Chapitre 12
-« Lys, ça fais presque une semaine et on a toujours pas évoqué ce qu'il s'est passé dans la forêt », sous entend Cassian, les yeux rivés sur moi, l'air coupable.
Je soupire et détourne la tête en m'affalant sur le canapé pour gommer mon trouble. Mon livre ouvert devant moi, je fais mine de l'écouter que d'une oreille.
Avec un peu de chances il oubliera.
-"Lyssandra Cooke !", s'insurge mon frère d'une voix si forte qu'elle en fait trembler les murs de la maison.
Surprise, je me fige, mon livre suspendu en l'air. Jamais je ne l'avais vu aussi furieux. Depuis l'accident, il est devenu une autre personne impulsif, colérique, incapable de parler sans élever la voix. Même aller travailler semble être un calvaire pour lui.
J'ai parfois la nette impression qu'il me cache quelques choses. Il tire sans cesse son tee shirt vers le bas de manière inconfort, grimaçant dès que j'ose poser une question.
-"Quoi Cassian ?", je lui réponds de la même voix irritée, "On s'en est sortis, c'est tout ce qui compte", je m'adoucis en fermant mon livre pour le rassurer.
Il se lève et se met à faire les cents pas dans la pièce. Il tire sur ses cheveux, les agrippant entre ses doigts.
-"J'arrive pas à mettre de côté que la police ne l'ait toujours pas retrouvé...", se lamente Cassian en donnant de léger coup dans le mur.
Ça risque d'être compliqué, je ricane intérieurement.
Je pose mon livre avec délicatesse pour me lever à ses côtés. Je plonge mon regard dans le sien emplit de détresse et de peurs pour essayer de le rassurer. Mes mains caressent ses épaules avec douceur.
-"Ce gars, c'était juste un malade, d'accord ? Il délirait, il devait sortir d'un hôpital et on était les premiers sur qui il est tombé !", je réplique avec douceur en le prenant dans mes bras.
-"Lys, j'aimerais t'assurer que tu es en sécurité. Tu es tellement courageuse par rapport à moi", me complimente t'il avec un sourire doux.
Je ne sais comment répondre, les compliments ont toujours eu pour habitude de me mettre mal à l'aise.
-« Tu ne sais pas à quel point j'ai eu peur de te perdre... », murmure t'il.
Malgré ses petites crises d'impulsivités, il me semble qu'avec Cassian, on réussit enfin à communiquer. Cette histoire n'a pas eu que du mauvais. Etre à deux doigts de se perdre nous a fait réaliser que l'on avait passé trop de temps à s'éloigner, et que la vie peut s'arrêter à tout moment.
On a pas besoin de tout savoir l'un sur l'autre du moment qu'on est soudé.
Le klaxon résonne à ce moment en dehors de la maison et Cassian fronce les sourcils. Son nez se plisse et son front se ride d'inquiétude.
-« Tu te rappelles que l'on fête l'anniversaire d'Evelyn aujourd'hui. Je n'ai rien pu lui préparer en début de mois avec tout ce qu'il s'est passé, mais aujourd'hui je lui ai promis d'aller à Blisscrystal et ensuite on rentrera à la maison », je lui rappelle doucement.
Cassian soupire, son front se ridant et ses yeux se plissant d'inquiétude. Ses mains tremblent et je pourrais jurer qu'il adorait refuser.
-« Tu sais bien que je hais quand tu vas dans ce bar malfamé. C'est un repère de brutes », renchérit mon frère l'air agacé en fronçant le nez.
-« Ne t'en fais pas, on ne restera pas tard et je t'envoie un message quand on rentre », je réplique.
Sachant très bien à quel point l'anniversaire d'Evelyn est important chaque années à mes yeux et aux siens, il n'insiste pas.
-« Promets moi que tu seras prudente. On ne sait toujours pas ce que te voulais ce fou furieux », s'inquiète mon frère.
-« Blisscrystal est de l'autre côté de la forêt Grimhill, ne t'en fais pas, je rentre vite », je lui promets.
Je quitte la maison et monte dans la voiture d'Evelyn bien décidé à aller à cette représentation ce soir avant de pouvoir me détendre avec mon ami. Son anniversaire n'a jamais été joyeux pour elle, alors chaque année je veux essayé de le rendre un peu plus gaie. Jamais je ne lui ai posé de question à ce sujet. C'est comme une promesse silencieuse entre nous.
