o3: Prises d'haine

O3 : Prises d’haine

"Les photos sont là, et il ne te reste plus qu’à les prendre."

Quelques jours plus tard, Nora s’en était donné à pleine joie. Rendre les gens amoureux, moins haineux, était devenu sa passion. Elle ne passer plus beaucoup de temps chez elle mais restait de journées entières dehors à distribuer de l’amour. Son carnet, empli autrefois de dessins, était maintenant à déborder de photos : des enfants se tenant la main, un couple lesbien s’enlaçant tendrement, un papi serra la main de son fils, des baisers échangés. Elle donnait de l’amour autour d’elle.

Là où régnait l’ignorance, elle créait l’amour. L’Amour sous toutes ses formes ; amitié, reconnaissance, reconsidération, attention.

Elle-même était heureuse. Elle se sentait utile à l’humanité. Bientôt, sa petite ville détrônerait Paris comme étant LA ville la plus romantique du monde. Les amoureux s’y rendront pour passer leur voyage de noces. Et Nora les photographiera et ils seront sûrs que jamais ils ne se sépareront.

Nous étions, vendredi matin l’aurore venait juste de pointer le bout de son nez que Nora sortait déjà. Ses parents ne s’inquiétaient pas. Ils savaient leur fille digne de confiance. Et si jamais, on l’agressait, Nora n’aurait qu’à prendre quelques photos et le tour était joué.  

Elle se dirigeait vers la rive de la rivière qui traversait sa ville. Elle aimait cet endroit pour sa discrétion. Si elle photographiait les sans-abris sous les ponts, peut être qu’ils auraient la force de se battre ?

Elle réfléchissait à cette possibilité, lorsqu’elle tomba sur un petit couple d’adolescents (comme elle) qui partageaient leur petit déjeuner. Elle sortit son appareil de sa sacoche et le pointa vers le couple.

Mais à ce moment-là, elle remarqua à sa gauche, plus loin, un autre jeune homme qui, lui aussi, visait le jeune couple. Hébétée et curieuse, elle baissa son objectif et observa l’inconnu. Elle ne percevait pas son visage (caché pas le polaroid qui avait, lui aussi), mais distinguait ses longues jambes musclées. Il était en tee-shirt malgré la fraicheur du matin. Des baskets rouges, qui lui servaient de chaussures, s’accordaient parfaitement avec ses cheveux blonds parsemés de mèches rouge bordeaux.

Il prit une photo, et un bruit atroce retentit. Aussitôt les traits du jeune adolescent se déformèrent pour former une grimace. La jeune fille, se leva et s’écarta du plus qu’elle pouvait de son compagnon. Nora retenait son souffle. C’est comme si, soudainement, ils se haïssaient mutuellement. Autant ils avaient l’air paisible, autant ils se hurlaient dessus à présent. Ils se jetaient des méchancetés à la face. La fille arriva même à gifle le garçon.

Nora, ne supportant plus ce spectacle terrible, dégaina son polaroid et prit une photo. Les hurlements cessèrent. Quand Nora releva la tête, elle vit le couple s’embrasser tendrement. Aussitôt elle fut soulagée.

« Mais, comment est-ce arrivé ? »

Elle se tourna immédiatement vers le jeune homme qui regardait la scène ahuri. Elle sortit de sa cachette.

Le jeune homme se tourna vers elle à l’entente de ses pas, et elle put avoir le plaisir de l’observer.

Il avait des yeux d’un noir abyssal qui contrastaient avec ses cheveux blonds. A sa lève inférieure, il avait un anneau en argent. Il avait également plusieurs piercings et anneaux sur son lobe gauche. Un style rock et grunge.

« Original. »

Il lui lança un regard dédaigneux avant de s’approcher. Nora ne trembla même pas. Alors qu’ils furent à moins d’un mètre, le jeune homme se pencha vers son polaroid puis avisa celui de Nora.

-Salut, dit-il enfin.

-Qui es-tu, lâcha Nora.

-Je peux te retourner la question ?

-Nora Jemwood. Nullement enchantée.

Fallait-il préciser que Nora ressentait une colère envers le jeune homme ? Lui, pourtant, ne se débarrassait pas de son sourire en coin.

-Nolan Clickers. D’où me vient votre animosité ?

Nora réfléchit, elle ne savait pas pourquoi mais, oui, elle ressentait une certaine aversion pour ce personnage. Peut-être ses piercings ?

Non, il la révulsait pour une autre raison.

-Comment as-tu fait pour qu’ils se détestent ?

Il joua la carte de l’ignorance.

-Qui ?

-Ne joue pas avec moi. Comment en sont-ils arrivés à se détester ?

C’est là qu’elle remarqua son polaroid, identique au sien quoique semblant plus vieux.

-C’est... ton appareil qui fait ça ?

-Oui, comme le tien donne de l’amour, le mien offre la haine, dit-il en s’éloignant.

Il haussa les épaules comme si c’était banal.

« Offrir la haine ? »

Nora s’insurgeait . Elle n’était pas au bout de ses peines.

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