5.2
[Après le fan-art de Draco, je vous présente Harry sous mon crayon. Des yeux verts, des lunettes rondes, une cicatrice en forme d'éclair et, évidemment, sa tignasse indomptable !]
Et tout recommença. Le pied de l'homme martelait le ventre du prisonnier qui protégeait ses cotes comme il le pouvait, se recroquevillant de son mieux sur le sol froid.
Perdu dans les méandres d'une vive douleur, il n'entendit même pas la porte s'ouvrir en fracas. Draco se tenait sur le seuil, une colère sourde dévorait ses traits harmonieux. Harry perçut à peine sa voix traînante s'élever dans le silence quasi parfait du bureau :
—Schmidt !
Cela suffit à interrompre le geste du plus âgé qui s'immobilisa avant de faire face au grand blond. Ils se toisèrent en silence plusieurs seconde durant avant que l'homme ne réponde, comme une provocation supplémentaire :
—Malfoy.
L'intéressé se tendit, croisant le regard trouble d'Harry. La douleur voilait les yeux de ce dernier qui peina à se redresser. Draco semblait hors de lui, presque davantage encore que la veille. Si son homologue demeurait impressionnant, il n'égalait pas la prestance naturelle de l'aristocrate. Celui-ci se tenait bien droit dans son uniforme, tenant tête à son aîné sans tressaillir.
—Un problème, Malfoy ? persifla, en Allemand.
—Sortez ! cracha l'officier, fortement.
—Je vous demande pardon ?
Le nez de Draco se fronça, démontrant son mécontentement. Il évitait soigneusement le regard du juif, un regard serti d'incompréhension et de souffrance. Habitué à tout cela, il se rappela que c'était lui qui la provoquait d'ordinaire. Il vociféra, d'une voix qui ne laissait suggérer aucune forme de protestations :
—Sortez ! Tous les deux !
Goyle obéit le premier, quittant docilement la pièce. L'autre réfléchit un moment. La place privilégiée du blond lui permettait de lui donner de tels ordres malgré son jeune âge. Pourtant, le goût de cet affront demeurait amer dans la bouche de l'homme. Chassé de son propre bureau, il sortit dans un reniflement et après avoir soigneusement essuyé sa matraque avec un mouchoir en tissu.
Draco profitait rarement à ce point de son statut. En effet, l'influence de son père lui avait permis d'accéder à une place de choix au sein même de la SS. Il avait ainsi échappé au front et aux camps de concentration situés dans son pays natal. L'Allemand exerçait même un certain pouvoir sur des hommes beaucoup plus âgés que lui, ce qui attisait la jalousie des sympathisants d'Hitler. Sa place, très enviée, lui permettait une main mise presque incontestable sur les décisions des autres nazis. Il appréciait ce sentiment de puissance lorsqu'il lançait des ordres à la cantonade et que l'on s'y pliait, sagement. Cela compensait presque le vide instauré par le départ de Munich. Seulement presque.
Harry vacillait dangereusement, peinant à se maintenir sur ses genoux. Sonné ainsi, tout semblait tanguer sous poids et cette sensation couplée à la douleur étaient des plus désagréables. Dans le regard de son présumé sauveur, il pouvait distinguer le mépris qui se détachait de la surface aussi lisse qu'un miroir. Le mépris et la pitié, peut-être, mais le reste demeurait indéchiffrable.
—Debout, articula Draco, distinctement.
Cette fois, le juif tenta d'obéir, mais accusa un cuisant échec. Ses jambes ne lui permettaient pas d'adopter une position correcte pour le moment et cela acheva d'agacer le blond qui soupira, las.
—P-Pourquoi ? balbutia Harry, sans comprendre.
L'interrogation glissa sur le SS sans même l'atteindre. Il ne souhaitait pas prétendre une quelconque parole et conserva son visage de marbre. Cela sembla encourager le plus jeune qui renchérit, avec toute la force que le désespoir et la douleur lui conféraient :
—Pour me torturer de tes mains ?
—Ne t'essaie pas aux hypothèses, grinça Draco, avec orgueil.
—Alors pourquoi ?
—Lève-toi, Potter.
L'incitant à obtempérer, l'Allemand tira l'autre par le haut de son vêtement, le hissant tant bien que mal sur ses pieds. Harry grimaça sourdement, la manière dont l'homme avait prononcé son nom ancrée dans son esprit. Par la manière dont le « Potter » avait roulé dans sa bouche. Par ces syllabes ordinaires qui coulaient élégamment d'entre les lèvres de l'aristocrate.
Sans le lâcher, Draco l'entraîna à sa suite. Ils sortirent d'un même pas de la pièce avant de parcourir des dizaines de mètres d'un pas énergique. Pour la énième fois en moins de vingt-quart heures, le Français était traîné plus qu'il ne marchait de lui-même. La douleur vrillait ses cotes et son visage et il peinait à suivre le rythme de son aîné. Pourtant, il ne se risqua à aucune remarque, conservant un silence aussi douloureux que les battements déraisonnés de son cœur contre sa cage thoracique.
