Chapitre 25

L'alarme hurle à travers le Midnight Elysium, déchirant le calme feutré de la nuit.  Le son strident pénètre chaque recoin de la salle pornographique de Zachaeus. Ce bruit fut si soudain, que j'ai sursauté. 

La lumière clignote rouge dans le bureau, projetant des ombres étranges et tremblotantes sur les murs. A l'extérieur, le chaos ne tarde pas à s'installer. Les hurlements résonnent dans la salle principale, et des bruits de luttes se font entendre. 

J'entends des voix se chevauchant les unes au autres. L'odeur putride du sang et de la chair ne tarde pas à envahir le bureau et la porte fermée. 

Quelqu'un est rentré et visiblement, il est entrain de faire une tuerie dehors.

Je sens une vague de panique me submerger. Mon pouls s'accélère, mes sens au aguet essayant de capter chaque son, de sentir chaque odeur pour fuir au plus vite ce lieu de fou.

Rien ne doit me ralentir. Chaque minutes que je perds ici signe peut être la fin d'Evelyn.

La sueur perle sur mon front alors que je me précipite hors du bureau, mon cœur battant à tout rompre.

Zephyr est à mes côtés, ses pas silencieux sur le sol en marbre, sa présence rassurante mais distante. Je le regarde brièvement. Ses yeux, d'un bleu glacial, sont fixés sur l'obscurité au bout du couloir. 

Il sait que nous devons agir vite. La panique est palpable. Les murs semblent se rapprocher de moi, chaque cliquetis de l'alarme faisant vibrer la tension dans l'air. 

 -"Alexandra ! Qu'est-ce qui se passe ?!", crie Zachaeus, sortant à son tour de son bureau. 

Sa voix est glaciale, comme la morsure d'un hiver inflexible. Ses yeux ambrés, perçants, se posent sur elle avec une interrogation impitoyable.

-"Intrus ! Une horde d'intrus !", panique t'elle en tentant de chercher des armes, la voix déformée par la peur et l'urgence. Ses mots semblent résonner dans l'espace, amplifiés par l'écho de l'alarme.

Il ne manquait plus que ça ! 

Je n'ai pas le temps de me battre avec je ne sais quel vampire fou qui en a après Zachaeus. Il faut que je retrouve Evelyn avant que son père le fasse.

Sans perdre une seconde, je fonce vers la sortie mais à peine arrivée dans la salle de tournage, que des vampires émergent de l'ombre. Toute la salle est retournée, les caméras sont affaissées contre le sol, les draps arrachés, la mousse des coussins éviscérées et le sang suinte des murs d'une odeur ignoble de rouilles. 

Je chasse ma nausée difficilement, tentant de déglutir pour oublier les entrailles qui pendent dans cette ancienne sex room, pour me concentrer sur le plus important : je suis encerclée, et toutes les sorties sont condamnées. 

Mon seul moyen de rejoindre Evelyn, c'est de me frayer un chemin entre leur cadavre.

J'inspire en sentant leur prunelle rougeoyante me fixer avec une hostilité et une intensité troublante. Je veux lire en eux, dans leur mouvement et me préparer à contre attaquer. 

-« Nikolay Blackwood veut te voir. Il nous a demandé de te donner ça », me dit l'un d'entre eux, d'une voix, gutturale et menaçante.

Nikolay Blackwood... S'il tient tant à me remettre des messages, pourquoi ne vient t'il pas en personne ? Qu'est ce qui empêche le vampire le plus fort du monde, de m'arracher ce qu'il désire ?

Le vampire me tend une lettre, ses doigts pâles comme de l'ivoire. Je la saisis sans regarder, ma seule pensée est de sauver ma meilleure amie.

Mais je ne suis pas assez bête pour penser qu'ils s'arrêteront là.

Ils semblent vouloir s'amuser, se donner en spectacle avant de partir. 

Je les observe, épuisée, sachant pertinemment que je ne peux pas me permettre de me confronter à eux en ce moment. Mes pouvoirs sont épuisés après l'altercation avec Zachaeus, et chaque mouvement semble me demander un effort surhumain.

Et Zephyr ne sera pas là pour m'aider. Il a déjà utilisé sa vitesse vampirique pour s'enfuir.  S'il avait été vu avec moi, quelqu'un aurait pu le rapporter, et sa survie aurait été compromise. 

