1.2
Hermione sortit comme une furie de la maison familiale, sa masse capillaire impressionnante semblait illustrer son humeur du jour. La moue boudeuse, elle reconnut Harry et Ron dans l'allée, marchant sans grande volonté. La jeune femme les rejoignit en quelques enjambées, toisant froidement le rouquin pour se planter face au second.
—Ça fait un quart d'heure que je vous attends. Viens, Harry, il est à l'intérieur.
Sans trop comprendre le comportement de l'Alsacienne vis-à-vis de son nouvel ami, l'interpellé se laissa entraîner sans manifester la moindre résistance. Hermione n'était pas toujours ainsi mais se montrait victime des événements de la vie. Son intelligence lui faisait parfois défaut et l'entraînait vers des interrogations douloureuses. Si elle les gardait pour elle la plupart du temps, l'arrivée des deux garçons dans sa vie l'amenait à se confier, à leur faire part de ses peurs.
—Tu ne m'as pas dit de qui il s'agissait, ni de quoi il souffre, l'apostropha Harry alors qu'elle claquait la porte derrière elle.
Son père et elle avait aménagé une petite chambre au rez-de-chaussée pour accueillir les malades. Dépourvue d'un quelconque diplôme, Hermione exerçait malgré tout la profession de son paternel qui, quelques années auparavant, travaillait dans le plus grand hôpital de la région. Il avait abandonné cet emploi à la mort de sa femme afin de s'occuper de sa fille unique. Une histoire qui avait forgé cette famille sans problème qui offrait leurs services aux plus nécessiteux.
—Richard Lebois, il a des maux de ventre depuis deux jours et il ne mange plus. Sa femme me l'a ramené il y a une heure, débita la femme.
Harry hocha la tête, les sourcils froncés. Ils pénétrèrent ensemble dans la petite pièce où leur patient du jour attendait leur venue. Ils ne le connaissaient que trop bien et l'homme passait certainement plus de temps à s'inventer des maladies qu'à travailler véritablement. Il était l'un des nombreux boulangers de Strasbourg et amenait toujours quelques pâtisseries lorsqu'il venait se plaindre d'une nouvelle douleur. Le voir ainsi alité tira un sourire au jeune juif qui reprit rapidement son sérieux.
Pendant plus de deux heures, ils s'affairèrent. Les malades se succédaient et repartaient toujours soulagés. Hermione conserva son professionnalisme sans défaillir une seule fois, forte et performante dans le métier qu'elle exerçait. Harry la seconda avec brio, s'accoutumant aux gestes opportuns et aux réflexes qu'il lui fallait acquérir.
Finalement et aux alentours de midi, ils purent prendre congé. Le front légèrement humide, l'Alsacienne soupira. Sa sombre humeur s'était quelque peu dissipée et travailler aussi farouchement l'avait soulagée d'un poids. Elle défit le tablier et le plia soigneusement sur la chaise sans accorder un mot à son homologue.
—Hermione ? la héla le plus âgé, d'une voix propre aux circonstances.
—Oui, Harry ?
—Est-ce qu'il y a un problème avec Ron ?
Elle se tourna brutalement en direction de son vis-à-vis, ses yeux noisette semblables à des braises ardentes. Son courroux ne fut que de courte durée et elle finit par répondre, tout en stérilisant les instruments :
—Il ne me comprend pas et j'en ai assez de me justifier sans arrêt.
Le jeune homme sourcilla, une expression perplexe sur ses traits qui conservaient quelques légères rondeurs dues à l'enfance. Implicitement, il invita son amie à lui apporter les explications nécessaire et celle-ci s'attela à cette tâche :
—Je ne suis pas dupe, je sais qu'il ne me croit pas. La guerre va éclater et je ne peux pas croire que tout le monde persiste à espérer des dégâts minimes. Le conflit qui se prépare n'aura rien en commun avec ce que nous avons déjà connu. Mon père a peur et moi aussi. Le régime qu'Hitler a mis en place devrait tous nous alerter et on .... on devrait tous y penser. On n'est pas de taille à tenir tête à l'armée allemande, ça va être un massacre !
—Les gens savent, contra doucement Harry.
—Personne n'ose rien faire. Ils désertent les rues, jouent les effrayés et pensent à quitter la région mais rien de plus. Et le gouvernement est aussi inactif qu'eux. Ce ne sont que des mots et, bientôt, les Allemands seront à nos portes.
Elle avait prononcé ce discours sans prendre la moindre pause. A peine avait-elle respirée une fois ou deux, exposant ses pressentiments avec un bouleversant naturel. Harry but ses paroles, celles qui faisaient écho à une angoisse passagère qu'il s'efforçait de taire. La franchise d'Hermione avait de quoi étonner, d'autant plus qu'elle s'exprimait comme si elle avait pensé mille fois ces mots. Comme si elle se répétait sans se lasser l'objet de ses peurs les plus insupportables.