Ce soir risque d'être vraiment un moment tourmenté. Avant l'anniversaire d'Evelyn, il faut que je lui parle. Celui que je hais, celui que chaque acte suffit à m'exécrer. J'ai besoin de réponse pour me préparer et être sur de ce que j'affronte sinon mes proches seront en danger.
Alors même si je ne voulais pas atteindre de tel moyen, je le ferais si ça peut garantir leur sécurité.
-« Tu te sens bien ? », je demande à Evelyn un air triste sur le visage.
Je remarque immédiatement qu'Evelyn semble préoccupée. Ses mains tremblent légèrement sur le volant et son regard est fixé droit devant, emprunt d'une tristesse que je connais trop bien.
-« Je suis allée voir ma mère au parloir il y a quelques semaines, alors un peu comme si j'avais vu un fantôme », m'annonce t'elle d'une voix lourde.
Un silence de plomb tombe sur l'habitacle alors que le tintement du clignotant retentit. J'ai toujours eu du mal à trouver les mots justes dans ces moments-là, mais je pose ma main sur son bras pour lui montrer que je suis là.
-« Je pense que se serait idiot de te demander comment cela s'est passé », je réplique en fronçant le nez, essayant de briser la tension avec une pointe d'humour.
Elle soupire, l'air presque nostalgique. Ses mains se crispent sur le volant et elle ne quitte pas du regard le K marqué sur son poignet.
-« Disons quand deux ans, elle n'a pas changé mais qu'au moins elle paiera pour ses crimes », m'assure ma meilleure amie avec une expression satisfaite, bien que teinté de tristesse.
Je grimace en me mordant la lèvre.
-« Et ton père dans tout ça ? », je lui demande, sachant que c'est une question délicate
-"Il était ravi. Un problème de moins qui risquait une mauvaise propagande pour son business. Il a même augmenté Molly pour ses loyaux services", ricane Evelyn en tripotant une nouvelle broche sur sa veste.
Je hoche la tête.
-"Au moins il n'y a pas que du négatif".
Evelyn secoue la tête, son expression amère.
-"Disons surtout qu'il est tout aussi pourri qu'elle. Je pense qu'il ne voulait pas que les avocats de ma mère fouillent dans un dossier plus important. Je ne sais pas ce que c'est.. Mais il cache quelques choses", me confie Evelyn avant de se garer au parking de Blisscystal.
Ses yeux me dévisagent cherchant du réconfort, alors qu'elle enlève les clefs du contact. Je prends sa main dans la mienne, la serrant légèrement.
-" Peu importe ce qu'il cache, on le découvrira ensemble. Je suis là pour toi, toujours", lui assure-je, mes mots empreints de détermination.
Je me tourne vers elle, lui prenant les deux mains.
-« On se retrouve tout à l'heure, et après, une soirée fille. Promis ? »
Evelyn esquisse un sourire, ses yeux brillant de reconnaissance.
-« Promis », murmure-t-elle en me serrant dans ses bras.
Elle me serre à son tour soulagée, puis me laisse partir. Même à cette heure, la salle est enfumée et remplie de Crystal Meth. Les clients s'attroupent autour de la scène pour avoir une place de choix pour les premières danseuses de la soirée.
L'une d'elle me fait un signe avant d'emmener un client dans une « love room ». Mon expression s'attriste alors que je sens quelques regards pervers me dévisager comme si j'étais leur prochaine proie.
Je chasse ses pensées et m'avance jusqu'à mon coin vip. Une silhouette est déjà installée sur mes fauteuils en cuir rouge. Zephyr inhale profondément, ses poumons se remplissant de Crystal Meth, et son sourire amusé découpe l'obscurité des néons rouges.
-"Little Swan", murmure Zephyr, sa voix suave et menaçante résonnant comme un murmure de soie glissant sur une lame.
Je plisse les yeux, face à son euphorie. Je savais bien que si je le retrouvais ici, cela signifiait d'avance qu'il avait eu raison, que j'avais besoin de lui.
-"Il faut qu'on cause", je lui lance en pointant une love room.
Son sourire s'agrandit tandis qu'il souffle un peu de Crystal Meth dans ma direction. Sa main joue en faisant rouler le tube sur ses doigts. Ses yeux se plissent dans une expression malicieuse.