Je ne peux compter que sur moi. 

Alors je laisse mon esprit s'affuter, mes muscles se tendrent plus que de raisons et ma respiration se calmer. Je commence à compter. 

Dix

Les vampires se préparent, leur excitation palpable. Ils se lèchent les babines comme des monstres assoiffés de sang et de pouvoirs. Ils sont jeunes, inexpérimentés, mais leur arrogance est forte. 

Donnez à un mouton, la force d'un lion, n'en fait pas un lion pour autant.

Sept

L'un d'eux avance, un sourire cruel aux lèvres. Ils frottent ses mains l'une contre l'autre, du sang dégoulinant de ses canines blanches.

Deux.

-« On va te faire un petit cadeau avant de te laisser partir. »

Zero.

Il se jette sur moi, crocs dehors, semblant être plus animal qu'anciennement humain. Ses mouvements sont agités, plus puissant qu'un homme mais faible pour un vampire. Mes réflexes suffisent à les éviter mais si je m'en prends un de plein fouet, je crains de ne pas me relever. 

Ils ne cherchent pas à me tuer, mais à me faire sombrer dans l'inconscience, un avertissement pour que j'obéisse au contenu de la lettre. 

Les premières vagues de vampires sont brutales, leurs attaques féroces et coordonnées. A l'unité, ils sont faibles, mais leur force collective est accablante. Je pare une griffe acérée, pivotant pour esquiver une morsure vicieuse, mais un autre ennemi surgit de l'ombre, ses crocs étincelant dans la pénombre. 

Je contre-attaque, mon canif sifflant dans l'air, frappant avec une précision désespérée avec le manche de bois. Une éclaboussure de sang suit mon coup, et le vampire tombe en arrière, hurlant de douleur.

Mais il y en a toujours plus. Un autre se jette sur moi, ses yeux brillant de soif de sang. Je plonge, évitant son assaut, et frappe de nouveau. Mon pieu tranche l'air, s'enfonçant dans la chair, mais la force du coup me fait vaciller. Je reprends mon équilibre juste à temps pour voir deux autres vampires fondre sur moi, leurs griffes prêtes à me déchirer.

Je me bats avec acharnement, mais chaque coup que je porte semble faire naître un nouvel adversaire. Mon souffle devient saccadé, mes muscles brûlent. J'ai l'impression que mon corps entier est entrain de rendre l'âme. 

Heureusement, je parviens à les repousser un à un, mais je suis épuisée, et chaque attaque me semble un peu plus désespérée. Mes yeux peinent à distinguer les ennemis tant ma vision s'obscurcit et mes mouvements s'alourdis de plus en plus, comme si des poids étaient attachés à mes poignets.

Je commence à m'enfoncer dans une spirale de fatigue et d'épuisement. 

Une spirale qui risque de couter la vie d'Evelyn.

Alors que je lutte pour repousser les vampires, épuisée et à bout de souffle, un silence étrange s'installe soudainement dans la pièce. 

D'un coup, ils cessent leurs attaques, leurs yeux se tournant vers l'obscurité à l'autre bout de la salle. Un frisson me parcourt l'échine, ce même frisson qui m'avait pris dans le bureau. Ce froid qui glace mon sang quand mon instinct me hurle de m'enfuir. 

Cette palpitation dans mon cœur et cette terreur qui me submerge.

Le Vorace !

Une silhouette émerge lentement des ténèbres, enveloppée d'une aura démoniaque. Zephyr avance, ses pas silencieux et assurés, comme s'il flottait au-dessus du sol. Son visage est à moitié masqué par une capuche sombre, mais ses yeux perçants brillent d'une lueur rougeâtre meurtrière. 

Et l'intérieur de ses pupilles et si sombre, que chacun de ses adversaires est capable de voir le reflet de leur mort. 

Pas métaphoriquement. Pas subtilement. Ce n'est pas une simple impression. Ils savent qu'ils mourront ce soir de sa main. 

Les vampires reculent instinctivement, retissant et tremblotant légèrement. Zephyr s'arrête au milieu de la mêlée, un sourire cruel étirant ses lèvres fines.

-"Je savais que tu aurais besoin de moi Little Swan", s'amuse t'il à me susurrer. 

Je ricane entre mes dents, levant les yeux au ciel face à son arrogance à peine masqué et pourtant, je suis heureuse d'avoir enfin quelqu'un pour se battre à mes côtés. 

