Chapitre 24
Un air froid se met à souffler sur la pièce. Mes yeux se plissent alors que l'obscurité s'alourdit d'un voile épais. Les lumières artificielles deviennent tamisées, n'arrivant pas à percer les ténèbres qui nous entoure.
Instinctivement, mon corps se recroqueville, ma main se met à trembler et mon coeur à battre à tout rompre. Je dois me faire fureur pour ne pas prendre mes jambes à mon coup. Zachaeus s'est figé, son célèbre sourire remplacé par une expression d'effroi.
Sa pupille rougeâtre oscille avec sa couleur originelle, il tente de cacher ses tremblements, mais il faudrait être aveugle pour ne pas les remarquer. Il la ressent comme moi, cette tension subite qui rend l'air irrespirable, cette aura glaciale qui se pose sur notre dos à nous en faire frémir.
Je me retourne et laisse un frisson parcourir mon échine, mon instinct m'aplatissant au sol de lui même.
Zephyr le vorace.
Les histoires décrivent ses terribles pupilles rouges et sa cruauté mais aucun mot n'est assez fort pour décrire la terreur qu'il est capable de déclencher.
Son regard d'acier balaye la scène, glaçant le sang de Zachaeus et le défendant de faire un seul pas de plus. Ses traits sont déformés par un sourire carnassier, révélant des crocs acérés luisant à la lueur de la lumière artificielle.
Il ne veut pas simplement me protéger mais se délecter d'être le plus puissant des deux.
Il bondit sur Zachaeus, si bien que je ne peux apercevoir qu'une lueur rouge se déplacer. Sa démarche féline et psychotique me font frémir alors que je ne suis même pas sa victime.
Sa main veineuse enserre la gorge de son ennemi, ses ongles se plantant dans sa peau nue.
-"Zachaeus, je te conseille d'arrêter avant que je décide de te faire taire", crache Zephyr d'une voix si froide que tout le studio a arrêté de s'exprimer.
-"J'ai toujours aimé les baillons baby boy", renchérit Zachaeus en souriant de toute ses dents.
A l'entente de cette réponse, le sourire de Zephyr se retrousse, la commissure de ses lèvres se levant d'un sourire psychotique. Ses yeux fous, d'un rouge profond semble ricaner de la terreur qu'il procure.
Il saisit la tête de son ennemi et la projette violemment contre le mur de béton. Le bruit sourd résonne dans la pièce tandis que Zachaeus s'effondre au sol, étourdi, du sang suintant de sa plaie.
-"Que tu violentes les humains de ta zone, je peux le comprendre. Que tu prolifères dans un business douteux, je peux le laisser passer par égard pour ta maitresse. Mais si tu oses la toucher, ta mort sera lente et douloureuse, et personne ne trouvera même tes cendres", le menace Zephyr, le regardant avec un mépris cruel.
Zachaeus me jette un coup d'oeil.
-"Alors c'est elle. Celle qui a réussi à dompter le grand Zephyr. Celle pour qui tu t'es risqué à jouer au chevalier blanc. Ce que les années t'ont rendu pathétique", s'amuse Zachaeus en ricanant pour garder contenance.
Zephyr s'approche lentement, chaque pas résonnant d'un bruit sourd sur le sol. Il est doué pour instiller une douce tension. Son regard perçant, son sourire ineffaçable, son visage impassible et surtout, son caractère imprévisible.
-"Tu te trompes lourdement, je suis devenu plus brutal et impitoyable que le jour où tu m'as rencontré. J'ai laissé ma clémence et mon humanité vivre en elle, pour devenir le monstre que le monde redoute. Alors écoute bien : je détruirai tout sur mon passage pour la protéger. Si tu crois pouvoir me faire obstacle, prépare-toi à payer le prix fort", s'extasie Zephyr en arrachant le pied du meuble en bois.
Ces pas se font plus pressent, sa main jouant avec le pieu entre ses doigts. Le simple contact pourrait le faire grimacer et pourtant, son visage reste le même, impassible et son sourire amusé.
Je tourne en boucle ses phrases dans mon esprit, mon coeur battant à tout rompre. Zephyr ne peut pas ressentir de tel sentiment.
Essaye t'il juste de terrifier Zachaeus ? De me mettre à l'abris à cause de notre pacte ?
C'est un homme puissant, il ne dirait pas de tel mot à la légère.
-"La véritable terreur, c'est de choisir de tout brûler pour préserver ce qui compte vraiment. Et je suis prêt à tout réduire en cendres pour elle. Seras tu capable d'assumer tes propres mots Zachaeus Caldwell ?", lui murmure dans l'oreille Zephyr, alors que l'euphorie strie son visage.