-"Je ne pensais pas que tu remettrais ça aussi vite... ", ricane-t-il en léchant la commissure de ses lèvres où traîne du sang séché.
Il est dangereux. Et je suis en train de jouer avec le feu, mais étrangement, mon cœur ne peut s'empêcher d'apprécier ce sentiment qui m'envahit. L'idée de me brûler les ailes est d'autant plus exaltante.
Il finit par se lever non sans jeter en arrière sa longue veste noire. Il m'accompagne en silence, arborant un rictus amusé. J'essaie de cacher mon trouble à mesure que l'on s'approche de la chambre. Je claque la porte derrière nous.
-"Si tu voulais me déshabiller, tu aurais pu trouver une technique plus séduisante", ricane-t-il en observant le lit rouge et l'ambiance cabaret qui flotte dans la chambre.
-« Si j'avais voulu te séduire, Zephyr, tu ne serais pas capable de t'en rendre compte avant d'être à mes pieds », je rétorque avec un sourire en coin en levant les yeux au ciel.
Je jette un coup d'œil à la pièce. La scène qui s'offre à moi est révélatrice d'un goût certain pour la provocation et le jeu.
Une barre de pole dance rétractable se tient au centre de la pièce. Les murs sont maculés de rouge et de néon de la même couleur laissant flotter une atmosphère libertine. Des chaînes et des mousquetons traînent dans des tissus duveteux accrochés au pieds du lit.
Dans un coin, se dresse une grande cage recouvert d'un tapis rouge cotonneux. Ce pièce est l'expression même de l'érotisme et du sensuelle. Elle confère à nos clients une touche de cabaret et de spectacle.
Zephyr arpente la chambre en souriant d'un air euphorique. Il s'amuse et pousse des petits ricanements d'extase en voyant les tissus et les accessoires de bondage qui traînent derrière les grandes cages.
Être dans un tel endroit à ses côtés ne me rassure pas.
Mais c'est le seul endroit où l'on peut discuter sans être entendu, et si je veux obtenir des informations sur celui qui en a après moi, je ne connais que lui pour me les renseigner.
-« J'ai des questions à te poser au sujet de ta marque », je rentre dans le vif du sujet.
Il fait volte-face. Son expression joueuse sur le visage, mais ses yeux plissés signifient que je touche un point sensible. Pourtant il ne perds pas son sourire de contentement, celui qui signifie qu'il savait que je viendrais lui rendre des comptes.
-"Et pourquoi devrais je répondre à tes questions, Little Swan ? Qu'est-ce que j'y gagne ?", me nargue Zephy avec un sourire narquois.
-"Peut-être ma clémence", je réplique, mon ton défiant, et mes yeux plissés, forçant ma voix à rester calme, tandis que mon cœur tambourine dans ma poitrine.
-"Ta clémence ?" Il rit doucement, une lueur dangereuse dans ses yeux. "Tu es bien arrogante pour quelqu'un qui est à ma merci."
-"Je suis peut-être plus surprenante que tu ne le penses. Ton hypnose n'a pas marché sur moi, tu l'as remarqué, non ?", je rétorque une nouvelle fois.
Immédiatement, ses pupilles se teintent d'une lueur rougeâtre et il se déplace à la vitesse de la lumière. En quelques instants, mes poignets sont emprisonnés dans des menottes reliées par une grosse chaîne qu'il tient fermement. Mon dos heurte le mur alors que je tente de reculer.
Il se penche au-dessus de moi, ses pupilles scintillant de la même lueur que la love room, et son expression déformée par l'agacement et l'amusement. Son souffle court sur ma peau, et je peux entendre les battements de son cœur d'immortel envahir mes tympans.
-"Qu'est-ce qui te fait croire que je ne vais pas juste en finir avec toi maintenant ?", souffle Zephyr en maintenant la chaîne.
J'ai beau tenter de me débattre, il a scellé les menottes à elle, la tenant entre ses mains. La puissance avec laquelle il me maintient n'a rien à voir avec celle du vampire qui m'a attaqué. Elle est contrôlée et serait capable de détruire des murs de béton.
Je grimace en sentant la morsure de la menotte sur mon poignet alors qu'il tire en direction de la barre de pole dance. Il attache la chaîne d'un cadenas autour, m'empêchant d'effectuer le moindre mouvement. Mes bras ankylosés sont maintenus en arrière, entourant la barre dans un craquement horriblement sinistre.
