La porte s'effondre dans un fracas assourdissant, projetant des éclats de bois dans la pièce. Un souffle glacé traverse la bibliothèque, et l'air se charge d'une odeur métallique, presque palpable, qui emplit mes narines d'un parfum de mort.

Les ténèbres se faufilent à travers l'ouverture béante, et deux silhouettes massives se dessinent dans l'ombre. Leurs yeux luisent d'un éclat prédateur, des touffes de poils brunes, et un corps si hauts et imposants. Je sens immédiatement la menace qu'ils incarnent.

Des loups garou...

J'en ai entendu parlé dans les histoires que me transmettaient mes parents mais jamais je n'en ai vu en vrai. Ils préfèrent vivre en communauté ayant peu de rapport avec les humains.

Ce sont des loups-garous et les soirs de pleine lune, ils sont mus par une haine primitive, sauvages et impitoyables.

Nikolay se fige un instant, son regard jaugeant la situation.

-"Nous n'avons plus de temps," murmure-t-il en saisissant Evelyn par le bras.

Elle me lance un regard désolé, un reflet d'humanité que je n'attendais pas de sa part. Mais cela ne change rien. Nikolay m'observe un moment, son regard de glace transperçant le mien.

-"Une semaine, nécromancienne," dit-il d'une voix qui résonne dans l'obscurité. "Par égard pour votre ancienne amitié, je te donne une semaine".

Puis, sans un mot de plus, il disparaît, emportant Evelyn avec lui, me laissant seule face à ces monstres.

La rage bouillonne en moi, mélange de trahison et de détermination farouche. Je ne peux pas me permettre de céder à la peur, pas maintenant. Ces deux loups n'ont pas seulement faim de chair. Ils sont là pour me tuer, pour me déchirer, et je ne leur offrirai pas cette satisfaction.

L'un plus petits et jeunes se met à grogner, ses pupilles jaunes me transperçant de toute part. L'autre plus grands et robustes, prend le temps de me contourner pour m'encercler. 

La salive dégouline de ses babines montrant une rangée de crocs tranchantes comme des rasoirs. Son pelage s'hérisse et il semble réfléchir pour me faire baisser ma garde bien plus que le plus petit.

Le plus jeune bondit à travers les débris, ses crocs étincelant dans la faible lumière de la lune. Ses griffes raclent le sol alors qu'il se précipite sur moi avec une vitesse effrayante.

Instinctivement, je laisse une âme m'envelopper, cette dernière désireuse de me posséder entièrement. Bien qu'elle ne parle pas, je ressens sa voix enfler dans ma tête, me susurrer de lui laisser mon corps.

J'esquive d'une vitesse surnaturelle et le loup s'écrase contre moi, son poids formidable faisant trembler le sol. Un rugissement féroce résonne dans la pièce alors qu'il recule, secouant sa tête pour se remettre du choc.

Le second loup, plus vieux, contourne son cadet avec une agilité surprenante, ses muscles roulant sous sa fourrure épaisse. Il attaque sans hésitation, visant mes jambes pour me déséquilibrer.

Je saute en arrière, esquivant de justesse, mais il est rapide, et je sens la morsure de ses griffes effleurer ma cheville. La douleur aiguë me fait grimacer, mais je ne cède pas. Je laisse les reflexes du vampire m'envahir.

Je perçois leur mouvement, leur rapidité, je peux même arriver à prévoir leur prochain coup. J'expire, concentrant ma respiration, réduisant les battements de mon cœur et ma peur qui menace de me submerger. 

Je dois garder mon sang froid. 

Le premier loup se redresse, les muscles tendus, ses yeux jaunes fixés sur moi. Son regard est calculateur, presque humain dans sa froideur. Il n'est pas seulement un prédateur, c'est un tueur expérimenté. Il grogne, ses crocs dégoulinants de salive, et sans un avertissement, il se lance à nouveau.

Cette fois, il attaque par en haut, sautant avec une puissance inouïe. Je lève les deux mains, pour frapper de toutes mes forces de le plexus de la bête. Elle geint retombant au sol en crachotant du sang, mais il retombe sur ses patte. Sa rage ne fait que croître, alimentée par mon défi.

Je n'ai pas le temps de reprendre mon souffle que le plus vieux se précipite à nouveau sur moi, plus rapide que jamais. Il réussit à me frapper à l'épaule, et je sens ses griffes déchirer la peau. Je m'effondre au sol, mais bondit aussitôt sur mes pieds avant que le loup ne puisse m'achever. La créature recule, confuse, son souffle court, tandis que je me relève lentement, le goût cuivré du sang sur mes lèvres.

Je ne peux pas continuer ainsi. Ces bêtes sont trop puissantes, trop rapides. Je dois puiser dans quelque chose de plus profond et de plus fort. L'énergie de ma propre magie me brûle de l'intérieur, une force brutale que je lutte pour contenir.

Et les voix susurrent alors que je la cherche. Celle qui m'a aidé contre Zachaeus.

Si je veux survivre, je dois libérer ce qui sommeille en moi.

Je ferme les yeux, laissant mes barrières mentales tomber. Je les sens se pousser pour entrer et me posséder mais une lueur plus clair les repousse pour prendre toute la place. 

Je ne l'avais jamais vu sous cette angle, mais elle est magnifique, resplendissante des teintes dorées les plus purs. Je l'effleure du bout de mon âme, sentant toute son energie et son altruisme. 

Je veux bien t'aider encore une fois.

