Chapitre 13

Zephyr s'enfonce dans le lit aux draps de soie. Accoudée, au dessus de lui, j'enserre la chaine métallique autour de son cou. Il respire difficilement, sa pomme d'Adam peinant à déglutir sous l'effort, mais pourtant il ne perd pas ce sourire qui flotte sur ses lèvres.

Il a cette confiance si naturel qui émane de lui, faisant vibrer tout mon corps en symbiose.  

D'aussi proche, je peux sentir son souffle, chaud, teinté d'une haleine mentholée et son parfum aux notes aphrodisiaques. Ses yeux ainsi plongés dans les miens, brillent d'une lueur d'extase accentuant la cicatrice sur son arcade. 

C'est un appel à la tentation, envoûtant et cruel, dans ce cadre idyllique.

Cette simple pensée me donne envie de me gifler mentalement.

-"Tu es encore plus amusante que je ne le pensais, Little Swan", me susurre Zéphyr, d'une voix suave et confiante.

Comment peut t'il être si calme alors qu'il est à ma merci ? Comment peut t'il se tenir devant moi, attaché et ne rien perdre de son mordant et de son charisme ? Ne peut t'il plus ressentir la peur ? 

Sa manière de me regarder et ce rictus sur le visage... comme si je n'étais qu'une insignifiance. Le doute s'insinue dans mon esprit, menaçant de me faire vaciller. 

Suis-je capable de le vaincre ? Ou suis-je en train de jouer son jeu et de tomber dans son piège ? 

La moindre fissure dans ma confiance pourrait être fatale.

Soudain, Zephyr attrape la chaîne qui lui enserre le cou et la brise d'une main, comme si elle était faite de papier. Ses muscles sont bandés en avant, tendus comme la corde d'un arc faisant saillir ses veines.

A peine n'ais je le temps de réagir, qu'il me repousse, m'envoyant valser contre la cage de la love room. 

Le coup est trop fort et trop rapide pour que je l'esquive.

C'est la première pensée qui me vient en tête, vite suivie d'un déferlement de regrets.

Peut être que je me suis encore trompée à son sujet. Après tout, il est imprévisible, il cherche peut être vraiment à me tuer ?

Une bouffée de terreur m'envahit alors que je me rends compte que ma vie est véritablement en danger. Mon cœur bat la chamade, un écho assourdissant dans mes oreilles, et je sens l'adrénaline affluer dans mes veines, paralysant mes muscles. Chaque fibre de mon être crie de panique, anticipant l'impact mortel à venir.

Je ferme les yeux prête au choc, attendant dans la crainte, l'écrasement de la barre contre mon dos mais rien ne vient. A la place, je sens des bras musclés, d'une chaleur envoutante m'enserrer, agrippant mes cuisses et mon dos pour me maintenir contre un torse dur et puissant.

Mon souffle se coupe complétement envahie par une douce flamme, contrastant avec la fraicheur de la pièce. Mon cœur rate un battement, lorsque je sens son souffle familier courir sur ma peau. 

Instinctivement, comme si mon corps était mué par son propre cerveau, un frisson me parcourt l'échine et une douce chaleur irradie de chaque zones qu'il touche. 

C'est cette attraction maladive que je devrais détestée, et pourtant, elle est comme ma drogue; enivrante. 

J'ouvre les yeux, mes paupières papillonnantes malgré moi et je reste ébahie face à la scène, les pupilles écarquillées. Confuse, je manque de me pincer pour être sur de ce que je vois.  

Zephyr se tient au dessus de moi, un sourire sur le visage dévoilant ses canines d'une blancheur spectrale. Ses pupilles sont teintés d'un rouge sang et ses cheveux noirs retombent sur son visage. 

Il s'est déplacé à une vitesse surhumaine pour me réceptionner avant que mon dos ne s'heurte à la cage en fer. Dans un silence absolue, il me soulève avec délicatesse comme si je ne pesais rien. Je sens son regard s'attarder sur mon visage essayant de détecter la moindre blessure.

Puis dans un soulagement à peine perceptible quelques secondes, il me dépose sur le lit avec douceur.

-"Je t'ai déjà dis que je ne voulais pas que tu finisses blessé", dit Zephyr, naturellement.

Comment peut t'il autant soufflé le chaud et le froid ? Il y a à peine quelques semaines, il fallait me tuer, et maintenant, il me surprotège comme un jouet frêle ! 

