Fantôme du Passé
Quand il eut prononcé son nom, le sourire narquois que j’abordais jusqu’à maintenant quitta mes lèvres. Je le regardais alors avec incompréhension. Pourquoi ? Comment avait-il su ? Les rôles avaient été échangés, il me regardait triomphant, je me repliais sur moi-même, plus faible que jamais.
Puis une marée de souvenirs m’assaillit. Je ne pouvais plus contrôler mon corps, des perles salées s’échappaient contre ma volonté de mes yeux, mes mains tremblaient et mes jambes ne me permettaient plus de tenir debout. Mes genoux rencontrèrent alors le carrelage, glacial et noir comme les bribes du passé que j’avais tenté tant bien que mal de faire disparaître, de cacher tout au fond de ma mémoire et de mon être. Mais, il était trop tard, la plaie avait été rouverte.
Tout se mit à vaciller autour de moi, j’entendis une nouvel fois le coup de feu que j’avais haï et maudis, celui qui hantait mes plus noirs et plus marquants cauchemars. Ceux qui vous réveillent au milieu de la nuit, ceux qui font battre votre cœur comme un tambour, ceux que vous quittez, trempé de sueur et plus affolé que jamais. Mon échine frémit. Je ne voulais pas y croire. Je me tournai alors vers lui. Et mon cœur rata un battement. Il était debout et regardait avec étonnement ses mains couvertes d’un liquide pourpre. L’autre s’enfuit, mais cela ne nous importait peu. J’étais pétrifiée et ce ne fut que quand il tomba à genoux que mon corps daigna enfin répondre à mes directives. Je m’élançai vers lui, refusant d’admettre ce qu’il se passait. C’était forcément un mauvais rêve. Il n’y avait pas d’autres alternatives. C’était impossible. Et pourtant, je ne voulais pas me pincer pour le prouver, redoutant que trop la conclusion.
Quand je fus arrivée à son niveau, je ne savais pas ce que je devais faire. J’étais dans tous mes états, je pleurais, reniflais, je regardais partout autour de moi, je cherchais un moyen de le sauver, mais rien ne me le permettait. Il murmura alors mon prénom. Et il me sembla alors que le monde s’arrêtait de tourner, tout devint silence, tout disparut. Son visage était tourné vers le mien, le scrutant comme pour mémoriser chaque courbe, chaque détail, chaque imperfection. Je savais que le « comme » était inutile, mais je ne pouvais me résoudre à accepter ce qui allait suivre. Je tentai alors tant bien que mal de sécher mes larmes. Ce qui allait se passer était inévitable, et, même si je ne voulais me l’avouer, je ne pouvais rien faire pour l’empêcher. Il prit alors ma main et la plaça sur son cœur. Puis, dans un souffle, il murmura alors un « merci ». Puis l’étincelle qui avait toujours été présente dans ses yeux le quitta à jamais.
Ma première réaction fut de nier. Je ne cessais de répéter ce petit mot, un des premiers que nous apprenons lorsque nous sommes enfant : non. Les perles transparentes qui avaient quitté la surface de mes joues revinrent tracer leur sillon sur celles-ci. Et quand, mon cœur, mon cerveau, mon être ne purent plus supporter la douleur de la perte, je me mis à crier comme je ne l’avais jamais fait. Les larmes ne cessaient d’affluer. Quand ma voix se cassa, je dus me résoudre à m’arrêter, mais je continuais à serrer son corps et gémissant silencieusement.
Quand je rouvris les yeux, l’homme était toujours là à me regarder.
« Pourquoi ? lui demandais-je alors.
- Il ne faut jamais croire que nous n’avons aucune faiblesse. »
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