Chapitre 17
Ces derniers jours, je n'ai fais que suivre Nikolay sur mon téléphone, mais à part se rendre dans des lieux peuplés, il ne fait rien d'extraordinaire. Bien qu'il semble se déplacer plus vite que son ombre...
Vu son prestige, ça ne m'étonnerait pas qu'il ait son chauffeur privé.
En tout cas, je n'ai rien trouvé d'intéressant qui puisse me permettre de comprendre ce qu'il veut à Lyssandra...
Du côté de mon père, il est prit par le travail et ne fait que saluer les problèmes que je lui ai évité en "convainquant" ma mère, mais ce n'est qu'une excuse pour échapper à sa propre tristesse. Il n'est que l'ombre de lui-même, les cernes sous ses yeux ne font que s'accentuer par ses nuits blanches.
Parfois, j'entends encore émaner de sa chambre la douce musique qu'il écoutait avec maman... La tension qui règne à présent sur notre maison est d'une nostalgie amère. Bien que j'essaye de dresser une barrière pour que ça ne m'atteigne pas, la vérité c'est que je me sens terriblement coupable.
Et une fois encore, je n'arrive pas à dormir. J'ai beau serré la broche de Molly, ma chambre me semble glaciale et austère. Les rideaux se tordent créant des formes invisible et les murs sont si immenses.
Je pousse le draps d'un revers de la main, me glissant hors de la chambre pour aérée mes pensées. A peine suis je sur le couloir, que je remarque comme à mon habitude, la lumière encore allumée filtrer à travers la porte entrouverte.
Je jette un coup d'œil, curieuse, et aperçoit mon père installé sur son bureau. Il a sortie toutes les photos des albums, qu'il a étalé avec amertume sur le plan de travail. Certaines sont griffonnés, d'autre déchirés, et depuis l'extérieur, je peux l'entendre sangloter.
Il soupire et sa respiration irrégulière est entrecoupé de silence si profond que mon cœur rate un battement. Il tient entre ses doigts la photographie de la salle de bain et je peux entendre la douce mélodie passer en boucle avec douceur.
Dans le fond, il n'a jamais du cesser d'aimer Kiera. Après tout, il ne peut se souvenir que de la femme dont il est tombé amoureux.
-« Je suis tellement désolé », murmure t'il en agrippant la photo.
Il culpabilise tellement pour ce qu'il lui est arrivé que ses gémissements résonnent dans mon âme comme un appel à l'aide. Nous n'avons jamais été très proche mais personne ne pourrait rester insensible.
Peut être qu'après tout c'est de cela dont parlé Molly. Que l'on peut être prêt à pardonner et passer au dessus de certains actes si on sent notre famille capable d'avancer.
Mon père se lève, éteint la lumière du bureau et sors en trombe pour rejoindre sa chambre. Je me cache à l'angle du couloir, une main sur le cœur, le sentant battre à tout rompre. Lorsqu'il a refermé la porte derrière lui, je pénètre dans son bureau discrètement.
J'allume la lumière et commence à me replonger dans les vieux souvenirs à mon tour. Les photos sont rayonnantes et pleine de vies. Ma mère sourit de toutes ses dents et mon père est comblé.
C'était l'époque où l'argent n'était pas encore abondant mais où les sourires, eux, étaient plus que visibles. Et plus les photos sont récentes, plus les décors sont resplendissants et nos habits magnifiques, plus mes parents s'éloignent sur les images, devenant plus que des inconnus austères.
Mes lèvres se pincent et mon souffle se fait plus lourd, maussade et triste. Notre famille a su que trop tard qu'il avait déjà tout ce qui leur fallait pour être heureux. J'éparpille les photos, me glissant dans ce qui était heureux et commence à lire celle que mon père a griffonné.
« Pourquoi ais je pas pu voir ce qui semble tellement évident maintenant que les photos sont sous mes yeux. »
Une larme roule le long de ma joue alors que je repose l'image sur les papiers qui trainent. Mon appétit devient insatiable, je me mets à fouiller, voulant à tout pris me forger un ancien idylle qui me permettra d'oublier le cauchemar que l'on ait devenu.
Alors que je suis obnubilée par mes contemplations, mes doigts glissent et je fais tomber une pile de papier administratif. Je me mords la lèvre espérant que le bruit n'est pas réveillé mon père.
En les ramassant, j'ai une drôle d'impression, mes pensées s'agitent et ma respiration se saccade. Ils sortent tous d'un même dossier intitulé « confidentiel ». Ce sont des factures, tout ce qu'il semble y avoir de plus normal et pourtant.
Je plisse les yeux, quelques choses n'est pas nette, des zones de texte décalées et la police semble très légèrement différente à certain endroit. C'est si peu visible, que si je n'avais pas observé d'aussi prêt, je ne m'en serais jamais rendus compte.
