Je sens l'odeur du Crystal Meth effacer mes doutes. Ma bouche s'entrouvre alors que j'inspire la fumée comme une toxicomane en manque. Etrangement, j'avais oublié à quel point le goût pouvait m'apaiser. 

Mes talons raisonnent sur le sol en bois de la scène de Blysscristal alors que je chasse une nouvelle fois ses rideaux de velours. 

C'est à mon tour de me lancer sur la piste de danse et de recroiser leur regard pervers qui me détail avec attention. Je déteste ce moment, mais je plaque mon masque sur mes yeux. Ce soir c'est différent.

J'ai envie d'abandonner et de rendre les armes car je n'arrive plus à maintenir ma tête hors de l'eau. 

Je dois sauver Evelyn de ce monstre et je ne sais pas comment m'y prendre. Si sombrer est une personne elle doit bien se rire de moi actuellement.

Je sens le regard de Zephyr, même tapis dans le noir qui me fixe de ses prunelles désireuses. Ce pacte qui nous lie enflamme mon corps et empoisonne mon âme. Il me permet de parvenir à mes fins, mais que j'aime sentir l'adrénaline monter dans mon corps.

Bordel que j'aime enfin me sentir vivante.

Il me permet d'oublier que j'ai foiré en beauté, que je n'ai pas réussi à sauver Evelyn des griffes de Nikolay et que je l'ai monté contre moi. 

J'ai une nouvelle fois échoué et la seule chose à laquelle je me raccroche pour ne pas me noyer et cette fichu relation toxique dû à cette marque. 

J'entends les premières notes de « I feel like i'm drowning » de Two feet s'élever dans les airs, résonnant dans les hauts parleurs de la salle. Les hommes sont déjà attroupés en bas de la scène. D'autres continuent de s'enfumer de Crystal Meth mais jette de rapide coup d'œil pervers dans ma direction.

Mes mains agrippent fermement la pole, et je laisse mon corps se soulever lorsque la première mesure se lance. Les lumières tamisées créent des ombres dansantes autour de moi, alors que je me lance dans une chorégraphie envoûtante.

Avec grâce, je me hisse et tourne, volant comme un cygne noir. Sensuelle, j'écarte mes cuisses sous leur yeux ébahie avec souplesse et fermeté. Je ferme les yeux un instant, me perdant dans la musique, mais dès que je les rouvre, je sens le poids du regard profond et charismatique de Zephyr.

Il pénètre le mien et je sens la connexion électrique de notre pacte bruler mon corps. Je ne détourne pas mes pupilles, non pas par détermination mais par désespoir. Je me laisse descendre sur la barre, ma cuisse agrippant le métal froid. 

Je suis entrain de sombrer. La musique ne peut pas être plus claire. J'ai l'impression de me noyer dans cette mer de problème et d'yeux pervertis. 

Et lui, Zephyr, me tires vers le bas et ce pacte finira par me tuer si je n'accomplis pas ma part. Ma vie allait mieux quand il n'était pas là et pourtant, qu'est ce que j'aime qu'il en fasse partie.

Mes mouvements deviennent plus calculés, chaque geste empreint de grâce et de séduction. Je tourne autour du pole, faisant claquer mes talons sur la scènes. Fluide et précise, je me hisse et me laisse tomber à quelques centimètres du sol comme si je dansais pour libérer toutes les émotions qui me hantent. 

Tout mon désespoir, ma colère et ma tristesse mais aussi ce besoin fou d'être sauvée. 

Chaque rotation, chaque tourbillon est un appel à l'aide. Je me laisse emporter par la musique, laissant mon corps s'exprimer sans retenue. Chaque torsion, chaque flexion de mes muscles est une affirmation de ma fragilité.

Je me laisse tomber.

Et je sens leur regard ébahie se poser sur mon corps et me détaillé avec surprise. Ils m'ont connu revendicatrice et si sensuel que leur main affluait dans leur pantalon. Mais jamais ils m'avaient vu aussi captivante et énigmatique.

