À tous mes cœurs brisés
Cher Arthur,
Je suis désolée.
J'ai passé en ta compagnie des moments merveilleux d'amitié pure et de joie intense. Tu m'as supporté dans mes périodes les plus difficiles. Tu as illuminé et empli mes moments d'ennui. Tu as su être présent quand j'avais besoin de toi. Crois-moi, j'ai toujours essayé de rendre tout ce que tu m'as apporté, en t'aidant de la même façon, en te supportant, en t'écoutant, en t'occupant, en te faisant rire.
Si je devais t'associer à une métaphore, sans hésiter, ce serait le cœur sur la main. Mais à aucun moment, je ne m'attendais à te voir me le donner. Te voir si avide de me l'offrir a brisé ce qui restait du mien. Tu pensais m'avoir guéri, d'avoir recollé les morceaux de mon petit cœur brisé, d'avoir remodelé la partie endommagée. La vérité est que je doute que pour le moment quelqu'un puisse y arriver, car c'est avec un bon morceau que l'autre idiot est parti.
Quand tu as compris que je ne pouvais accepter ce que tu m'offrais, quand tes yeux se sont voilés, ton visage s'est figé et que tu as enchaîné sur une autre de tes blagues douteuses, j'ai honte de te l'avouer mais je voulais ne jamais t'avoir connu, n'avoir rien partagé avec toi. Je ne souhaitais que l'oubli. Comment peut-on supporter de briser un cœur quand le nôtre a connu le même sort. À mes yeux, la réponse est simple : on ne peut pas. Je suis rentrée et j'ai pleuré. Encore. J'ai tout foutu en l'air.
Mon cher Arthur, mon ami si précieux, tu ne liras jamais ces mots. Tu ne verras jamais les larmes qui ont taché ce papier et noyé certains mots. Mais j'espère que tu sais que tu as toute mon affection. Tu es quelqu'un de bon et gentil, je ne te laisserai jamais douter de cela et te supporterai sur tout le chemin qui nous reste à parcourir ensemble.
Avec toute mon affection,
Rose
Rose posa son stylo en reniflant. Elle fusilla du regard la feuille qu'elle venait de noircir avant de se diriger vers sa salle de bain. Pas besoin de jeter un regard vers son miroir pour savoir qu'elle avait une sale tête. La sensation de l'eau fraîche sur sa peau la calma et telle une âme errante, elle retourna dans son antre pour se jeter sur son lit. Le plafond lui parut digne d'un intérêt tout particulier. Son téléphone vibra une, deux, trois fois avant qu'elle daigne l'attraper en se tordant le bras d'une façon peu naturelle. Des amis. Un rendez-vous. La promesse d'une soirée entraînante.
Rose oublia tout, la déception, la tristesse, la lettre pour retourner dans sa bulle de joie, entourée de ses amis. Les musiques, les rires, les délires, les souvenirs et les nouvelles aventures. Le lendemain, elle fut presque surprise de voir la feuille chiffonnée et tâchée qui lui avait permis de libérer sur le papier tout ce qu'elle ressentait. La lettre fut déchirée, jetée et oubliée.
La boucle se relança, les moments, tous similaires, mais, en même temps, si différents, s'enchaînèrent. Les amis. Les rires. Les délires. La musique. Les confessions à deux balles. Les amis. Les rires. Les délires. La musique. Les confessions à deux balles. Les amis. Les rires...
Puis, le grand tout, l'ordre parfait du petit monde de Rose fut à nouveau dérangé.
Cher Tanguy,
Je suis désolée.
***
Ceci est un retour avec cette note un peu étrange, mais, j'ai eu cette idée qui me plaisait bien mais la forme un peu moins, alors, cette nouvelle va sans doute être réécrite. Bref, c'est un premier jet, une exclusivité.
Al'
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