Il se délecte, d'un plaisir malsain, de la peur de Zachaeus. Mieux que le sang, mieux que les drogues, voir une tel expression sur un visage semble être succulent.
Un frisson me parcourt, la sueur coulant le long de mon échine. Je ne suis pas son adversaire et pourtant, j'aimerais m'enfuir de cette pièce.
Zachaeus se relève tant bien que mal, poussant un soupir de résignation.
-"Très bien, je vais vous dire ce que vous voulez, sur celui que vous craignez tous les deux, Nikolay Blackwood, le tout premier vampire que le monde à vu naitre. Il recherche une nécromancienne pour atteindre son seul objectif : ramener quelqu'un à la vie ", ricane Zachaeus avec un doux sourire enjôleur.
-"Et bien tu vois quand tu veux", conclut Zephyr, ses pupilles s'adoucissant un peu en percevant ma peur.
J'écarquille les yeux, essayant de cacher mon trouble et mes mains tremblantes. Il ne m'arrive pas souvent de sentir cette palpitation au creux de mon estomac mais pour la première fois, j'ai vraiment une peur.
Une peur irrationnelle à me clouer sur place.
Comment puis je arriver à dire non à un vampire aussi puissant ? Est ce que je pourrais même en assumer les conséquences sans que mes proches soient touchés ?
Si Nikolay Blackwood en a après moi, j'ai bien peur que l'on se lance dans une mission suicide. Même en utilisant toute mon énergie, je ne suis pas sure de pouvoir faire le poids face à lui qu'importe l'âme qui me possède.
S'ils reculent devant rien, jamais je ne pourrais réussir à l'en dissuader et pourtant si j'accepte... Il me faudra sacrifier une autre vie à la place.
Ce monde est un équilibre étroit.
Une vie pour une vie.
Est ce qu'après cela je pourrais revenir en arrière ? J'ai toujours fait tout pour survivre mais tuer n'est qu'un dernier recours si ma vie est menacée.
Pourrais je sacrifier un être humain et mettre de côté mes propres valeurs ?
-"Avant que tu penses à refuser, rappelle toi quel homme il est et quel vampire il est devenu. Tu n'as pas le choix", me conseille Zachaeus de son air amusé.
Comment est ce que je suis censée battre un monstre pareil ?
Je me sens autant impuissante que la première fois que j'ai vu un vampire et pourtant je me suis entrainée sans relâche pour ne jamais être mise au pieds du mur mais on finit tous par trouver plus fort que soit.
Un bruit sourd résonne à la porte du bureau, les coups faisant trembler les murs.
-"Monsieur votre rendez vous du soir attends dans la salle rouge", murmure une jeune femme en soubrette, le regard vide et le coup parsemé de morsures.
Encore une femme sous l'emprise de ce monstre.
-"Excusez moi, je dois vous laissez", rétorque Zachaeus.
Zachaeus se lève, bougeant son bassin avec grâce et féminité. Il se dirige vers la porte, agitant ses cheveux roses bonbons. Il s'arrête juste avant de sortir, me lançant un regard furtif, comme s'il voulait dire quelque chose mais se retint.
Je regarde la porte se refermer derrière lui, puis me tourne vers Zephyr, qui est assis nonchalamment dans le fauteuil près de la fenêtre remis de sa récente euphorie. Je ne saurais dire pourquoi mais malgré sa froideur, son regard reste aussi chaud que des braises naissantes.
J'aimerais pouvoir le questionner sur les raisons de son discours. Savoir ce qu'il pense, ce qu'il a prévu, et ce qu'il ressent mais ses yeux m'en dissuadent. C'est comme s'il me murmurait silencieusement qu'on en reparlerait plus tard.
Sa présence dégage un magnétisme animal, chaque mouvement calculé avec une grâce féline. Malgré le goût de mon sang qui tache encore ses lèvres, il ne peut nier la tension électrique que l'on ressent depuis que Zachaeus à fermer la porte.
Le Midnigth Elysium est un lieu qui regorge de bien trop d'aphrodisiaques...
-"Zephyr," dis-je doucement, brisant le silence. "Tu aurais une cigarette ?"
Un sourire en coin malicieux se dessine sur ses lèvres. Il fouille dans sa veste et en sort une cigarette, qu'il porte lentement à sa bouche. Il l'allume avec un briquet en argent, en prenant soin de bien faire danser la flamme avant de me regarder dans les yeux.
-"Viens la chercher Little Swan," murmure-t-il, sa voix basse et rauque envoyant des frissons le long de ma colonne vertébrale.
Je me devrais pas. C'est un vampire et un assassin... Il m'a encore montré un visage si cruel et dénué d'émotions.
Il y a peu c'était le type de phrases qui tournaient dans mon esprit.