Elle est plus froide, encore agacée de notre dernière rencontre mais pourtant elle reste terriblement douce. Elle se met à vibrer en moi, une force pure, loin des ténèbres que les autres transportent.

Le loup plus âgé se prépare à une nouvelle attaque, mais je sens la différence avant même qu'il ne s'élance. Mes réflexes sont plus aiguisés, ma vision plus claire. Le monde semble ralentir, chaque détail se cristallisant dans une parfaite netteté.

Lorsque le loup bondit, je suis déjà en mouvement. Je me propulse vers lui, esquivant son attaque d'une fluidité surnaturelle. Mes doigts, désormais renforcés par la puissance de l'âme qui m'habite, s'enfoncent dans la chair épaisse de son flanc.

Le loup hurle de douleur alors que je libère une vague d'énergie directement dans son corps. Le choc le projette contre le mur, le laissant haletant, luttant pour se relever.

Je tourne mon attention vers le plus jeune, qui hésite maintenant, incertain de la créature qu'il affronte. Une terreur primitive s'insinue dans ses yeux. Il grogne, mais le son est empreint de doute. Pourtant, il m'attaque quand même, sa fureur désespérée l'emportant sur sa peur.

Je l'attends de pied ferme, le pouvoir crépitant dans mes veines, prête à être libérée. Il est plus rapide, plus agressif, mais je suis plus forte. Lorsqu'il se jette sur moi, je le laisse approcher, presque à portée de ses crocs, avant de l'attraper à la gorge avec une force inhumaine.

Le choc de notre collision résonne à travers la pièce, mais je ne recule pas. Mes doigts se resserrent autour de sa trachée, et il se débat, fou de rage. Ses griffes lacèrent mes bras, mais je ne faiblis pas. Le pouvoir de l'âme que j'ai invoquée me donne une force surhumaine, une implacabilité que je ne contrôle plus tout à fait.

Dans un mouvement rapide, j'enfonce mon autre main dans sa cuisse et, d'un geste brutal, je tire sur ses jambes, utilisant toute ma force. Le son écœurant des os qui craquent résonne dans la pièce alors que je les arrache, une par une.

Le loup pousse un hurlement si fort qu'il résonne à travers les murs, une douleur pure et brute. Ses yeux, autrefois brillants de vie, se voilent de terreur et de souffrance.

Je le relâche enfin, et il s'écroule au sol, incapable de bouger, baignant dans son propre sang. Sa respiration est saccadée, un mélange de haine et de supplication dans ses yeux. Ses jambes trônent à quelques mètres, complétement inanimés. 

Ses gémissements se mêlent au souffle rauque du vent qui s'engouffre par la porte de la bibliothèque. Je me tiens là, les doigts tremblants, le regard fixé sur ce que je viens de faire, réalisant à peine le carnage qui se tient à mes pieds.

 Les os brisés, la chair déchirée... L'horreur m'étreint, mais une autre voix, bien plus incisive que la mienne, perce le brouillard de mes pensées.

C'est cela, Lyssandra? C'est ainsi que tu justifies tes actions? Tuer pour survivre, mutiler un enfant pour te défendre? Où est la limite, dis-moi! Et après tu oses critiquer les vampires.

Je serre les dents, refusant de céder à sa culpabilisation.

-"Je n'avais pas le choix!" je rétorque, ma voix se brisant presque. "Il allait me tuer. C'était lui ou moi."

Regarde-le!, gronde la voix en moi, emplie d'une colère contenue. Il ne te menaçait pas, pas réellement. Un enfant, Lyssandra! Qu'as-tu fait?!

Je baisse les yeux vers le jeune loup-garou, son regard doré noyé de larmes, fixant le vide là où ses jambes auraient dû être. Mon estomac se tord, mais je refuse de me laisser abattre.

Tu ne comprends pas... Les ténèbres qui m'entourent... Il n'y a pas de place pour la pitié ici. S'il avait survécu, il serait revenu me tuer.

Tu parles de ténèbres alors que c'est toi qui les créées. Tu as toujours été violente. Tu as toujours du compter pour restreindre tes propres pulsions, pour t'empêcher d'écouter ces âmes qui demandent du sang. Et aujourd'hui, es devenu qu'une ombre dévorée par sa propre peur.

Une autre présence s'approche, et je lève les yeux pour voir le loup-garou plus âgé, sa fourrure brune tremblant sous la lumière de la lune. Il attrape doucement la nuque du plus jeune, presque avec tendresse, malgré la gravité de ses blessures.

Un grondement sourd s'échappe de sa gorge, mais il ne m'attaque pas. Ses yeux, emplis de haine et de douleur, semblent me sonder jusqu'à l'âme. Un frisson me parcourt. Il y a quelque chose de familier dans ce regard, mais l'image se dissipe avant que je puisse l'attraper.

Tu as failli détruire ce que tu devrais protéger. Souviens-toi de qui tu es, ou de ce que tu étais avant que cette obscurité ne te consume.

Je détourne le regard, incapable de soutenir l'accusation dans cette voix. Le loup-garou plus âgé se redresse, portant l'enfant blessé dans ses bras, et s'enfuit dans l'ombre des arbres. Un silence oppressant s'installe, brisé seulement par le battement irrégulier de mon propre cœur. Le doute s'insinue en moi, se mêlant à la honte et à la peur.

Suis je entrain de tout perdre ? 

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Bonjour, 
Merci beaucoup pour la lecture de ce chapitre !
Lunarae.