Chapitre 28
Je me tiens au milieu du petit salon, dévastée par la scène qui s'y ait déroulé. Il me semble si familier et en même temps si maussade. Mon cœur bat à tout rompre, mes larmes sèches tachant mon visage d'eau salé.
Devant moi, Lyssandra, se mord la lèvre, la culpabilité rongeant ses traits. Jamais je ne l'avais vu aussi fébrile avant. Elle pouvait se représenter des jours et des jours à Blisscrystal sans trembler, et là, elle se tient devant moi comme une petite chose fragile.
Celle en qui j'avais une confiance aveugle. Une confiance qui vient de voler en éclats.
-"Comment as-tu pu me cacher ça, Lyssandra ?!, je crie, la voix tremblante de rage et de douleur. Des vampires, des putains de vampires, et tu savais tout depuis le début !"
Lyssandra se recule d'un pas, les yeux grands ouverts de surprise. Elle essaye de parler, mais je ne lui laisse pas le temps.
-"Mon père est mort, Lyssandra ! Il est mort parce que je ne savais rien de tout ça. Tu m'as laissée dans l'ignorance, et maintenant il est parti. Si j'avais su, j'aurais pu trouver une solution"
Je vois la douleur passer dans ses yeux, mais je m'en fiche. Je suis enragée, blessée. Il a fallu que cette vie me montre tout ce que je désirais pour mieux me l'arracher. Elle baisse la tête, sa voix est presque un murmure quand elle répond.
-"Evelyn..."
Un rire sarcastique s'élève de ma gorge.
-"Non, Lyssandra, tu vas m'écouter cette fois. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu m'as menti. Pourquoi m'avoir laissée dans l'ignorance ?! Je ne méritais pas de savoir tous tes petits secrets alors que j'ai toujours tout fait pour toi", j'enrage à son encontre en levant le doigt pour la faire taire.
J'étais prête à tout pour la protéger. Elle était le rayon de soleil qui me sortait de ma maison et de mon enfer. J'ai toujours voulu mieux la connaitre et même quand j'ai fait tout ce que je pouvais, elle a fini par me mentir et me trahir.
Et pire que tout, elle se tient avec cet air coupable, comme si elle n'était pas cette fille mystérieuse et remplis de secrets. Je l'ai su dès l'instant où je l'ai rencontré que quelque chose n'allait pas, elle était beaucoup trop impulsive. Elle savait beaucoup trop bien se battre.
Elle vivait une double vie et elle avait décidé que je n'en fasse pas parti.
-"Evelyn, je voulais te protéger", assure t'elle en plongeant ancrant ses pupilles dans les miennes. "C'était dangereux que tu connaisses la vérité... Les vampires... Ils sont puissants et sans cœur, il ne ressente pas les émotions comme nous. Si tu avais su, tu aurais été une cible encore plus facile".
Lyssandra semble presque hésiter en finissant cette dernière partie. Ses doigts s'entremêlent et chaque petit détail me permette d'affirmer qu'elle n'est pas totalement sur d'elle.
-"Une cible ?! C'est ce que je suis devenue de toute façon ! Mon père est mort, Lyssandra. Il est mort parce que je ne savais pas comment me défendre. Parce que je ne connaissais pas ce monde. Tu m'as laissée vulnérable", je m'insurge en jetant les tasses à thé contre le sol.
Il ne me restait rien que le nom des Shaffer à entonner en convention et la fortune qui allait avec. Je vais simplement devoir me battre au milieu d'une meute qui ne pense qu'à prendre mon argent et me dévorer comme si je n'étais rien.
-"Je suis désolée, vraiment désolée. Je suis venue dès que j'ai su, mais... Nikolay Blackwood m'a ralentie. Il ne voulait pas que je t'approche", s'excuse Lyssandra en tentant de faire un pas vers moi, le cœur gros.
Un rire amer m'échappe. C'est trop. Bien trop. Elle ose remettre la faute sur un autre. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre eux, mais ça ne me regarde pas.