Cette facture est l'une de celle que crée mon père pour vendre les tableaux mais étrangement, le prix est relativement élevé pour une toile qui n'en vaux même pas la moitié. J'essaye de fouiller pour trouver la preuve de livraison ou de réceptions, quelques choses qui pourrait me permettre d'écarter ce que mes pensées développent.
Mais rien ! Je ne trouve rien qu'un tas de facture improbable. J'écarquille les yeux, ébahie et les mains tremblantes comme des feuilles.
Ce sont tous des factures falsifiées.
Je continue de fouiller et je découvre une série d'autres documents compromettants ; des comptes bancaires offshore et des échanges de mails imprimés suspects. Tout indique que mon père est impliqué dans des actes de corruption et de détournement de fonds.
Je reste figée, confrontée à une réalité que j'avais malheureusement imaginée mais que je priais pour être fausse. Les images de mon enfance baignée dans le luxe et le privilège se brouille soudainement pour ne laisser qu'un voile de colère.
Derrière la façade éblouissante de la famille Shaffer, il se cachait aussi un secret.
Parce qu'il y a toujours un autre mensonge.
Ma haine gronde dans mon ventre comme un tonnerre dans un ciel bleu. Les poings serrés, j'envoie valser les documents à l'autre bout de la pièce.
Comment ça a pu arrivé ?
Pourquoi est ce que je me sens tellement trahie ? Pourquoi ais je l'impression qu'il lui a toujours fallu bien plus que ce qu'il avait déjà.
Je me tourne vers les documents et j'aperçois qu'une photo s'est glissé hors du dossier et gis dehors. Je m'avance pour la ramasser tentant de calmer la colère qui crispe ma mâchoire. Mon regard se fige sur l'image, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine.
C'est une photo de mon père, il y a quinze ans souriant de manière chaleureuse. La date est inscrite en bas à droite en petite lettre. Il serre la main d'un homme que je reconnais instantanément : Nikolay Blackwood.
Un frisson glacé parcourt mon échine alors que mes yeux passent de mon père à Nikolay.
Qu'est ce que mon père fait au côté d'un Blackwood ? Ils sont connus pour leur trafique d'armes dans toute la ville et même si la police a de gros doutes, ils ont jamais cherché à la coincer. Tout ceux qui ont essayé, ont perdu la vie, où se voyait rétrogradé.
Ils avaient corrompu absolument tous les niveaux, et leur argent leur permettait d'acheter les meilleurs avocats.
Ils étaient pourris jusqu'à la moelle et contrairement au Maxwell, n'avait pas la décence de le nier.
Mais pire que ça, comment est ce possible que mon père se tienne au côté de Nikolay ? Il doit avoir à peine mon âge pourtant...
Mon esprit est en ébullition, cherchant désespérément une explication rationnelle à cette découverte troublante. Mais aucune réponse ne se présente. Ma confusion se mêle à mon inquiétude alors que je compare la version de Nikolay sur la photo de celle dont je me souviens.
Les années ont laissé des traces sur le visage de mon père, mais lui semble figé dans le temps, sans aucun signe de vieillissement. J'agrippe mes cheveux de mes mains, mes émotions tourbillonnante dans mon esprit : de la surprise à l'incrédulité mais surtout à la peur.
Bien sur que je peux envisager un photomontage, mais pourquoi mon père en garderait un dans un dossier confidentiel s'il ne représentait aucun problème.
Mon père, est lié à un étrange phénomène que je n'arrive pour l'instant pas à comprendre. Incapable de détacher mon regard de ce visage figé dans le temps, je n'entends pas la porte du bureau s'ouvrir.
-"Qu'est-ce que c'est que ça ?!",crache mon père en oubliant presque sa politesse, sa voix résonnant dans la pièce comme un coup de tonnerre. "Vous vous croyez autorisé à venir et à fouiller dans mes affaires ?!"
Il me fixe d'un regard brûlant de colère, ses yeux lançant des éclairs alors qu'il remarque le désordre sur son bureau. Je peux voir la confusion et la fureur se mêler dans son regard alors qu'il réalise que je suis au courant.
Mon souffle se bloque dans ma gorge m'empêchant d'exprimer le moindre mot face à sa fureur. Je sens la peur me saisir alors qu'il avance vers moi, son visage rouge de colère et ses poings serrés comme s'il s'apprêtait à me frapper.
Je tente de trouver mes mots, de lui expliquer que j'ai découvert la vérité, que je sais ce qu'il a fait. Mais avant que je puisse parler, il m'interrompt violemment.
-"Vous n'avez aucune idée de ce que vous vous apprêtez à dire !" crache-t-il, sa voix montant d'un cran. "Vous ne savez rien de ce qui se passe dans ce monde et des sacrifices que j'ai dû faire pour vous assurez une vie douce loin de la douleur !"
Sa voix résonne dans la pièce comme un coup de fouet. Ses yeux se plissent et me fixe avec une haine qui laisse briller un contentement. Il défoule ses émotions sur moi qu'il retient depuis trop longtemps.