Malgré le masque que je porte pour dissimuler ma souffrance, je sais que dans cet instant, je suis authentique. Je suis moi-même, sans compromis, sans retenue. Et Zephyr le sent aussi. Il voit au-delà de l'apparence, au-delà du masque, il voit la vraie moi, la moi brisée, sous méthamphétamine qui rêve d'être libérer de ce cauchemar.

Et il ressent l'adrénaline qui nous unie, ce lien si dangereux et si toxique qui nous broie de l'intérieur mais qui comble ce vide et cette tristesse.

L'excitation de savoir si nous allons réussir. L'extase de savoir qui tombera le premier et qui utilisera l'autre. C'est exactement ses émotions que je percevais avant dans son sourire sombre.

Maintenant, je refuserais de croire qu'elles ont existé un jour.

Et alors que la musique atteint son apogée, je termine ma performance avec un dernier mouvement, un dernier regard échangé avec lui . 

Je ne danse plus pour eux. Je danse pour lui. 

Zephyr avait raison, Black Swan a perdu des plumes et ne pourra plus jamais s'envoler.

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Je referme la porte de la loge, le souffle court, les yeux à moitiés remplis de larmes et pourtant les applaudissements pleuvent comme lors de ma première performance. J'arrache mon masque, le jetant par terre dans un ricanement sourd.

Mon visage dans la glace me semble n'être qu'un affreux mensonge. J'agrippe mes cheveux roux en grommelant de rage à mon encontre. Les lumières tamisées reflètent les éclats dorés de mon costume, mais je ne trouve pas de réconfort dans cet éclat.

La représentation est finie, et pourtant, une tension persiste, rampante et insidieuse. Je devrais me sentir libérée, mais une lourdeur accable mon cœur.

C'est à ce moment que je le sens, avant même de le voir. Zephyr. Le vampire que je hais autant que je désire. Sa présence remplit la pièce comme une ombre noire, silencieuse mais oppressante. 

-"Je ne pense pas que tu deviendras plus belle si tu t'arraches les cheveux Little Swan", murmure Zephyr dans mon dos d'une voix suave. 

Je sèche mes larmes rapidement priant pour que la rougeur de mes yeux passent inaperçus. Nos regards se croisent dans le miroir. Ses yeux, d'un bleu glacé, me scrutent avec une intensité qui enflamme mes sens.

Il se tient là, à l'entrée de ma loge, comme une promesse sombre et dangereuse, sa chemise noire entrouverte donnant une vue sur ces abdominaux parfaitement dessinés.

-"Tu devrais aller voir ailleurs si tu cherches à sucer le sang d'une danseuse", je ricane sarcastique en ramassant le masque. 

Zephyr plisse les yeux, les détails n'échappant pas à son œil aguerri. 

-"Celui de celle qui se tient devant moi est de loin le plus succulent", susurre t'il à mon attention en fermant la porte. 

L'espace, déjà restreint, devient suffocant. Je sens mon cœur battre plus vite, chaque pulsation envoyant une vague de chaleur dans mon corps. Nous nous sommes affrontés tant de fois, avec des mots tranchants et des regards chargés de haine.

Mais ce soir, il y a quelque chose de différent, une douceur étrange qui flotte dans l'air, mêlée à notre tension habituelle. Depuis quelques temps, je cherche le réconfort dans nos ébats, une source de plaisir passagère qui me permet d'oublier le malheur.

Zephyr avance vers moi, chaque pas résonnant comme un coup de tonnerre dans mon esprit. Mon corps réagit malgré moi, envoyant une vague de chaleur qui me fait trembler. Je ne veux plus lutter et le repousser. Je ne veux plus lui hurler qu'on aurait pas à le faire car je suis brisée.

J'ai perdu tout ce qui me permettait de lutter.

Evelyn est avec Nikolay.

