Chapitre 37

La salle est plongée dans une atmosphère feutrée, seulement perturbée par quelques murmures et rires lointains. Je me détache de lui, le souffle court, et un instant de doute me frappe. Le baiser que Zephyr m'a donné hante encore mes lèvres, chaque seconde qui me passe ramenant à ce moment suspendu entre nous.

Est ce que c'est une bonne idée de me laisser aller alors que je suis poursuivie ?

Est ce que c'est je peux me permettre de commencer à ressentir ces choses pour lui ?

Je ne devrais pas.

J'ai été emporté par un flot de sensations tellement sincère que j'en ai oublié qui j'avais en face de moi. C'est Zephyr, le Vorace. Un vampire qui a vécu des siècles à se repaître de la peur et du sang.

Cette idée me brûle l'esprit et me pousse à prendre du recul.  Il me regarde, ses yeux d'un bleu clair glacé me transperçant de toute part. Sa bouche se fronce dans un rictus de mépris. Je sais qu'il a perçu ce changement, ce doute dans mes yeux.

Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, un bruit éclate derrière nous. Un homme maladroit, verre à la main, trébuche et renverse son verre de bière. Le liquide ambré éclabousse la chemise noire de Zephyr.

Le silence s'installe, lourd. Tout le monde fixe la scène la bouche grand ouverte, ils sont tous hypnotisés mais ils savent ce qu'ils risquent rien qu'en sentant l'aura terrifiante qui émane de lui.

L'homme recule, visiblement terrifié, bégayant des excuses sous le regard glacial de Zephyr. Sa mâchoire crispée et ses pupilles oscillant du rouge au bleu, il tente de se reprendre en sentant mon visage durcir. 

 Il y quelques mois, cet homme aurait probablement perdu ses yeux sous les doigts du Vorace. Mais aujourd'hui, Zephyr ne bouge pas, son visage se ferme juste instantanément, se transformant en un masque d'indifférence froide.

-"Sortez", dit-il d'une voix tranchante.

Il ne crie pas, il n'a pas besoin de le faire pour créer une tension aussi lourde dans l'air. Les invités se figent un instant avant de réaliser qu'il n'est plus question de continuer la soirée. Les gens quittent la pièce en silence, se bousculant pour être le premier à s'éloigner du manoir. 

Un seul regard dans sa direction à suffit à la boule de mon ventre pour se serrer. Je sens la distance croissante entre Zephyr et moi, non pas physique, mais émotionnel. C'est ma faute , je le sais.

Je l'ai senti se refermer sur lui-même à l'instant même où mes doutes ont traversé mon esprit. Alors que la porte se referme derrière le dernier invité, le silence tombe lourdement autour de nous. 

A ce même moment, une voix dans mon esprit prend toute la place. Je me concentre pour entre cette voix familière si pure et angélique. C'est elle. La vampire morte, la seule âme avec qui je peux communiquer.

"Tu avais promis de comprendre, Lyssandra. De ne pas fuir ce que tu ressens."

 Sa voix est douce mais ferme, une lueur dorée flotte dans mon esprit, éclairant mes doutes.

Je déglutis, me sentant bête.

Je suis en train de tout gâcher en beauté. Par peur de ne pas arriver à controler ce que je ressens, terrifiée par la simple idée que ça finisse par me perdre. 

Ce que je sens pour Zephyr est entrain de devenir plus puissant, je m'attache et ce n'est jamais bon dans ce monde car on finit forcément déçu. Pourtant je ne peux pas le combattre en permanence.

Elle a peut être raison, pour une fois, il faudrait que je fasse une exception. Il n'est plus ce qu'il montre.

Je prends une inspiration, prête à m'excuser, à m'expliquer, mais avant que je ne puisse parler, Zephyr se retourne, le visage dur et fermé, plus lointain que jamais. D'une main il agrippe sa chemise et de l'autre, il porte son verre de bourbon. 

