Suite du chapitre 228

Embrasser Haruto au centre de la piste de danse, alors que tout le monde sera occupé à se regarder dans le blanc des yeux, risque d'être trop discret aux yeux de ce sadique de Cupidon. Il est donc temps de lancer l'opération « damoiselle en détresse » ! Tu espères juste qu'Haruto est aussi bon en judo que tu l'imagines, sinon tu risques de finir la soirée dans une ambulance.

Tu t'approches nonchalamment des brutes, un verre à la main, tandis qu'Haruto est occupé à parler à ses amis. Alors que tu arrives à leur table, tu fais semblant de trébucher et renverses ton punch sur leurs costards immaculés. Tu ressens une pointe de joie mêlée à de la fierté lorsque le rouge de la boisson imbibe leurs costumes aux couleurs clairs, mais lorsque tu aperçois la lueur de haine qui éclaire leur regard, tu regrettes aussitôt ton choix.

— Ta mère t'as jamais appris à regarder où tu marches, pétasse ?!

— T'es tellement mort, meuf !

— Matez-moi ces habits ! T'es une gouine, c'est ça ?

— Peut-être qu'elle aime juste se faire tabasser et qu'elle a fait exprès de renverser son verre ?

— C'est ça, salope ? T'es maso et tu veux qu'on te fasse ta fête ?

Les brutes t'encerclent et se rapprochent lentement en faisant rouler leurs muscles qui, de là où tu te trouves désormais, semblent démesurément imposants. Lorsque la plus grosse des brutes fait craquer ses phalanges avec un sourire carnassier, tu sens la peur s'insinuer au plus profond de toi.

— Au secours ! Haruto, à l'aide !

Un poing de la taille d'un ballon de foot s'abat sur ton précieux visage si délicat et tu te retrouves au sol. Une autre brute te balance un coup de pied au ventre et tu te recroquevilles dans l'attente de la suite. C'était une mauvaise idée, tu aurais dû te contenter d'inviter Haruto à danser !

Mais contrairement à ce que tu pensais, tu ne reçois plus aucun coup. Il y a bien des cris de douleurs qui fusent dans la salle, mais ils ne proviennent pas de toi. Tu entrouvres un œil craintif juste à temps pour voir Haruto mettre au sol la dernière brute encore debout.

Débraillé et décoiffé à cause de la bagarre, mais indemne, il s'agenouille auprès de toi et t'aides à te redresser. Il pose sa paume sur ta joue et, avec son pouce, effleure doucement ta lèvre entaillée par le poing de la brute.

— Tu vas bien ? demande-t-il d'un air inquiet. Je suis désolé, je suis arrivé aussi vite que j'ai pu.

Soudain, alors que toutes les aiguilles se rejoignent sur le chiffre douze, tu entends des cloches résonner à l'intérieur de ta tête. Sûrement une manigance de Cupidon pour être certain que tu ne rates pas les douze coups de minuits.

Prenant ton courage à deux mains, tu te penches en avant et poses tes lèvres sur celles d'Haruto pile au moment où le douzième coup résonne dans ton esprit. Tu peux sentir ses paupières balayer rapidement la peau de tes joues tandis qu'il cligne sous l'effet de la surprise, mais heureusement il ne s'éloigne pas, au contraire. Son bras libre entoure tes épaules et te plaque contre lui tandis que son pouce caresse doucement ta joue.

C'est loin d'être une sensation désagréable et tu te surprends à entrouvrir tes lèvres tuméfiées. Haruto saisit l'invitation et glisse sa langue dans ta bouche. Tu commences à comprendre pourquoi tous tes petits camarades ne pensent qu'à se rouler des pelles.

Vous passez un long moment ainsi, collés l'un à l'autre. Lorsque vos bouches se séparent enfin, Haruto ne semble pas vouloir te lâcher et son bras entoure toujours tes épaules une fois qu'il t'a aidé à te relever. Tu avais fini par oublier où tu te trouves et tu remarques avec étonnement que la salle entière regarde dans votre direction. Nerveuse, tu te dépêches de regarder l'heure : minuit trois.

Un soulagement comme tu n'en avais jamais ressenti jusqu'à présent t'enveloppe. Tu as réussi l'épreuve de cet enfoiré de Cupidon. Rassurée, tu rediriges ton attention sur Haruto qui t'observe avec des yeux emplies d'affection.

— Et si on allait quelque part de plus calme ? propose-t-il. Tout le monde nous observe, ça me met mal à l'aise.

Tu acquiesces et te laisses entrainer par le jeune homme. Il sort de la salle de bal et te conduit dans un coin sombre à l'ombre du bâtiment. Une fois que vous êtes protégés des regards des curieux, il s'adosse au mur et te reprend dans ses bras.

— Je ne savais pas que tu ressentais ça pour moi, murmure-t-il. Je suis si heureux.

Tu étais tellement obnubilée par la menace de mort imminente qui pesait au-dessus de ta tête que, jusqu'à présent, tu ne t'es même pas arrêtée un instant pour réfléchir à ce que tu ressens pour Haruto. As-tu réellement des sentiments pour lui, ou a-t-il uniquement été un outil nécessaire à ta survie ?

+ 1 point

Tu es réellement amoureuse d'Haruto => Chapitre 252

Tu n'es pas amoureuse d'Haruto => Chapitre 254