Qu'est ce qu'il peut bien attendre de moi ?

-
"Tu m'as dis de te retrouver ici quand je serais prête à discuter", je lui lance, sur mes gardes. 

Un petit sourire passe sur ses lèvres. 

-"Alors tu avoues avoir besoin de moi", rétorque t'il amusé en s'asseyant à mes côtés. 

Je me renfrogne, exaspérée, en levant les yeux au ciel face à son arrogance.

Pourquoi ais je toujours la nette impression de marcher sur des œufs ?

-"Pourtant, même pour tes beaux yeux, je ne peux rien dévoiler du connard qui m'a transformé. A l'instant où il nous change en vampire, il nous empêche de divulguer son nom, et si on contrecarre ses ordres...", commence Zephyr en soufflant un peu de fumé, amer. 

-"Qu'importe où tu es, la marque qui te relie à lui te tueras", finis je dans un soupir. 

Dès qu'il parle de ce vampire, son sourire si familier le quitte et il ne reste plus que sa mâchoire crispée. Son air devient nostalgique et ses points se serrent si forts que ses phalanges blanchissent. 

C'est rare de sentir un tel ressentiment envers ce que les jeunes vampires appellent leur "créateur" où leur "maitre". En devenant une créature de nuit, ils ne ressentent plus d'émotions à part une puissance sans limite, et une envie de sang. 

Alors ils lui deviennent reconnaissant, même pire, leur instinct les pousse à le voir comme un dieu à craindre et à servir. 

Et jamais je n'aurais pu croire qu'il n'était pas né vampire. Créer un vampire n'est pas chose aisé, il faut boire le sang en entier d'une victime puis lorsque ce dernier est décédé mais aussi...

 -"Ce type est vraiment un enfoiré dangereux. Il te cherche depuis un moment. C'est comme ça que je t'ai reconnu le soir du nouvel an sur la plage. Tout ce que je sais, c'est qu'il te veut vivante et que mon instinct, quoi que j'y fasse, me pousse à te protéger", confirme Zephyr en soufflant un peu de fumé, me sortant de mes pensées.

Mon cœur se serre tandis que je mords ma lèvre, une angoisse grandissante pesant sur mes épaules, comme si chaque mot de Zephyr ajoutait un poids supplémentaire à ma charge. Il tourne sa tête vers moi, ses yeux cherchant les miens avec une intensité troublante, et je sens un frisson me parcourir, mêlé d'une pointe de colère.

Pourquoi est ce que je dois toujours être impuissance ? Qu'importe les obstacles que j'essaye de surmonter, la vie décide de m'imposer un cycle d'infini recommencement qui se terminera quand je n'aurais plus personnes à protéger.

Je me sens si faible. 

Je romps le silence, chassant mes pensées, avec un sourire amer et enlevant les menottes.

-"Je ne pensais pas que le vorace si solitaire et puissant pouvait avoir peur de quelqu'un", je le provoque, un soupçon de surprise dans ma voix

Il ricane en arquant son dos.

-"Ce n'est pas de la peur, Little Swan, mais du bon sens. Je mourrais si j'osais le défier, pour la simple raison qu'il a eu l'idée de planter ses crocs dans ma jugulaire. C'est pour ça que je ne dois laisser aucune trace de nos échanges", crache Zephyr en laissant une lueur de haine passer dans ses yeux.

Je fronce les sourcils passant une main dans mes cheveux le regard dans le vide. 

Zephyr a peur et à juste titre, à ma connaissance, aucun vampire n'oserait défier celui qui leur a apposé la marque. Cette dernière rentrerait dans leur chair liquéfiant de l'intérieur leur organe comme punition, jusqu'à ce que mort sans suive. 

Une douleur bien pire qu'un pieu en bois.

-"Pourquoi est ce que tu viens me parler de lui si tu le crains tellement ?", je le questionne un peu surprise. 

Un rictus mauvais vient s'étirer sur ses lèvres, déformant son visage d'une expression méprisante et machiavélique. Ses sourcils se froncent avec un mépris calculé, ses yeux brillent d'une lueur perverse. Il joue entre ses doigts avec la cigarette, s'amusant avec la fumée comme s'il contrôlait les fils invisibles d'une marionnette.