-"Tu ne comprends pas, n'est-ce pas ?" , m'accuse t'il d'une voix glaciale et tranchante comme une lame, "Dans tous les cas, tu me verras toujours comme un monstre. Tu me regarderas toujours comme si j'étais encore ce Vorace qui arrache des yeux."

Il se détourne, ses épaules tendues, son dos crispé comme s'il portait le poids de plusieurs siècles de jugement.

-"C'est faux", dis-je, mais ma voix manque de conviction.

Parce que c'est la vérité, n'est-ce pas ?

Je l'ai jugé et je continue de le juger sans cesse. Dès que je relâche un peu ma prise, le fantôme de son passé me revient en mémoire. 

Il éclate de rire, amer, un rictus amusé sur le visage, la commissure de ses lèvres s'élevant dans un sourire psychotique.

-"Ne mens pas, Lyssandra. C'est exactement ce que tu penses. C'est ce que tu verras toujours en moi. Un monstre. Je n'ai jamais prétendu être autre chose", ricane t'il.

La colère monte envers lui comme envers moi même. J'ai du mal à passer outre, mais j'essaye en ce moment et lui au lieu de le remarquer fait exprès de me montrer tout ce que j'exècre chez lui pour que je le rejette encore plus.

Cette conclusion amer me brûle la gorge.

-"Tu es bien plus que ça, Zephyr, mais tu te caches derrière cette façade. Tu refuses de me laisser voir qui tu es vraiment."

Je m'approche de lui, mais il se détourne de nouveau, frustré.

-"Ça ne change rien", lâche-t-il sèchement. "Ce que nous sommes... c'est nocif. Regarde-nous. Nous sommes poursuivis par des ennemis de tous côtés, à commencer par Nikolay. Ce qu'on partage ne fait que compliquer les choses. On ferait mieux de garder cette relation platonique. Nous nous concentrons sur notre objectif, sur Nikolay". 

J'y ai pensé, cette idée m'a effleuré l'esprit tant de fois. A quel point cette relation est toxique, que ce lien se crée au mauvais moment... Mais c'est en l'entendant de sa bouche que je me rends compte à quel point elle sonne fausse. 

C'est vraiment l'ironie de trouver une relation nocive alors qu'on se perdait dans la Crystal Meth tous les jours. C'est vraiment la plus grosse blague de l'univers d'accuser nos ennemis alors qu'il y en aura toujours après nous.

Je serre les poings.

C'est choisir la fuite.  On ne se résume pas à Nikolay ou à ce qu'on combat. On n'est pas seulement nos victimes ou nos enemis, rien ne sera jamais simple. Alors il faut qu'on arrête tous les deux de se cacher derrière des excuses et des faux-semblants.

-"Vraiment, Zéphyr ?" crachai-je. "C'est ça que tu veux ? Prétendre que ce qu'on ressent n'est pas réel ? Que tu ne ressens rien ?".

Mes mots sont plus durs que je ne l'avais prévu, mais je ne peux plus reculer maintenant.

-"Tu crois que c'est facile pour moi, hein ? Que je suis là, à te juger simplement parce que tu es un vampire ?".

Il ne répond pas, mais je vois sa mâchoire se crisper, son regard se durcir.

Je fais un pas en avant, m'obligeant à continuer.

-"Tu crois que je ne vois que tes crimes ? Oui, ils me terrifient. Mais je suis prêt à passer au-dessus de ça, à comprendre que c'est une part de toi. Parce que je m'attache à toi, Zephyr . Malgré tout."

Il secoue la tête, furieux, son rire amer résonnant dans la maison et son air terrifiant sur le visage. 

-"Arrête", hurle-t-il à son tour, Dans ce cas tu n'as qu'à arrêter"

Je le dévisage, mon cœur battant à tout rompre. Et pourtant, je sais ce que je dois dire.

