29.1
/!\ Le chapitre qui comprend un contenu explicite qui ne convient pas aux plus jeunes ni au plus sensibles. N'hésitez pas à sauter cette partie si cela vous met mal à l'aise /!\
Belfort, 10 octobre 1940.
Harry avait suivi chaque geste de son amant, du regard affamé et tendre qu'il avait posé sur lui, jusqu'à la caresse qui combla sa peau fiévreuse. Le baiser qui trouva le chemin de ses lèvres lui coupa le souffle, mais ne le combla pas. C'était bien trop peu.
—Est-ce que tu comptes partir sous prétexte que je suis souffrant ? s'enquit-il, alors que la bouche de Draco narguait la sienne de son insoutenable proximité.
—Cela dépend... T'en sens-tu capable ?
Harry déglutit avec difficulté. Son cerveau conditionné de médecin l'encourageant à la prudence tandis que son désir l'invitait à faire fi de tout ce qui saurait le contraindre. Il se savait faible et n'était pas certain de pouvoir se vanter de la forme nécessaire. Pourtant, une part de lui se moquait bien de la retenue et il était bien tentant d'écouter cette petite voix charmeuse.
—Les rôles s'inversent, il y a peu tu étais le blessé et je jouais les médecins.
—Ma guérison a été optimale, docteur, articula Draco, empruntant ses airs de séducteur.
—Pourvu que la mienne le soit tout autant.
—Laisse-moi m'en assurer.
Soudain, la tournure que prenait la conversation plut à Harry. Le regard serti de luxure de son amant le fit se sentir désiré malgré l'état de son corps meurtri. Il fit d'ailleurs part de cette crainte à son partenaire, masquée derrière un brin d'assurance factice :
—Ce visage ne devrait pas te donner envie de...
—Le mien ne t'a pas repoussé, rétorqua Draco, qui ravala une blague déplacée au sujet de sa beauté exceptionnelle peu importe les circonstances.
Harry se tut, tout esprit de protestation envolé. Seule la migraine qui le torturait demeurait comme argument acceptable. Le regard de luxure que l'homme coulait sur son être ravivait une envie qui n'avait jamais été aussi terrible. Sa main quitta la cuisse de l'Allemand pour se glisser derrière la nuque recouverte de cheveux blonds. Il admira avec une dévotion inchangée la perfection de cet épiderme pâle, presque diaphane.
Draco prit ce geste pour le consentement qu'il attendait et, en effet, le Français ne tenta pas de se soustraire à son toucher. Ses doigts glissèrent le long de l'attache de son vêtement avant de retirer cette entrave d'un geste lent et calculateur.
—Tu as décidé de me faire perdre complètement l'esprit ? s'enquit Harry, qui réalisait qu'ils ne s'étaient jamais risqués à de telles paroles durant ces moments d'abandon.
—J'achève ce que le traumatisme crânien a commencé, sourit Draco, ses lèvres se déposant sur la peau découverte à la naissance de l'épaule.
—Je ne suis pas encore complètement gâteux.
—Mais tu n'es pas suffisamment fort pour m'échapper.
Comme pour lui prouver le contraire, Harry se débattit légèrement, mais la bouche de son amant se faisait pressante. Il abandonna la lutte, la fraîcheur de la pièce heurtant son épiderme nu. Installés sur le petit lit dans une position précaire, ils se fichaient de ces détails. Le juif se débarrassa de la couverture alors que son aîné embrassait ses lèvres avec plus d'impatience. Les effluves de leurs ébats passés revinrent à l'esprit du médecin qui sentit le rouge lui monter aux joues. Les mains inquisitrices posées sur son corps ne lui laissaient pas le moindre répit et il se dit qu'il en avait certainement besoin. Oublier la guerre, les actes qui l'avaient mené à risquer sa vie, l'horreur qui régnait sur ce monde triste.