-Nikolay Blackwood ? Tu plaisantes, j'espère. Il est celui qui m'a sauvée Lyssandra, sinon je serais morte de la main de mon père. Et toi, tu oses me dire qu'il t'a ralentie ?! Où étais-tu quand j'avais besoin de toi ?", je m'insurge en repoussant ses gestes d'affection.
Elle relève la tête, mais ses yeux ne brillent plus d'aucune culpabilité ni tristesse. Il ne reste plus qu'une profonde résignation et une grande colère.
Lyssandra...
Toujours à cacher tes sentiments derrière la colère et cette façade de violence et de vengeance.
Je remarque sa main chercher nerveusement son paquet de cigarettes dans sa poche. Elle en sort une et l'allume d'un geste aisé, tirant une longue bouffée pour se calmer. Le geste est tellement familier, et pourtant, à cet instant précis, cela me met encore plus en colère.
-"Vas y continu de t'enfumer et de t'auto détruire quand tu es devant un problème au lieu de te battre. C'est tellement courant comme réaction chez toi, planquer tes émotions et ne rien dire. Que m'as tu cachés d'autres ?", je fini de lui hurler dessus.
Elle expire la fumée vers le haut, sa tête légèrement relevée, apaisée, chassant ma phrase comme on le ferait d'une simple tache sur une table.
-"Tu es intelligente Evelyn. Bien plus que n'importe qui. Nikolay le sait alors il a fait en sorte d'utiliser un de tes moments de faiblesses pour te manipuler. Il te fait croire qu'il est de ton côté, mais il joue un jeu bien plus dangereux. Tu es juste une pièce dans son échiquier", m'explique ma meilleure amie en détournant le sujet de ses cachoteries.
Je me fiche de Nikolay Blackwood et de leur relation. Cela ne me regarde plus, j'ai donné tout ce que je pouvais donné et je n'ai récolté que des mensonges et des trahisons.
Ca m'apprendra à me battre pour quelqu'un d'autre que moi !
-"Nikolay était là quand j'avais besoin de lui", dis-je en hurlant. "Où étais-tu, Lyssandra ? Où étais-tu quand mon père est mort ?! Tu sais ce que j'ai ressenti de le sentir mourir dans mes bras".
Elle s'avance vers moi, tendant la main comme pour me toucher, mais je la repousse violemment. Je ne veux pas de son contact, de sa pitié.
-"Non tu ne sais pas, toi tu avais la Meth pour t'empêcher de le ressentir", je ricane amèrement.
D'un coup, Lyssandra se métamorphose. Son regard devient si noir que ses cheveux roux semble balayer par le vent. Ses sourcils se détendent et la lueur de sa cigarette vient éclairer son visage où flotte une expression terrifiante.
Elle serre les poings, sa respiration devenant de plus en plus saccadée. Puis, sans prévenir, elle écrase violemment sa cigarette contre le mur, laissant une marque noire et une odeur de tabac brûlé flotter dans l'air. Elle s'avance vers moi, son regard désormais glacial et terrifiant.
-"Ne parle plus jamais de mes parents, Evelyn", me met t'elle simplement en garde.
Je sens une montée d'adrénaline, mon corps entier se tendant face à sa menace. Mais je refuse de reculer, de lui montrer la moindre faiblesse.
-"Sinon quoi ?" je réplique, provocante. "Tu vas me couper le doigt comme tu l'as fait à ton ex ?"
Ses yeux s'élargissent, et pendant un instant, je crois voir une lueur de folie traverser son regard. Elle se fige, puis s'approche encore plus près, son souffle chaud et irrégulier sur mon visage.
-"Evelyn, tu ne sais pas ce que tu dis. Tu ne sais pas à quel point j'en ai marre, ni ce dont je suis capable. Alors je vais mettre ce moment sur ta fatigue et ta tristesse, mais évite de me pousser à bout", continu t'elle froidement.
Lyssandra se tient devant moi, la tension palpable dans l'air. Juste au moment où elle ouvre la bouche pour parler, la porte s'ouvre brusquement, et Nikolay entre dans la pièce. Vêtu du même costume qu'il avait à son arrivé, il est d'une élégance raffinée.
