40.2

— J'ai toute ton attention, maintenant ? Sache que s'il te vient l'envie de me doubler, de remettre ma parole en question, ce n'est pas un simple objet que je leur déroberai. Même si ton précieux Harry n'était pas ravi que je lui emprunte cette vulgaire boîte ! La prochaine fois, je lui couperai un doigt !

Draco déglutit. Ainsi, Nott ne plaisantait pas et sa cruauté dépassait l'entendement. Il le lisait dans son regard, dans la folie et l'ambition démentielle qui y luisaient. L'autre soupira, retirant finalement ses bottes des papiers souillés de boue.

— Je me demande bien qu'est-ce que tu peux trouver à ce sale juif ! Entre lui et le nègre, tu as des fréquentations qui ne plairaient ni à ta tendre fiancée, ni à ton père.

— Tu as perdu la tête, Nott ! Tu comptes maintenir tes petits arrangements ici ?

— Bien sûr, et je compte sur ta discrétion. Rappelle-toi, un pas de travers et je couperai un doigt au Français. Ou peut-être toute la main, qui sait !

Le blond fut saisi de nausées. Il conserva sa contenance, ne laissant que peu d'émotions le trahir. Son adversaire, plus redoutable qu'il l'avait imaginé, pourrait s'en servir contre lui et il n'en était pas question. Il ne lui offrirait pas une chance supplémentaire d'asseoir cette répugnante autorité. Lui qui avait toujours refusé les ordres, qui avait toujours été celui qu'on obéissait, y voyait une humiliation du destin.

— Tiens, je te le donne ! En gage de sûreté, lança Nott, lui tendant l'écrin si précieux aux yeux d'Harry.

Draco s'en saisit et le rangea soigneusement. C'était désormais la seule chose qui le rattachait à son amant. La peur aveuglait son jugement et sans doute qu'Hermione aurait agi différemment à sa place, davantage portée sur la réflexion qu'il ne le sera jamais. L'autre souriait de cette docilité étonnante, mais jouissive.

— Je te contacterai pour les modalités de notre... accord.

— Lorsque tu auras décidé ce que tu exiges de moi, ironisa Draco, que ce jeu dangereux agaçait franchement.

— Ne soit pas mauvais joueur ! Tu as toujours eu ce que tu voulais, un parfait enfant gâté et tu n'as jamais pensé à partager. C'est dommage ! Et si nous commencions par de l'argent ? Je te donne une somme et tu me la ramènes dans les plus brefs délais.

Draco s'étrangla. De l'argent ? Nott était-il réellement en train d'élaborer les règles de son propre jeu juste sous son nez ? C'était démentiel au point où il peinait à y croire. L'air satisfait, son homologue proposa une somme. Une somme élevée qui estomaqua l'aristocrate allemand.

— Je ne dispose pas d'un budget infini, Nott ! Ma fortune est avant tout celle de mon père.

— Je suis certain que tu sauras te montrer ingénieux. Après tout, rien n'est impossible pour l'héritier Malfoy !

Le blond serra la mâchoire et encaissa, une fois de plus. L'argent n'était pas la pire chose que cet odieux chantage pouvait comprendre, il savait que des clauses bien moins aisées ne tarderaient pas à apparaître. Il ne demandait qu'une chose : fuir de la pièce où l'homme avait élue domicile et réfléchir à tête reposée à tout ceci. Hermione trouverait bien une solution, elle qui avait réponse à tout. La jubilation de Nott et sa fatigue ne rendaient pas grâce à son jugement et il craignait de laisser passer un détail, un infime détail. Pourquoi n'abattrait-il pas cette enflure lorsqu'il serait autorisé à récupérer son arme ? Non, qui sait quel autre homme avait été mis dans la confidence et il ne saurait jamais où se situe sa planque. Non, il n'était pas un assassin et refusait de salir ses mains du sang impur de ce lâche.

— Je pense qu'on en a fini pour ce soir. Des questions ?

— Aucune à laquelle tu pourrais répondre, maugréa Draco, avec humeur.

— Eh bien ! Merci d'avoir répondu positivement à ma petite invitation, lança le garçon, tapant ses mains l'une contre l'autre avec un enthousiasme déplacé.

— Parce que j'avais seulement le choix ?

— Le choix, on l'a toujours Draco...

Le même sourire insupportable effila les lèvres de l'autre. Y avait-il existé une autre issue ? L'héritier Malfoy n'en saurait jamais rien, piégé comme il l'était, forcé de s'incliner alors que sa nature lui dictait le contraire. Le serpent sifflait sa rancune et songeait déjà à sa vengeance.