-"Parce que je préfère parier que tu arriveras à le tuer et que je finirais libre", ricane Zephyr en regardant dans le vide comme aspirer par ses souvenirs.

Il me semble sincère et voue une vraie haine à son maitre. Mais comment m'assurer qu'il ne va pas me jeter dans la gueule du loup ou me la faire à l'envers au dernier moment ? 

Ce n'est pas n'importe qui après tout, il est connu pour ce petit tour de passe passe. Et aucun vampire ne voudrait prendre un tel risque. Si son maitre s'en rend compte et qu'il vient à interdire nos échanges, il ne pourras rien me communiquer sous peine de mort. 

C'est un jeu risqué, vraiment très risqué.  

Un sourire vient étirer mes lèvres.

Et j'adore ça.

-"Je crois pouvoir trouver un moyen de te faire confiance et de tuer notre ennemi commun", je lui demande en laissant un sourire éclairé mon visage.

Une partie de moi haïssait faire équipe avec un tel monstre assoiffé de sang. Mais il faut bien un monstre pour en battre un autre.

Ce monde n'a que faire de la morale, et prend sans compter, alors pourquoi moi j'y ferais attention ?

Zephyr me souffle un peu de fumée sur le visage avant de se rapprocher. Ses traits sont tirés et une expression nostalgique passe sur son visage. Je sens qu'il contrôle ses pupilles pour ne pas laisser la place au vampire qui ne demande qu'à sortir.

-"Je t'écoute", ricane t'il en souriant.

Notre relation a commencé de manière tumultueuse. Je n'arrive pas à lui pardonner et pourtant je vais devoir lui faire confiance, et il n'y a qu'un seul moyen d'assurer ce lien mutuel, sans retour en arrière possible. 

Le vampire qui me cherche ne s'arrêtera pas à cette petite escapade en forêt et la prochaine fois, il pourrait bien s'en prendre à Evelyn ou même à Cassian. Alors, il faut que je sois prête à riposter. 

Nous pouvons juste nous utiliser ! Lui pour me protéger à distance et me fournir les informations avec des moyens détournés, et moi en le débarrassant de celui qui tient ses chaines.

Une relation qui n'aura en fond rien d'autres que l'utilisation de chacun. 

-"Je veux passer un pacte avec toi", je lui lance en plongeant mon regard déterminé dans le sien.

Immédiatement, son sourire s'agrandit dans une expression si psychotique et intense que je frémis. Son blouson est repoussé en arrière par une force invisible et la fumée qui s'élève de sa cigarette semble se transformer en une forme sombre.

Il me plaque contre le mur, sa main à quelques centimètres de ma tête. Je peux sentir son souffle à l'odeur de nicotine se balader sur ma nuque. Ses cheveux chatouillent ma peau nue et ses pupilles rouges sangs me fixent avec extase. Ses canines resplendit dans la lueur de la chambre.

-"Est-ce que tu sais vraiment ce que ça signifie ?", me demande t'il euphorique en soufflant sensuellement dans mon oreille.

Mes cheveux sont balayés en arrière par une bourrasque qui me force à placer ma main devant mes yeux. Mes jambes titubent et je dois pencher mon corps en avant pour ne pas tomber.

C'est comme si une force invisible venait de pénétrer à l'intérieur de la pièce. 

Je sens son regard s'attarder dans le mien et ses doigts glisser sur ma peau. Je sais qu'il entend mes battements de cœur s'emballer et ma respiration s'accélérer. Et je perçois qu'il adore savoir l'effet qu'il procure.

-"Que dès lors qu'on l'aura sceller, tu seras obligé de m'informer de manière détournée et de protéger ceux qui me sont chère, et de mon côté, je devrais tuer ton créateur. Aucun de nous ne pourra le rompre, un pacte est inscrit dans l'âme, sinon nous mourrons", j'assume alors que sa main joue avec une mèche de mes cheveux.

L'adrénaline que je sens pulser dans mes veines est le reflet de ma détermination. J'adore cette sensation de défi qui parcourt mon corps. Elle m'enivre comme une drogue que j'inhale avec bonheur. 

Le plus triste dans ce pacte, c'est que malgré sa dangerosité, je le vois comme un jeu suffisamment intense et puissant, pour retrouver toutes les sensations de vivre. 

Le vide se comble au profit du danger. 

