demandant si c'est l'effet du Crystal Meth ou la magie de sa présence qui me retient captivée. 

Je serais folle si je n'admettais pas qu'il émane de lui une beauté envoûtante et un charisme magnétique qui doit faire sombrer plus d'une femme. Pas étonnant venant d'un vampire, leurs phéromones sensuels sont captivants. Pour toute réponse, je ricane et soupire d'aise en prenant une autre bouffée.

-« Soyons clair tous les deux. Je ne vous ai jamais vu ici et cette place est réservée aux habitués alors qu'est-ce que vous me voulez ? », je lui rétorque amèrement.

Son sourire s'élargit et une lueur d'amusement perle dans ses yeux ténébreux. Il ne faut qu'un instant pour que nos regards se croisent, s'attardent l'un sur l'autre dans un jeu silencieux de défiance et d'attraction.

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine alors que ce simple échange embrase mon être. Je le sens s'attarder sur moi comme s'il me dégustait et qu'il mettait mon âme à nue. Mélangée à la drogue son parfum flotte dans l'air comme un appel la tentation.

Mais ma conscience me ramène vite à moi.

Il émane de lui, une aura de danger.

Et tout ça l'amuse. Je le vois au plissement de ses sourcils et aux pincements de ses lèvres qui s'étirent avec extase. Il aime se jouer de moi et de la situation. 

-« J'étais un habitué avant même que tu te représentes ici, pour la première fois», ricane le vampire d'une voix grave, en attrapant une autre bouffée qu'il souffle dans ma direction.

L'odeur de la drogue me prend le nez et j'inspire un peu de fumée qui garde mes pensées claires.

-« Alors je me permettrais de rappeler aux hommes dans votre genre, que je ne couche avec aucun client », je réplique en croisant mes jambes.

Son sourire confiant s'agrandit, illuminant son visage d'une lueur malicieuse alors qu'il porte le verre à ses lèvres. Empreint d'assurance, il laisse entrevoir la flamme de folie qui brille dans ses yeux. Je remarque alors son deuxième tatouage sur la main et l'avant-bras ; une rose noires entourés de caractères aussi étrange que ceux de son cou.

-« Ne joue pas l'innocente avec moi, nous savons tous les deux que je ne suis pas humain », affirme t'il amusé en jouant avec son verre. 

Je me fige immédiatement, surprise et complétement prise au piège. Mes yeux se plissent et j'essaye de calmer les battements de mon cœur qu'il entend. Un frisson me parcourt l'échine alors que ses pupilles rougeâtre me dévisage et que sa voix semble imprégner mon âme. 

Il prend le temps de laisser cette tension planer dans l'air, se délectant de mon appréhension. Il sait exactement quand mettre les silences et quand se mettre à bouger pour laisser mon esprit imaginer le pire malgré moi. Si bien, que je ne finis par percevoir que ses deux rubis brillants dans l'obscurité.

-« Et je ne suis pas venue pour ça, j'ai bien vu ce qu'il s'est passé avec le sac à merde qui servait de barman », marque t'il une pause avant d'ajouter « Non, je cherche quelqu'un, et on m'a dit que tu pourrais m'aider », murmure t'il d'une voix suave et joueuse, faisant glisser une liasse de billets entre ses doigts agiles.

Son sourire vicieux s'agrandit et ses yeux se plissent en analysant ma réaction face à tout cet argent qu'il me propose. Il semble apprécier mon regard désireux alors que je me noies dans cette contemplation. 

Cet argent est surement sale, mais il y en a pour trois mois de loyer et vu ma situation actuelle, je ne peux pas refuser une telle offre. 

Sans me laisser démonter par son assurance, mes doigts agrippent le billet avant de le fusiller du regard pour être sur qu'il soit sérieux. Je tente de déceler ce qui se cacher derrière sa façade confiante, car jamais on ne m'avait proposé autant d'argent pour une information. Surtout qu'un vampire a tendance à prendre plus qu'à demander.

C'est louche.

Personne ne sait qui je suis ici.

Alors comment pourrais je être celle qui lui indiquera où se trouve celui qu'il cherche ?

-« Je veux retrouver une certaine Lyssandra Cooke », ajoute t'il au tac au tac, un sourire flambant sur ses lèvres. 

Une vague d'incrédulité et de panique m'envahit. Je sens ma peau devenir moite et mes battements de cœurs s'intensifier jusqu'à battre dans mes tempes. Mes poumons hurlent de douleurs et j'ai l'impression qu'il risque de se bloquer à tout instant.