Sans attendre la moindre autorisation, sa rage ne se traduisant que par des œillades glaciales dont il avait le secret, il reprit possession de son arme. Il rangea le revolver, mu par une envie viscérale de détruire l'expression triomphale de Nott d'une balle en pleine tête. Il s'apprêtait à quitter son propre bureau lorsque celui-ci le retint :

— J'oubliais ! Je me suis permis d'ouvrir ton courrier.

— Tu as...

— Rien d'intéressant dans toute cette paperasse, tu jugeras par toi-même. Enfin... à l'exception de celle-ci.

L'Allemand secoua sous son nez une missive décachetée, narguant passablement le blond. Il souriait toujours, jouant de la maîtrise qu'il possédait sur la conversation, une maîtrise incontestée et délicieuse.

— Ne me regarde pas comme ça, on dirait que tu vas me chier un vers !

— Surveille ton langage, Nott ! grinça Draco, sa patience atteignant une inquiétante limite.

— Je ne crois pas, non.

Le plus jeune eut le bon goût de conserver un silence dur, mais éloquent. Il mourait d'envie de lui faire ravaler la moindre de ses paroles et il jura que cet énergumène paierait pour son audace comme pour sa cruauté.

— C'est une lettre de ta douce épouse, indiqua Nott, guettant la réaction de sn interlocuteur avec avidité.

L'intéressé sentit son sang se glacer dans ses veines, mais tâcha de ne rien en montrer. Si Pansy s'était donnée la peine de rédiger une lettre, c'était qu'elle avait une nouvelle d'importance à lui communiquer et cela ne pouvait être un bon présage. S'éloigner de sa femme avait été l'un des avantages de son retour à Strasbourg et il craignait que cela vole en éclats au même titre que le désastre que représentait cette journée.

— J'aimerais la lire, si tu n'y vois pas d'inconvénient, lâcha Draco, soutenant le regard de celui qui le tourmentait.

— Laisse-moi t'en faire un résultat, j'insiste ! Elle te prévient, avec beaucoup d'impatience et de joie, de son départ prochain pour l'Alsace. Je te passe les détails embarrassants, mais elle meurt d'impatience de te retrouver. Une vraie bonne femme ! C'est qu'il est chanceux, le fier héritier Malfoy !

Draco ne partageait pas l'enthousiasme de Nott. En vérité, il percevait cette nouvelle comme une condamnation. Pansy était une femme collante qui n'en démordait pas et il ne s'imaginait pas jongler entre son épouse et sa fille auprès de ceux qu'il considérait comme sa famille. Tout cela lui causa une épouvante supplémentaire, le destin s'acharnant sur son sort sans lui accorder le moindre répit.

— Et moi qui pensais t'annoncer une bonne nouvelle, tu en tires une tête !

— Je n'ai pas la moindre envie que ma femme se retrouve impliquée dans les affaires louches dans lesquelles tu patauges, Nott. Navré de ne pas partager ma joie de retrouver ma charmante épouse !

— Avec un peu de chance, le temps qu'elle arrive, j'aurais obtenu ce que je recherche...

Rien n'était moins sûr, même aux yeux de celui qui le manipulait comme un débutant, mais avec la cruauté des plus grands. Le prédateur, celui que personne n'aurait jamais qualifié comme tel tant il était habitué à se fondre dans la masse, seule la lueur de folie qui habitait son regard renseignant autrui de sa dangerosité, se nourrissait de ce désespoir palpable.

Nott s'insista pas davantage et laissa sa proie lui échapper après lui avoir remis la précieuse missive, s'enfoncer dans les méandres de la nuit. Derrière la simplicité d'esprit que ses collègues lui attribuaient volontiers se cachait ce monstre. Il réfléchissait désormais à la réaction du blond lorsqu'il avait énoncé le nom de Pansy. Tout cela ressemblait à une excuse et la peur qui avait animé à l'évocation des deux prisonniers le plus jeune lui paraissait immense. Il se promit alors de démêler les non-dits du mensonge afin de précipiter la chute de Draco Malfoy.


Eh oui, encore deux chapitres ce soir, mais ils sont tous les deux courts (1300 mots) et j'avais envie de vous gâter. En fait, je songe à poster régulièrement un chapitre entier par semaine et puisque je n'ai aucun autre soir de libre (chaque jour de la semaine est réservé à la publication d'un chapitre de mes autres projets), je poste tout le même soir. Pensez-vous que ça soit une bonne idée ou est-ce que ça fait un peu trop d'un coup niveau lecture ? Je préfère que vous soyez sincères plutôt que de remarquer que vous ne suivez plus ;)

J'ai accessoirement fini Cueillir les étoiles vendredi, il y a quelques jours. C'est encore très frais, un peu douloureux (j'y ai laissé ma petite larme), mais je peux me permettre de poster plus souvent si vous êtes partants (il vous reste plus de vingt chapitres à lire !). Plus de deux ans que je travaille sur cette fanfiction, ça me fait quelque chose <3

Je vous embrasse !

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