-"Tu me reconnais et semble te soucier de moi pour une raison que j'ignore. Alors pourquoi oserais tu me tuer maintenant ?", je le provoque avec un air malicieux.
-" Peut-être que je trouve simplement ce jeu divertissant", murmure Zephyr, ses lèvres à quelques centimètres des miennes.
Il laisse son souffle caresser ma peau avec une délicatesse savamment dosée, éveillant des frissons le long de mon échine. D'un geste lent et maîtrisé, il glisse une cigarette entre ses dents, ses yeux fixés sur les miens avec une intensité brûlante.
Il inspire profondément, puis relâche un nuage de fumée sensuelle qui s'enroule autour de mon visage. La nicotine, douce et envoûtante, s'insinue dans mon esprit, incendie mes poumons d'une extase lente et délicieusement douloureuse.
-"Pour le moment, je te trouve plus amusante vive que morte. À toi de voir, si je finirai par t'arracher les ailes, Little Swan", me dit-il, son sourire s'étirant dans une expression psychotique.
Je rechigne en cherchant à tâtons le bouton censé rétracter la barre dans le sol.
-"Ton maître me cherche. Je veux savoir qui il est et ce qu'il me veut exactement. Et comment tu me connais !", je lui lance, d'une voix sérieuse.
J'entends son rire bruyant résonner dans la salle comme une douce mélodie à mes oreilles. Ses yeux d'un bleu ténébreux me dévisagent comme si j'étais folle, mais non sans une lueur malicieuse.
Il joue, charismatique, de sa cigarette entre ses doigts, alors qu'assis sur le lit, il arque son dos, confiant et dominateur.
-"Qu'est-ce qui te fait dire que j'en ai quelque chose à foutre de tes petits problèmes ?", m'assène Zephyr en soufflant de la fumée entre ses dents.
Je grommelle en serrant les miennes. Je le laisse divaguer en prenant des bouffées de sa cigarette alors que je touche à tâtons le sol de la love room.
-"Tu m'as demandé de venir. Tu n'aurais pas fait ça pour rien. Jouer le mec détaché ne te va pas du tout," je réplique en ricanant.
-"Parce que jouer les strip-teaseuses épanouies te va mieux ?" renchérit-il en soufflant une bouffée de fumée.
J'ignore sa remarque et trouve enfin le bouton du bout des doigts. Je le presse, la barre se rétracte, et je me jette immédiatement sur Zephyr. Il m'évite aisément, me laissant m'écraser au sol. Son sourire s'agrandit, affichant une mine satisfaite.
-"Je n'en attendais pas moins de toi", m'assure-t-il d'un air charmeur.
-"Ne te surestime pas, Zephyr. Je ne suis pas ton jouet", je riposte, déterminée.
Je ne vais pas réussir à le toucher si je n'utilise pas mes dons. Mais à la moindre erreur, je ne pourrais pas me relever.
Il se lance sur moi et je l'évite, titubante, reculant hors de sa portée. Mon dos heurte le mur dans un fracas sourd, faisant vibrer chaque os de mon corps. Un gémissement m'échappe et je dois me mordre l'intérieur de ma joue pour le faire taire.
Il est trop rapide et ses coups sont si puissants que si un seul ne m'effleure, je ne me relèverai pas. Le seul moyen de reprendre le dessus, c'est de le surprendre.
Il se tient à quelques centimètres de la barre de pole dance. C'est peut être ma chance !
Je lance la chaîne reliée à mes menottes qui s'effondrent sur le bouton. La barre de pole dance surgit du sol dans un sifflement court. Zephyr l'évite aisément, mais ses yeux quittent les miens un instant.
Je fonce sur lui, donnant un coup de coude dans son ventre. Il tombe sur le lit duveteux, désorienté. Sans perdre un instant, j'entoure sa nuque des chaînes et je serre. Sa gorge s'appuie contre le métal froid, et je sais qu'un humain normal serait déjà mort étouffé.
-"Je veux toutes les informations que tu possèdes, Zephyr le Vorace", je lui ordonne en tenant fermement la chaîne.
************
Bonjour,
Merci pour votre lecture.
Aimez vous la tournure que prends les événements ?
Je vous retrouve pour le prochain !
Lunarae.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top