La grotte


Après deux heures de marche, Leandru, Matteu et Elisabetta retrouvèrent un groupe d'une dizaine d'hommes. Deux d'entre eux protestèrent contre la présence de la jeune fille mais Matteu leur indiqua qu'il était hors de question qu'il laisse sa sœur toute seule. Il indiqua qu'elle était capable de se débrouiller dans la montagne et qu'elle avait l'habitude de marcher pendant de longues heures.

Elisabetta prouva en effet durant le reste de la journée qu'elle pouvait tout à fait suivre le rythme des hommes mais elle fut cependant bien contente lorsqu'ils s'arrêtèrent après deux nouvelles heures de marche. Le soir tombait très vite dans la montagne et le petit groupe se rassembla pour la nuit. Trois sentinelles furent désignées pour surveiller les environs. Tous les autres se groupèrent autour d'un feu, Matteu prit sa sœur contre lui et chaudement enveloppés dans plusieurs couvertures, ils s'assoupirent rapidement.

Elisabetta fut réveillée au petit matin en raison d'un besoin naturel. Elle réussit à s'extirper de l'étau dans lequel son frère l'avait enfermée puis elle s'éloigna d'une vingtaine de mètres. Leandru, qui était réveillé lui-aussi, indiqua à l'un des hommes qu'il allait la suivre pour la surveiller.

Lorsqu'il fut, comme la jeune fille, éloigné du campement improvisé, il l'appela à plusieurs reprises en chuchotant.

Elisabetta sortit alors de derrière un rocher et elle se mit à regarder tout autour d'elle. Puis, quand elle aperçut Leandru elle écarquilla les yeux.

Le jeune homme, tout en vérifiant qu'ils étaient bien seuls, l'enlaça brièvement puis il s'écarta d'elle rapidement au cas où l'un des hommes du groupe arriverait dans leur direction.

- Pourquoi Matteu a-t-il accepté finalement ?

- Je lui ai dit que je te suivrai même si lui refusait, que le nom n'avait pas d'importance et qu'entre la prison et le maquis, mon choix était vite fait. Je lui ai dit aussi que le maquis était assez vaste pour ne pas te côtoyer.

- J'espère que tu ne respecteras pas cette dernière phrase...

- Où allons-nous Leandru ?

- Dans une grotte qui se situe à environ six heures de marche d'ici. Elle est vraiment dans un endroit très difficile d'accès et de là-bas, nous aurons une visibilité parfaite sur les alentours. Personne ne pourra nous surprendre sans que nous ne le remarquions. Mais personnellement, je pense que les Italiens ne nous trouverons jamais. Peu de gens connaissent cet endroit d'après le vieux François-Xavier. Il faut vraiment être de la région.

Viens, retournons près des autres sinon, ils vont s'inquiéter. Je te laisse passer devant moi.

Comme l'avait indiqué Leandru, le petit groupe parvint à l'endroit choisi en fin d'après-midi. Elisabetta était très fatiguée par cette longue marche mais elle ne voulait montrer aucun signe de faiblesse à ceux qui l'accompagnaient.

La grotte était vaste, elle était composée de différentes cavités et pouvait sans problème accueillir les fuyards sans qu'ils ne soient l'un sur l'autre.

Leandru s'installa dans le même coin que Matteu et Elisabetta avec deux autres hommes. L'un de ceux-ci eut alors une parole malheureuse en disant que la jeune fille pourrait s'occuper des repas et de laver les vêtements dans le torrent tout proche.

Matteu se précipita sur lui et l'attrapa par la nuque et il le menaça des pires représailles s'il persister à considérer sa sœur comme une servante.

Celui qui était le responsable du groupe dut intervenir pour séparer les deux hommes puis il prit Matteu à part et il le recadra en lui indiquant qu'à la prochaine incartade il l'excluait de leur petite communauté.

Celui qui avait suggérer qu'Elisabetta s'occupe de toute l'intendance fut prié de s'installer très loin des Casaleccia et finalement, Leandru, Matteu et la jeune fille se retrouvèrent seuls dans leur petit coin.

Basiliu, celui qui avait constitué le groupe de résistants, rassembla tout le monde afin d'expliquer ce qu'il avait prévu.

Il indiqua que le but des différents groupes qui commençaient à se créer un peu partout dans l'île était de permettre un débarquement allié qui pourrait ainsi libérer l'île.

Basilui annonça ensuite que plusieurs colis avec des armes et des munitions seraient bientôt parachutés dans la région et qu'il faudrait à tout prix les récupérer.

