Journal : Entrée (2)
Je vais réécrire de la fanfiction.
Partiellement.
Attendez, laissez-moi m'expliquer.
C'est presque embarrassant de revenir alors que ça ne fait même pas un an que j'ai annoncé que j'arrêtais. J'ai énormément culpabilisé quand je me suis rendue compte que ça me manquait, et j'ai ignoré cette persistance. J'ai pendant longtemps tenté de me rassurer en me disant que ce n'était que l'effet du changement qui me laissait un poids sur l'estomac.
Je vais vous expliquer ce qu'il s'est passé dans ma tête pendant les derniers mois.
La fanfiction m'avait apporté beaucoup de choses, mais elle m'a aussi fait me perdre. Je n'arrivais plus à discerner la valeur de mes écrits à travers ce genre.
J'ai eu besoin de m'éloigner et de faire les choses différemment.
C'est pour ça que j'ai passé la dernière année à me concentrer sur des histoires originales (En mémoire de tante Yu-ri, Between the Seashells, et quelques balbutiements de projets encore dans mes brouillons) et à réécrire les textes les plus chers à mon cœur (Adrénaline, Oops, my bad, Fallen from the Stars) pour qu'ils soient les miens. Ça n'a pas plu à tout le monde et je comprends, mais j'ai eu besoin de faire ce premier nettoyage. Ces histoires, que vous le vouliez ou non, ne seront plus jamais des fanfictions (sauf peut-être FFTS, mais je ne promets rien). Il m'a fallu 7 réécritures pour faire d'Adrénaline ce que je voulais qu'elle soit, alors je ne reviendrai pas en arrière.
Plus le temps passait, moins j'avais l'impression que ce que j'écrivais m'appartenait, ça me mettait parfois en colère. Avec une communauté grandissante venaient des propos moins bienveillants, des commentaires insensibles, et des langues qui réduisaient mon travail à des noms. Je ne voulais plus de ça.
Ensuite, j'ai déjà énuméré les autres raisons qui faisaient que je n'étais plus à l'aise, que je ne m'épanouissais plus.
Je savais déjà que le problème n'était pas la fanfiction, mais le regard des gens. Je me laissais atteindre par n'importe qui, j'étais influencée par la moindre remarque, même infondée. J'ai eu besoin de retirer ce biais et progresser uniquement avec ma plume.
J'ai peu à peu réussi à me réconcilier avec l'écriture. Pendant plusieurs mois, je me suis forcée à me retrouver dans mes histoires, retrouver mon identité. J'ai aimé la fanfiction, mais j'ai également fait des faux pas qui, immanquablement, ont rendu mes mots moins sensés. Et je suis le genre d'autrice qui priorise la justesse et le sens de ses mots, plus que leur beauté.
J'ai énormément écrit, pour moi, avec des personnages qui m'ont appartenu. Et j'ai eu mon déclic. Pendant toute l'écriture de "En mémoire de tante Yu-ri", j'ai vu ce dont j'étais capable, d'abord seule derrière mon écran (en partageant l'avancée de la rédac sur les réseaux sociaux, c'est vrai). Puis j'ai retrouvé une communauté précieuse et sincère qui m'accompagne encore tout au long de la publication des chapitres. Ma confiance en moi est revenue et dorénavant, je ne laisserai personne injustement me l'enlever !
Que s'est-il passé, alors ? Pourquoi après tout ce périple, j'ai tout de même décidé de remettre un pied dans cet univers ?
Il a fallu faire partir ce qui me bloquait, comme je l'ai dit.
Ne plus donner de matière aux commentaires réductionnistes (qui l'étaient parfois inconsciemment)
Accueillir les retours d'yeux neufs et d'esprits dissociés de la fanfiction.
Juste souffler un coup. Ça faisait cinq ans que je n'avais pas écrit quoi que ce soit qui ne se rapportait pas à la fanfiction. Je ne savais pas si j'en étais encore capable.
Pour résumer, cette période représentait surtout un travail que je faisais sur moi. Un lâcher prise total.
Je ne savais pas que je faisais un hiatus, je pensais réellement que je prenais un billet sans retour.
Mais quand ma passion pour l'écriture, brute et sans conditions, est revenue, j'ai aussi conservé une pensée dans un coin de ma tête. Je voulais écrire de tout. Tout.
Après avoir fait la paix avec tout ce que je ne voulais plus, je me suis rendu compte que j'aimais encore écrire de la fanfiction. Un peu. Du moins bien assez.
Autant que j'aime écrire de la non-fanfiction.
Autant que j'aime écrire tout court.
Ça peut paraître bancal comme explication à vos yeux, et je comprends. Je crois que l'année 2024 a été celle où j'ai tout tenté, où j'ai avancé, où je me suis braquée, où j'ai prétendu figer mes idées dans la pierre. Et j'ai pris de nouveaux départs. J'en prends encore un maintenant. Accrochez-vous, ce n'est sûrement pas le dernier.
J'écrirai encore des histoires originales, car j'ai des mondes à raconter. Des centaines de milliers.
En attendant, laissez-moi encore bricoler sur ce compte jusqu'à ce que tout le monde s'y sente en sécurité. Vous êtes les bienvenu.es.
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