Inspire. Expire.

Respire profondément.

Il ne faut jamais que je perde le contrôle.

Mes doigts se crispent légèrement sur le tube du Crystal Meth, mais je masque mes tremblements et mon angoisse derrière un visage impassible. Sous le voile de fumée, je maîtrise chaque frémissement de mon être, refusant de laisser transparaître la moindre émotion.

Je n'ai rien à craindre ce soir, je ne suis pas Lyssandra Cooke.

Black Swan n'a rien à voir avec elle.

Son regard s'appuie sur mes épaules détaillant mon visage comme s'il pouvait lire en moi. Son sourire s'esquisse dans un rictus amusé et sa main tapote avec empressement sur la table. J'ai la sensation que malgré mes artifices, il perçoit mon trouble et qu'il s'en délecte.

-« Tout dépends de qui la demande », je rétorque, d'une voix ferme en plissant les yeux.

L'inconnu se rapproche posant ses bras sur la table qui nous sépare. Ainsi découpé sous les néons rouges, je distingue mieux ses traits masculins et la cicatrice qui lui barre l'arcade.

Elle aurait pu être disgracieuse si elle ne le rendait pas que plus virile. L'arrogance qui plane sur son visage laisse entrevoir un sourcil prétentieux surélevé. Un petit ricanement passe sur ses lèvres.

-« Je suis Zephyr Maxwell, mais je suis certain que tu le sais déjà... », susurre t'il en soufflant un peu de drogue.

Sa famille est l'une des plus connues de la ville et des plus mystérieux. Nul ne sait vraiment ce qui leur ait arrivé, mais c'est les plus riches de la Californie. Les rumeurs racontent qu'ils ont battis leur empire grâce aux trafics de drogues et aux meurtres. 

Leur nom suscite à la fois respect et terreur, éloignant les habitants qui préfère ne pas croiser leur chemin par peur de finir sur leur liste.

Pourtant ce n'est qu'apparence. Zephyr Maxwell est surtout connu pour sa cruauté. C'est un vampire insatiable qui ne trouve jouissance quand arrachant les yeux de ses victimes. Il est craint dans le monde de la nuit et nul n'espère croiser sa route. 

-« Et bien enchantée, mais je ne te serais pas d'une grande aide. Je ne connais pas de Lyssandra Cooke », je rétorque en passant une main sous la table.

Je sens que la situation m'échappe. Ce Zephyr Maxwell est dangereux. Pire que sa famille, je parle bien de son aura. Elle est écrasante, omniprésente et me domine comme si j'étais une moins que rien. Et son sourire satisfait qui étire la commissure de ses lèvres de manière psychotique, me glace le sang.

Dès qu'il entend mon refus, son regard se métamorphose. Son nez se fronce. Ses traits se durcissent.

Un frisson me parcourt l'échine alors que je sens des sueurs froides couler le long de ma colonne. Ma respiration devient sifflante et je fais un effort pour ne pas laisser mon cœur s'emballer. 

Mais ce qui me fige sur place, c'est ses pupilles qui me fixe avide de sang brillant d'une lueur glaciale. Il a le regard de quelqu'un prêt à franchir toutes les limites, même s'il doit tuer pour obtenir ce qu'il désire. 

Pourtant, il ne semble pas le moins du monde contrarié. Au contraire, tout cela n'est qu'un jeu pour lui dont il se délecte. Il aime percevoir ma peur à travers mes muscles qui se crispent, sentir mes frissons courir sous ma peau et avoir la satisfaction que c'est lui qui les provoque.

Inspire. Expire.

Je calme ma respiration et les battements de mon cœur. Il est hors de questions que cette scène me mette en danger et échappe à mon contrôle. Il n'aura de moi aucune satisfaction. Je me recule dans mon siège, m'agitant pour faire glisser le canif entre mes seins. 

S'il tombe de mon soutient gorge, je n'aurais plus qu'à détourner son attention, et je ne serais pas sans défense.

Une main sous la table et l'autre sur mon dry martini, je le défie un regard plaqué dans le sien. 

-« Je sens que ce petit jeu est en train de devenir intéressant», murmure Zephyr d'une voix suave, tandis qu'il pose sur la table deux globules oculaires humains.

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Bonjour, 
Merci d'être arrivé jusqu'ici et profitez bien du chapitre 4 !

Lunarae.