— "Non. Je ne vais pas arrêter", dis-je, la voix tremblante d'émotion. "Dis-moi que tu ne ressens rien. Que tu n'as aucune attirance. Regarde-moi dans les yeux et hurle moi que tu ne veux plus jamais me revoir. Si tu le fais, je partirai."

Je me place devant lui, le défiant du regard, mon souffle court. Le silence est presque insoutenable. Il reste figé, son regard glacé planté dans le mien. Une éternité semble passer, chaque seconde résonnant comme un coup de marteau.

Je vois son hésitation, le combat interne qui se joue en lui. Ses poings se serrent, ses yeux brillent de colère, de douleur oscillant entre les deux teintes. Ses canines se rétractant et se sortant. 

Il ne veut pas me répondre.

Puis, soudain, il craque. Avant même que je ne puisse réagir, il m'attrape par la taille, me tirant violemment contre lui. Ses lèvres capturent les miennes avec une intensité brutale, désespérée, comme si ce baiser était une confession en soi.

Une manière de me dire tout ce qu'il ne peut pas formuler. Ses mains se crispent sur mes hanches, et je me laisse submerger par ce baiser, par cette vérité qu'il n'ose avouer avec des mots.

Il n'a pas besoin de me le dire. Je le sais. Il ressent la même chose.

Le baiser dure une éternité, chaque souffle, chaque mouvement de ses lèvres contre les miennes envoie des frissons dans tout mon corps. C'est à la fois douloureux et exaltant. Quand il s'écarte enfin, je vois dans ses yeux tout ce qu'il essaie de fuir.

Il ne peut pas nier ce qu'il ressent. Pas plus que moi.

-"Si tu continue comme ça", murmure-t-il, un sourire en coin, "je ne sais pas ce que je ferais."

Mon cœur rate un battement. Il n'y a plus de barrières, plus de questions ni d'hésitations. Je sais ce que je veux. Plus de retenue, plus de peurs. Juste lui. Et moi.

Je ne dis rien, mais il lit en moi, comprend que je ne veux pas que tout s'arrête ici, que quelque chose de bien plus profond est en train de se produire. Il prend une inspiration, son regard s'adoucit légèrement, mais il ne se calme vraiment qu'une fois que j'esquisse un sourire.

Sourire que j'ai du mal à canaliser, toutes mes émotions se vident en un instant. Tout ce que je retiens depuis la mort de mes parents. Je souris de tous les pleurs et la colère contenue et ça me fait du bien. 

Un petit rire éclate même, d'une sincérité pur en sentant l'odeur désagréable de bière se mélanger à son parfum. 

-"Zephyr, tu sens vraiment fort la bière", j'éclate d'un rire franc en faisant mine de me reculer tant l'odeur est forte.

Un éclair de surprise passe dans ses yeux vite suivie par un sourire carnassier et séducteur. Ses yeux se plissent d'un éclat de désir mêlé à son petit égocentrisme. Je me mords légèrement la lèvre provocatrice, sachant pertinemment l'effet sur lui.

— "Tu l'as voulu, Little Swan", souffle-t-il sensuel, ses doigts serrant un peu plus fermement mes cuisses, "Si je sens autant la bière, autant aller laver tout ça."

Je laisse échapper un rire léger, mais l'instant d'après, il me soulève avec une force délicate, mes jambes s'enroulent autour de sa taille comme une seconde nature. Il avance, ses lèvres revenant capturer les miennes.

Chaque baiser est un tourbillon de désir, une montée progressive, une promesse d'abandon total. Je me sens suspendu, dans tous les sens du terme, à cet instant, à ce corps qui me porte sans effort, à cette connexion qui se renforce à chaque souffle partagé.

En montant les escaliers, Zephyr ne se presse pas. Chaque marche est une opportunité pour lui de ralentir le temps, d'effleurer ma peau, d'arracher une partie de mes vêtements. Sa main glisse sous ma chemise, et en un instant, elle vole en lambeaux, se déposant sur le sol.