-"Ah, Lyssandra", dit-il d'une voix traînante. "Tu devrais éviter de te tourner en ridicule. Pourquoi ne pas partir avant de t'enfoncer davantage dans tes mensonges ?".
Lyssandra semble se tendre. Elle se détourne de moi, ses yeux si noirs qu'il ferait trembler n'importe qui mais pas lui, pas ce vampire à l'aura de pouvoir et de confiance.
-"Nikolay, j'imagine. Je dirais bien que je suis ravie de faire enfin ta connaissance mais se serait mentir. Alors que me vaut cette magnifique visite ?", demande Lyssandra provocatrice.
Mais derrière son ton de voix amusé, je la sens tremblante.
Nikolay la fixe d'un air détaché, nonchalant mais pas sans en oublié ses manières de gentleman. Il s'amuse à remettre ses boutons de manchettes avec douceur et fermeté.
-"Je suis venu rétablir la vérité", dit-il en se tournant vers moi. Evelyn, il est temps que vous sachiez qui est vraiment votre très chère amie. N'est ce pas Lyssandra ?".
Comment peut t'il être aussi nonchalant et autant déstabilisant ?
Sa voix détaché. Sa posture élégante mais d'une froideur glaciale. Ses mots tranchants.
Il a parfaitement le contrôle de la situation et il semble le savoir. S'il avait un talent en plus d'être un vampire, se serait l'art oratoire.
-"Evelyn ne l'écoute pas. Il se servira de toi", s'insurge Lyssandra en serrant des dents.
Dans ce cas, ça risque de devenir intéressant.
Qu'est ce que toi tu m'as encore caché ? Qui de toi ou de Nikolay est vraiment le monstre ?
J'inspire essayant de calmer ma rage et mes pensées.
-"Lyssandra est un monstre tout comme nous. Une créature sordide que l'on appelle nécromancien. Elle peut voir les morts, les laisser la posséder et même les ramener à la vie. C'est très rare comme don", s'applique Nikolay en détachant bien les derniers mots pour que je les entende.
Je ne suis pas assez bête pour ignorer ce qu'il tente de faire et pourtant... je ne peux m'empêcher de jeter un œil aux cendres dans la pièce.
L'envie et le désir sont les pires ennemies de la raison.
Je cligne des yeux à peine stupéfaite. Si les vampires existent rien ne me semble impossible.
Un sourire lasse se pose sur le visage de Nikolay, comme s'il savait déjà qu'il avait gagné.
-"Si elle était vraiment votre meilleure amie, Evelyn, elle pourrait ramener votre père. Alors explique nous ce qui t'en empêche Lyssandra ?", finit t'il de tisser son piège.
Et je suis sa proie, car dans le fond, je sais ce qu'il tente de faire. Mais je donnerais tout pour avoir quelques minutes encore au côté de mon père.
Lyssandra recule, les yeux écarquillés. Elle ouvre la bouche, puis la referme, visiblement prise de court.
Encore une fois elle avait choisi de mentir et encore une fois, elle préférait fuir plutôt que tenter de ramener mon père.
-"Tu sais quoi, Lyssandra ? Je ne sais plus quoi croire. Mais une chose est sûre, je ne peux plus te faire confiance. Rentre chez toi. Je ne veux plus te voir", je lui assène.
Les mots sortent de ma bouche avant que je ne puisse les retenir, tranchants et définitifs. Lyssandra recule, comme si je l'avais frappée mais ne dit rien, ne tentant plus de se justifier.
-"Très bien, Evelyn. Si c'est ce que tu veux. Mais promets moi de faire attention à Nikolay", conclut Lyssandra en attrapant une autre cigarette.
Elle se tourne vers la porte, sortant sans un mot de plus. La maison semble soudainement plus vide et froide.
Il ne reste plus que le gout amer de la solitude.
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Bonjour,
Merci beaucoup pour votre lecture ❤️
Lunarae.
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