CHAPITRE 8
Chapitre 8
Mon reflet dans un miroir
Les vagues s'écrasent sur la plage à intervalle régulier, emportant avec elles une bouffée d'air salé et un vent tiède. Mes doigts de pied nus et couverts d'un joli verni rouge s'enfoncent dans le sable fin et brûlant, tandis que je m'avance sur la grève gigantesque et aussi bondée qu'une fourmilière, prénommée la Bondi Beach.
Un nombre incalculable de parasols de toutes les couleurs sont ouverts et plantés dans le sol et le double d'êtres humains gambade dans tous les sens, en chahutant pour diverses raisons. Le tout ressemble à une toile bâclée, mais les éclats de soleil apportent une ambiance féérique à ce tableau.
Pensive, je passe une main dans mes cheveux afin de chasser les mèches rebelles de mon visage et je pousse un soupir ennuyé. Je suis venue ici afin de voir Noah et de le faire succomber à mes charmes. Le problème, c'est qu'il m'a seulement donné rendez-vous sur cette plage immense à une heure imprécise et que je n'ai aucun moyen de le contacter pour rendre compte de ma position. Comment vais-je faire pour le mettre à genoux devant moi et mon maillot de bain deux pièces vintage qui met mes formes parfaitement en valeur, si je ne sais même pas où il se trouve ?
Je serre des dents en le maudissant. Stupide cornichon trop assaisonné.
— Un homme tel que moi, ne pourra jamais rester indifférent face à un cul tel que le tiens.
Des phrases d'accroche, j'en ai entendu des tonnes. Mais je dois bien avouer que celle-là sort du lot.
Malgré l'étonnement que me procure cette voix ayant surgi de nulle part derrière moi, un sourire mis-surpris, mis-amusé, vient étirer mes lèvres. Je fais volte-face pour me retrouver en face d'un jeune homme que je reconnais être Cameron, le camarade d'athlétisme de Noah, si je me souviens bien. Il me reluque de haut en bas à travers ses lunettes de soleil.
Je hausse un sourcil et croise mes bras sur ma poitrine.
— C'est une bien drôle de manière d'accoster une jolie jeune femme, mon grand. Tu as encore beaucoup à apprendre.
Je me mets sur la pointe des pieds, afin de jeter un coup d'œil derrière son épaule gauche, avec l'espoir d'y trouver un Noah tout agité et surexcité par la chaleur et le beau temps, ou je ne sais quoi. Cependant, Cameron se penche un peu sur le côté, ce qui coupe court à mes rêvasseries et ramène mon attention à lui. Il sourit de toutes ses dents et je découvre deux fossettes qui se creusent dans ses joues.
— Peut-être bien. N'empêche que mon compliment t'a fait sourire et qu'il m'a même permis d'entamer une conversation avec une « jolie jeune femme » comme toi.
Il enlève ses lunettes de soleil, m'offre un clin d'œil digne d'une série Hollywoodienne pour adolescentes en chaleur et passe ses doigts dans ses boucles brunes.
— Ravie de te rencontrer...euh...
Il laisse volontairement sa phrase en suspens et je comprends qu'il attend que je me présente. Ce que je fais, sans vraiment réfléchir et avec l'envie de terminer cette conversation au plus vite, pour ensuite repartir à la recherche du « dernier des coureurs » :
— Charlie.
Son sourire s'élargit et le timbre de sa voix baisse d'une octave :
— Charlie. Je suis Cameron McCarter, pour vous servir. C'est Cam' pour les intimes, mais tu peux m'appeler Daddy si ça te chante.
— Eh bien, ce sera Cameron, pour moi.
A mes mots, il rejette la tête en arrière, poings sur les hanches, pour éclater d'un rire franc et puissant. Mon regard passe en revu son torse nu et musclé, ses épaules puissantes, son teint mat et son sourire enjôleur. Le genre de gars qui a toutes les filles à ses pieds.
On dirait moi, mais en homme.
Une fois calmé, Cameron revient à moi avec ce genre de regard entendu qui veut dire « toi et moi, on se comprend tellement bien ».
— Tu me fais rire : j'aime ça. Je pense qu'on va bien s'entendre.
A ses dires, il saisit ma main et pose un délicat baiser sur le dos de celle-ci, avant de planter ses yeux verts et charmeurs dans les miens.
— Et j'espère que mon prénom ne sera pas la dernière chose qui sera dans ta bouche.
Tout en finesse.
Je hausse les sourcils, étonnée par sa franchise et son absence de pudeur. Je dois avouer que j'aime beaucoup jouer avec ce genre de personnalité, qui va droit à l'essentiel sans avoir peur d'essuyer un rejet. De ce fait, je me lèche les lèvres et souris de façon provocatrice et aguicheuse, avec la soudaine envie de voir jusqu'où ce dragueur sur patte serait capable d'aller.
Cependant, une exclamation coupe court à mes réflexions et le feu qui venait de jaillir dans ma poitrine s'éteint aussi vite qu'un barbecue sous une averse :
— Cam', tu étais passé où ? Je t'ai cherché partout et...
Noah arrive à la hauteur de son camarade tout en le sermonnant, mais il se fige lorsque son regard rencontre le mien. Ses yeux s'écarquillent, sa bouche s'ouvre et se ferme et un pigment vermillon vient parsemer ses pommettes à plusieurs reprises.