Il précisa ensuite que la majorité des hommes ne resteraient pas à la grotte qui allait servir à terme de quartier général et de lieu de centralisation du matériel.

Ainsi, Basiliu informa les hommes qui l'avaient suivi qu'il faudrait installer des postes avancés dans la forêt, bien plus proches de Corti, et que leurs missions seraient essentiellement réalisés dans la ville.

Parmi elles, il cita des missions de repérage qui permettraient ensuite des missions de destruction du matériel que possédaient les italiens.

Matteu s'inquiéta du rôle que jouerait Elisabetta et Basiliu le rassura : la jeune fille resterait à la grotte pour rédiger des tracts qui seraient ensuite amenés dans une vieille bergerie plus proche de Corti où ils seraient reproduits pour être distribués en masse.

Basiliu rappela ensuite quelques règles essentielles de la vie dans le maquis et la forêt. Chacun devait être prêt à faire le guet des heures durant, à marcher sans laisser de trace, à faire un feu discret, à s'annoncer par un léger sifflement pour que tout puisse fonctionner correctement.

Matteu et Leandru qui ne voulaient pas quitter la jeune fille, chacun pour des raisons bien différentes, s'arrangèrent pour être chargés , le premier du poste radio qui devait être installé plus bas dans la montagne, le second de l'imprimerie des tracts qui se faisait finalement dans la grotte même.

Cela amena leur première dispute une semaine après leur installation car Matteu se rendit compte qu'il ne voyait sa sœur que très tôt le matin et tard le soir lorsqu'il rentrait à la grotte pour dormir.

Le jeune homme venait de passer toute la journée à essayer de faire fonctionner le poste radio et il n'avait obtenu que bien peu de résultats. Il remonta donc vers le quartier général du groupe, très énervé, et surtout avec l'estomac presque vide car l'un des hommes avait oublié de venir lui apporter de quoi se sustenter.

Lorsqu'il vit qu'Elisabetta s'activait à préparer un léger repas pour tous les membres du groupe et qu'elle était aidée par Leandru, Matteu entra dans une colère sombre : il se précipita vers le jeune Venazi et Il le poussa violemment.

- Fora ! Qu'est-ce que tu fais avec elle ?

- Ça va Matteu ! Nous avons préparé le repas du soir. Les hommes sont affamés et ta sœur ne peut tout faire toute seule. Elle a aussi aidé Simon à soigner Arthur qui s'est blessé ce matin.

- Je m'en moque ! Tu n'as pas à l'approcher ni même à lui parler ! Tu vas changer avec moi, tu vas aller t'occuper de la radio et moi je vais rester ici.

- Je ne peux pas, Basiliu m'a confié la responsabilité de l'imprimerie, je vais perdre plus d'un jour à tout t'expliquer et nous n'avons pas le temps.

- Oui et cela t'arrange bien de me tenir à l'écart n'est-ce pas ? Tu prépares quoi Leandru hein ? Dis-moi ! C'est quoi ton plan ? Pourquoi tu nous as obligé à te suivre ici hein ?

Simon Campiani, le bras droit de Basiliu, intervint alors :

- Matteu ! Arrête un peu tu es fatiguant ! Si tu continues à perturber autant la vie du groupe, tu retournes à Corti. Ici, nous sommes tous unis dans un seul but : libérer la Corse. Si tu n'es pas capable de faire passer l'intérêt de ton pays en premier lieu tu n'as rien à faire ici.

Le ton sec et autoritaire du médecin obligea Matteu à se taire mais le regard assassin qu'il lança à Leandru suffit à ce dernier pour comprendre que le frère d'Elisabetta n'en resterait pas là.

Prudemment, à la nuit tombée, le jeune homme s'écarta encore un peu plus du frère et de la sœur, non sans avoir fait un signe discret à Elisabetta pour lui souhaiter une bonne nuit.

Le lendemain matin, Basiliu demanda à Matteu et Leandru, les deux plus jeunes du groupe, d'aller récupérer deux coffres contenant des médicaments, de la nourriture et des couvertures supplémentaires.

Les deux jeunes gens grimacèrent : le trajet aller et retour demandait cinq heure de marche si tout se passait bien et en raison des tensions qui existaient entre eux, ils savaient que cette mission serait tout sauf une partie de plaisir.

Mais ils avaient promis tous les deux de mettre de côté les rancœurs ancestrales et c'est d'un pas rapide qu'ils quittèrent la grotte afin de pouvoir revenir au plus vite et, surtout, avant la tombée de la nuit. 

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Elle va être mouvement cette cohabitation dans la montagne je pense...

Et puis, un accident est si vite arrivé...

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