-"Et toi, tu aimes toujours autant te prendre pour mon sauveur, pas vrai ? Ne t'imagine pas que je vais te remercier. Tu sais très bien que je pourrais te faire perdre pied en un clin d'œil", je le provoque d'un regard appuyé. 

Il retire lentement sa capuche, dos aux vampires, trop pétrifiés pour réagir contre lui. Ses pupilles rougeoyantes me transpercent, ses longs doigts fins caressant doucement ma peau nu. Ma respiration s'accélère en sentant la chaleur de ces doigts m'enflammer. 

Ce vampire... Comment fait t'il pour être aussi séduisant ? 

-"Perdre pied ? Vraiment ?" Il s'approche, ses yeux brûlant d'un désir à peine contenu. "Rappelle-toi, Little Swan, c'est toi qui trembles à chaque fois que je m'approche."

Puis il se tourne vivement, sa langue léchant la commissure de ses lèvres, un sourire d'extase bordant son visage. Il balaye l'assemblée du regard comme s'ils n'étaient rien. Il a cet air sur le visage qui signifie, qu'il se sent terriblement supérieur. 

-"Et maintenant que vous avez vu mon visage. Je n'ai pas d'autres choix que de vous exterminer", s'amuse Zephyr en faisant tournoyer le pieds de la chaise entre ses mains.

Ses mots, aussi tranchants qu'une lame, résonnent dans l'air, glaçant le sang de tous ceux qui l'entendent. Zephyr se lance alors dans le combat avec une grâce et une précision surnaturelles. Ses mouvements sont un ballet macabre, chaque geste calculé pour infliger la plus grande souffrance.

Il attaque sans pitié, ses coups aussi mortels que beaux, transformant le carnage en une œuvre d'art sinistre. Les vampires tombent sous ses assauts, leurs cris de douleur se mêlant à son rire glacé.

Je reste figée un instant, fascinée par la brutalité élégante de Zephyr. Sa cruauté et sa beauté se mêlent en une vision à la fois terrifiante et hypnotique. C'est un danseur de la mort, et chaque mouvement raconte une histoire de douleur et de désespoir.

Zephyr, le sourire toujours présent sur ses lèvres, continue de semer la terreur autour de lui. Il semble se nourrir de la peur et de la souffrance, son charisme sombre ensorcelant même ses ennemis. En cet instant, je comprends pourquoi il est autant redouté que vénéré dans ce monde de ténèbres.

Le chaos qu'il provoque me donne une chance de m'échapper. Profitant de la confusion, je me glisse discrètement vers la sortie, mon cœur battant à tout rompre. La nuit est loin d'être terminée, et le véritable cauchemar ne fait que commencer.

Je plonge la lettre dans ma poche, avec une main tremblante et me dirige vers la sortie, priant pour que je ne sois pas trop tard.

Chaque pas semble interminable, chaque son semble amplifier le suspense. Ma meilleure amie est en danger, prise entre les griffes de son père qui veut la tuer. Je dois la sauver avant qu'il ne soit trop tard. Je me glisse dans les ombres, le cœur battant à tout rompre.

Alors que je m'engouffre dans les ténèbres de la nuit, un sentiment de malaise me hante. Chaque bruissement de feuille, chaque craquement de branche me fait sursauter. Le souffle court, je jette des regards anxieux par-dessus mon épaule, craignant de voir surgir une silhouette familière.

Le nom de Nikolay Blackwood résonne dans mon esprit, comme une menace sourde. J'ai la sensation oppressante qu'il est là, quelque part, à observer chacun de mes mouvements. Un frisson glacial parcourt mon échine, et une terreur viscérale s'empare de moi.

Les ombres semblent se mouvoir autour de moi, prenant des formes sinistres. Soudain, j'entends un murmure à peine perceptible, comme un souffle à mon oreille :

-"Je vous vois, Lyssandra".

Je me fige, le cœur battant à tout rompre. La nuit elle-même semble retenir son souffle, et je me sens piégée, comme une proie traquée. Nikolay Blackwood se dirige exactement au même endroit que moi.

Qu'est ce qu'il veut lui aussi à Evelyn ?

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Bonjour, 
Merci beaucoup pour la lecture de ce chapitre. 
Les mystères se délient petit à petit !
Lunarae.

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