Une cacophonie de sentiments le bouleversa alors que son regard heurta celui de Draco. Il aurait pu en pleurer, sans en comprendre la raison de cette émotivité nouvelle. Son visage s'échoua dans le creux de l'épaule du blond et le contraignit à ravaler ces pensées décousues. Son vis-à-vis caressa son dos après la surprise enfuie. Ses caresses se précisèrent, gagnant le torse, puis le ventre du jeune homme. Celui-ci frémit, ses doigts se risquèrent sur le vêtement de l'aristocrate qui stoppa son geste en se saisissant des mains baladeuses. Il dit, avec un sérieux mêlé de malice :
—Non. Laisse-moi te prouver toute ma reconnaissance.
—Tu n'es pas forcé de la prouver comme ça.
—Un mot de ta part et je m'en vais, promit Draco, non sans se revêtir d'une certaine gravité. Je ne voudrais pas t'épuiser lors de ta convalescence. Le médecin m'en voudrait.
Il soufflait le chaud et le froid sans discontinuer et au grand plaisir de son partenaire. Si cette tendance avait donné naissance à de nombreuses disputes, il fallait admettre qu'elle représentait un véritable atout dans l'intimité.
—Le médecin ici, c'est moi, articula Harry, mu d'une assurance éphémère qui ne tarda pas à s'éteindre lorsque les baisers de son amant se perdirent le long de sa mâchoire.
Draco délaissa la ligne de sa joue pour s'égarer sur toute la longueur de cette gorge offerte. Il recouvrit l'épiderme frissonnant d'embrassades alors que son cadet s'abandonnait, secondes après secondes, à cet agréable traitement. Ses mains retombaient le long de son corps et, les jambes basculées du côté du lit, il s'offrait au bon vouloir de son amant. Ce dernier n'était pas en reste et profitait allègrement de ce qui lui était donné.
Harry finit par saisir le visage du blond entre ses doigts pour quérir les lèvres entrouvertes. Une étreinte passionnée qui s'éternisa jusqu'à ce que le juif ne s'écarte pour reprendre son souffle. Sa respiration erratique lui retirait le peu de contrôle qu'il conservait sur les événements. La proximité troublante de cet homme –un homme !- représentait une savante torture. La beauté de cet être lui sautait aux yeux, l'alliage parfait entre l'harmonie des traits et la singularité de l'ensemble. Et puis, ces yeux gris sans nul pareil, ces deux lames tranchantes sur lesquelles Harry aurait volontiers sacrifié sa vie.
Les mains de Draco se perdirent à la frontière de son pantalon, heurtant la boucle de la ceinture. Après une brève œillade avec son amant, le jeune aristocrate se résolut à faire sauter l'attache. Il souleva précautionneusement le bassin du brun pour retirer le vêtement et dévoiler l'attirante nudité.
Le coup d'œil approbateur de l'Allemand ne put laisser son partenaire indifférent. Il tourna la tête vers le mur décrépi dans l'espoir de masquer l'inavouable rougissement de ses joues. Alors que des doigts flattaient sans véritable contact son sexe érigé, pour le simple plaisir de voir le corps nu se tortiller, la bouche de Draco s'approcha de l'oreille d'Harry. Des mots crus, d'une obscénité sans nom, se frayèrent un chemin jusqu'à l'esprit déjà embrumé du pauvre convalescent. Il ajouta, au terme de ses dires :
—Tu devrais te voir, Harry... Toutes les femmes devraient te voir comme ça. Un appel à la luxure, à la débauche...
—Tu les autoriserais ? hoqueta l'intéressé, qui recherchait désespérément le toucher.
—Bien évidemment que non.
Alors, les doigts de Draco s'enroulèrent véritablement autour de la hampe dressée avant d'imprimer quelques mouvements. Les soupirs et la respiration toujours plus rapide d'Harry récompensèrent le cœur que l'homme mettait à l'ouvrage. Un sourire satisfait ourla ses lèvres alors qu'il œuvrait toujours en faveur des tourments de son amant. Les yeux fermés, le Français savourait pleinement ce qui lui était offert, les échos du plaisir gagnant ses oreilles pour y jouer une symphonie mélodieuse.