Cassian passe plus de temps dans la forêt qu'à mes côtés.

Alors je n'ai plus aucune raison de lutter.

Quand il est enfin devant moi, son souffle enflammé caresse ma peau. Sa main chaude et curieusement douce se pose sur ma joue, et je frémis.

-"Qu'est ce qu'il t'arrive ? Tu n'as pourtant pas l'habitude de faire ça en douceur" murmuré-je, ma voix se brisant presque.

Ses doigts glissent lentement le long de ma mâchoire, traçant un chemin de feu jusqu'à mon cou. Je ferme les yeux, me penchant contre lui pour sentir son torse contre moi. Puis, brusquement, sa main descend et attrape mon poignet.

Il me tire contre lui avec une force contrôlée, me faisant haleter. Sa bouche se pose près de mon oreille, et je sens sa langue effleurer ma peau.

-"Je te veux, Little Swan, si tu savais comme je te désire," murmure-t-il, ses mots un mélange de menace et de promesse.

Mon corps se tend, partagé entre l'instinct de fuite et le désir de me perdre en lui. Ses lèvres trouvent les miennes, et le baiser est sauvage, dévorant, comme une bataille où aucun de nous ne veut céder. Je sens ses crocs frôler ma lèvre inférieure, et une douleur douce m'électrise.

Mais soudain, il s'arrête. Il se recule légèrement, son regard toujours accroché au mien. 

-"Mais même si j'aimerais te plaquer tout de suite contre ta coiffeuse, je sens qu'il y a quelques choses qui ne va pas", me repousse Zephyr, d'une voix soucieuse.

Pour la première fois, je vois quelque chose dans ses yeux qui n'est ni rage ni désir. Une inquiétude, presque une tendresse. Ses mains encadrent mon visage, et je sens une chaleur inattendue se diffuser à travers moi.

-"Little Swan, parle moi, tu n'es plus la même ces derniers jours", murmure t'il doucement, ses yeux plongés dans les miens, "Il y a quelque chose qui ne va pas. Je le sens".

Ces mots, prononcés avec une telle conviction, font éclater quelque chose en moi. Les larmes que je retenais coulent enfin, et je me laisse aller contre lui, trouvant un refuge inattendu dans ses bras.

Pour la première fois, j'ai l'impression d'avoir le droit de laisser une faille percer.

Je prends une profonde inspiration.

-"Zephyr, j'ai l'impression de me noyer et d'enchainer les échecs. Je sais que c'est pathétique mais j'arrive pas à croire qu'Evelyn est toujours au côté de Nikolay. Je n'ai pas réussi à la sauver, ni à sauver mes parents et encore moins à te libérer... Comment vais-je honorer le pacte sans mourir ? On parle du vampire le plus puissant qui ait jamais existé", je soupire en détournant le regard honteuse d'avouer mes propres faiblesses.

Je claque mes mains sur la commode désespérée regardant vers le sol. Zephyr se mord la lèvre, peu habitué à réconforter mais décide quand même de poser une main sur mes épaules.

-"Little Swan, tu as survécu à tant de choses que la plupart des gens ne pourraient même pas imaginer. Tu es incroyablement forte. Tout le monde a peur, c'est humain. Mais toi... Jamais je ne t'ai vu t'abaisser de la sorte. D'habitude, tu aurais levée la tête pour rire du danger comme quand je t'ai fais cette marque", susurre t'il en passant son doigt fin sur la cicatrice de sa morsure.

Je renifle, essayant de retenir mes sanglots. Son doigt parcourt sensuellement ma peau pour venir se loger sous mon menton et le remonter en douceur.

-"Tu t'es tranché la peau pour pas que je tue une jeune femme. Tu ne penses pas qu'il faut une bonne dose de folie et de courage pour y arriver ?", ajoute t'il avec un sourire sensuel et amusé dont il a le secret.

Un petit rire traverse mon visage en me rappelant de la scène. Mes yeux fuyant un peu les siens, honteuses de mes réactions.