La fraîcheur de l'air contraste avec la chaleur de son corps, et chaque centimètre de ma peau frissonne sous ses doigts. Il me dévore du regard, comme s'il découvrait chaque courbe pour la première fois.

Je lève la main pour caresser son visage, sentant sa mâchoire se tendre sous mes doigts. Nos respirations s'entremêlent, et dans ses yeux, je vois cette lueur intense, un mélange de désir et d'émotion plus profonde. Il prend le temps d'épouser la forme de mes seins et d'embrasser le creux de mon cou.

En arrivant à l'étage, il se défait de sa chemise d'un geste rapide, la laissant tomber négligemment au sol, révélant son torse musclé et tendu. Mes doigts effleurent sa peau, et je me sens vibrer sous l'effet de cette proximité.

Nous franchissons la porte de la salle de bain, et sans même que je m'en rende compte, je suis déjà nue, mes vêtements éparpillés derrière nous comme des traces de cette montée irrésistible.

Il me plaque doucement contre le mur carrelé, le froid du carrelage contrastant avec la chaleur brûlante de son corps contre le mien. L'eau jaillit du jet au-dessus de nous, éclaboussant nos peaux en un torrent apaisant et bouillant à la fois.

Mais ce n'est pas l'eau qui m'embrase. C'est lui, c'est ses mains, ses lèvres, son regard qui ne quitte jamais le mien.

Ses mains glissent fermement sous mes cuisses, et il me soulève à nouveau, me portant comme si je ne pesais rien, mes jambes s'enroulent une nouvelle fois autour de sa taille. La sensation est enivrante.

L'eau ruisselle sur nos corps, plaquant ses cheveux noirs à l'arrière de sa tête. Il est magnifique, d'une beauté à faire pâlir le plus beau coucher de soleil. 

Je sens son souffle contre ma peau, ses mains qui parcourent mes courbes avec une assurance mêlée de tendresse, comme s'il voulait mémoriser chaque sensation, chaque frisson. Je suis complètement envoûtée par lui. 

Je n'ai jamais ressenti une telle intensité, une telle fièvre. C'est comme si toutes les barrières que nous avions établies jusque-là s'effondraient une à une, et je ne peux que me laisser emporter par ce tourbillon.

Mes mains glissent dans ses cheveux trempés, je m'accroche à lui, désespérément, comme si je craignais de me perdre, et pourtant, c'est tout le contraire : je me trouve dans ses bras.

Ses lèvres descendent le long de mon cou, mordillant ma peau, et chaque contact envoie une vague de plaisir dans tout mon corps. Mon dos s'arque contre le mur, et je sens chaque muscle de son corps se tendre sous mes doigts, chaque geste calculé pour maximiser cette tension entre nous.

L'eau coule toujours, mais elle devient un bruit de fond. La salle de bain est un cocon, et nous, nous sommes au centre de cette tempête de sensations. Mes mains glissent sur son torse, mes doigts traçant les contours de ses muscles tendus sous l'eau. 

Il n'y a plus de place pour la peur ou les doutes. Il n'y a que nous, ici, dans ce moment de pure alchimie.

Chaque geste devient plus urgent, plus désespéré, comme si nous ne pouvions plus nous retenir. Il déchire les derniers lambeaux de contrôle que nous avions, et dans ce moment.

Nous sommes dans un océan de sensations, et il se perd totalement en moi. Et lorsqu'il me regarde à nouveau, un sourire en coin, haletant, il murmure :

-"Tu me fais perdre la tête, Little Swan."

Et pour la première fois... Je n'ai même pas fais attention au bruit de l'eau qui s'écoule sur les carreaux.

**************
Bonjour, 
Alors que pensez vous de la relation entre Zephyr et Lyssandra ?
Merci beaucoup pour votre lecture. 
Lunarae.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top