Alors, Draco retira sa main pour approcher ses lèvres du sexe du juif. De cette manière, sans prévenir, il arracha un gémissement à Harry. Sa tête partit en arrière, frappa le mur avant qu'il ne lâche un second cri étouffé.
—J'en serais presque navré, commenta le blond.
—Tais-toi, rétorqua l'autre.
En élève presque trop studieux, l'homme s'attela à sa tâche sans plus protester. Luttant contre la douleur qui irradiait son crâne et contre les effluves de volupté qui se dessinaient déjà, Harry étouffait tant bien que mal ses complaintes.
Draco sentit tout clairement le corps de son amant se tendre avant que la jouissance ne s'éprenne de lui. La semence s'écoula entre ses lèvres jusque dans la gorge de l'Allemand qui ne se retira qu'après, un sourire rare fleurissant au creux de sa bouche. Les yeux clos, Harry se remettait de l'orgasme alors que l'aise, l'euphorie et la quiétude se superposaient en son sein. La respiration courte, le rythme cardiaque sans doute bien trop élevé, l'homme se remettait à grande peine.
—Ne prends pas cet air surpris, lança le blond.
—Je suis désolé, souffla Harry, sans réfléchir.
Draco se redressa avant même d'avoir réalisé quelle position humiliante, à ses yeux, avait été la sienne. Il embrassa les lèvres de son partenaire satisfait et repu de félicité qui goûta, par ce geste, la saveur de son plaisir. Le désir apaisé, il pouvait enfin retrouver ses esprits. Il articula, le visage de son vis-à-vis tout proche du sien :
—Je remplirai ma part quand j'irai mieux, tu as ma parole.
—Tu ne me dois rien, répliqua le plus âgé, un brin sec dans ses paroles.
En réalité, l'Allemand avait perçu une sorte de nécessité dans les dires d'Harry. Comme un échange de procédés conclu à l'avance, presque un devoir pour deux hommes qui désiraient avant tout assouvir leurs envies. En dépit de tout ce qu'il avait pu dire et penser au sujet de l'inversion, il refusait que leur relation ne se tienne à cela. Un vulgaire passe-temps dont tous deux sauraient se passer.
Draco déglutit, sa main caressant pensivement les contours du visage paisible. Il lisait encore les stigmates douloureux de l'escapade de l'avant-veille. Ses gestes trahissaient d'ailleurs une précaution certaine, une tendresse qu'il ne saurait s'avouer. Il eut une réflexion, celle de confier cela à son amant et de ne jamais plus la garder pour lui. L'origine des sentiments naissants, ces travers inacceptables, il lui fallait mettre des mots dessus.
Plus tard ! Rien ne presse, ce serait tout gâcher par des confidences sentimentales qui ne te ressemblent pas ! Attends, ne serait-ce que quelques semaines. Attends un peu.
La gorge nouée, lui-même surpris de cet afflux d'émotions, Draco embrassa avec douceur la joue de cet homme d'exception. Il coupa court à ses pensées dispensées de logique par ce geste, comme s'il souhaitait se faire pardonner de sa brusquerie. À demi-mots, évidemment, car il demeurait le même aristocrate prétentieux et un Malfoy ne s'abaissait pas à s'excuser. Draco Malfoy n'avouait en aucun cas sa faiblesse, encore moins lorsqu'elle empruntait l'ombre d'un homme !
—Repose-toi, finit-il par lâcher, avec toute la compassion dont il était capable.
Harry suivit le départ de son amant du regard sans comprendre ce changement d'humeur et le trouble qu'il avait perçu dans les yeux gris de l'aristocrate. Pourtant, dans le plus grand des secrets, il partageait ce secret inavouable.
Navrée pour ce petit jour de retard, j'espère que ce (petit) lemon aura su excuser cet oubli (ou cet indisponibilité) :3 Ce lemon est le dernier de cette première grande partie, j'espère qu'il aura été satisfaisant !
Belle fin de journée à vous. Je vous embrasse !
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