Mais pourtant... Peut être que cette vampire a raison, pour une fois je devrais essayer d'assumer ce que je veux.
Je me lève de ma chaise, consciente de chaque mouvement de mon corps, chaque battement de mon cœur. Mes pas sont lents, délibérés, alors que je traverse la pièce pour m'approcher de lui. Il me regarde avec une intensité brûlante, ses yeux fixés sur moi comme un prédateur observant sa proie.
Lorsque je suis à portée de main, il penche légèrement la tête en avant, tenant la cigarette entre ses dents. Je peux sentir son souffle chaud sur ma peau. Lentement, j'approche mes lèvres de la cigarette, mes yeux ne quittant pas les siens. Je prends une bouffée, le goût du tabac envahissant ma bouche, et me recule légèrement, les yeux mi-clos.
-"Pas mal," murmuré-je, un sourire se dessinant sur mes lèvres.
Il se lève brusquement, me prenant par surprise, et pose une main ferme sur ma taille. Son autre main attrape la cigarette que je tiens encore et l'écrase dans le cendrier du bureau. Ses doigts effleurent ma peau, envoyant des ondes de chaleur à travers mon corps.
-"La cigarette n'était qu'un prétexte," murmure Zephyr en se penchant vers moi, son souffle chaud contre mon oreille.
Je sens son corps contre le mien, chaque courbe, chaque muscle. Mes mains glissent instinctivement sur sa poitrine, sentant la texture du tissu et la chaleur de son corps à travers. Il me regarde avec une intensité qui me fait presque perdre pied, son désir palpable dans chaque regard, chaque geste.
-"Little Swan, dis moi que tu ne ressens aucun désir pour moi. Regarde moi dans les yeux et dis moi que tu me hais et j'arrêterais immédiatement", prononce t'il en détachant les syllabes, ses mots brulants mon cœur de remords.
Son regard fiévreux se plonge dans le mien. Ses cheveux noires retombent sur l'avant de son visage alors qu'il me domine de tout son charisme et sa prestance. Ainsi découpé dans la lumière artificiel de ce lieu défendu, les seules mots qui atteignent mon esprit hurlent à quel point il est magnifique.
Je l'ai repoussé.
Je l'ai hais pour ces crimes.
Je déteste la simple évocation des vampires.
Alors même que je sais que notre histoire ne peut être synonyme que d'échec, je ne peux pas avouer une chose aussi fausse.
Jamais je ne pourrais faire taire l'envie qui me ronge...
-"Tout mon corps brule de désir des l'instants qu'il te voit Zephyr", je lui réponds dans un souffle.
Il m'embrasse soudainement, ses lèvres trouvant les miennes avec une urgence brûlante. Le baiser est à la fois sauvage et passionné, un mélange de douceur et de feu. Je sens ses mains explorer mon dos, ses doigts traçant des lignes invisibles sur ma peau. Mon propre désir monte en flèche, répondant à chaque caresse, chaque baiser.
Alors qu'il commence à déboutonner ma chemise, ses doigts habiles travaillant rapidement, la porte s'ouvre brusquement. Nous nous figeons tous les deux, les yeux écarquillés, alors que Zachaeus réapparaît dans l'encadrement de la porte.
Le silence s'abat sur nous comme une chape de plomb. Mon cœur bat la chamade, l'adrénaline parcourant mes veines. Je me sépare rapidement de Zephyr en sentant le regard pervers de Zachaeus nous observer.
Mais pire que ça, dans l'embrasure de la porte entrouverte, je vois l'homme qui s'apprête à partir. Une élégance remarquable, des cheveux blonds cendrés et un uniforme toujours impeccable.
Matthias Shaffer. Le père d'Evelyn.
Mon corps se refroidit immédiatement comme si un courant frais venait de balayer toutes les pulsions à l'égard de Zephyr. Des sueurs froides coulent le long de mon échine alors que mes yeux s'écarquillent pour essayer d'oublier la stricte vérité qui heurte mon esprit.
Une rune, exactement la même que celle d'Alexandra trône dans son coup.
-"Rappelez vous Monsieur Shaffer, si vous désobéissez, vous mourrez et votre patrimoine s'effondrera. Exécutez ma demande, votre fille commence à être bien trop imprudente à fourrer ses fesses ou il faut pas. Alors je veux qu'elle disparaisse", s'insurge Zachaeus, un sourire mauvais sur le visage.
Un frisson parcourt mon échine alors que j'essaye un maximum que Zachaeus ne perçoivent pas mon trouble.
Il faut que j'aille en vitesse au manoir des Shaffer, avant qu'il ne soit trop tard.
*************
Bonjour,
L'histoire prend petit à petit sa place !
J'espère qu'elle continue de ravir votre coeur !
Merci à vous.
Lunarae.
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