—C'est ça, que Ron ne comprend pas ?
Ce dernier l'avait prévenu de l'humeur de l'Alsacienne mais, à présent qu'il lui faisait face, le juif n'avait plus aucunement l'intention de s'en moquer.
—Oui, ça lui échappe totalement. Il pense que j'exagère et que, même si la guerre éclate, ça ne se passera pas comme ça. Il me l'a encore dit ce matin.
—Je ne le connais pas très bien mais c'est Ron. Il pense pas forcément ce qu'il dit.
—Ca, il le pense. Tout le monde le pense, Harry. Je pensais que lui, ça serait différent.
Le dénommé haussa les épaules sans apparaître comme entièrement désintéressé. Il n'était pas exactement le garçon à qui il fallait confier ce genre de choses. Il se révélait assez mauvais dans l'art de consoler les cœurs en peine tout comme le moral lorsqu'il s'avérait être au plus bas.
—Je peux lui en parler si tu veux, proposa-t-il, finalement.
—Il va partir. Il me l'a dit juste avant qu'il vienne te chercher.
—Pourquoi ?
—Il veut rejoindre ses frères, dit Hermione, sans rien masquer de la rage et de la déception de sa voix.
Son homologue ne trouva rien à lui dire. Rien qui ne saurait rassurer ses attentes brisées. Etranger à tout cela, il avait malgré tout très vite compris les sentiments que nourrissait la jeune femme pour le rouquin. Si celui-ci y demeurait aveugle, cela crevait les yeux d'absolument tout leur entourage. Un entourage avec lequel Harry se familiarisait doucement après s'être senti, des jours entiers, de trop. Un intrus que la vie elle-même aurait rejeté et qui s'invitait dans l'existence paisible d'autres que lui.
Hermione se débarrassa, d'un revers de main, de ses sombres pensées. Elle refusait simplement de se laisser abattre par l'indifférence de cet homme. Il y avait plus important, il y avait toujours plus important. Un sourire se glissa à ses lèvres tandis qu'elle se glissait à l'extérieur, goûtant à l'air agréable de ce milieu de journée. Son ainé lui emboita le pas avant de s'enquérir :
—Où est-ce que tu vas ? Ton père nous attend sûrement pour manger.
—Je vais chercher Ron. Cet idiot doit encore être en train de roupiller dans le foin au lieu de remplacer la paille des box. Suis-moi, on ne sera pas trop de deux pour le réveiller !
Etonné par ce soudain revirement de situation et par l'humeur bien moins maussade de son amie, il ne chercha malgré tout pas à saisir le cours de ses pensées. Hermione ouvrit de son propre gré la porte de la grange qui grinça dans une plainte d'agonie.
De nombreuses silhouettes apparurent face à Harry qui, figé de surprise, fut incapable de réagir. Une vingtaine de jeunes gens joyeux se tenait au milieu de la paille, entonnant fièrement :
—Joy-eux anni-ver-saiire ! Joyeux anni-versaire, Harryy !
Les fausses notes furent excusées par les sourires éclatants et l'intention des plus louables. Un léger rougissement colora les joues hâlées du juif qui applaudit furieusement en compagnie de ces visages nouvellement familiers. En première ligne, Ron ne masquait rien de sa fierté et Hermione souriait également, heureuse d'offrir ce cadeau à leur nouvel ami.
Celui-ci s'intégra à la foule qui ne cessait de chanter le très célèbre refrain. Des accolades et des embrassades accompagnèrent cette entrevue charmante et distractive. L'ambiance, festive et la bonne humeur des lieux, communicative, acheva de ravir Harry. Il avait tout juste vingt-et-un ans et la vie devant lui. Il était jeune et plein d'espoirs, que pouvait-il arriver de pire qu'une ombre passagère sur ce tableau à nouveau coloré ?
Les souvenirs des mauvais augures proliférés par l'Alsacienne s'effacèrent lentement. La lumière de ces jours radieux fit disparaître l'obscurité instaurée par les menaces et les dangers de bien sombres desseins.
La venue d'un nouveau personne : Hermione Granger !
Cette fois, les trois membres du Golden Trio vous ont été présentés. J'essaie de conserver les caractères qu'on leur connaît et de me montrer le plus réaliste possible.
Cette partie vient clore le premier chapitre. Qu'en pensez-vous ? Ce début vous plaît-il ? Dès le prochain chapitre, nous entrerons au coeur du sujet : la seconde guerre mondiale !
A très vite ~
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