Sans trop comprendre ce qu'il se passait, Harry se retrouva à l'extérieur. Ils avaient croisé de nombreux nazis dans les couloirs du bâtiment servant d'office, jusqu'alors, de gendarmerie, mais aucun ne les avait arrêtés. Respirant une bouffée d'air pur, l'homme se laissa guider dans une rue, plus calme que le centre de Strasbourg, faisant l'angle du grand bâtiment. La respiration courte, il réalisa à peine que la main de Draco était toujours accrochée à son haut. Il dit, précipitamment :
—Qu'est-ce que vous faites ? Je ne comprends pas. Pourquoi ?
Agacé au possible, et visiblement encore rattrapé par un manque certain de sommeil, l'interpellé ne répondit pas immédiatement. Il réfléchit une poignée de secondes, pesant le pour et le contre équitablement avant de dire, avec tout le calme dont il était encore capable :
—Oublie tes questions, et retiens bien ça, c'est un conseil que je te donne : évite d'en poser et tais-toi.
—C'est facile de se taire. Ça ne me dit pas pourquoi vous avez fait ça pour moi.
—Je te sauve la vie alors accepte mon offre avant que je n'en vienne à changer d'avis.
Harry secoua la tête, incrédule. Il n'était pas idiot, bien au contraire et il savait surtout reconnaître sa chance lorsqu'elle se présentait à lui. Il ne possédait plus la même hargne que la veille. Draco retira sa main, libérant le plus jeune de son emprise. Ce dernier tourna les talons et, au moment où il allait s'en aller véritablement, il murmura, sans se retourner et du bout des lèvres :
—Merci.
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La nuit était tombée et Draco profitait d'une calme soirée dans son nouveau logement. Ses luxueux appartements appartenaient à l'une des très nombreuses familles qui avaient fui la menace nazie alors qu'il en était encore temps. L'Allemand ne ressentait pas, ou très peu, de culpabilité alors qu'il occupait illégalement les lieux.
Le silence régnait dans le grand salon, à peine entrecoupé des craquements sinistres du bois dans la cheminée. L'homme tenait dans ses mains une feuille. Quelques mots y trônaient à l'encre noire mais un nom attirait l'attention, inscrit en lettres capitales au beau milieu du papier : HARRY POTTER.
La gorge nouée, Draco évacua sans un son, sans un froncement de sourcils les émotions que la journée lui avait apportées. Cela lui permettait d'ordinaire de tenir le coup, de ne pas se laisser submerger. Mais, en ce jour, il se demandait pourquoi ce garçon, ce prénom innocemment inscrit, lui trottait dans la tête.
À moins que cela ne soit le terme « juif », tapé en dernier comme un avertissement. La haine que ce mot lui inspirait, vestiges d'années d'éducation et d'endoctrinement, se couplait avec son geste. Il avait relâché ce jeune homme sans lui infliger la moindre raison valable. Pourquoi cela ? Lui-même ne possédait pas la réponse et il s'agissait sans doute là du plus douloureux. N'importe quel nazi à sa place aurait traqué ce dénommé Harry afin de le jeter en prison sans autre forme de jugement, mais il n'en trouvait, en cette nuit pure et douce, aucune utilité particulière.
Les paroles du jeune adulte lui revenaient à l'esprit. Il se souvenait du moindre détail, étonné d'y prêter une telle attention. Les mots étaient durs à son égard et Draco s'était montré pire encore, mais fallait-il s'attendre à mieux ? À pire alors ? L'Allemand et le Français semblaient être fait pour se détester, pour se vouer une haine réciproque et éternelle.
Fort de cette réflexion et de toutes celles qui hanteraient les heures suivantes, le blond jeta la feuille dans la cheminée, au cœur du brasier. Il l'observa brûler, distingua sans ciller les flammes lécher le papier avant qu'il n'en reste que des cendres. Il regarda tout cela sans agir, responsable malgré lui d'une trahison dont il ne regrettait rien.
Publication coup de vent qui ne devait pas avoir lieu mais pour laquelle je m'arrange malgré tout (petit cadeau de vacances).
L'intervention de Draco n'est pas de si mauvais augure, si ? Que pensez-vous de son comportement d'ailleurs ? Il souffle le chaud et le froid, sauve Harry tout en gardant une attitude qui lui est propre.
Je pars en vacances dès ce soir (dix heures de voiture, un pur délice) et serait dans l'incapacité de publier quoi que ce soit durant plus de dix jours. Ce qui signifie : pas de chapitre la semaine prochaine ... Je reste disponible pour répondre à vos petits commentaires, ça va de soi :3
Profitez de ces vacances à fond ~
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