-"C'est vrai que j'ai fais fort ce jour là, mais aujourd'hui, je suis perdue. Et maintenant qu'ils m'ont donné cette lettre, une invitation chez Nikolay pour un bal et discuter d'un arrangement... Je le suis encore plus...", je lui avoue en me mordant la lèvre. 

Immédiatement, il se recule comme s'il avait été brulé en fronçant les sourcils. Il sort une cigarette de sa poche qu'il pose sur sa bouche, l'air agacé.

-"On est d'accord que tu ne vas pas y aller", m'interdit immédiatement Zephyr.

Je lève un sourcil alors qu'il recrache la fumée dans ma direction.

-"Je n'ai pas le choix", je soupire doucement.

Un ricanement sec raisonne dans la pièce.

-"Cet enfoiré va tenter de te manipuler Little Swan. Pour terminer les transformations de force, ils violent tout ceux qui ne lui obéissent pas... Alors crois moi qu'il vaut mieux se tenir loin de lui", commence Zephyr, soufflant de la fumée son regard perdu dans le vague. 

Je le regarde, une étincelle de défi brûlant dans mon regard.

-"C'est bien pour ça que je dois y aller, Zephyr. Il ne s'agit pas seulement de moi, mais de toutes les vies qu'il a brisées, de tout le mal qu'il a répandu", je rétorque sans hésiter.

Il écrase sa cigarette avec une force contenue, son expression s'assombrissant.

-" Tu es folle... ou désespérément courageuse. Mais ce n'est pas un jeu. Nikolay n'a aucune limite. Il détruit tout ce qu'il touche, il... ", commence t'il. 

Je l'interromps, mes doigts tremblants attrapant son poignet.

-"Alors dis-moi, Zephyr. Raconte-moi pourquoi tu le hais autant. Pourquoi ce pacte entre nous brûle si fort. Dis-moi ce qu'il t'a fait", je lui demande, d'une voix douce et apaisante.

Un silence lourd tombe entre nous. Zephyr détourne le regard, ses yeux se perdant dans le reflet sombre du miroir. Je sens son hésitation, cette lutte intérieure qu'il tente de dissimuler. Mais je ne peux plus attendre.

Je m'avance d'un pas, mes doigts toujours serrés autour de son poignet.

-"Je veux savoir, Zephyr. Je dois savoir".

Il inspire profondément, sa poitrine se soulevant dans une tension palpable. Puis, finalement, il se retourne vers moi, ses yeux capturant les miens avec une intensité qui me coupe le souffle.

-"Tu veux vraiment connaître cette histoire, Little Swan ?", dit t'il, sa voix basse, presque comme un murmure, mais résonnant avec un poids terrible, "Elle n'est pas faite pour les âmes sensibles. Elle pourrait bien te briser... comme elle m'a brisé".

Un frisson glacé court le long de ma colonne vertébrale, mais je ne cille pas. J'ai besoin de comprendre, de connaître le monstre que je dois affronter. Et plus que tout, je dois savoir jusqu'où je dois aller pour l'arrêter.

-"Raconte-moi, Zephyr. Je suis prête à entendre... l'histoire qui t'a lié à Nikolay. "

Le silence qui suit est lourd, oppressant, et je sens mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine. Ses yeux, si profonds, si mystérieux, semblent hésiter un instant. Puis, lentement, un sourire sombre et résigné étire ses lèvres.

-"Alors prépare-toi, Little Swan. Car une fois que tu connaîtras la vérité, rien ne sera plus jamais pareil". 


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Bonjour, 
Je ne vous remercierais jamais assez de la visibilité que vous donnez à mon oeuvre encore merci. 
J'ai un boulot d'été en ce moment alors j'écris plutôt les week end et un chapitre sortira en milieu de semaine, excusez moi pour le ralentissement. 
Merci beaucoup. 
Lunarae.