Qu'inspire un vide enflant dans le cœur de son hôte ?

   Je ne m'attendais plus à rien. Je menais ma vie au fil des jours, tel on mène un cheval dans son manège, attendant vaguement qu'entrent les flocons, dernier espoir en cet enfer sableux.
   La lumière, elle, s'éteint lentement, par petits feux. Je lève alors les yeux vers l'astre qu'éternellement je pourrais contempler. Alors de ce manège, je songe à sortir, puis dans la poudre blanche m'étendre, face aux cieux. Simplement clore mes yeux, et sentir la brise hivernale frôler ma peau ; projeter mon âme dans l'Imensité, jusqu'aux derniers instants observer mon corps inerte creuser le coton neigeux, seul.

   Toutefois, une voix, mélodieuse résonne et me glisse d'encore me battre, de perdurer sans pourtant m'en donner de raisons. Quel appel me dissuaderait, après tout ?
   Malgré cela, une part de moi dérive et suit les récifs de mes rêves d'antan. C'est alors que me reviennent ces petites choses, qui depuis toujours me réveillent et me guident.
  
   Il est des mélodies qui, tombées dans l'oubli, ne doivent cesser de battre. Des mélodies qui vous caressent et percent un de vos moteurs pour y ajouter une cause.
  
   Si tard, battant, un corps, majestueux.
   Bien loin, une harpe dont le frôlement des cordes forme la plus somptueuse des armes.

   Ce n'est qu'un combat, et pourtant une guerre se livre. Fuient les lianes qui confinaient autrefois l'organe de porcelaine, vibrant d'irrégularité.

"Regarde, une perle. Elle tombe prestement. Ne l'arrête pas, tu ne le peux. Qu'importe sa forme, son chemin est tracé. Ecoute-là seulement. Vibre avec elle, le temps qu'elle ne parcoure puis achève sa route. Ne tente guère de la toucher, à ton contact elle ne serai que plus perdue. Barocco."

   S'éteignent les flocons de l'univers.