Je pourrais le nier, mais je ne ferais qu'appliquer un baume sur une jambe de bois. Cette solution n'est pas simplement présente pour protéger ceux que j'aime, mais aussi pour égoïstement me renfermer dans cet autodestruction.

Parce que sans elle, je suis qu'une nécromancienne perdue qui pleure ses parents.

-"Qu'est ce qui te fais dire que je suis prêt à prendre le risque ?", susurre Zephyr en déposant un baiser sur ma joue.

Un frisson électrique parcourt mon corps, éveillant chaque fibre de ma peau. Le contact de ses lèvres est à la fois tendre et sauvage, une caresse brûlante qui me consume de l'intérieur. Je suis captivée, envoûtée par sa présence magnétique. Mon corps réagit instinctivement, se pressant contre le sien malgré moi, désirant plus de cette sensation enivrante.

Ce pacte qui nous relie est aussi une malédiction. Il liera nos âmes et nos sensations jusqu'alors refoulés en seront décuplés.

-« Tout ton être a envie de prendre ce pari», je lui assure en souriant.

Sa main passe devant son visage et un sourire satisfait étire ses lèvres. Il semble se délecter de la situation. Me mordre ne signifie pas nécessairement se mettre à dos son maître. Pour l'instant, il n'a reçu aucun ordre contraire. 

S'il est suffisamment discret et malin, il me transmettra les informations qu'ils me manquent, et je viendrais à bout de celui qui me traque.

-« N'est ce pas en me mordant que tu scelleras le pacte ? », je lui assène, sur de moi, sentant les bourrasque redoublé d'intensité.

Les draps du lit sont balayés, la barre de pole dance tremble menaçant de finir arrachés, les menottes tanguent de droite à gauche, prête à tomber. Toute la pièce retient son souffle, accompagnant la délicieuse tension qui règne.

-"Tu es complétement folle, Little Swan", susurre t'il, ses lèvres courant dans mon cou.

Il laisse son souffle caresser ma peau, une brise chargée de promesses sensuelles, avant de planter ses canines dans ma carotide avec une lenteur délibérée. Un frisson d'excitation parcourt mon corps, électrisant chaque fibre de mon être. 

La douleur initiale se fond rapidement dans un tourbillon de plaisir enivrant, faisant naître des sensations que je n'aurais jamais cru possibles.

Je savais pourtant que les crocs des vampires abritaient un aphrodisiaque pour détendre leur victime. Jamais je ne l'aurais cru aussi puissant.

Ses crocs s'enfoncent dans ma chair avec une férocité dévorante, comme s'ils cherchaient à s'emparer de ma vie avec une avidité insatiable. La sensation est à la fois brutale et exquise, une fusion de douleur et de plaisir qui m'envahit, me consumant de l'intérieur.

Ses lèvres se referment autour de la plaie béante, aspirant avec une voracité sauvage le sang qui jaillit, tandis que ses mains parcourent mon corps avec une urgence animale. Je suis prise dans un tourbillon de désir déchaîné, emportée par la tempête de passion qui nous consume.

Mes lèvres entrouvertes laissent ma respiration devenir sifflante et désireuse. Je peine à retenir mes gémissements, qui se mêlent bientôt aux siens dans une symphonie de luxure et d'envie. J'agrippe avec violence son tee-shirt, griffant son torse pour maintenir sa peau au plus proche de la mienne. 

J'ai besoin de sentir sa chaleur et son parfum, jusqu'à finir complétement enivrée. 

Nous nous perdons dans une danse sauvage de plaisir et de passion. Chaque souffle, chaque contact, chaque gorgée est une affirmation que le pacte est entrain d'être scellé.

Et pourtant même quand je sens cette chaine enlacer mon coeur et le sien, nous ne nous arrêtons pas pour autant. Ses mains palpent mes hanches se faisant pressante, et imprimant chaque parcelle de ma peau de ses doigts brulant.

J'halète, ma respiration sifflante, la sueur perlant sur mon front, et mon désir sauvage brulant dans mon bas ventre.

Je le hais. Mais bordel pour une fois, et si je laissais ce sentiment de côté ?

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Bonjour,
Je vous présente ce nouveau chapitre avec beaucoup d'entrain. 
Qu'en avez vous pensez ? 
Et que va t'il arriver selon vous à cause de ce pacte ? 
Merci beaucoup. 
Lunarae.

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