-« Après tout, c'est bien pour vous que j'ai fais tout ça », justifie t'il ses actes en haussant les mains.
Il grommèle en balayant les photos de la main qui tombe au sol dans un bruit sourd. D'ici, je reste immobile, je peux sentir rien qu'à son haleine qu'il a bu.
-« Vous n'êtes qu'une ingrate petite égoïste doublée d'une catin comme votre mère ! Vous ne comprenez rien !" hurle-t-il, sa voix emplie de rage. "Je travaille jour et nuit pour assurer votre avenir, et voilà comment vous me remerciez ? En fouillant dans mes affaires comme une vulgaire voleuse !"
Il lève sa main pour l'écraser sur le bureau dans un bruit sourd. Ses épaules s'affaissent comme s'il avait retenu ce poids toute sa vie. Ses poings sont serrés si forts qui semblent pouvoir les dessouder.
Ses yeux brillent d'une lueur qui me fait frémir. J'ai l'habitude de la reconnaitre dans les yeux de ma mère. Cette souffrance et cette douleur qui l'habitait et qui la détruisait, finissant par me détruire moi-même.
J'étais trop jeune à l'époque pour comprendre ce qui avait pu poussé ma mère à commettre de tel acte, même je tentais de les justifier. Je ne peux pas justifier ce qu'à fait mon père mais je peux comprendre la souffrance qui l'abrite.
L'impression d'être trahi est si omniprésente que je la garde. Je m'avance vers lui pour le prendre dans mes bras, faisant un dernier pas vers lui pour le calmer. Pour une fois, il y a peut être un moyen de se rapprocher, et de faire de nous deux, une famille nouvelle.
Quel erreur d'écouter mon cœur plutôt que mon cerveau.
Cette pensée m'est parvenu trop tard. Il me repousse violemment, ses yeux chargés de haine et ses sourcils froncés comme s'il s'apprêtait à tordre du bois. Et pourtant ce sourire satisfait de voir que mon corps n'a pas pu résister et que je titube tentant de rester debout.
Je ne le reconnais pas. Il a toujours été froid mais aujourd'hui, ses yeux sont si vides qu'ils ne semblent abriter aucune émotion. Jamais auparavant, il n'aurait osé lever la main sur moi.
Il me saisit par le bras, serrant mes poignets avec violence. Je peux sentir la morsure de sa poigne imprimer des rougeurs sur ma peau. Elle chauffe mais je ressens à peine la douleur qui devrait m'abriter aux endroits ou ses ongles se plante dans ma peau pour imprimer sa marque.
Les arc de cercle se transforment instantanément en bleu mais il ne sourit plus. Il ne comprend pas pourquoi je ne geins pas, pourquoi je ne le supplies pas.
Maman me le reprochait parfois.
Dans un geste haineux, il me traîne jusqu'à une pièce adjacente. Il me jette dedans comme une poupée de chiffon. Tout est d'un noir si opaque est obscur que je ne discerne aucune forme à l'intérieur.
J'ai juste l'impression que les abysses s'agglutinent autour de moi. Dès que je sens la fraicheur de la pièce, la sueur coule le long de mon front. Je frémis et ma lèvre se met à trembler pour le plus grand plaisir de celui qui ressemble tant à ma mère désormais.
Au final ni l'un ni l'autre n'est mieux. Ils s'étaient bien trouvé.
-"Tu resteras ici jusqu'à ce que tu comprennes ta leçon !" crache-t-il, sa voix résonnant dans l'obscurité. "Tu n'auras pas à manger, ni à boire. Peut-être que ça te fera réfléchir à deux fois avant de te mêler de ce qui ne te regarde pas !"
Il en a perdu sa politesse. Il ne reste que l'alcool ravageant son visage dans une expression malsaine et mon corps frémissant étendue sur le sol. Et pourtant pendant une fraction de seconde, j'ai l'impression de voir ses prunelles briller d'une teinte rougeâtre surhumaine.
Un frisson me parcourt le corps, alors que mon père ne tarde pas à fermer la porte, coupant court à ce qui ne peut être qu'hallucination
Je jette un coup d'œil à mon téléphone pour essayer de calmer les battements de mon cœur. La faible lumière de ce dernier réchauffe mes membres déjà engourdis par le froid et la faim, réconfortant mon cœur et mes pensées sombres.
Une notification apparait accaparant mon attention et m'hérissant les poils : « Traceur à moins de 20 m ». Je cligne des yeux, complétement abasourdie, c'est impossible...
Lorsque je les rouvre, Nikolay se trouve à plus de 2 km. Je soupire.
Les hallucinations c'est le deuxième contre temps que me procure cet endroit que j'ai toujours appelé : « la chambre noire ».
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Bonjour,
Et voici le prochain chapitre.
Qu'en avez vous pensé ?
Merci beaucoup pour votre lecture.
Lunarae.
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