Nous nous fixons un moment. Il s'est coupé les cheveux ; je le sais, parce que ses boucles trempées par l'eau salée ne descendent pas aussi bas sur son front qu'avant. En revanche, je remarque sa barbe de trois jours aux reflets dorés, et j'avoue qu'elle lui donne un air terriblement sexy.
De son côté, ses prunelles sombres se baladent malgré elles sur ma poitrine serrée dans mon maillot de bain et sur le nœud papillon qui serre mes seins l'un contre l'autre. De plus, son regard s'attarde sur mon piercing au nombril, mais avant d'aller plus bas, il se recentre et remonte rapidement à mon visage. Il sort de sa transe et les mots s'échappes finalement de ses lèvres :
— Cha...Charlie, tu es venue ! Je croyais que...après ce qu'il s'est passé dans la salle de sport, tu ne voudrais plus...enfin...
Son regard fait désormais tout pour éviter le mien et il se met à jouer nerveusement avec les manches de sa combinaison de surf ouverte sur son torse, comme s'il n'avait pas fini de la retirer.
— Je ne suis pas venue pour toi, Noah Wilson. C'est juste que...il faisait beau, alors me voilà.
Je pince les lèvres, mécontente de ma propre prestation : J'ai déjà fait meilleure menteuse. C'est comme si son côté mal à l'aise était contagieux et je déteste cette emprise qu'il a indirectement sur moi.
Je grogne silencieusement en serrant les dents. C'est bien beau de me faire des grands discours lorsque je suis devant la glace de ma salle de bain, mais si je ne suis pas capable de mettre en pratique mon plan démoniaque, alors ça ne sert à rien.
J'aurais presque envie de me priver de dessert. Mais j'ai dit presque.
Cependant, comme ébranlé par la vigoureuse décharge d'un éclair, Noah secoue la tête et m'agrippe par les épaules, afin de me forcer à le regarder.
— Peu importe la raison ; je suis sincèrement content que tu sois là, Charlie.
Et avec ça, il sourit de toutes ses dents, avec la naïveté et la fraicheur d'un enfant.
Avec la force d'un tsunami qui s'abattrait sur la côte Australienne, mon corps tout entier est écrasé par un sentiment d'une puissance herculéenne, dont j'ignore totalement l'origine et l'objectif. Les deux billes chocolatées de Noah brillent comme deux galaxies et la façon dont il me fixe me donne l'impression qu'il me dévore. Qu'il me consume. C'est comme s'il n'y avait que lui et moi. Personne d'autre. Alors que cela ne m'était pas arrivé depuis des années, je peux sentir mes joues se réchauffer lorsque je rougis et je fais un grand pas en arrière, afin de mettre un peu d'espace entre nos deux corps. Mon souffle est court et j'ai les mains moites.
Je voulais me venger. Le briser. Être la déesse de ses fantasmes et le démon de ses cauchemars. Mais je n'avais pas prévu qu'il resplendisse autant, un peu comme un ange. Un ange qui serait venu me délivrer de cette perpétuelle souffrance dans laquelle je me suis moi-même plongée.
— Ca vient de me revenir !
La remarque de Cameron me fait brusquement sortir de ma transe et Noah et moi tournons la tête à l'unisson vers lui.
— Je savais bien que je t'avais déjà vu quelque part ! Tu es la fille avec qui flirtait Wilson l'autre jour, dans les gradins du stade d'athlétisme de l'Université d'Australie. C'est bien ça ?
Ses yeux font des va-et-vient entre mon corps et celui de Noah, lorsque celui-ci se voit obligé d'acquiescer.
— Euh...oui c'est ça, mais on ne flirtait p...
— Rah, je suis désolé bro' ! J'ai failli draguer ta conquête. Quel horrible pote je fais.
Je tique sur le mot « failli », mais je me contente de pincer les lèvres sans intervenir.
Cameron prend sa tête entre ses mains. Noah essaye vainement de le rassurer, mais le dragueur sur patte se contente de secouer le menton.
— Je vous laisse pour votre rendez-vous ou je ne sais quoi. Encore désolé.
Il offre l'accolade à Noah en lui donnant deux grandes tapes dans le dos, me salut d'un vague mouvement de la tête, puis commence à faire demi-tour. Cependant, il s'arrête et jette un petit coup d'œil par-dessus son épaule. Il plante sa vision prédatrice dans la mienne, tel un Cupidon qui tenterait vainement d'envoyer sa flèche en plein dans le cœur d'une nonne.
— Ce n'est pas parce que tu es chasse gardée, que nous ne continuerons par cette conversation dans mes rêves.
Je secoue la tête en faisant une croix avec mes bras pour lui donner tort.
— Je ne...
Il me coupe la parole.
— A plus, les jeunes !
— Tu as deux ans de moins que moi, abruti !
Noah s'emporte et lui fait de grands signes, mais trop tard, Cameron a disparu dans la foule, déjà à l'affut d'une nouvelle proie.
A suivre...
Salut les gens!! :)
Voici un chapitre à la plage, sous le soleil, en Australie...Ha!! On en oublierait presque la rentrée qui arrive à grands pas...Mais j'ai dit presque ;)
Que pensez-vous du comportement de Cameron?
De l'arrivée de Noah?
De Charlie qui rougit?
Une question? Une remarque? Un ananas en feu? Dites-moi tout en commentaires!!
Je poste la suite dans une semaine.
Kiss kiss!
...
7DreamUniverse
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